Agir à gauche | |
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Il y a urgence. En cet été 2005, la France est en panne, la France est en crise. Les signes de cette panne et de cette crise sont évidents. La croissance est en berne, le social se précarise,
beaucoup de nos concitoyens ne croient plus à nos institutions ni même au progrès,
l’idéologie du rejet triomphe. Et pourtant, derrière ce rejet, il y a aussi une attente. Une espérance. La France hésite tant elle craint de nouvelles déceptions, mais les Français veulent le changement, appuyé sur nos atouts : attractivité de notre territoire, dynamisme de notre démographie, excellence de notre formation, puissance de notre industrie et de nos services, présence dans les secteurs de pointe, qualité de nos services publics et de nos infrastructures. Ces atouts ne demandent qu’à être valorisés et fédérés. C’est la condition d’un redémarrage de notre pays et de l’Europe, vers une amélioration individuelle et collective. Notre pays reste une grande nation, mais il lui manque un grand dessein. Dans ce qui est devenu une véritable crise de régime, la droite porte une responsabilité écrasante. Sans qu’on puisse distinguer entre Jacques Chirac, Président de l’échec, et ses adjoints Sarkozy, Villepin, Raffarin, rivaux en ambition mais égaux en démolition. La gauche, elle, porte une responsabilité immense dans l’espérance ; car c’est autour de la gauche et singulièrement du PS qu’une alternance et une alternative politique sont possibles. En France, le libéralisme ne peut gagner que par lassitude ou par mensonge. Il ne peut susciter un vrai projet collectif puisqu’il repose sur l’égoïsme des intérêts. Il ne peut entraîner une adhésion populaire durable puisqu’il privilégie les couches les plus aisées sans vrai souci de la cohésion nationale. A la gauche et aux socialistes de redonner une dynamique collective, une perspective, un dessein. Les échéances de 2007 sont proches. Or, l’expérience l’a montré : un projet, un contrat de législature, le moment venu un candidat, tout cela demande du temps et nous n’en avons pas beaucoup devant nous. Un important travail reste à accomplir. On peut gagner sur un rejet, on ne peut pas réussir durablement sans un projet. Pour bâtir celui-ci, il nous faut tirer les leçons du passé, être à l’écoute à la fois des principaux défis du siècle et des soucis concrets de nos concitoyens, proposer et rassembler. C’est l’objectif affiché de notre prochain Congrès : agissons pour que la réalité y corresponde ! Nous abordons cette période avec énergie, avec lucidité aussi, en connaissant nos atouts mais aussi nos faiblesses et souvent nos divisions. Dans la contribution présente, soumise à la discussion, à l’enrichissement, nous avons voulu préciser notre analyse, développer nos propositions à partir de discussions militantes, et tracer un chemin. Pour les socialistes et pour la gauche. Pour la France et pour l’Europe. L’alternance et l’alternative : comment ? Vers quoi ? Nous devons nous opposer vraiment. Nous devons proposer utilement. Nous devons avoir la volonté de rassembler réellement. Nous sommes convaincus que la démarche que nous proposons à tous les socialistes ne peut se réaliser que par la gauche, autour d’un Parti Socialiste fort et qui agisse fort. Ensemble, nous tenons dans nos mains les clés de notre avenir pour agir à gauche. |
I - COMPRENDRE | |
Les « deux France » dans les urnesLe 29 mai 2005, la cassure entre les deux France s’est exprimée avec force dans les urnes. Alors que la France des centres villes et les couches les plus aisées ont souvent choisi le « oui » au référendum sur la Constitution européenne, celle des quartiers en difficulté et des
campagnes délaissées, en panne d’espérance, s’est prononcée majoritairement pour le « non ». La dimension sociale du scrutin a été particulièrement marquée : près de 70 % des employés et
des chômeurs, 80 % des ouvriers, une majorité des jeunes ont voté « non ». Ce clivage
exprime une réalité politique : deux électeurs de gauche sur trois, une majorité parmi les
socialistes, ont rejeté le traité constitutionnel. Ce vote se situe dans la continuité de celui du
21 avril 2002, qui avait déjà vu plus la plupart des ouvriers et des employés se détourner malheureusement de notre candidat. Mais, à la différence du 21 avril, il n’a pas constitué une surprise pour les électeurs : ce « non », les Français l’ont réfléchi avant d’en faire leur bulletin
