Plus d’éducation à la citoyenneté,
Plus de participation des citoyens aux décisions collectives

Marie Richard
Marie
Richard

 Contribution thématique au congrès national de Dijon présentée par Marie Richard, secrétaire nationale à la Citoyenneté et au Sport et Marietta Karamanli, déléguée nationale à la Citoyenneté.
18 janvier 2003

L'apprentissage de la Citoyenneté

 
L’apprentissage est synonyme à la fois d’éducation, d’essai et de pratique. Cet apprentissage a pour vecteur privilégié l’École. Celle-ci n’est néanmoins pas le seul lieu où il soit possible d’exprimer une opinion, d’affirmer son utilité sociale ou de donner un sens à ce qui est collectif.

S’il est un domaine où la pratique ne peut être éloignée du principe, c’est bien en matière de démocratie et de citoyenneté. L’objectif à atteindre « s’intéresser aux autres, respecter les autres, délibérer avec les autres » nécessite que l’apprentissage soit lui-même garant de cette méthode.

Les socialistes doivent affirmer leur préoccupation de plus d’éducation à la citoyenneté et proposer à leurs concitoyens une nouvelle dynamique collective en ce sens.

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I/ Apprendre avec l’École

 

L’École lieu privilégié de l’apprentissage à la Citoyenneté

    L’école parce qu’elle rassemble et « voit » tous les enfants et les jeunes est le lieu privilégié de cet exercice.

    L’école, du fait de cette particularité de regroupement, est aussi le lieu où s’expriment le malaise de la société et une certains violence, heureusement et pour une large part encore, verbale.

Les apprentissages vecteurs de l’éducation à la Citoyenneté

    Être citoyen à l’école révèle une ambiguïté : le modèle proposé aux élèves est souvent fondé sur une transmission passive de la connaissance alors que l’éducation à la citoyenneté demande la participation des enfants mais aussi celle des enseignants.

    Viser l’apprentissage de la citoyenneté nécessite pour les maîtres et professeurs d’être « titillés », de gérer des oppositions et d’opérer des règlements ce qui n’est pas à proprement parler « avoir la paix ». La contradiction et l’énergie des élèves doivent être encadrées.

    La citoyenneté est le plus souvent envisagée comme quelque chose d’extérieur à la classe et son expérience est faite alors dans la cour, à la cantine ou dans les couloirs.

    L’éducation à la citoyenneté devrait avoir pour vecteur principal les apprentissages eux-mêmes. Cette orientation doit amener les enfants et les plus jeunes à dire, à exprimer et à se positionner individuellement et collectivement.

    Les textes définissant les orientations et les méthodes applicables aux écoles et établissements scolaires font une large part à cette préoccupation « citoyenne ». Il s’agit pour une large part de concrétiser les objectifs fixés.

Donner un sens collectif aux apprentissages et gérer les énergies

    Il n’y a pas à proprement parler de matières qui excluent les enfants et les jeunes d’une appropriation collective de sens. Pour ne prendre qu’un exemple, l’enseignement du latin ne doit pas être réservé à une élite ; il est possible dans une zone d’éducation prioritaire d’en faire le vecteur d’un enseignement sur la citoyenneté (découverte d’une civilisation commune à l’ensemble du monde méditerranéen et propice au respect des différentes cultures, initiation à des lieux et à des méthodes de décisions collectives différentes dans le temps mais obéissant à une nécessité de vie en groupe...)

    Le sport et la culture sont des domaines d’apprentissage propices à canaliser l’énergie et à démontrer la nécessité du respect de règles communes.

Avoir une culture de l’exemple, motiver par les défis, générer de la confiance

    Il est clair qu’on ne peut demander aux jeunes ce que les adultes ne font pas. Il y a là un enjeu sur la méthode et l’exercice de la citoyenneté. Montrer et respecter par l’exemple sont indispensables.

    De nombreuses réussites individuelles et collectives sont fondées sur la motivation née d’un défi à relever ; il s’agit là d’un état d’esprit et d’une culture à développer en réaction à la résignation. Cela passe par l’ouverture à des activités autres que celles connues ordinairement et à une culture nouvelle de l’effort pour découvrir et maîtriser.

    La confiance naît de l’exemple, de l’éducation et du dialogue. Les limites et la sanction font aussi partie d’une culture de la confiance. Il est utile de l’affirmer.

