Projet de Constitution européenne
Le non mène à une impasse

François Rebsamen
Entretien avec François Rebsamen, maire de Dijon, secrétaire national chargé des fédérations et de la formation, paru dans le quotidien Le Figaro daté du 6 octobre 2004.
Propos recueillis par Pascale Sauvage


 

On vous prête l'expression d'« hiver nucléaire » en cas de victoire du non à l'issue du référendum interne au PS. Que voulez-vous dire ?
Je ne sais pas qui a employé cette expression, mais il est certain que si le non l'emporte, une partie de l'identité du PS sera remise en cause. Et c'est surtout un projet qui sera élaboré sur d'autres bases que celles dégagées lors du congrès de Dijon. Sans employer de termes définitifs, j'attire l'attention sur la responsabilité historique qui incombe aux militants.

Les partisans du non assurent qu'ils n'ont pas l'intention de remettre en cause la direction, mais François Hollande est-il prêt à assumer un non du PS à ce traité ?
Laurent Fabius nous dit que ce n'est pas dans ses intentions, mais ceux qui sont avec lui disent, comme Arnaud Montebourg, qu'il faudrait faire avec une autre majorité. Je pense effectivement que le non porterait une logique politique qui se prolongerait pour élaborer les textes et le projet du PS. Ce n'est pas une question de personnes mais de cohérence du PS. Le plus simple serait que le oui l'emporte et toute notre énergie est tendue vers cette victoire du oui. Je veux convaincre les militants socialistes que c'est là un vote utile pour la gauche. Ce traité n'empêchera pas un gouvernement de gauche de mener une politique de gauche et le oui serait conforme à notre combat depuis trente ans.

Pourtant vous-même étiez réticent.
C'est un texte de compromis, qui comporte des avancées mais ne comporte aucun recul. Ce qui m'a déterminé, c'est que le non mène à une impasse. On ne peut pas susciter une crise quand on n'est pas en situation de force pour la résoudre. Or ce n'est pas le cas : tous les socialistes européens sont pour, et la droite est au pouvoir en France. Il est illusoire de penser qu'une crise peut faire avancer l'Europe.

Le PS risque-t-il d'exploser sur l'Europe ?
Nous sommes le seul parti à organiser une consultation interne des militants et c'est à notre honneur. La démarche peut être un risque, elle fournit toujours une solution. La décision majoritaire des militants deviendra la position de tous, c'est pourquoi leur vote est important.

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