Poursuivre la rénovation doctrinale
Congrès de Dijon - 17 mai 2003

Discours de Laurent Baumel, membre d'un collectif militant, Régénération
Tribune du Congrès de Dijon


 
Mes camarades

Délégué de la motion A, mais aussi membre d’un collectif militant, Régénération, qui a mis l’accent dans sa contribution générale sur la nécessité d’une profonde rénovation doctrinale de notre parti, je voudrais exprimer ici dans le temps imparti un regret, une satisfaction et une attente.

Le regret, c’est précisément que nous n’ayons pas pu aller plus loin dans ce congrès dans cette nécessaire redéfinition idéologique du socialisme français. Le traumatisme engendré a légitiment fait surgir, en effet, dans le débat du parti deux questions préalables : celle de la clarification nécessaire de certaines de nos positions sur des dossiers d’actualité, celle du renouvellement également nécessaire des pratiques et des hommes.

On doit, de ce point de vue, reconnaître aux motions minoritaires le mérite d’avoir contribué à ce que ces questions, évidemment essentielles, soient dans le débat du parti. Mais on peut regretter aussi, me semble-t-il, les crispations qui se sont nouées autour de ces enjeux. On peut regretter d’avoir vu parfois prospérer dans notre parti, au nom de la nécessaire clarification, une rhétorique de dénonciation des sociaux-traîtres qu’on pouvait croire réservée à l’extrême gauche. On peut regretter aussi d’avoir vu de la même manière prospérer dans notre parti, au nom de la nécessaire rénovation, l’idée artificielle d’un clivage déterminant entre les anciens et les nouveaux, les dirigeants et les militants, le parti d’en haut et le parti d’en bas. Et même si notre difficulté collective à entreprendre depuis vingt ans une réactualisation idéologique de grande ampleur puise bien sûr ses racines dans des facteurs historiques et structurels plus profonds, il est clair que ce contexte de congrès, où se sont mêlées bonnes questions et mauvaises réponses, n’a pas fourni les conditions politiques les plus favorables pour réélaborer dans la sérénité ce projet réformiste de long terme dont nous avons pourtant besoin pour redonner du sens et du souffle à notre action.

Mais ce regret ne doit pas occulter pourtant les satisfactions que l’on doit aussi retirer de ce congrès. Sur les deux questions posées, clarification, rénovation, la motion A a su apporter et imposer ses propres réponses. Nous avons réintroduit dans notre texte les éléments sur la précarité, le pouvoir d’achat, les services publics, qui avaient effectivement fait défaut à la fin de la législature et dans le programme présidentiel. Sur la rénovation des engagements concrets ont été pris et nous serons bien sûr nombreux à veiller à leur application effective.

De leur côté, les militants, par leur vote majoritaire, ont manifesté leur désir de préserver cet outil collectif que représente le Parti socialiste. Surtout, ils ont, par ce vote, confirmé et conforté l’identité réformiste du PS, celle d’un parti qui combine la volonté politique et l’inscription dans la réalité, un parti qui ne se paie pas de mots mais veut exercer les responsabilités pour transformer réellement l’ordre des choses. Et en conservant ainsi l’acquis essentiel de notre longue et difficile expérience du pouvoir, en restant dans l’épure fixée par Lionel Jospin dans les années 95-97, et qui nous avait permis de retrouver force et crédibilité, nous avons, à mon sens, préservé l’avenir du socialisme français et posé les bases pour poursuivre la rénovation doctrinale.

Et c’est l’attente que je voudrais exprimer pour conclure. A partir du socle que constitue désormais le texte majoritaire, nous avons quatre ans pour reconstruire une doctrine, quatre ans pour affiner notre compréhension des bouleversements du monde et préciser davantage notre vision du nouvel ordre international et de la nature de la construction européenne. Quatre ans surtout pour affiner notre compréhension des bouleversements de cette société française, complexe et contradictoire, sur laquelle nous avons buté sur la fin de la législature. Quatre ans pour inventer cette nouvelle alliance de classe, ce nouveau projet économique, social, sociétal qui permettra de fédérer l’ensemble des couches qui composent notre électorat autour d’objectifs communs et de compromis lisibles. Quatre ans, en somme, pour offrir à nos compatriotes une nouvelle vision du socialisme du XXIème siècle.

Le chantier n’est pas mince, les difficultés à surmonter ne sont pas minces, quatre ans ne seront pas superflus. Alors, dès le lendemain du congrès, avec tous ceux qui le souhaitent, à l’intérieur et à l’extérieur du parti, remettons-nous au travail. Il n’y a plus beaucoup de temps à perdre.



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