Le résultat
n'est pas acquis

Daniel Vaillant
Entretien avec Daniel Vaillant, député de la 19e circonscription de Paris, ancien ministre de l'Intérieur, paru dans Le Parisien daté du 22 mars 2004.
Propos recueillis par Philippe Martinat
 

Que traduit, selon vous, le recul de l'abstention ?
Ces derniers jours, on entendait beaucoup de commentaires sur le thème : il y a deux manières de sanctionner le gouvernement, c'est de voter contre lui ou de s'abstenir. Or non seulement les gens sont allés voter, mais il est clair qu'ils l'ont fait pour sanctionner la droite. Résultat, la gauche progresse.

Le Front national aussi...
Hélas oui ! Quoi qu'on en dise, Sarkozy n'a pas réussi à faire reculer le Front national. En Ile-de-France, la liste Sarkozy-Chirac, ou si l'on préfère la liste Raffarin-Copé, a subi de ce point de vue un échec patent.

La gauche est-elle en meilleure position que la droite pour aborder le second tour et procéder aux fusions de liste ?
Après la peignée que l'UDF et l'UMP se sont mises lors de ce premier tour dans les régions où elles étaient concurrentes, si ces deux formations fusionnent au second pour diriger des régions, ce sera une véritable supercherie. Le résultat du second tour n'est pas du tout acquis pour la gauche. Nous devons continuer à nous mobiliser. Le PS est en position de mener le rassemblement autour de lui pour gagner des régions. Je suis confiant en Ile-de-France sur le résultat final de la liste menée par Jean-Paul Huchon. C'est un homme sérieux à qui les Franciliens peuvent faire confiance.

L'UDF a-t-elle raté ce rendez-vous électoral ?
Au vu des résultats de François Bayrou, qui est devancé en Aquitaine par Xavier Darcos, ce n'est pas vraiment un succès. Ces résultats montrent tout simplement que le président de l'UDF est partie prenante de la droite gouvernementale. Il subit donc lui aussi l'effet de la sanction que les électeurs ont voulu infliger à la majorité. Les gens ont bien compris que l'UDF et l'UMP, c'était du pareil au même.

Redoutez-vous une remobilisation de l'électorat de droite au second tour ?
C'est possible. C'est pour cela qu'il faut que les électeurs de gauche se mobilisent dimanche prochain. Il faut maintenant gagner effectivement des régions pour rééquilibrer les pouvoirs. C'est le travail qui nous attend cette semaine.

Peut-on véritablement parler de vote sanction à l'égard du gouvernement ?
Le moins qu'on puisse dire, c'est que la droite est sanctionnée ! Cela vaut aussi pour le gouvernement et pour le président de la République.

L'extrême gauche a-t-elle été victime du vote utile au profit du PS ?
Elle semble en effet marquer le pas. Donc on ne peut pas dire qu'on assiste à un phénomène de radicalisation de l'électorat de gauche dans son ensemble. Les gens de gauche votent utile. Ils ont voté utile pour le premier tour, il faut aussi qu'ils votent utile dimanche prochain.

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