Rassembler pour gagner

Contribution au Congrès de Grenoble de novembre 2000,
présentée par François Rebsamen, secrétaire national aux Fédérations.


 
Nous connaissons tous ce que doit ou devrait être l'enjeu principal du Congrès de Grenoble : définir le projet dont nous avons besoin pour la décennie à venir. Les Français attendent de nous que nous montrions nettement que nous comprenons leurs préoccupations et que nous indiquions les buts et le sens de notre action.

C'est une tâche qui demande un grand effort collectif tant la confusion des idéologies est forte en cette fin de siècle. Les anciens équilibres ont été mis en cause sans qu'apparaisse suffisamment nettement une idée de l'avenir qui mérite que l'on s'engage pour elle. Cela explique le débat d'orientation qui existe dans tout le socialisme européen.

Certes, des raisons (qui ne sont pas toutes mauvaises...) expliquent cela. Les bons résultats d'abord, de la politique du Gouvernement apaisent et créent un peu d'attentisme. Les échéances électorales, particulièrement les élections municipales, engagent l'attention et les efforts de la plupart des militants. Mais, également, le temps passant, la liaison entre le Gouvernement et le Parti, satisfaisante dans un premier temps, tend à s'affaiblir, le débat dans le Parti ne précédant plus les décisions mais les suivant avec retard. Surtout, peut-être, certains d'entre nous pensent plus à l'après 2002 qu'aux conditions requises de la victoire.

C'est oublier par trop vite ce qui a permis le succès du printemps 1997. Notre Parti a failli périr dans les crises qui l'ont traversé depuis 1990. L'élection présidentielle de 1995, avec Lionel Jospin, a permis un sursaut salvateur. C'est rassemblés que nous avons pu nous donner à un travail de fond tout au long de l'année 1996. Il n'a peut-être pas été la clef unique du succès, mais il nous a permis d'être prêt et… de gouverner. C'est rassemblés que nous avons pu assumer les efforts que demandait la stratégie de la Gauche Plurielle. Le Parti socialiste n'est pas majoritaire à lui seul dans ce pays ! Faut-il le rappeler.

Les contraintes d'une coalition sont réelles et il n'y a qu'un grand Parti qui puisse faire passer ces clivages inévitables au second plan pour les surmonter.

Tout cela demeure valable aujourd'hui. Et, sans aucun doute, l'exigence en est même plus forte. Car, les débats que nous devons mener touchent des domaines nouveaux : l'évolution de l'État-Nation dans l'Europe, les modalités de la redistribution dans une économie mondialisée, la réforme des pratiques politiques, les défis majeurs d'une société de l'information, les problèmes éthiques posés par l'avancée des sciences etc…

Cela demande de sortir des routines de pensée et d'entrer dans des voies nouvelles.

Depuis 1997, le Gouvernement de la Gauche plurielle a su mettre en œuvre de grandes réformes. Il a prouvé aussi, par la réussite de son action, que la justice sociale et la modernité politique peuvent se concilier avec l'efficacité économique. Nos concitoyens ont retrouvé confiance en leur pays et espoir en leur avenir. Cette confiance et cet espoir retrouvés constituent un socle sur lequel nous devons nous appuyer pour poursuivre le mouvement engagé. Les progrès accomplis, dont il faut mesurer pleinement la portée, ne doivent pas nous masquer que bien des difficultés demeurent.

C'est pourquoi, nous avons besoin d'une action dans la durée qui demeure fidèle à ces priorités – la recherche du plein-emploi, la lutte contre les exclusions, le renforcement de la croissance – comme à ces principes et à ces méthodes. Fixer clairement nos objectifs, faire preuve de volontarisme dans les réformes proposées, organiser le dialogue et la concertation avec toutes les forces sociales et avec tous nos partenaires demeurent les conditions du changement et de la réussite.

Les échéances qui se préparent devront être l'occasion de répondre aux attentes de nos concitoyens et de la mobiliser autour d'une nouvelle ambition. Nous devons ouvrir avec eux de nouveaux chantiers, promouvoir de nouvelles solidarités et un meilleur partage des richesses, vaincre les conservatismes de la droite en proposant, par un nouvel équilibre institutionnel,  un approfondissement de la décentralisation et une autre pratique des pouvoirs, une démocratie plus participative, mieux contrôlée et plus apparente, mettre en œuvre une action publique efficace, résolue à répondre concrètement aux problèmes que rencontrent nos concitoyens dans leur vie quotidienne - sécurité, transports, habitat urbain, services publics, qualité de l'environnement - poursuivre la rénovation de la construction européenne et continuer à exiger sur la scène internationale la mise en place de nouvelles régulations afin de proposer une alternative à la version dominante et libérale de la mondialisation, toujours penser à préparer l'avenir en favorisant l'innovation, en investissant dans l'éducation, en ayant une plus forte préoccupation des chances que nous offrons à notre jeunesse. Le respect des engagement pris devant les Français en 1997 et les succès obtenus par les politiques engagées donnent du crédit au projet qu'ensemble nous devrons porter.

De même, la question du développement de notre Parti revêt une acuité forte. Bien sûr, ce sont avant tout les succès de nos politiques qui font le rayonnement de notre Parti. Mais les facteurs qui brident son influence militante dépendent aussi de nous. Ce serait un beau paradoxe de prévoir une réforme de nos institutions politiques et de penser que le Parti, ses structures et ses pratiques, peuvent rester à l'écart ! Nous avons besoin d'un Parti ouvert et transparent, qui n'accepte plus les attitudes malthusiennes, qui crée des réseaux militants avec les associations, qui se repose, dans des termes d'aujourd'hui, la question de ses rapports avec les syndicats.

Pour avoir des audaces nécessaire, il faut débattre des vrais problèmes. Les clivages d'hier ne correspondent plus à ces réalités. Il y a évidemment place pour des orientations différentes. Mais, alors qu'elles s'expriment comme telles ! Sinon, nous ne serons pas capables de mener la stratégie de rassemblement qu'exige un succès aux élections législatives et aux élections présidentielles.

L'inquiétude que nous n'allions pas vers cette direction a motivé cette contribution en forme d'appel qui s'inscrit dans la continuité et en parfaite cohérence avec celles des Ministres –Nouvelle donne, des Secrétaires nationaux- Pour une nouvelle synthèse-, et l'état d'esprit de nombreux Premiers Fédéraux qui m'en ont fait part.

Nous avons besoin de mener, rassemblés, un important travail commun. Une fois passé le stade des contributions, établissons en, tous ensemble, les conditions autour de Lionel Jospin et de François Hollande.


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