Réforme du code des marchés publics : | |
Entretien accordé par Michel Sapin, trésorier du Parti socialiste, au quotidien Le Monde daté du 10 juin 2003 Propos recueillis par Martine Orange |
Vous avez travaillé sur ces sujets dans le cadre de la réforme du financements des partis et de la moralisation de la vie publique. Que pensez-vous de ce dispositif ?On esquive le débat. Toute l'idéologie libérale est là. On nous dit : il n'y a qu'à agir comme dans une entreprise privée. Mais on ne peut pas agir de la même façon dans le domaine public. Ce ne sont pas les mêmes critères. Les entreprises qui travaillent avec la sphère publique ont d'autres critères, d'autres références. Le nier est faire preuve, au mieux, d'une très grande naïveté. Y a-t-il des dispositions dans le projet de réforme qui vous inquiètent particulièrement ?En quoi est-ce préjudiciable ?Dans les années 1990, les affaires ont été peu nombreuses mais l'opprobre a pesé sur tout et sur tout le monde. Avec les lois sur le financement des partis politiques, le renforcement des dispositifs de concurrence, on a fait baisser la part du soupçon. Mais ne nous leurrons pas. Il faut vingt ans pour que la société reprenne confiance dans sa classe politique. Et par cette réforme, le gouvernement est en train de balayer tout le travail fait.
Craignez-vous de voir réapparaître le financement occulte des partis politiques ?De nombreuses professions s'inquiètent de la création des partenariats public-privé. Cette mesure est-elle, pour vous, une résurgence des marchés d'entreprise de travaux publics (METP), qui avaient été interdits ?Mais au-delà de ces considérations économiques, se posent d'autres questions politiques. On peut comprendre que l'Etat ou une collectivité délègue ses services d'eau, de propreté. Mais peut-on imaginer la même chose pour l'enseignement, la police, les prisons, qui sont vraiment au cur du pouvoir régalien ? Celui-ci ne doit-il pas se doter de ses propres outils pour assurer ces fonctions que même les plus libéraux considèrent comme inaliénables ? De plus, en choisissant ce type de contrat, un élu fige les choix pendant 20-25 ans. N'est-ce pas outrepasser ses droits ? Peut-il mettre en cause, sur une aussi longue période, des prérogatives régaliennes essentielles ? |
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