Le danger Le Pen
est réel

Michel Vauzelle


Entretien avec Michel Vauzelle, président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, paru dans le quotidien Le Parisien daté du 10 octobre 2003
propos recueillis par Didier Micoine
 

Le Pen dit qu'il joue « gagnant » en Paca. Peut-il remporter cette élection ?
Oui. Au second tour de la présidentielle n'a-t-il pas obtenu près de 30 % des voix dans les quatre départements les plus peuplés de la région (Bouches-du-Rhône, Alpes-Maritimes, Var et Vaucluse) ? En plus, depuis des années, il arrive régulièrement en tête dans les grandes villes, comme Marseille. On ne voit pas très bien pourquoi ceux qui ont voté Le Pen en 2002 ne le feraient pas cette fois-ci.

L'effet Sarkozy ne pourrait-il pas bénéficier à Renaud Muselier, le candidat UMP ?
Quand on est sur le terrain, on entend les gens dire : Sarkozy, c'est très bien mais, pour nous, rien n'a changé. Il y a toujours autant d'agressions. Il y a tout un peuple qui votait à droite, et qui se sent trahi, du déremboursement des médicaments à la remise en cause des acquis sociaux. Tous ces déçus de la droite - comme on parlait hier des déçus du socialisme - pourraient être tentés de choisir l'extrême droite.

Le danger Le Pen est donc bien réel ?
Oui. Il ne faut surtout pas le minimiser. D'autant que, si Le Pen gagnait, il aurait, avec la nouvelle loi, la majorité absolue. Six années de Le Pen, ce serait Vitrolles puissance 1 000, et on serait mis au ban de la nation. Les citoyens doivent voter républicain.

La gauche sera-t-elle vraiment unie ?
Oui. Elle part rassemblée. Les Verts ont décidé de faire liste commune avec nous dès le premier tour. Je suis sûr que les communistes feront de même. Ici, la qualité de l'union est excellente. Et nos partenaires ne critiquent pas notre bilan.

Mais si votre liste est devancée et n'arrive qu'en troisième position...
Je ne vais pas imaginer des scénarios qui feraient le jeu de Le Pen. Les gens sont profondément blessés d'avoir dû, en 2002, voter Chirac pour repousser Le Pen. Ils subissent aujourd'hui une politique qui leur déplaît souverainement. Et puis il y a l'attitude de Chirac cet été, resté tranquillement au Québec pendant que 15 000 personnes mouraient, victimes de la canicule.

Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Renaud Muselier, est-il un bon candidat ?
Sa situation est délicate. Il appartient à un gouvernement qui détruit la Sécurité sociale et les retraites, qui s'en prend à l'Education nationale et qui, localement, vient de geler le contrat de plan ambitieux sur lequel nous comptions pour nous désenclaver et développer l'emploi. En plus, il est à la fois à la foire aux fromages de Banon et au fin fond du Kazakhstan : les gens ne savent pas très bien ni ce qu'il fait, ni ce qu'il cherche.

L'extrême gauche ne va-t-elle pas vous pénaliser ?
L'extrême gauche est plurielle. Et je me garde de la considérer comme un bloc et de lui taper dessus. Si on leur tend la main, il y a, dans ses rangs, des gens qui viendront avec nous défendre la République face au FN. Des gens qui ont un cauchemar, même s'ils ont des reproches à faire aux socialistes : ne plus jamais être condamné à choisir au second tour entre droite et extrême droite.

Votre message, c'est quoi ?
Aux électeurs inquiets, matraqués par la politique de Raffarin qui les traite de « paresseux », je veux apporter de l'espoir, dans le droit fil de ce que nous avons fait depuis six ans. Nous proposons de la convivialité. A l'opposé du message de haine de Le Pen, à l'inverse d'un gouvernement droitier qui brandit le bâton plutôt que la carotte.

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