de vote. Ils sont venus nombreux pour l'exprimer. Ils attendent désormais que chacun à la fois
en prenne la mesure et le dépasse. La partie de la France qui se trouve en panne d’espérance n’est pas seulement celle des chômeurs, des travailleurs pauvres et des salariés précaires dont le nombre a explosé sous l’effet de la politique de la droite. Elle est aussi celle des couches populaires, des ouvriers, des employés, des petits agriculteurs, qui voient leur statut et leur existence se dégrader ; elle est de plus en plus celle des classes moyennes. Une France confrontée à la baisse du pouvoir d’achat et à la remise en cause des droits sociaux. Une France qui redoute que l’avenir de ses enfants soit de plus en plus difficile. Une France qui se sent décrochée de celle qui garde confiance et qui n’est pourtant pas son adversaire car c’est de nouveau unis que nous pourrons faire face à la mondialisation. C’est d’abord pour cette France que nous devons agir, car elle attend un vrai changement, garant d’un progrès retrouvé, et non vecteur de régression, voire de déclin. La cassure vient de loin. La politique de la droite, de 1995 à 1997 et depuis 2002, a contribué à l’approfondir. Nous avons collectivement tardé à en prendre la mesure. Récemment encore, notre diagnostic préférait n’évoquer qu’une « société fragmentée » plutôt que de regarder en face le véritable fossé social à combler. Aujourd’hui, il appartient à notre parti d’assumer ce travail d’unification des catégories populaires et moyennes. Nous ne le pourrons pas si nous nous contentons de disserter sur les peurs de la société. Pour reconquérir notre base sociale, nous devons lui proposer un nouvel idéal mobilisateur : celui de nos valeurs, la liberté et l’égalité, la justice et la solidarité, traduites en un horizon crédible par nos propositions. Le progrès pour réconcilier les deux FranceDevant la gravité de la crise et l’ampleur des attentes, des réponses nouvelles sont indispensables. Quels que soient nos choix passés, nous ne pouvons pas faire comme si le 21
avril 2002 et le 29 mai 2005 n’avaient pas eu lieu. D’autant plus qu’autour de nous le monde
a changé et que le règne sans partage du marché aggrave les inégalités. Notre objectif doit être clair : remettre en marche le progrès social en agissant mieux et davantage, d’abord pour la France qui souffre et se trouve en mal d’espérance, mais aussi pour l’autre France, mieux pourvue, plus à l’aise, mais qui a aussi besoin d’une perspective, d’un grand projet. La gauche s'est toujours attachée à fédérer les forces de la jeunesse, du travail et de la création autour du progrès et de la justice sociale. C’est ainsi que nous pourrons réconcilier les deux France. Car redonner à tous un emploi, un logement, un savoir, c’est bâtir une France plus confiante et plus ouverte aux changements et aux modernisations. Une France qui saura se montrer audacieuse et prendre des risques. Une France qui défendra en Europe et dans le monde un modèle de développement social, économique et culturel. Une France qui pourra reprendre sa place en Europe et face à la mondialisation. Agir pour le progrès, c’est agir pour une France en tête. Réconcilier les deux France, c'est aussi s’attacher, plutôt que de creuser les cicatrices passées, à réunifier les « non » de gauche et les « oui » de gauche, en partant de ce que nous partageons : réorienter la construction européenne dans le sens d'une Europe plus sociale, plus déterminée, plus puissante ; construire une alternative pour 2007 qui réponde à la demande forte de changement exprimée par les électeurs. Nous avons pu diverger entre socialistes sur les moyens, mais nous devons être unis sur l’objectif. A présent que les militants ont voté et que le peuple a tranché, c’est l’essentiel. |
II – DANS LE MONDE, L'IMPASSE DU LIBERALISME ; EN FRANCE, L'ECHEC DE LA DROITE | |
Depuis la chute du mur de Berlin, la démocratie politique dans le monde a progressé. En
même temps, le capitalisme mondialisé est devenu plus dur pour les salariés et le monde du
travail. Il exige de notre part une action plus déterminée. Si les responsables politiques eux-mêmes
pensent qu’ils ne peuvent rien pour améliorer la situation, qu’on ne s’étonne pas que
le peuple s’en détourne ! Plus que jamais, nous devons faire preuve de volontarisme.