Quelques propositions

    Parmi les propositions concrètes qui pourraient être faites, on peut citer

       Mettre en place dans le cadre du projet d’école ou d’établissement un volet sur les pratiques citoyennes, de préférence en y associant les familles,

       Évaluer les projets et les méthodes avec, à la clef, un engagement, même modeste, soit en terme d’encadrement soit en terme de financement d’activités extérieures ; subsidiairement veiller à ce que les crédits affectés à la vie citoyenne dans les écoles et établissements soient consommés conformément à leur objet,

       Sensibiliser les enseignants aux questions de citoyenneté dans le cadre de la formation continue,

       Créer des conseils d’enfants dans les écoles ; le conseil des enfants délibèrerait sur les affaires les intéressant (respect des autres, règlement intérieur,...) et pourrait décider de l’affectation d’une petite somme à des achats jugés par eux prioritaires. Il s’agirait là d’un exemple concret d’éducation à la participation civique plus efficace que les conseils municipaux ou généraux « jeunes », « élitistes » dans leur démarche et leurs résultats,

       Redonner un sens à la coopération scolaire et faire des coopératives des écoles des lieux d'échange et de gestion commune des projets de l'école,

       Faire évoluer le contenu de l’éducation civique fortement axée sur les institutions et la représentation politique au profit d’une approche interdisciplinaire, dynamique et participative des jeunes.

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II/ L’accès à la citoyenneté par la participation aux décisions

 
La participation de chacun aux décisions de la collectivité est non seulement un objectif mais aussi une méthode. Là encore les moyens sont indissociablement liés à la fin. Les socialistes doivent faire oeuvre de propositions peut-être modestes mais concrètes et génératrices d’envie à participer pour le plus grand nombre.

Les individus doivent s’affirmer par leurs opinions et leur participation aux affaires d’intérêt général. L’objectif est de faire découvrir, notamment aux plus jeunes, qu’ « ensemble ça fait la différence ».

Valoriser l’utilité sociale des individus

    L’appartenance à un groupe ou une association autour d’un projet peut et doit conduire à plus d’autonomie personnelle.

Améliorer la participation des individus aux décisions et projets d'intérêt général

    Parallèlement, il faut améliorer la participation des citoyens aux décisions qui les concernent.

Quelques propositions

    Sans prétendre à l’exhaustivité, les propositions suivantes pourraient être mises en avant :

       Développer les contrats de projets et de moyens avec les associations populaires,

       Déléguer à des groupes, notamment de jeunes, la gestion de petits services ou d’espaces collectifs,

       Assurer la promotion d’une culture citoyenne (pourquoi pas une semaine de la citoyenneté avec des cérémonies de la citoyenneté pour ceux voulant affirmer leurs droits de citoyens, avec des sites et lieux pour se familiariser avec ses droits, devoirs et responsabilités, la possibilité d’afficher ses couleurs, l’occasion d’explorer sa collectivité et ses services, l’encouragement à recueillir des témoignages des générations plus anciennes...)

       Améliorer la participation citoyenne en réformant profondément les procédures existantes de concertation sur les projets d’intérêt général (par exemple assurer une réelle participation de la société civile aux comités départementaux d’hygiène ou aux comités de bassin par une plus grande représentation des associations de protection de l’environnement, des riverains, des usagers et des consommateurs. La gestion des risques naturels ou sanitaires doit conduire à mieux associer les citoyens aux décisions les concernant)

       Refondre les procédures de concertation en assurant la transparence des études d’impact, en donnant aux enquêtes publiques une crédibilité d’outils d’aides à la décision, jusque là perçues comme des simulacres de concertation, en légitimant les décisions prises comme un arbitrage entre avantages supérieurs aux inconvénients et en créant des fonds d’indemnisation pour assurer la juste réparation des préjudices et couvrir contre les risques éventuels.

       Créer un Service Public de l’Évaluation, indépendant de l’Administration, pouvant être saisi directement par les citoyens sur les projets d’intérêt général ou de réorganisation des services au public.
Ces propositions modestes tendent, chacune en ce qui la concerne, à apprendre, à inciter par l'exemple, à plus et mieux participer à la vie de la Cité et de la collectivité.

Sur ces questions (comment développer l’éducation à la citoyenneté et comment améliorer la participation des citoyens à la prise de décision collective ?), nous suggérons à notre Parti d’être réaliste c’est à dire rigoureux, imaginatif et solidaire. A nous d’en parler puis de le faire !


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