Ce que je constate, et ce que j'ai constaté au cours de la
dernière campagne européenne, c'est que les Français ne sont plus, comme en 1992, divisés entre souverainistes et proeuropéens : ils sont pour l'Europe. S'ils étaient souverainistes, ils se seraient portés sur les listes souverainistes de droite comme de gauche en juin dernier, mais les listes qui ont le mieux réussi sont celles qui, comme la mienne, défendaient une Europe sociale. Il faut dire oui à l'Europe mais en la réorientant. Réorienter la politique économique et sociale en France comme au niveau du continent : c'est là que ça se joue. C'est contre une certaine dérive libérale que les gens protestent. Nous avons d'ailleurs demandé des choses très précises, notamment de sortir de la Constitution le titre III, qui traite des politiques concrètes. Il n'a rien à faire dans une Constitution. Et je ne doute pas qu'en cas de victoire du non, les hommes d'Etat, qui sont responsables, trouveront une issue raisonnable comme ils ont su le faire - provisoirement ? - sur la directive Bolkestein.
Si le non l'emporte, que se passera-t-il au PS ?
Si le non l'emporte, le PS se rassemblera sur une ligne de redressement de la construction européenne. Tous les socialistes se retrouveront sur cette orientation car c'était leur ligne lors de la campagne des européennes en juin dernier. Je suis convaincu que tous les socialistes se retrouveront car ils ont montré, lors de la campagne européenne, leur unité profonde sur cette affaire. De part et d'autre, les positions sont honorables. Nous comprenons les arguments de ceux qui ont choisi le oui, mais nous pensons qu'ils sont en porte-à-faux avec notre électorat et que ce n'est pas comme cela que nous parviendrons à redresser l'Europe. Le problème du PS, comme l'a écrit Laurent Fabius, est d'être capable de réunifier les deux France tout en répondant aux inquiétudes et aux craintes de la France précaire.