Le capitalisme financier veut coloniser la planèteUne nouvelle division internationale du travail s'est affirmée, marquée notamment par le développement rapide de la Chine et de l'Inde tandis que les Etats-Unis poursuivent leur
course en tête dans les nouvelles technologies et les services à haute valeur ajoutée. La France
et l’Europe sont prises en tenaille par cette concurrence. La désindustrialisation et les délocalisations sont, pour une part, les conséquences de la montée en puissance des pays émergents. Alors que l’accès au développement d’une fraction croissante du monde devrait être en soi une très bonne nouvelle, ces évolutions accroissent partout les inégalités, menacent notre base économique et déstabilisent les salariés. La domination de la finance s’est accentuée. La mondialisation des capitaux, de la production et des entreprises entraîne une révision à la baisse des compromis sociaux établis au cours de la période de la guerre froide et des « Trente Glorieuses ». Le partage de la valeur ajoutée avantage de plus en plus les actionnaires et les managers. Les intérêts du consommateur finissent souvent par se retourner contre ceux du travailleur. Les marchés défient les Etats. Le capital domine le travail. La concurrence l’emporte sur la solidarité. En même temps que le capitalisme financier, l'unilatéralisme de l'hyper puissance américaine s'est confirmé. Guerre en Irak, refus de signer le protocole de Kyoto ou de reconnaître le Tribunal Pénal International : l'empire américain veut pouvoir défendre unilatéralement ses intérêts, y compris par les armes. Face à son hégémonisme, il est indispensable que l'Union européenne se renforce et propose au monde un autre projet. L’Europe sans volonté politique suffisanteConfrontée à la nouvelle division internationale du travail et aux nouveaux rapports de puissance, l'Union européenne a tardé à s’organiser. Elle s'est enlisée dans la croissance molle
et le chômage élevé, tandis que la Commission de Bruxelles, directive après directive,
s'efforçait d'acclimater sur le continent le modèle anglo-saxon de capitalisme. Sa dérive
libérale s’est malheureusement poursuivie. Le Conseil européen s’est lancé dans une politique
d'élargissement continu, sans consultation populaire ni réforme préalable des institutions.
Même si différents facteurs ont joué, c'est largement cette crise de l'Europe - économique,
sociale, démocratique, identitaire - qui a entraîné la victoire du « non » aux référendums
français et hollandais, après avoir nourri l'abstention massive (et non l’inverse) aux dernières
élections européennes. Réorienter la construction européenne dans le sens d'une Europe plus sociale, plus politique, volontaire, indépendante, prenant en compte la diversité culturelle de ses Etats, est la ligne choisie par les socialistes français. Elle s'est exprimée à l’unanimité dans les sept conditions posées à notre approbation de la Constitution lors du Conseil national d'octobre 2003. Elle s'est incarnée, encore à l’unanimité, dans notre plateforme électorale aux élections européennes de 2004. L’Europe sociale et innovante, puissante et indépendante, doit à nouveau nous rassembler. En France, l'échec de la droite débouche sur une crise de régime.Depuis juin 2002, la droite a appliqué dans notre pays une politique strictement libérale : réduction injuste de l'impôt sur le revenu ; fin des emplois jeunes, remise en cause des emplois aidés et des 35 heures ; compression des dépenses publiques pour l'école, la recherche, la culture ; augmentation des contributions à la sécurité sociale et des
déremboursements ; amputation de la protection sanitaire et sociale ; démantèlement du droit
du travail ; privatisation des services publics ; réforme injuste des retraites ; explosion du prix
des loyers... Ces mesures ont produit le contraire des effets promis : une croissance faible,
inférieure d'un point à la moyenne européenne, plus de 200 000 chômeurs supplémentaires,
1,2 millions de Rmistes, une baisse du pouvoir d'achat des salariés et des retraités. A cette régression sociale, s'est ajoutée la régression démocratique. Jacques Chirac n'a tenu aucun compte des désaveux populaires, pourtant massifs, exprimés en 2004 aux élections régionales, cantonales, puis européennes. Après dix années sous sa présidence, la France connaît une crise globale : économique, sociale, politique, culturelle, psychologique, et ce n'est pas le gouvernement Villepin-Sarkozy qui l'en sortira. Notre Parti doit répondre à la colère, mais aussi à l'espérance, en ouvrant le chemin de l'alternance. |
