Régionales 2004 : Rhône-Alpes
Nous allons faire des régions des modèles de gestion

Jean-Jack Queyranne


Entretien avec Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional de Rhône-Alpes, paru dans le quotidien Le Progrès de Lyon daté du 2 avril 2004
propos recueillis par Manuel da Fonseca
 

Comment abordez-vous votre élection ?
Dans un état d'esprit très positif. D'autant que la forte participation des électeurs à ce scrutin donne aux régions un poids certain. Même s'il y avait une dimension nationale incontestable dans cette élection, cet intérêt civique fait entrer les régions dans l'âge adulte, car elle montre que les gens lui accordent de plus en plus d'intérêt. C'est d'autant plus important que les régions vont jouer un rôle grandissant dans les années à venir.

Les régions vont-elles devenir un outil politique de la gauche contre le gouvernement ?
Les régions vont surtout être utiles aux citoyens à travers les améliorations que l'on peut apporter dans leur vie quotidienne. Dans le vote de dimanche il y a eu aussi une volonté d'équilibre démocratique afin d'éviter la concentration des pouvoirs. Notre rôle sera de faire fonctionner les régions et d'exiger de l'Etat qu'il tienne ses engagements, notamment sur les contrats de plan et les subventions. Il ne s'agit pas d'ériger les régions en contre-pouvoirs, mais d'en faire des modèles sur le plan de la gestion et de l'action.

Quelles sont vos priorités pour ce début de mandat ?
D'abord je vais demander un audit financier pour faire le point sur les disponibilités budgétaires. Il ne s'agit pas de jeter la suspicion sur l'équipe sortante, mais il est nécessaire d'avoir toutes les informations pour que nous puissions définir notre stratégie financière.

Le deuxième objectif est d'organiser en mai une conférence sociale avec les partenaires sociaux sur les questions d'emploi et de formation, afin de mettre sur pied les contrats de retour à l'emploi durable.

Pendant la campagne vous avez évoqué la « cagnotte » de la région à la suite de crédits non consommés, et qui serait disponible pour financer vos projets, dont ces 25 000 emplois. Que se passera-t-il si celle-ci n'existe pas ?
Anne-Marie Comparini disait qu'elle avait gardé des « noisettes ». Est-ce vrai ? C'est pour cela que voulons faire un tour d'horizon de toutes les politiques qui ont été votées mais qui n'ont pas été engagées. Il y aura une décision modificative du budget, en juin, après connaissance des résultats de 2003. En tous cas nous ne modifierons pas la fiscalité.

Ce statu quo fiscal sera-t-il valable pour toute la durée du mandat ?
Pour moi il est valable jusqu'en 2005. Au-delà, je ne sais pas quels sont les transferts de charges et les financements auxquels l'Etat se prépare. Nous avons déjà demandé que le gouvernement repousse le vote de la loi sur les responsabilités locales qui doit intervenir mardi prochain à l'Assemblée nationale, pour qu'il nous présente, au préalable, les recettes que l'Etat veut affecter aux régions. S'il ne le fait pas, je crains que la décentralisation Raffarin ne soit que la décentralisation des déficits pour couper les ailes aux régions. Le gouvernement peut en effet avoir la tentation de donner aux régions, surtout si elles sont de gauche, beaucoup de charges et peu de moyens. Avec les citoyens, nous combattrons cette tentation : l'impartialité doit demeurer la règle d'or.

Comment allez-vous concilier la pluralité de votre liste et la cohésion nécessaire à un exécutif efficace ?
Cette équipe devrait comprendre des représentants des formations qui ont participé à la campagne. Elle travaillera dans un esprit collectif. L'intérêt commun devra l'emporter sur l'esprit partisan. Je saurai le rappeler le cas échéant, car c'est ce qu'ont voulu les rhonalpins. Nous ne sommes pas une simple addition de partis mais l'expression d'une volonté commune. La fonction très importante de premier vice-président reviendra à Bernard Soulage. A la fois parce qu'il joue depuis longtemps un rôle essentiel à la région, notamment sur les dossiers liés aux transports, et parce que le poids du département de l'Isère, dont il est originaire, est lui aussi très important.

Quelle place pour l'opposition ?
Nous disposons d'une majorité claire, mais l'opposition aura toute sa place au sein du conseil régional et ses droits seront respectés. J'envisage de faire évoluer le règlement intérieur pour créer les conditions d'une vie plus démocratique et moins procédurière. Je souhaite ainsi instituer, lors de chaque session, une séance d'une heure consacrée aux questions d'actualité pour que les groupes puissent s'exprimer et interpeller l'exécutif, comme cela se fait à l'Assemblée nationale.

Le FN représentera-t-il la région dans les organismes extérieurs ?
Là où la représentation proportionnelle s'impose, il siégera. En revanche, lorsqu'il n'y a qu'un ou deux représentants de la région, il est logique que ceux-ci soient issus soit de l'exécutif, soit d'une formation républicaine de droite. Dans ce contexte je n'envisage pas que l'extrême droite puisse obtenir des délégations du conseil régional dans les conseils d'administration des lycées.



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