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Stratégie du pouvoir giscardien

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A- Le pouvoir giscardien vu par lui-même

    Si l'Europe est l'épicentre de la crise, la France en Europe est parmi les pays les plus touchés. A entendre ses gouvernants, il n'y aurait pourtant pas d'autre politique concevable que la leur. " Si vous m'avez élu - a déclaré un jour M. Giscard d'Estaing - c'est que vous avez jugé que j'étais le plus compétent. " Le président de la République fait volontiers appel à l'autorité de la Science. Il appuie son action sur une philosophie de l'Histoire dont il a fourni la synthèse dans " Démocratie française ", mais dont l'exposé le plus détaillé se trouve dans les écrits de son confident, Michel Poniatowski.

    Celui-ci déduit des lois de la biologie l'avènement prochain d'une " société scientifique et télématique dépassant définitivement le capitalisme et le socialisme. "

    Cette vision néo-positiviste du devenir humain étant sans doute réservée à une élite, sa présentation courante s'apuuie sur quelques raisonnements économiques dont la force tient moins à la valeur intrinsèque qu'à l'incessante question : A quoi en effet se résume le discours officiel, repris sur toutes les ondes par tous les commentateurs attitrés de l'actualité, distillé et incubé à la fin par presque tous, y compris ceux qui croient sincèrement n'être pas d'accord, sinon à quelques " évidences " dont on se passe toujours de faire la démonstration rigoureuse ?

    Dans la société libérale avancée, l'économisme est l'opium du peuple. Relevons quelques-uns des postulats quotidiennement assénés :
- La dépendance pétrolière conduirait à une croissance faible.
- Pour payer le pétrole, il faut exporter toujours plus de biens industriels (mais aussi en importer davantage par souci de réciprocité !).
- Le respect du sacro-saint principe du libre échange, dont on sait que, par son application actuelle, il a conduit à un déséquilibre croissant de notre commerce extérieur avec les pays les plus développés, nous serait imposé par une exigence de solidarité avec le Tiers Monde.
- Dans le cursus honorum industriel, où, à chaque rang, coreespond un niveau de technologie, la France doit abandonner les industries traditionnelles de main-d'œuvre pour se spécialiser dans les branches à forte valeur ajoutée et à technologie sophistiquée. C'est ainsi qu'elle rejoindra le " peloton de tête " où caracole déjà la République fédérale d'Allemagne. Dans la mythologie de la Droite le voisin exemplaire a remplacé l'ex-rival héréditaire.
- Le niveau d'emploi dépend en dernier ressort de la capacité d'exportation des entreprises industrielles françaises.

    Dès lors la médecine s'impose d'elle-même : il suffit de lever toutes les entraves qui empêcheraient la croissance des entreprises viables : la libération des prix industriels, la limitation du prélèvement fiscal et social, le blocage des salaires - à travers un imposant volant de chômage - donneront, selon l'expression de Raymond Barre, aux " brochets " l'occasion de se révéler, dussent les " carpes " paresseuses en faire les frais. Le retour à la liberté implique donc que chaque entreprise affronte la compétition mondiale avec ses propres moyens : le marché reconnaîtra les siens !

    Ainsi se présente l'économisme qui tient si souvent lieu aujourd'hui d'idéologie dominante. L'ennui vient de ce que les prémisses sont fausses et que la guerre économique engagée sur ces bases est perdue d'avance.

B- L'économisme giscardien et sa logique

    Les prémisses du raisonnement giscardien sont un véritable catalogue d'idées fausses :
- Ne pourrait-on pas dire aussi bien qu'une croissance forte est nécessaire pour payer la facture pétrolière ? C'est ce qu'enseigne l'exemple japonais.
- Pourquoi devrions-nous déduire de notre dépendance pétrolière, à travers une ouverture sans cesse croissante de notre économie, une dépendance économique généralisée ? L'essentiel de notre déficit vient en effet du gonflement de nos importations de biens d'équipement et surtout de biens de consommation courante en provenance des pays les plus développés. La facture pétrolière ne représente quant à elle qu'un septième de nos importations totales. D'où vient que nous serions obligés pour cela d'importer près du quart de notre production, alors que le Japon pourtant réputé pour sa capacité commerciale ne va pas au-delà de 13 % ?
- Peut-on confondre notre nécessaire solidarité avec le Tiers Monde avec une quelconque complaisance à l'égard des sociétés multinationales particulièrement aptes à utiliser les paradis fiscaux ou les réserves de main-d'œuvre à bon marché, généralement dépourvues de toute protection sociale ou syndicale ?
- Comment ne pas voir le danger d'une spécialisation à outrance dans des industries sophistiquées ou dans des activités de services, qui nous mettrait demain dans la même dépendance par rapport à la sidérurgie, au textile, à la chaussure, à l'optique, etc., que celle dans laquelle la même logique libérale nous a précipités hier avec la politique du " tout pétrole " ?

