Bien sûr qu'il y aura une majorité au congrès



Henri Emmanuelli, député socialiste des Landes, est cofondateur de Nouveau Monde.

Entretien paru dans Libération daté du 10 avril 2003
Propos recueillis par Eric Aeschimann


 

Redoutez-vous un 21 avril interne ?
Je ne comprends pas de quoi on parle quand on emploie cette comparaison, car je ne vois pas qui, au PS, jouerait le rôle qu'a joué Jean-Marie Le Pen le 21 avril 2002. Et je suis étonné que l'on utilise une telle méthode, qui consiste à faire peur. C'est une méthode déplacée. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter : les militants voteront et il y aura une majorité.

Le premier risque, entend-on dire au PS, serait une forte abstention pour le vote des motions. Partagez-vous cette crainte ?
Je pense que le taux d'abstention sera inférieur à celui du dernier congrès socialiste, à Grenoble en 2000. En effet, il s'agit de choisir une orientation politique. C'est un enjeu de contenu. Je note que les indications qui viennent du terrain sont contradictoires. Il y a plus de monde dans les réunions de présentation des motions que par le passé. Mais, en même temps, il semble que le conglomérat majoritaire ait du mal à mobiliser.

Le second risque est celui d'une majorité introuvable...
Mais bien sûr qu'il y aura une majorité au congrès ! Les congrès sont faits pour cela et, au Parti socialiste, tout le monde a le sens des responsabilités. Soit la motion de Hollande obtient la majorité au vote, soit cela veut dire qu'il y a de quoi faire une majorité en face, ou bien que se constituera une majorité avec la motion Hollande selon telle ou telle configuration. En 1979, François Mitterrand n'avait pas la majorité quand il est arrivé au congrès de Metz. Il a fini par la faire avec une autre motion, en l'occurrence le Ceres de Jean-Pierre Chevènement. Vraiment, je ne comprends pas cette agitation. Le Parti socialiste fonctionne de la même manière depuis 1971 - et on est en 2003 : les militants votent sur des motions, envoient au congrès des délégués à proportion de leur vote, les délégués tentent d'élaborer une synthèse, et sinon, il y a une majorité et une minorité. C'est tout.

Le thème d'un 21 avril interne a été agité d'abord par Arnaud Montebourg. Aujourd'hui, il est repris par Jean-Marc Ayrault, le patron des députés socialistes et allié de François Hollande...
C'est un argument appauvrissant, assez peu respectueux des militants. Un argument qui, je le répète, me stupéfie et m'inquiète. On en arrive, avec de tels arguments spécieux, à penser que le vote démocratique est une chose dangereuse... tout en se plaignant de l'abstention. Ou alors il faut cesser de dire que nous sommes un parti démocratique et, comme au Parti communiste au temps du centralisme démocratique, demander à tous les militants de voter pour la direction

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