Constitution européenne
Je ne peux pas souhaiter la victoire du non

Manuel Valls
Entretien avec Manuel Valls, député de l'Essonne et maire d'Evry, paru dans le quotidien Libération daté du 29 janvier 2005
Propos recueillis par Didier Hassoux


 

Evincé par Hollande de la direction du PS, vous rejoignez les troupes fabiusiennes ?
Je suis invité par Laurent Fabius à m'exprimer aujourd'hui sur la politique de la ville. Nous avons milité ensemble, au sein du PS, pour le non au traité européen. J'ai de l'estime pour lui. Et même en politique, il faut faire preuve d'élégance. Il ne faut pas y voir autre chose.

Allez-vous, comme d'autres, faire campagne en faveur du non sans le dire ?
Si, le 1er décembre, les militants avaient fait le choix du non, une autre dynamique était possible à gauche et en Europe. Pour la première fois, une grande formation de gouvernement, sociale-démocrate, offrait un débouché à tous ceux qui, à gauche et dans les couches populaires, doutent d'une Europe de plus en plus marquée par le libéralisme. Cette possibilité n'existe plus. J'en prends acte. La victoire du non serait synonyme d'un désaveu terrible pour mon parti comme pour les dirigeants du pays. Cela approfondirait la crise politique. Au-delà d'une satisfaction personnelle et passagère, je ne vois pas comment nous pourrions construire une alternative crédible sur de tels décombres.

Vous allez donc voter oui ?
Je ne peux pas souhaiter la victoire du non. Je n'ai pas envie de revivre un nouveau 21 avril 2002. Sans rien renier de mes convictions, je ne ferai rien qui puisse amplifier la crise politique.

Vous abstiendrez-vous, mardi à l'Assemblée, lors du vote sur la révision constitutionnelle ?
Oui, car il s'agit d'autre chose. Cette révision n'offrira pas de pouvoir supplémentaire au Parlement et l'article 2 du projet de loi, qui rend obligatoire un référendum avant tout nouvel élargissement, est une tromperie visant à masquer les divisions de la droite sur la Turquie. De plus, l'accord UMP-PS pour l'adoption de cette révision contribue à brouiller les lignes droite-gauche. La confusion est un poison mortel pour la campagne référendaire à venir. Pour convaincre les Français, le PS doit combiner une grande pédagogie à une dénonciation de la politique gouvernementale.

Lang, Fabius, DSK, Hollande sont candidats à la candidature. Lequel est votre préféré ?
Le quinquennat et l'inversion du calendrier obligent à précipiter les échéances. Il est difficile de bâtir notre projet sans savoir qui va le porter. Je plaide donc pour que notre candidat soit désigné simultanément à l'adoption du projet. En 2003, j'avais fait le choix de Hollande. Pour 2007, il a les cartes entre ses mains.

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