Le Président engagé
Investiture présidentielle du PS

Profession de foi adressée aux militants par Dominique Strauss-Kahn, député du Val-d'Oise (2 novembre 2006)


 
Chère Camarade, Cher Camarade,

Dans les précédents numéros de l’Hebdo, je t’ai indiqué quelle était ma ligne « sociale et démocrate », ma méthode le « Pacte de l’Elysée » et mon engagement envers la jeunesse « un patrimoine public pour ceux qui n’ont pas de patrimoine privé ».

Aujourd’hui, je veux revenir sur ma vision de la démocratie et sur ma conception de la fonction présidentielle : un « Président engagé ».

Si je devais résumer les maux dont souffre notre démocratie, je dirai que les Français ont le sentiment que le pouvoir est à la fois confisqué et impuissant. Confisqué, car il est concentré, et même hyper-concentré entre quelques mains. Impuissant, car il a montré son inefficacité et, pire encore, donné le sentiment de n’avoir plus prise sur rien. Pour apporter des réponses à ces deux maux, je m’appuie sur quelques principes simples. Nous avons le devoir de renforcer les contrepouvoirs. Nous avons le devoir de réhabiliter la responsabilité politique.

Je vais être rapide sur les contre-pouvoirs. Je suis favorable à une démocratie parlementaire, donc à la revalorisation de l’Assemblée nationale, donc à l’interdiction du cumul des mandats, donc à des réformes constitutionnelles qui sont parfaitement détaillées dans le projet socialiste. Je suis favorable à une démocratie locale revivifiée, donc à une nouvelle étape de la décentralisation, donc à des transferts de compétences, donc, j’y insiste, à des transferts et à une péréquation des ressources. Je suis favorable à une démocratie participative plus active, donc à tous les instruments qui permettent de renforcer, et non d’affaiblir, de surveiller, de soupçonner la démocratie représentative.

Je veux, en revanche, être plus précis sur la responsabilité politique car je porte, sur cette question, une vision différente de celle de Ségolène Royal et de Laurent Fabius.

Pour moi, trois données politiques majeures caractérisent la situation actuelle. Le Président de la République est élu au suffrage universel direct désormais pour un quinquennat. Jacques Chirac a incarné jusqu’à la caricature une présidence du verbe. Le candidat de la droite, vraisemblablement Nicolas Sarkozy, tentera de faire de « l’action » et de la « volonté » ses arguments de campagne - faute de pouvoir défendre un bilan désastreux et de pouvoir assumer un projet qui tourne le dos à deux cents ans de notre histoire.

Conclusion ?
Nous avons besoin d’une nouvelle conception de la Présidence de la République qui marque une rupture par rapport au passé et qui tienne le choc par rapport à nos adversaires. Je l’ai appelée la « présidence engagée ». Dès lors, cette présidence engagée constitue à la fois une nécessité politique et une avancée démocratique.

Pourquoi ?
Parce que le Président est engagé sur un mandat. Il est arrivé, notamment en 2002, que le futur Président n’ait présenté pendant la campagne aucun programme autre que de bonnes intentions. Il est arrivé, plus souvent encore, que le Président élu se détourne de sa propre majorité en invoquant la nécessaire unité des Français. Bien sûr, le Président de la République se doit de représenter tous les Français. Mais il doit être comptable d’une politique, présentée devant les Français et approuvée par une majorité d’entre eux : c’est cela un Président engagé ! Il y a davantage. Le Président doit être engagé dans l’action. Je ne veux plus d’un Président- monarque qui se contente de commenter l’action de son Gouvernement ou qui se limite à des incantations. Regardez ce qui s’est encore passé il y a deux semaines. Jacques Chirac a prononcé un discours sur la démocratie sociale. Il a dit le contraire de ce qu’il a fait dans le passé – notamment avec le CPE. Et, une nouvelle fois, il ne fera pas ce qu’il a dit. Je veux un Président qui agisse et qui assume sa responsabilité.

Sur les questions européennes et internationales, au Conseil européen, au G8, dans les grandes négociations, il doit avoir une position claire pour convaincre ses partenaires. Ce n’est pas seulement le rang de la France qui est en jeu, c’est aussi la vie quotidienne des Français tant il est vrai que les questions européennes ou internationales ne sont plus des questions de politique étrangère.

Sur les questions de politique intérieure, il doit également s’impliquer. Si, pendant la campagne, je dis que ma première priorité est économique et sociale ; une fois élu, mon premier chantier sera économique et social. Ce sera le « Pacte de l’Elysée ».

Je me résume : je ne veux pas d’un Président qui fasse tout - pas d’inquiétude pour le Premier ministre, il y aura bien suffisamment à faire pour deux… Mais je veux un Président qui assume tout : c’est cela, un président engagé !

Dominique Strauss-Khan



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