La responsabilité de François Hollande est engagée

Manuel Valls
Entretien avec Manuel Valls, député de l'Essonne, maire d'Évry, paru dans le quotidien Le Parisien daté du 12 mai 2007
Propos recueillis par Philippe Martinat


 

Le résultat du 6 mai est-il, pour le PS, un vrai échec ?
Oui. Même si cette défaite lourde n'efface ni la belle campagne de Ségolène Royal ni le rapport qu'elle a noué avec des millions de Français.

Comment expliquez-vous cette défaite ?
Il y a sans doute des causes conjoncturelles. Durant la campagne, nous avons mal réagi aux événements de la gare du Nord. Je crois aussi que François Hollande nous a fait très mal lorsqu'il a estimé qu'on était riche à partir de 4 000 € de revenus mensuels. Mais la raison de fond, c'est que nous n'avions pas assez travaillé de 2002 à 2007. Conséquence : Sarkozy a réussi à incarner le changement alors que nous, socialistes, avons donné le sentiment de représenter une forme de conservatisme.

François Hollande doit-il céder la place ?
François Hollande porte une responsabilité particulière : s'il a eu le mérite de rassembler les socialistes après la défaite de 2002, il aurait dû ensuite tout faire pour que le PS se réarme idéologiquement. Or, plutôt que de trancher, il a préféré des synthèses molles. Sa responsabilité est donc engagée. Il avait lui même annoncé qu'il quitterait ses fonctions après la présidentielle. Il ne sert à rien d'ouvrir une crise à la veille des législatives mais, après, Hollande devra en tirer les conséquences, et permettre que le PS se régénère.

Comment le PS va-t-il résoudre sa crise de leadership ?
A l'évidence, personne, pour l'instant, ne s'impose. Ségolène Royal comptera incontestablement. D'autres aussi, tels Strauss-Kahn, Delanoë, Montebourg, Peillon ou moi-même. Car il est urgent de faire de la place à une nouvelle génération. Mais il faudra faire un choix suffisamment longtemps avant la présidentielle de 2012, contrairement à ce qui s'est passé cette fois-ci.

Craignez une vague bleue en juin ?
Le risque existe car la logique implacable des institutions de la V e République, du quinquennat et de l'inversion du calendrier, pourrait conduire les électeurs à donner la priorité au camp du nouveau président. Il y a un risque de démobilisation de nos électeurs. Nos propres insuffisances ces jours-ci pourraient aussi y contribuer. Mais nous avons des atouts : près de 300 000 adhérents, la quasi-totalité des régions, la moitié des départements et des grandes villes, un réseau d'élus de très grande qualité. Sans compter qu'il est important d'avoir un maximum de députés de gauche pour exercer un contrôle sur ce président qui n'aura jamais concentré autant de pouvoirs : politique, médiatique et économique.

Allez-vous conclure des accords avec les centristes de François Bayrou ?
Il ne faut pas de confusion sur nos alliances. Le mouvement de François Bayrou ne peut exister que si le PS explose, ce qui est peu probable, ou si nous l'aidons. En concluant à la va-vite des accords de désistements locaux pour des raisons d'opportunisme, nous risquerions de démobiliser notre électorat, et de crédibiliser la démarche de Bayrou. Pour moi, le centre n'existe pas. C'est à Bayrou de choisir, et d'aller jusqu'au bout de son chemin le soir du premier tour des législatives.

© Copyright Le Parisien


Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]