III – LES SOCIALISTES DEVANT UN CHOIX : ACCOMPAGNEMENT OU TRANSFORMATION | |
Contrairement à ce qui est parfois affirmé, le clivage aujourd'hui dans le PS n'oppose pas
réformistes et « révolutionnaires ». Nous sommes tous réformistes. Nous avons tous tiré les
leçons de la faillite du communisme et de l'économie administrée. Nous sommes tous prêts à
nous confronter à l’exercice des responsabilités. Et nous n’oublions pas que nous avons tous,
à un titre ou à un autre, été acteurs du passé, dont nous devons tirer les conséquences. Le clivage - au sein de notre parti - sépare plutôt en réalité deux conceptions du réformisme : accompagnement ou transformation. Il existe un réformisme d’accompagnement, voire même de résignation, face au libéralisme et à ses dégâts. Ce réformisme, rebaptisé parfois « socialisme » à l’approche d’un Congrès, considère que les rapports de force sont devenus tellement défavorables aux salariés qu'il faut malheureusement réduire nos ambitions. Il se fonde sur une analyse fataliste des effets de la mondialisation, et sur une représentation de notre pays exclusivement comme « société éclatée », « atomisée » au point que l’action collective deviendrait quasi impraticable, les inégalités apparaissant tellement complexes qu’on ne pourrait plus les faire reculer. Pour ce « réformisme », la nécessité de l’adaptation aux « réalités du monde et de l’économie de marché » a fini par remplacer l’exigence d’un progrès partagé. Comme la droite se proclame aujourd’hui également réformiste, on peine alors à différencier les uns des autres, pour la plus grande déception de nos électeurs. C’est ce qui se produit quand certains dans nos rangs applaudissent par exemple la privatisation d’EDF en même temps qu’ils réclament le tout-nucléaire, hésitent sur la laïcité tout en faisant l’apologie des quotas d’immigrés, parlent de volonté mais ajoutent que l’Etat ne peut pas grand-chose. Le réformisme de transformation, lui, tout en se voulant lucide reste convaincu que les rapports de force peuvent être infléchis par la volonté politique, l’action publique et la mobilisation sociale. Il veille à être crédible mais ses objectifs et son projet procèdent d'une analyse plus exigeante des attentes de nos électeurs et des maux d’un capitalisme non régulé. Un second clivage oppose réformisme virtuel et réformisme réel. Etre réformiste, en effet, ce n'est pas seulement proposer des réformes, c'est aussi se donner les moyens de les faire aboutir. A quoi bon proclamer des objectifs généraux si on ne se donne pas les moyens de leur réalisation ? A repousser sans cesse la traduction dans les faits de ses objectifs, le réformisme virtuel se coupe de l’action et déçoit nos électeurs. Pour le réformisme réel, il n’y a pas de politique progressiste durable sans le soutien et la mobilisation populaires. Et il n'y a pas de mobilisation efficace sans rassemblement de toute la gauche. La pratique des compromis est utile, mais elle rencontre une limite : lorsque ceux-ci entraînent une désaffection, une démoralisation et un ressentiment populaires. Schématiquement, il y a donc deux réformismes parce qu’il y a deux types de réformes : celles qui entendent réconcilier la société avec le progrès et celles qui ne peuvent, au mieux, que l’aménager à la marge, sans échapper au risque de régression. Notre Congrès du Mans et les débats qui l’accompagnent devront permettre de clarifier ce clivage, voire de le dépasser, dans la fidélité à nos valeurs de progrès, de liberté et de justice et dans le souci de l’unité. Nous avons tous été, à des titres divers, associés dans le passé à l’exercice des responsabilités. Ce n’est pas un double discours, mais le simple bon sens, que de reconnaître que le 21 avril et le 29 mai ont bien eu lieu et de chercher à éviter qu’ils ne se reproduisent. Celles et ceux qui se reconnaissent dans cette contribution tirent les leçons de l’expérience, balaient devant notre porte et font le choix, pour l’avenir, de la transformation plutôt que du simple accompagnement. |
IV – LE CAP DE NOTRE ACTION INTERNATIONALE : REORIENTER L'EUROPE, PRESERVER LA PLANETE, GOUVERNER LA MONDIALISATION | |
Une Europe sociale, puissante et démocratiqueL’internationalisme et l’Europe sont au cœur de notre engagement socialiste. Inspirés
