Nous pensons conclure un partenariat intelligent avec NPS

Henri Emmanuelli



Entretien avec Henri Emmanuelli, député des Landes, paru dans le quotidien Le Figaro daté du 17 septembre 2005
 

Vous avez discuté toute la semaine avec le courant NPS d'Arnaud Montebourg et Vincent Peillon. A quel accord avez-vous abouti ?
Nous pensons que mettre en synergie l'ancrage à gauche et l'expérience politique d'Alternative socialiste avec le dynamisme et le renouveau que représente le NPS est susceptible d'entraîner dans tout le parti une dynamique. Nous voulons contribuer fortement à la réorientation du Parti socialiste et à l'avènement d'une nouvelle direction. Après le 21 avril 2002 et le 29 mai 2005, le PS a besoin d'une remise en adéquation avec les attentes et les espérances du peuple de gauche.

Cet accord signifie-t-il que vous avez rallié le NPS ?
Mes amis et moi ne sommes pas solubles. Nous défendons nos convictions depuis le congrès de Grenoble, en 2001. Si nous réclamons depuis juin une fusion de nos deux courants, c'est parce que nous sommes profondément persuadés que cela peut être important, sans exagérer les choses, pour le PS et pour la gauche. Le reste n'a pas d'intérêt. En politique, deux choses commandent : le principe de réalité et, quoi qu'on en pense, la force des idées. Nous pensons conclure un partenariat intelligent et sincère.

Pourquoi a-t-il été aussi difficile de réaliser cette union ?
Parce que s'offraient à nous trois solutions : soit le principe d'une motion commune générale avec les amis de Laurent Fabius, soit le principe de trois motions, soit l'alliance que nous venons de réaliser. Nous n'avons pas souhaité une motion commune avec les amis de Laurent Fabius parce que nous ne souhaitons pas que ce congrès soit instrumentalisé comme une prédésignation à la présidentielle par celles et ceux qui ne veulent rien entendre et rien changer depuis avril 2002. On nous a déjà fait le coup pour le référendum interne à l'automne dernier. Il ne faut se tromper ni de combat, ni de moment.

Quel dialogue votre motion va-t-elle établir avec Laurent Fabius ?
Si nous en croyons les objectifs de Laurent Fabius, nous avons une perspective commune : réorienter le parti à gauche et mettre en place, si nous le pouvons, une direction qui prenne enfin la réalité en compte et qui cesse de confondre les objectifs de l'appareil du Parti socialiste avec ceux de son électorat.

Pensez-vous que la direction actuelle soit engagée sur une pente « libérale » ?
Depuis le congrès de Grenoble, j'ai dénoncé la dérive sociale libérale du PS, qui est une erreur historique. Ce n'est pas au moment où le libéralisme économique affiche ses insuffisances que nous aurions des raisons de changer d'opinion. Un exemple : la discrimination positive dont certains se sont fait les chantres dans le parti. Il s'agit d'un concept nord-américain revendiqué par M. Bush lors de sa dernière campagne et malheureusement revendiqué aussi par quelques socialistes. La catastrophe en Louisiane vient de démontrer que ce n'est qu'un leurre.

Doutez-vous de la sincérité des convictions de Laurent Fabius ?
Durant les onze premières années de ma vie dans le PS, on m'expliquait que François Mitterrand n'était pas un authentique homme de gauche. Malgré mon inexpérience à l'époque, je répondais invariablement que ce sont les actes qui comptent, le rassemblement de la gauche et le fait de la mener à la victoire. Je pense avec le recul que j'étais déjà dans le vrai. La vie politique m'a appris à me méfier des proclamations et des intentions : je juge sur les actes !

Comment allez-vous vous répartir les rôles entre les trois animateurs de NPS - Hamon, Montebourg et Peillon - et vous ?
Nous n'avons pas besoin de répartition des rôles. Je ne vois aucun inconvénient à ce qu'Arnaud Montebourg soit le mandataire de cette motion, s'il le souhaite. Pour le reste, nous allons essayer, et cela demandera des efforts de tout le monde, de constituer une direction collective qui fonctionne le plus harmonieusement possible et surtout, surtout, qui produise du débat politique au niveau qui convient. Je ne demande qu'une chose : que les responsables socialistes, dont je connais l'intelligence mais dont je n'ignore pas les tropismes, comprennent enfin que la France n'a pas les yeux fixés sur le nombril du PS mais qu'elle se cherche un avenir.

Présenterez-vous un candidat au poste de premier secrétaire ?
Nous aurons un candidat si la question se pose, ce que nous souhaitons.

Avez-vous craint de devoir présenter seul une motion ?
Pas du tout. Ce que nous représentons, et nous en avons fait la démonstration au mois de mai, n'est pas à la merci de deux ou trois pour cent du Parti socialiste. Je pense que nous aurions fait un très bon score et que cela se verra dans notre motion commune.

© Copyright Le Figaro


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