La fracture se creuse

Ségolène Royal


Entretien accordé par Ségolène Royal, ancienne ministre et députée des Deux-Sèvres, au quotidien Ouest France daté du 24 septembre 2003
Propos recueillis par Jean-Yves Boulic


 

Y a-t-il du vrai dans ce que certains appellent le « déclin » de la France ?
Quand la fracture sociale se creuse aussi dangereusement qu'aujourd'hui c'est une forme de déclin. Pour qu'il y ait perception de progrès, il ne faut pas qu'on exige des catégories moyennes et modestes l'essentiel de l'effort. Or, c'est ce qui se passe avec les mesures prises par le gouvernement Raffarin : livret A dévalorisé, hausse du gazole, hausse du forfait hospitalier et de certains médicaments, baisse de l'allocation aux chômeurs en fin de droit, non revalorisation des allocations logement, sans parler des fermetures de services publics en milieu rural ou la suppression des postes d'éducateurs dans les écoles. N'est-ce pas là déjà des signes de déclin ?

Que vous inspire l'agenda 2006 du Premier ministre ?
Cela ressemble à un supermarché où l'on trouve tout et le contraire de tout. Il promet, par exemple, la création de postes de policiers alors qu'aujourd'hui les élèves sont confrontés à la disparition de 20 000 aides éducateurs. Ce gouvernement est au travail depuis bientôt un an et demi. Or, on vient d'entendre un Premier ministre qui énumère les têtes de chapitre d'un programme gouvernemental. Il a le pouvoir : qu'il s'y mette ! Ce dont nous avons besoin, ce n'est pas de promesses à échéance 2006, mais d'une action politique efficace et cohérente tout de suite.

Quelles sont les priorités dans l'agenda du PS ?
L'emploi a été pendant cinq ans notre priorité gouvernementale : il le reste. La première exigence pour nous c'est de rétablir le traitement social du chômage que le gouvernement actuel a démantelé, et de remettre en mouvement la dynamique des bassins d'emploi. Notre deuxième priorité, c'est l'éducation et la formation où, là encore, le gouvernement n'a cessé de reculer. Troisième priorité : la solidarité, aussi bien pour traiter convenablement le problème du vieillissement de la population que pour réussir l'insertion des jeunes sur le marché du travail.

A propos d'Éducation, avez-vous l'intention de participer au grand débat sur l'école ?
Je n'ai pas été invitée par la commission à être auditionnée. Si je le suis je m'y rendrai volontiers. De toute façon j'y participerai à l'Assemblée nationale.

Le plan du ministre de la Santé sur la Sécurité sociale vous paraît-il juste et efficace ?
J'ai plutôt le sentiment d'une fuite en avant et d'un bricolage à la marge. Le problème de fond porte sur la maîtrise de la prescription des médicaments ­ nous sommes l'un des pays qui en consommons le plus ­ et aussi sur la multiplication des arrêts maladie. Il faudrait tout de même s'interroger sur la raison pour laquelle les Français ont un tel mal être, subissent un tel stress, notamment dans le monde du travail. C'est par des mesures de prévention forte que l'on pourra réduire les dépenses de santé, et aussi par une plus grande discipline des médecins dans leurs prescriptions.

Croyez-vous à un rassemblement des anciens partenaires de la gauche plurielle pour les élections régionales ?
Oui, je crois à une dynamique d'union. Dès le premier tour pour ce qui nous concerne en Poitou-Charentes, mais sans contrainte. Puisque les projets régionaux doivent émerger des territoires, les unions peuvent se discuter région par région. Il faut se rassembler, mais il faut aussi s'ouvrir à des personnalités extérieures, bien intégrées et très actives dans des sphères économiques, sociales ou culturelles.

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