Régionales 2004 : Rhône-Alpes
Pas de responsabilités nouvelles sans les moyens

Jean-Jack Queyranne



Entretien avec Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional de Rhône-Alpes, paru dans le quotidien Le Monde daté du 4 avril 2004.
Propos recueillis par Isabelle Mandraud
 

Dans quel esprit prenez-vous vos fonctions ?
Elles sont passionnantes : la superficie de la région équivaut à celle de la Suisse, sa population à celle du Danemark... avec un budget de 1,5 milliard d'euros. On voit l'ampleur de la responsabilité qui m'est confiée ! La région a toujours été dirigée par la droite. C'est donc un changement considérable, une véritable alternance qui se produit. Je veux incarner cette volonté de changement par une autre façon de diriger la région. Je souhaite, par exemple, mettre en place un budget participatif pour la formation professionnelle.

Quels enseignements avez-vous tirés de votre campagne ?
Contrairement à l'image qui en a été donnée, les Français ont marqué leur intérêt pour ces élections. Cette campagne a été longue, je l'ai commencée dès le 17 octobre en Ardèche. Ensuite, il y a eu une mobilisation très forte des militants PS. La droite, elle, a mené une campagne de notables. Ses représentants n'étaient pas sur les marchés, pas dans les TER. La gauche, oui. C'est aussi une victoire collective. Aucun des leaders nationaux du PS n'a ménagé sa peine : Jack Lang, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius ou François Hollande.

Comment avez-vous géré avec vos partenaires de gauche la composition du conseil ?
C'est comme un gouvernement ! J'ai tenu compte du suffrage universel. L'équipe dont je serai le capitaine ne sera pas une simple addition, il faut jouer collectif. Nous avions, sur 157 sièges, 15 vice-présidences à nous répartir : le PS en détiendra 7, les Verts 4, le PCF 2, le PRG 1 et les divers gauche 1. J'ai complété par six conseillers délégués : 4 PS et 2 PCF afin d'assurer la représentation de tous les départements.

Quelles sont vos priorités ?
Elles sont au nombre de trois. Je compte tout d'abord réunir une conférence avec les partenaires sociaux. C'est dans ce cadre que je veux créer des contrats de retour à l'emploi durable en entreprise. La région prendra part au financement de ces contrats, notamment pour la formation, à raison de 6 000 euros par an, dégressifs, sur une durée maximum de trois ans. 25 000 sont prévus sur la mandature.
Ma deuxième priorité concerne la gratuité des livres scolaires que je souhaite rendre effective dès la rentrée prochaine. Soit un budget de 8 à 9 millions d'euros.
La troisième priorité sera d'examiner au plus vite la situation des festivals d'été et des compagnies artistiques, d'Avignon et d'ailleurs, menacés par le désengagement de l'Etat.

Vous allez mener une bataille collective contre les lois sur la décentralisation ?
Adopter de nouvelles responsabilités sans connaître les moyens est impossible. Si la tentation est de refiler les déficits, Jean-Pierre Raffarin va trouver à qui parler ! Nous allons coordonner notre action. J'ai aussi interpellé Adrien Zeller pour qu'il se joigne à nous.

Souhaitez-vous vous impliquer au niveau national au PS ?
Les régions vont beaucoup compter pour préparer 2007. Elles donneront l'occasion de voir les socialistes en action. Nous pouvons expérimenter, proposer, faire avancer des choses concrètes. La victoire de François Mitterrand en 1981 avait été préparée par les élections municipales de 1977. On ressent aujourd'hui un peu la même ambiance.

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