notamment par Jaurès, Blum et Mitterrand, nous avons toujours oeuvré pour une Europe forte,
porteuse d’un idéal de civilisation. Aujourd’hui, l’enjeu de l’internationalisme se pose dans des termes assez nouveaux. Nous ne pouvons pas accepter, au nom de notre engagement européen et de notre internationalisme, une mise en concurrence généralisée et brutale des salariés, des systèmes sociaux et des modèles économiques, à la fois à l’intérieur de l’Europe et à l’échelle du monde. Le véritable internationalisme, celui auquel nous sommes attachés, porte l’ambition de la solidarité, pas le culte de la « concurrence libre et non faussée ». Au lendemain du 29 mai, notre responsabilité est désormais d’offrir un débouché politique et européen à ce vote. Les Français, notamment les jeunes, sont pro-européens, mais ils veulent que l’Europe change. A nous de reprendre l’initiative dans cette direction. L'Europe est confrontée aujourd'hui à plusieurs crises![]() ![]() Comment en sommes-nous arrivés là ? En réalité, plusieurs logiques coexistent en Europe depuis dix ans : la démarche britannique d’une Europe libérale réduite à un grand espace de libre-échange ; la démarche Chirac d’une Europe dite « à la française », mais sans moyens ni solidarité. Il n’est pas étonnant que la confrontation diffuse de ces logiques n’ait rien donné de bon. Récemment encore, elle a fait échouer les discussions sur les perspectives financières de l’Union pour les années 2007-2013. Disons-le clairement : ni Blair, ni Chirac, il faut une volonté nouvelle pour l’Europe. Notre projet pour l'EuropeLes Européens attendent de l’Europe qu’elle soit plus humaine, plus démocratique et qu’elle les protège vraiment. Cela suppose d’opérer des choix clairs, qui nous distinguent des
conservateurs et répondent concrètement aux attentes de nos électeurs. Pour retrouver le
chemin d’une Europe démocratique, sociale et puissante, au moins quatre séries d’initiatives
sont nécessaires et possibles. Nous les proposons. ![]() Parallèlement, nous demanderons le retrait des directives contestables (Bolkestein, transports, etc…), contraires à notre vision d’une Europe sociale. Nous militons en faveur d’une directive sur les services publics qui permette de sécuriser clairement l’existence de nos services publics et exiger un moratoire sur toutes dérégulations avant l’adoption d’un cadre protecteur. ![]() ![]() ![]() L’ensemble de ces propositions doit permettre d’avancer. Il faut en débattre dans le cadre du Parti socialiste Européen (PSE). Bien sûr, ce redémarrage suppose que certains chefs d’Etat et de gouvernement ne cherchent pas à justifier a posteriori leur propre « oui » par un blocage envers toute avancée alternative. Ce serait un déni de démocratie ! Social-écologie et mondialisation solidaire : un nouvel horizon pour l'action
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V - LE CAP DE NOTRE ACTION EN FRANCE : PROTEGER ET PROGRESSER | |
Nos concitoyens ont aujourd'hui plusieurs attentes fortes : Une attente de sens. Cela nous a manqué en 2002 : nous avons proposé des mesures dont le détail était intéressant, mais sans vision globale assez convaincante. Sachons donner aux idées fondamentales qui justifient l'engagement socialiste depuis plus d'un siècle une nouvelle jeunesse. L'échec du libéralisme montre que le capitalisme contemporain n'écrit pas la fin de l'histoire. Il nous revient d'actualiser et de prolonger les idéaux de la République, de la justice sociale, de la laïcité. Une attente de renouvellement. Nous avons collectivement rencontré des succès et des échecs entre 1997 et 2002. Ne proposons pas aux Français de refaire exactement ce que nous avons déjà fait…il y a une décennie ou deux. Une attente de clarté. Notre politique devra se démarquer nettement de celle menée par la droite depuis 2002 et par son Président depuis 1995. Nous ne devons pas craindre de remettre en cause les décisions de ces dernières années en trouvant une voie nouvelle et progressiste pour régler les problèmes (comme pour le financement des retraites ou de la protection sociale). Les Français ne veulent pas d’une alternance sans alternative. Ils sont en attente d’un vrai changement. Remettre en marche le progrès socialProtéger et progresser, c’est remettre en marche les moteurs du progrès social, dont la crise a
été aggravée par la droite depuis 2002 : l’emploi, la protection sociale, le logement et le cadre
de vie, l’école et la recherche.
