Amélie Poulain
n'est pas notre modèle !


Point de vue signé par Jean-Pierre Caffet, adjoint au maire de Paris chargé de l'urbanisme et de l'architecture et Christian Sautter, adjoint au maire de Paris chargé du développement économique, des finances et de l'emploi, paru dans le quotidien Le Figaro daté du 2 septembre 2004.




Jean-Pierre
Caffet



Christian
Sautter


Dans une tribune publiée récemment, Mme de Panafieu s'emploie à promouvoir le club politique Lutèce, qu'elle vient de créer, et plus encore son image personnelle. C'est son droit. Mais, pour ce faire, elle dresse de notre capitale un tableau apocalyptique où se mêleraient repli économique, recul de l'emploi et déclin international.

«Personne, écrit-elle, péremptoire, ne conteste les chiffres récents : l'attractivité de la capitale est en recul.» Eh bien si, nous contestons cette « thèse ». Les chiffres ? Parlons-en : l'étude annuelle « European Cities Monitor » réalisée par Cushmann Wakefield Healey and Baker auprès de 506 grandes entreprises européennes classe Paris au deuxième rang des métropoles les plus appréciées des investisseurs étrangers, derrière Londres, mais devant Francfort, Bruxelles et Amsterdam. Barcelone n'occupe que la sixième place de ce classement. Mieux : à l'horizon 2008, notre capitale devance ses concurrentes et apparaît comme le principal pôle d'attraction en termes de projets d'implantation.

Constat qui n'est pas sans effet sur la situation du chômage à Paris. Se souvenant sans doute des 200 000 emplois perdus par notre ville entre 1991 et 2000, Mme de Panafieu (alors adjointe aux maires de Paris successifs) livre, là encore, un diagnostic particulièrement sombre. Le chômage parisien connaît pourtant une baisse continue depuis septembre 2003, avec une diminution très significative de 9 000 demandeurs d'emploi au cours de cette période. Notre municipalité a incontestablement sa part dans cette évolution encourageante : mise en place de structures d'accompagnement des chômeurs (notamment les jeunes), installation en mai 2002 du Codev (Conseil de développement économique durable de la ville, présidé par l'ancien ministre Lionel Stoleru), implication des entreprises dans « Paris pour l'emploi » - opération organisée en octobre 2003, qui a permis l'embauche de 3 057 personnes, et accords de partenariat ciblés au service des activités de proximité. Au total, ce sont 34 000 emplois qui ont été créés ou sauvegardés en 2003, contre moins de 20 000 en 2001. Ajoutons que près de 23 000 entreprises sont nées à Paris au cours de cette même année, ce qui représente 42 % de l'ensemble des créations en Ile-de-France, et traduit une hausse de 2 % par rapport à 2002.

On le voit : en matière de développement économique, Amélie Poulain n'est pas vraiment notre modèle, pas plus d'ailleurs que les chars à boeufs de l'époque gallo-romaine. Ce que confirme par exemple Marie-Sophie Claverie, directrice de la communication du Medef Paris et secrétaire générale de l'Association des organisations interprofessionnelles d'entrepreneurs des capitales européennes : «Le grand plan de la mairie de Paris prend forme : le high-tech dans les quartiers nord, les biotechnologies dans le sud (...) et enfin le grand pôle universitaire à l'est, sur la ZAC rive gauche, autour de la Bibliothèque de France» (Paris entreprises, février-mars 2004).

Cette ouverture résolue sur le XXIe siècle inspire également notre démarche dans l'élaboration du futur PLU (plan local d'urbanisme). Celui-ci se substituera au POS (plan d'occupation des sols), imprégné d'un esprit malthusien, concentrant 62 % de l'offre de bureaux et d'emplois à Paris sur un périmètre restreint – l'ouest et le centre – et affaiblissant ainsi vie locale et dynamique économique. Même si l'idée semble choquer Mme de Panafieu, le PLU devra donc offrir aux chefs d'entreprise et aux artisans les moyens de leur développement, tout en recherchant un rééquilibrage dans la répartition géographique des activités ainsi qu'une mixité des fonctions nécessaires à la vie urbaine. Cette approche va de pair avec la promotion du logement, afin de permettre à Paris de conserver sa population, notamment ses jeunes familles.

Cette dimension, totalement absente du propos du député et maire du XVIIe arrondissement, va de pair avec l'aménagement de territoires peu urbanisés, objectif fixé par Bertrand Delanoë dès le début de cette mandature. Sont notamment concernés certains espaces défavorisés situés sur la couronne de Paris, pour lesquels a été engagé un « grand projet de renouvellement urbain » : concrètement, cette démarche se traduira par le développement de locaux d'activités, de commerces, d'équipements et d'espaces verts, mais aussi de logements.

Cette « alchimie » qui fait la spécificité du monde citadin et qui intègre aussi des problématiques telles que le lien social, les déplacements ou la lutte contre les pollutions, appelle en tout cas autre chose que des analyses déficientes auxquelles répondraient des lieux communs. Car Mme de Panafieu ne propose rien. Elle exprime tout juste, à demi-mot, sa nostalgie du « tout automobile », manifestant par là même un intérêt très relatif pour la santé de nos concitoyens et leurs légitimes préoccupations environnementales.

A cette tonalité aussi mélancolique que stérile, préférons un projet de développement durable pour Paris, construit avec les Parisiens, la région Ile-de-France, la chambre de commerce et d'industrie et toutes les forces vives de notre capitale. Avec cette ambition simple : « Vivre et travailler à Paris .» Et, dans cet esprit, madame de Panafieu, préparons ensemble une belle candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2012 !


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