    La réduction aujourd'hui de la France en pays à vocation principalement " tertiaire " prépare à terme, avec l'inévitable retournement de tendance sur les prix des produits industriels que nous aurons cessé de fabriquer, sa paupérisation et sa subordination. La référence au " tertiaire " est en effet ambiguë : à côté des services collectifs qui doivent se développer sur la base d'une économie productive, comment ne pas observer le gonflement d'activités dites de " services " précaires ou même tout simplement parasitaires qui caractérisent les sociétés capitalistes avancées ?
- Est-il judicieux de proposer à la France une ambition nationale qui consiste à s'aligner sur l'Allemagne et aux Français de prendre modèle sur la mentalité des protestants anglo-saxons puritains, productifs et entreprenants qui ont fait les beaux jours du capitalisme conquérant.
- Comment peut-on attendre du seul développement de nouvelles entreprises exportatrices la restauration de l'emploi, qui devrait être l'impératif premier de toute politique ? Et cela alors que les grands groupes à vocation exportatrice créent moins d'emplois qu'ils n'en suppriment. Alors que les industries à haute technologie sont loin de compenser les pertes d'effectifs qui résultent de la retraite plus ou moins organisée des industries traditionnelles ? Alors qu'enfin la logique de l'exportation à tout prix débouche sur l'exacerbation de la concurrence internationale, la récession généralisée dans les pays développés et l'accumulation d'ardoises qui ne pourront jamais être honorées dans maints pays, et pas seulement du Tiers Monde ?
- Enfin le raisonnement libéral selon lequel les profits créent les investissements de demain qui créeront les emplois d'après-demain, a échoué partout. Les entrepreneurs n'investissent que si les perspectives de la demande et celles de la rentabilité les y conduisent. Aussi bien dans un pays comme le nôtre, ont-ils toujours manifesté une forte propension à utilisés leurs disponibilités à des fins spéculatives, et en tout cas en dehors de la production...

    La logique libérale conduit ainsi à la fermeture de la " Maison France " sous prétexte qu'elle ne serait pas rentable.

    Le rêve rose ainsi dissipé, la seule orientation claire qui se dégage de la politique giscardienne, c'est la volonté de restaurer les profits.

    Mais cette stratégie est promise à l'échec et cela en vertu même des régles du jeu libéral ; la course à la spécialisation est en effet une course à handicaps mais à handicaps renversés : la loi des grandes séries favorise les plus forts, ceux qui l'emportent par la taille, le renom, l'avance technologique, l'implantation commerciale : les coûts unitaires de production diminuent - on le sait - avec le nombre de bien produits.

    Or, le marché intérieur français est sensiblement plus réduit que celui dont disposent les industries de nos trois principaux concurrents (U.S.A., R.F.A., Japon). Notre effort de recherche nous met aujourd'hui au dernier rang des grands pays industriels (y compris la Grande-Bretagne). Enfin, nos réseaux commerciaux à l'étranger n'ont jamais pu rattraper leur retard historique.