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VI – LA DÉMOCRATIE PARTOUT, | |
Une nouvelle RépubliqueLa droite a conduit notre pays à une véritable crise de régime. Il faudra affronter cette crise et la surmonter. Il y a urgence à redonner une espérance démocratique à la France en replaçant
le citoyen au cœur de la vie publique. ![]() ![]() ![]() Le statut du parquet sera clarifié : il devra mettre en œuvre la politique pénale définie par le pouvoir politique, mais il sera mis à l’abri de ses pressions, notamment par un strict encadrement des instructions individuelles. La réforme des tribunaux de commerce devra aboutir pour que ce juge de l’économie réponde aux principes de neutralité, de transparence et de sécurité juridique. Une loi pénitentiaire sera mise en œuvre avec un objectif clair : rendre nos prisons plus humaines pour favoriser la réinsertion des condamnés et donc diminuer le nombre de récidivistes à la sortie des prisons. Les lois Perben seront abrogées dans leurs dispositions portant atteinte aux libertés et aux droits de la défense. Chaque année, le Parlement débattra du rapport de politique judiciaire présenté par le Garde des Sceaux. Ce rapport annuel sur l’activité judicaire sera décliné au niveau de chaque tribunal de grande instance et de chaque cour d’appel. ![]() Démocratie territoriale
Notre pays a besoin d’un Etat fort, présent sur ses missions, efficace, et non d’un Etat en
retrait, voire en recul. Cela n’est nullement contradictoire avec le développement des
responsabilités locales. A cet égard la droite a échoué au point que la notion même de
décentralisation est devenue parfois synonyme de régression ! Aux côtés des élus locaux, et notamment des maires, nous porterons une autre vision du développement des collectivités. C'est le sens que nous donnons à la démocratie territoriale. Il faudra reconsidérer totalement la pseudo-décentralisation Chirac-Raffarin-Sarkozy. Nous abrogerons la loi du 13 août 2004, imposée par le gouvernement au Parlement et adoptée sans réelle concertation avec les associations d’élus. La répartition des compétences sera clarifiée et simplifiée. Certains transferts seront confirmés, mais sur la base d’une vraie compensation financière et d’une clarification des niveaux de compétences. D’autres transferts de l’Etat vers les collectivités seront annulés, en particulier dans les domaines de la solidarité nationale. La participation et la citoyenneté seront soutenues afin de renouer avec l’esprit républicain et le souffle démocratique de la décentralisation Mauroy-Defferre. Plusieurs mesures y contribueront : l’ouverture d'une partie du budget communal au budget participatif, l’obligation pour chaque responsable de collectivité territoriale d’effectuer un compte-rendu de mandat, la création de conseils d'usagers des services publics sur le modèle des conseils de quartiers ou d'écoles, l’élection des intercommunalités au suffrage universel direct, l’harmonisation à cinq ans de la durée des mandats ou encore - avancée toujours évoquée mais qui devra cette fois-ci être réalisée !- la mise en place d'un véritable statut et d’une formation continue de l'élu confronté à un environnement de plus en plus technique et judiciarisé. La fiscalité et la péréquation financière seront au cœur de notre ambition pour les territoires. L’architecture de la fiscalité locale est illisible pour les citoyens, inéquitable pour les collectivités locales et ingérable pour l’Etat. L'autonomie fiscale des collectivités locales se réduit trop souvent pour les communes pauvres à la faculté d'alourdir un peu plus la facture du contribuable local, alors que « l'expérimentation » donne aux plus riches la possibilité de creuser à leur profit les inégalités