Si l'Europe continue sans nous, la France sera diminuée



Principaux extraits du Grand jury RTL - Le Monde - LCI consacré à Ségolène Royal, présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, le 3 octobre 2004
Propos recueillis par Ruth Elkrief (RTL), Gérard Courtois (Le Monde) et Pierre-Luc Séguillon (LCI).


 

Le débat sur l'europe met-il le parti socialiste en péril ?
Pour le PS, c'est un moment historique, un moment de vérité. S'il arrive à maîtriser ce débat, le PS en sortira grandi. Nous devons le conduire avec trois principes : le respect des opinions d'autrui, la sérénité, enfin la fermeté.

Pour l'instant, on est loin de la sérénité...
Nous sommes entrés dans une nouvelle phase du débat interne. Je l'observe sur le terrain : les militants s'en sont saisis et sont conscients de l'importance de leur futur vote.

A vos yeux, le " non " de Laurent Fabius n'obéit à aucune arrière-pensée tactique ?
Non. Je pense qu'il est sincère. Mais il a changé puisqu'il était ministre, premier ministre même lorsqu'un certain nombre d'étapes de la construction européenne ont été franchies avec François Mitterrand.

Si le " non " au projet de Constitution européenne l'emportait, François Hollande pourrait-il rester premier secrétaire du PS ?
François Hollande ne veut absolument pas dramatiser le débat ni exercer une sorte de chantage sur le mode " moi ou le chaos ". Si le " non " l'emporte, ce sera la position du parti : ceux qui auront fait campagne pour le " non " porteront la campagne pour le "non" dans le pays ; ceux qui auront fait campagne pour le " oui " seront bien évidemment discrets.

Comment M. Hollande pourrait-il ne pas en tirer les conséquences ?
Il faut cesser de réduire le débat européen à la question de l'avenir de tel ou tel. La politique n'est pas faite que d'affrontements personnels. Elle peut aussi se faire à partir de convictions. Je crois que le " oui " est le révélateur d'une certaine conception de la politique. C'est un " oui " de courage. Cela veut dire que l'on reste dans la famille Europe à laquelle on appartient. Si le " non " l'emporte, on sait ce qui se passera : l'Europe continuera sans nous, la France sera diminuée, appauvrie, méprisée.

Il n'y a pas de crise salutaire pour l'Europe, comme le soutient M. Fabius ?
Il y aurait une crise salvatrice s'il y avait l'espoir de reconstruire quelque chose derrière. Mais avec qui ? Avec la majorité des chefs de gouvernement qui appartiennent à la droite conservatrice ? Avec les socialistes espagnols ou allemands qui sont pour le traité et nous claqueraient la porte au nez ?

Etes-vous favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Europe ?
Je pense qu'aujourd'hui il est trop tôt pour penser à un nouvel élargissement. Mais ne pas accepter de tendre la main à la Turquie serait une grave erreur. Il faudrait donc créer un système de pays associé qui permettrait de respecter le désir d'Europe des Turcs, de ne pas les rejeter, mais qui permettrait, en même temps, de faire une pause et de construire et d'approfondir l'Europe à vingt-cinq. L'élargissement futur ne sera possible que si l'Europe à vingt-cinq fonctionne. C'est la condition préalable.

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