    La loi des grandes séries tolère peu d'exceptions. Elle n'en fera pas particulièrement pour l'industrie française. Et cela d'autant moins que les régles du jeu sont truquées ; il y a en effet un " cercle vertueux " en politique comme dans les affaires : les États-Unis disposent depuis 1945 d'une fantastique marge de manœuvre puisqu'ils peuvent, grâce à la reconnaissance de l'étalon dollar, ne pas tenir compte de l'environnement extérieur, dans leurs décisions de politique interne. Depuis 1973, ils ont pu ainsi créer neuf millions d'emplois nouveaux quand tous les autres pays industriels en supprimaient. La croissance de leur économie - même si la stagnation menace aujourd'hui - offre une base solide pour le développement de leurs exportations. Là où la France conservait une forte position, l'ombre de la concurrence américaine commence à poindre (l'automobile en particulier). Dans la plupart des grands secteurs industriels où l'intensité capitalistique est assez élevée pour établir un " ticket d'entrée ", on s'achemine aujourd'hui vers un jeu à deux ou quatre intervenants maximum au niveau mondial. Rares sont les groupes français à pouvoir suivre. Aussi bien ne le pourront-ils qu'en développant leur implantation sur les marchés anglo-saxons, condition de leur mondialisation.

    Mais la taille de ces marchés - et en particulier du marché américain - est telle qu'un investissement direct important y transforme aussitôt l'investisseur extérieur en un groupe semi-américain. L'évolution du marché américain deviendra pour lui un facteur de plus en plus déterminant... qui finira par le rendre solidaire de la politique américaine.

    Cette tendance se marquera d'autant plus que la politique giscardienne aura favorisé l'alliance de nos industries avec les firmes américaines (Honeywell, Westinghouse, Texas Instruments) de préférence à des regroupements européens.

    C'est ainsi que les adversaires les plus déterminés des nationalisations en France préparent la naturalisation anglo-saxonne des entreprises françaises.

    Qu'est-ce donc en définitive que le giscardisme ?

C- La finalité du pouvoir giscardien n'est pas tant économique que politique : c'est d'asseoir sur des bases nouvelles et sûres l'hégémonie de la bourgeoisie française

    L'intégration accélérée de la France dans le marché mondial ne date pas de 1974. Mais c'est justement elle qui a conduit à Giscard.

    Toute évolution de la Ve République de De Gaulle en Pompidou puis en Giscard, traduit l'émergence progressive de la multinationalisation du capital.

    Tout se passe comme si le gaullisme n'avait été qu'une parenthèse historique destinée à permettre, à travers une relève de générations et de valeurs, la mutation et le retour aux affaires de la vieille bourgeoisie française disqualifiée par son attitude face à la crise des années trente et par ses compromissions vichystes avec l'occupant. L'avènement de Giscard, c'est une restructuration, celle de la grande bourgeoisie, essentiellement financière, dirigeant pour son compte et pour celui des multinationales, le redéploiement et la restructuration de l'industrie française.

    Mais la mutation du capitalisme français a sapé les bases sociales qui étaient celles de la classe dominante depuis des décennies : la paysannerie petite et moyenne se prolétarise ; les couches moyennes traditionnelles - commerçants, artisans - si elles restent numériquement importantes, déclinent inexorablement. De plus en plus nombreuses, les P.M.E. se voient offrir le choix entre un statut de sous-traitance et la disparition par absorption ou par liquidation pure et simple.

    La bourgeoisie française est en quête d'alliances nouvelles.

    Il lui faut sans doute conserver l'adhésion des couches traditionnelles mais plus impérativement séduire les couches nouvelles (ingénieurs, cadres, techniciens, etc.) en proie à l'incertitude quant à leur place et à leur rôle dans la société. Tel est le sens de l'offensive idéologique menée sous l'enseigne du " libéralisme avancé ". Il s'agit pour la grande bourgeoisie d'agréger autour d'elle les couches sociales " nouvelles " sécrétées par la croissance des trente dernières années.

    C'est ce que vise explicitement Giscard d'Estaing quand il évoque " l'évolution en cours (qui) bien loin de conduire au face à face des deux classes bourgeoise et populaire, fortement contrastées, se traduit par l'expansion d'un immense groupe central, aux contours peu tranchés, et qui a vocation par sa croissance numérique exceptionnellement rapide, par ses liens de parenté avec chacune des autres catégories de la société, par son caractère ouvert qui en assure largement l'accès, par les valeurs modernes dont il est le porteur, d'intégrer en lui-même progressivement et pacifiquement la société française tout entière ".

