Le PS n’a pas de candidat naturel

François Rebsamen



Entretien avec François Rebsamen, maire de Dijon, paru dans l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur daté du 30 juin 2005
Propos recueillis par François Bazin
 

Le prochain congrès du PS peut-il être autre chose qu’un congrès de règlements de comptes ?
Ceux qui emploient ce vocabulaire devraient comprendre qu’ils ne servent pas l’unité du PS dans une période difficile pour la gauche et pour la France. Le débat, ce n’est pas l’invective ou le procès d’intention systématique. Le congrès du PS aura lieu au Mans à la mi-novembre. Les premiers textes d’orientation seront envoyés aux militants avant les vacances d’été. A la rentrée, les différentes motions seront examinées dans les sections durant près de deux mois. Il y a, parmi ceux qui contestent ce calendrier, des responsables qui ont été ou qui aspirent à devenir premier secrétaire. Qu’ils relisent l’histoire du PS. Ce congrès, plus que beaucoup d’autres, sera libre, ouvert et, je le souhaite, utile.

A quelles conditions peut-il être utile ?
L’enjeu est de trouver un bon équilibre entre la clarification et le rassemblement. Les actes d’indiscipline caractérisée qui ont marqué la campagne référendaire posent la question de nos procédures d’arbitrage interne, donc celle de la pérennité du parti. La crise économique, sociale, politique qui secoue notre pays impose également aux socialistes d’être unis autour d’un projet d’alternance pour la prochaine présidentielle.

Pourquoi vouloir sanctionner maintenant des actes qui auraient dû l’être pendant la campagne référendaire ?
Nos règles internes sont à la fois trop lourdes et pas assez précises. Il n’est pas acceptable qu’un responsable ne respecte pas nos règles et le vote des militants alors que sa légitimité procède de son investiture par le parti. Je souhaite donc que dorénavant tout responsable qui transgresse ces principes ne puisse plus briguer, au moins pendant un certain temps, la moindre investiture électorale sous les couleurs du PS.

Mais que vaut le vote des militants dès lors qu’il existe au sein du PS « des zones de non-droit », comme dit Arnaud Montebourg ?
Arnaud Montebourg est un curieux avocat qui accuse sans preuve et condamne sans réfléchir. Plutôt que de salir son parti, il ferait mieux de le servir. Sans récrire l’histoire ! Il dit aussi que le 29 mai 2005 est la réplique du 21 avril 2002. Moi, je n’oublie pas que l’année dernière il voulait faire listes communes avec l’extrême-gauche, et que si nous l’avions écouté, les régionales, les cantonales et les européennes de 2004 n’auraient pas été le succès que l’on sait pour le PS.

L’objectif de la motion conduite par François Hollande est-il d’aboutir à une synthèse générale à l’issue du congrès, y compris donc avec les amis d’Henri Emmanuelli et de Laurent Fabius ?
Les premiers appartiennent à la minorité du PS. Ont-ils envie de nous rejoindre ? J’en doute ! Les seconds siégaient, il y a encore peu de temps, à la direction du parti. Ils peuvent y revenir, mais à condition qu’ils nous expliquent leur conception de la démocratie interne et qu’ils clarifient leur ligne politique. Pour le moment, j’ai du mal à comprendre comment des sociaux-libéraux européens assumés ont pu soudain devenir, en quelques mois, des adeptes de la rupture.

Peut-être pensent-ils déjà à la prochaine présidentielle ?
Faisons les choses dans l’ordre. D’abord il y a le congrès pour définir le projet, lequel déterminera enfin le choix du candidat. Nous savons d’expérience que c’est la formule du succès. J’ajoute qu’aujourd’hui aucun des prétendants officiels ou officieux à la candidature ne s’impose de manière naturelle. Beaucoup ont des atouts. Aucun n’a la martingale. Seul Jospin a l’expérience de ce genre de bataille et une autorité reconnue. Mais il a renoncé à la vie publique... La sagesse et le bon sens nous conduisent donc à attendre la fin 2006 – et je dirais même le début 2007 – avant de sélectionner le mieux placé pour faire gagner notre projet.

Claude Bartolone, le bras droit de Laurent Fabius, vient de dire qu’il soutiendrait le candidat désigné par les militants à condition qu’il sache rassembler toute la gauche. Qu’en pensez-vous ?
Les militants, au PS, sont souverains. Depuis quand leur impose-t-on des conditions ? Depuis quand surtout accorderait-on à d’autres formations politiques un quasi-droit de veto sur le choix de notre candidat. D’ailleurs ni le PC ni les Verts ne le demandent. Si c’est une exigence d’Olivier Besancenot ou d’Arlette Laguiller, que mon ami Bartolone le dise franchement aux militants socialistes ! Je crois qu’ils apprécieront.

Pour être un premier secrétaire totalement désintéressé durant toute cette période, François Hollande doit-il dire ouvertement qu’il ne sera pas candidat en 2007 ?
Depuis qu’il est premier secrétaire, François Hollande a toujours servi loyalement et courageusement les seuls intérêts du parti, dans la victoire comme dans la défaite. Pour le congrès, il ne brigue que le renouvellement de son mandat pour rassembler les socialistes. C’est sa seule ambition. S’il devait en avoir une autre à la fin de l’année prochaine, je ne doute pas un instant qu’il se mettrait alors en retrait, comme premier secrétaire, pour laisser la désignation interne se dérouler dans les meilleures conditions.

© Copyright Le Nouvel Observateur


Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]