Constuire une véritable coalition politique
Congrès de Dijon - 17 mai 2003

Discours de Daniel Vaillant, député de Paris
Tribune du Congrès de Dijon


 
Chers Camarades,

je salue et je remercie en votre nom toutes les délégations françaises à notre congrès, qui sont présentes dès aujourd’hui, les syndicats, les associations et les partis politiques de la gauche.

Avec nos partenaires de la gauche, ensemble, nous avons gouverné durant cinq ans sous la conduite de Lionel Jospin. Ensemble, nous avions gagné les élections de 1997, grâce à un rassemblement des cinq composantes principales de la gauche. Ces accords ont été conclus après la dissolution de 1997 dans une certaine précipitation.

Ils avaient ainsi deux limites : leur caractère strictement électoral, et leur bilatéralisme, puisque se sont juxtaposés quatre accords entre le Parti socialiste et ses partenaires.

Ensemble, nous avons gouverné durant cinq années. Nous l’avons fait dans la liberté de choix de chacun sans jamais utiliser l’article 49.3. Cependant, la cohérence et la cohésion se sont peu à peu érodées. Pendant la campagne présidentielle, parce que nous n’avions pu les aborder avec nos partenaires avant d’accéder aux responsabilités, certaines questions essentielles, comme la sécurité ou la laïcité, sont restées de la part de la gauche sans réponse cohérente - à défaut d’être commune - alors même que les Français attendaient beaucoup de nous.

Le rassemblement demeure notre objectif fondamental, mais la méthode de 1997 est aujourd’hui dépassée. Elle a montré ses limites et ses faiblesses le 21 avril.

Nous devons, nous socialistes, mais également les autres forces de gauche, inventer un nouveau rassemblement. Nous ne construirons pas notre avenir commun sur les références du passé. Par définition, nous devons chercher un rassemblement qui corresponde aux attentes de nos militants, des électeurs de la gauche et à la situation politique actuelle. Demain, doit s’ouvrir un nouveau cycle de ce rassemblement.

Le préalable à ce rassemblement de la gauche, c’est un grand Parti socialiste, c’est l’enjeu de notre congrès, c’est un objectif qui doit être atteint. Nos partenaires doivent s’en réjouir et ne pas le craindre.

Je veux, ce matin, vous proposer une nouvelle démarche, pratique et concrète, de rassemblement de la gauche qui repose sur deux piliers : un contrat, une méthode de transformation sociale.

Cette démarche développe les engagements que notre premier secrétaire, François Hollande, a pris devant les militants dans le texte de sa motion. D’abord le contrat. En 1997, notre projet véritablement n’engageait que les socialistes. Demain, il devra également engager nos partenaires dans la durée car ce contrat présentera des orientations de fond. La construction d’une véritable coalition politique autour d’un contrat de gouvernement clarifiera les rapports entre nous.

Nous devons êtres capables de présenter aux Français dans la transparence les engagements, la méthode de gouvernement et la façon de résoudre les conflits ou les débats inévitables que nous aurons. Cela implique de rapprocher formation et militants pour élaborer ensemble ce contrat.

C’est le sens de la proposition de forum décentralisé de la gauche citoyenne, qui seront également ouverts aux citoyens eux-mêmes et aux acteurs sociaux, qui souhaiteront s’y engager publiquement afin de confronter nos idées et nos projets.

Ce nouveau partenariat ne devra pas être à géométrie variable selon la nature de l’élection, mais devra au contraire être global et s’appliquer à l’échelon local comme à l’échelon national.

Ce nouveau partenariat aura comme contrepartie la solidarité, et comme objectif de partager un bilan commun, assumé et revendiqué pleinement comme tel, le respect de la diversité ne devra pas se transformer en différenciation.

Le contrat fondera une dynamique de la cohérence et de la cohésion. Ceux qui veulent ensemble réformer et transformer la société construiront ainsi un rassemblement pluraliste, riche de sa diversité, de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Par ailleurs, ce nouveau partenariat devra s’enrichir de nouveaux acteurs. La méthode de transformation sociale que nous vous proposons devra en effet associer l’ensemble des acteurs de la transformation sociale et ne doit pas, comme l’a dit Bruno Le Roux ce matin, simplement se cantonner aux seuls partis politiques.

Nous proposons que les citoyens, les syndicats, les associations soient, à nos côtés, de véritables acteurs du changement. De leur côté, les acteurs du mouvement social savent que, sans le débouché politique que nous pouvons offrir, leurs combats seront forcément limités. Ils pourront parfois contester la mondialisation, mais leur combat sera condamné à n’être en réalité qu’un témoignage.

Pour moi, être de gauche, c’est accepter de prendre ses responsabilités et gouverner pour transformer la réalité. Pour mettre en œuvre cette stratégie et fonder l’engagement commun, je propose la mise en place, dès la fin des forums décentralisés de la gauche, d’une délégation permanente des partis de gauche ayant clairement fait le choix de gagner ensemble et de gouverner ensemble, qui prenne en charge cette responsabilité et traduise concrètement cette démarche.

Cette délégation permanente, chers Camarades, devra élaborer une stratégie commune, créer des groupes de travail thématiques dans la perspective de l’élaboration du contrat et préparer les accords électoraux pour aboutir à des candidatures communes de la gauche.

Chers Camarades, je propose que cette stratégie, cette méthode et un calendrier soient validés par un référendum militant au sein de chacune des formations de la gauche.

Le rassemblement des socialistes a lieu aujourd’hui à Dijon. Demain, nous voulons rassembler toutes celles et tous ceux qui considèrent que la gauche est nécessaire pour peser sur la mondialisation, pour infléchir la construction européenne et pour assurer la transformation sociale afin d’aller vers plus de justice, plus de solidarité et de sécurité pour tous et dans tous les domaines. C’est par ce chemin que nous pourrons ensuite ouvrir une nouvelle perspective : celle de l’unité de toute la gauche. Pour cela, chers Camarades, je vous dis : au travail !



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