    La Droite giscardienne ne cherche donc plus tellement à défendre les anciennes valeurs : respect de la tradition - attachement à la stabilité et à la grandeur nationale, défense de l'ordre moral censé conforter l'ordre social. Elle met de plus en plus en avant - ce qui ne lui coûte rien - l'éloge du changement, de la permissivité, de la modernité, du mondialisme, sans rien concéder, bien entendu, sur l'essentiel : son pouvoir économique. Elle est servie en cela par l'appareil des médias mis comme jamais à la disposition du Pouvoir.

    Ce messianisme des classes moyennes - en quoi se résume la philosophie du Pouvoir - a cependant le souffle court. Les raisons en sont nombreuses : contradiction à l'intérieur de la majorité dont une partie reste réfractaire aux perspectives du mondialisme giscardien ; puissance de la Gauche et en particulier du Parti socialiste qui, malgré la rupture de l'Union, a refusé de se couler dans l'espace politique et idéologique du libéralisme avancé ; profondeur de la crise enfin, qui, même au prix d'une inflation persistante, limite les avantages qui peuvent être concédés aux couches nouvelles. Tout au contraire, le chômage qui s'étend, la baisse du pouvoir d'achat, le poids croissant de la fiscalité sur les cadres, la mise en cause des avantages acquis (Sécurité sociale) réduisent de plus en plus la marge de manœuvre de la grande bourgeoisie.

D- Menace sur la démocratie

    L'actuel président de la République parviendra-t-il à créer l'inévitable, à force d'avoir appelé les Français à s'y résigner ?

    On n'a sans doute jamais vu depuis Vichy une telle capacité de démobiliser, au nom du " moindre mal " l'espérance et la volonté des citoyens.

    L'abandon de la planification, le gaspillage des deniers publics pour la seule indemnisation du chômage (sans compter le manque à gagner dans la production et les pertes de rentrées fiscales et sociales), le marché substitué au service public, le démantèlement par pans entiers de l'industrie, le malthusianisme démographique qui va progressivement figer le pays dans l'étroitesse conservatrice qui accompagne habituellement la sénescence, la démission de l'État devant les arbitrages des " grands " et les pressions des multinationales qui mettent de plus en plus en coupe réglée la France et ses régions, la fin de l'indépendance nationale et bien entendu l'exacerbation de l'individualisme qui masque toujours les grandes déroutes, dessinent déjà sous nos yeux les traits d'une France résignée à subir " la crise " le moins mal possible.

    Ainsi triomphe en tout domaine l'idéologie de la démission.

     Sauf pour les possédants et pour une petite caste dressée au mépris de la masse. A quoi se résume en effet la stratégie de reconstitution des profits - qui est le fin du fin de la politique de M. Barre - sinon en la défense des privilèges et des positions de la grande bourgeoisie, dût celle-ci, pour se maintenir en place, s'appuyer de plus en plus sur l'étranger ?

    Parce que le succès de cette politique qui conspire avec tout ce qui va dans le sens de la démission, n'est pas acquis à l'avance, et se heurte aux luttes des travailleurs et à des résistances de plus en plus fortes dans la société française, parce que la classe dirigeante se révèle de plus en plus incapable d'offrir un avenir aux couches sociales qu'elle vise à séduire (ainsi des cadres), " le libéralisme avancé ", après les mirages de la " modernité " et les séductions de la " permissivité ", pourrait révéler, avec sa vraie nature, un nouveau visage.

    Derrière le chômage, le développement du travail précaire, la stagnation ou la baisse du pouvoir d'achat, la crise du service public, les atteintes à la Sécurité sociale, se lève le spectre de la coercition : arrestations arbitraires, jugements sommaires, limitation ou interdiction du droit de grève, menace d'expulsion sur des centaines de milliers d'étrangers, tels sont quelques-uns des traits nouveaux du giscardisme.

    Dès lors que la stratégie d'un contrôle social insidieux ne suffirait pas à anesthésier toute résistance, la " Bête " décrite par R. V. Pilhes pourrait bien, pour préserver l'ordre économique, sortir ses griffes et montrer plus que le bout de son museau.

