Régionales 2004 : Rhône-Alpes
Décentralisation : « C'est le brouillard complet »

Jean-Jack Queyranne



Entretien avec Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional de Rhône-Alpes, paru dans le quotidien Le Parisien daté du 14 avril 2004.
Propos recueillis par Philippe Martinat
 

Quelles garanties demandez-vous à Jean-Pierre Raffarin ?
Des garanties financières ! Aujourd'hui, elles ne sont pas sur la table pour que les régions exercent leurs nouvelles compétences. C'est la raison pour laquelle nous lui avions demandé qu'il présente au préalable la loi organique sur l'autonomie des collectivités locales. Il faut y voir clair. Par exemple, Raffarin doit préciser comment il compte remplacer le manque à gagner de la suppression annoncée de la taxe professionnelle. Elle contribue pour 20 % aux recettes régionales. Par ailleurs, nous refusons l'affectation aux budgets régionaux des personnels techniques des lycées (TOS). Pour l'heure, le gouvernement ne nous répond pas clairement et semble résolu à passer en force.

Pourquoi la décentralisation est-elle devenue un sujet polémique ?
Parce que tous les élus locaux ont aujourd'hui la sensation d'être dans le brouillard complet sur le plan financier. Il y a une volonté du ministère des Finances de décentraliser les déficits de l'Etat et de transférer, au passage, l'impopularité fiscale aux élus locaux. C'est un tour de passe-passe auquel nous ne nous prêterons pas. Raffarin s'est lancé dans une décentralisation à rebours. Les Français ont compris que, pour le gouvernement, la décentralisation veut dire plus d'impôts locaux et moins de services publics. On voudrait plomber la décentralisation qu'on ne s'y prendrait pas autrement !

Certains responsables socialistes menacent de ne pas appliquer la loi...
Nous sommes des républicains, nous respectons la loi. Mais il ne peut pas y avoir de loi sans les moyens correspondants. Si c'était le cas, nous utiliserions toutes les ressources juridiques et politiques pour faire obstacle à ces projets.

La gauche est-elle en train de constituer un contre-pouvoir dans les régions ?
C'est absurde ! Nous ne sommes pas dans un pays fédéral et les capacités financières des régions françaises ne sont pas comparables à celles de l'Etat. Nous voulons mettre en place, dans la limite des moyens disponibles, des politiques innovantes et nous dénoncerons les mauvais coups du gouvernement.

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