    C'est ainsi qu'on voit monter à l'horizon une nouvelle configuration idéologique de la Droite, appelée en quelque sorte par le vide créé par les " nouveaux philosophes ". Cette idéologie de la Nouvelle Droite qui pourraît être un pôle de ralliement pour des esprits désorientés, se réclame de la " Science ". Elle se veut cohérente au plan de sa logique. Bien loin de jeter l'anathème sur les progrès scientifiques et techniques elle se veut à l'avant-garde de leur utilisation. Elle pourfend " l'obscurantisme " qu'elle impute à la Gauche. Mais avant toute autre chose, cette Nouvelle Droite est une apologie passionnée de l'Inégalité.

    Au nom de la science et tout particulièrement de la biologie qui établit la diversité entre les hommes à partir de la différence de leur patrimoine génétique, elle professe l'hérédité de l'intelligence et par conséquent l'inégalité foncière des individus et des races.

    Au nom de l'Histoire, de l'Art et de la Civilisation, cette Nouvelle Droite affirme la supériorité des Indo-européens sur toutes les autres races.

    Cette idéologie n'est pas la trouvaille de quelques intellectuels farfelus. Elle s'exprime ouvertement dans le dernier ouvrage de Michel Poniatowski.

    Tout y est : le biologisme qui conduit à un néo-darwinisme social, l'admiration pour la race " indo-européenne qui porte l'élan scientifique, technique, culturel et qui imprime sa marque à l'essor de nos sociétés, l'accent mis sur l'hérédité dont " l'influence sur la personnalité précède, détermine et conditionne celle de l'environnement : les hommes naissent inégaux en intelligence et en capacité. Leur héritage génétique leur confère des aptitudes diverses.

    Et en conséquence l'accent sera mis en matière de santé mentale sur la chimiothérapie plutôt que sur la psychothérapie, et en matière scolaire, sur la nécessité de la " sélection " et sur
l'impasse des pédagogies nouvelles.

    On pourrait longuement relever les considérations relatives à la " dégradation du patrimoine génétique " de l'humanité du fait des progrès de la médecine, ou bien au rôle de frein des religions monothéistes - et particulièrement du christianisme - dans le progrès humain ou bien encore à " l'élitisme élargi ", qui devrait caractériser, selon Michel Poniatowski, la société scientifique de demain par rapport à " l'élitisme étroit " de l'actuelle société industrielle.

    Tous ces thèmes - ceux de la Nouvelle Droite - pourraient facilement être attaqués à partir des souvenirs qu'ils ne manquent pas d'évoquer. On pourrait rappeler à l'occasion des références " scientifiques " que le Directeur de l'Institut de l'hérédité et de génétique humaine de Berlin, Von Verschuer, n'hésitait pas à glorifier Hitler en 1943 pour avoir mis la science de la biologie à la base de la politique du Reich.

    Mais cette idéologie doit d'abord être réfutée à partir des acquis réels de la science et en particulier de la biologie. Les différences existent, mais rien n'autorise à déduire de la différence de nature une différence de valeur. De même fera-t-on observer que cette idéologie fait totalement l'impasse non seulement sur les luttes des classes dans l'Histoire, mais sur le rôle de " l'accumulation primitive " c'est-à-dire de la destruction des civilisations non-européennes dans l'essor du capitalisme et confond par là même un moment de l'Histoire avec l'Histoire tout entière.

    Cette idéologie de la Nouvelle Droite qui s'ébroue au cœur du " libéralisme avancé " pourraît bien n'être en réalité que le signe avant-coureur d'un raidissement social. Idéologie élitiste au nom de l'hérédité de l'intelligence et impérialisme au nom de la supériorité des valeurs européennes et occidentales, elle donne une réponse musclée aux inquiétudes de la bourgeoisie française devant la crise. Ainsi pourrait-on, le cas échéant, faire oublier l'incapacité dans la guerre économique d'une caste de privilégiés qui considère depuis toujours les affaires de l'État comme sa chose et légitimer demain des solutions de coercition en Afrique, en Orient, et bien entendu en France même.

    C'est ainsi que le pouvoir actuel, à travers une stratégie indolore d'anesthésie du corps social, ne prépare pas seulement l'euthanasie de la France, mais celle de la démocratie.




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