territoriales. Nous proposerons une refonte profonde des dotations de l'Etat et de la fiscalité locale. Nous clarifierons l’organisation des territoires et les niveaux de décision. Nous renouerons avec la lettre et l’esprit des lois de 1982 : une collectivité doit agir dans le cadre des compétences qui lui sont fixées par la loi. Là où une coopération entre collectivités est nécessaire, un chef de file devra être clairement identifié - la Région pour le développement économique et la préparation de l’avenir, le Département pour l’action sociale et les solidarités, etc. Ce qu’attendent les citoyens, c’est de savoir vraiment qui fait quoi. Démocratie sociale
Pour être vivante, la démocratie doit être aussi sociale. Il faudra fonder la représentativité sur
le vote des salariés. La pratique des accords majoritaires devra être encouragée tant au niveau
des branches qu’au niveau interprofessionnel, pour développer une vraie culture de
responsabilité. Nous remettrons en cause les dispositions Fillon permettant de déroger, au
niveau de l’entreprise, à des dispositions de branche plus favorables. Les mécanismes de
financement des syndicats et de la négociation collective seront réexaminés avec les
partenaires sociaux. Nous favoriserons l’émergence d’une véritable représentation syndicale
dans les entreprises de moins de 50 salariés. Dans les grandes entreprises, les salariés devront être représentés dans les conseils d’administration ou les conseils de Surveillance. L’entreprise est une communauté humaine, dont les grandes décisions ne peuvent pas être réservées aux seuls actionnaires. Le rôle des mandataires salariés permettra aux forces du travail d’exercer une influence sur la stratégie des entreprises et d’éviter certaines dérives, notamment dans les fermetures sauvages et les déménagements « à la cloche de bois ». Démocratie culturelle, pluralisme des médiasL'ambition culturelle est au cœur du projet socialiste. Nous développerons le soutien à la création artistique. Nous défendrons le droit à l'identité et à la diversité culturelle dans toutes
les instances internationales (OMC, Unesco, etc.) et veillerons à ce qu'il soit inscrit dans la
Constitution européenne. Pour favoriser l'accès au plus grand nombre aux œuvres et aux activités culturelles, nous compléterons le réseau des équipements culturels et rétablirons l'enseignement artistique à l'école, que la droite a supprimé. Nous soutiendrons notre langue ainsi que le renouveau des arts populaires, des pratiques artistiques en amateurs, nous
poursuivrons la décentralisation culturelle, défendrons le droit d'auteur, et veillerons à ce que
la construction d'une Europe de la Culture accompagne et consolide la réunification politique de notre continent. La démocratie doit aussi être médiatique. Or notre presse est souvent en difficulté grandissante et, de ce fait, liée de plus en plus à des intérêts financiers et industriels. Le service public audiovisuel est affaibli dans ses moyens et fréquemment peu clair dans ses objectifs. Pour que les citoyens puisent être pleinement informés et participent au débat démocratique, nous devrons créer les conditions économiques et juridiques d’un débat de qualité, ce qui suppose des règles claires et des garanties d’équité. L’équilibre entre un service public de l’audiovisuel puissant, assumant ses missions, et un secteur commercial dynamique, fidèle à son cahier des charges, doit être respecté. Cela suppose, à l’exemple des grands pays occidentaux, de veiller au financement du service public audiovisuel et de limiter la concentration des médias, en écartant toute nouvelle privatisation. Démocratie dans notre Parti
Nos militants débattent et votent. Tant mieux ! Mais la citoyenneté de parti doit aussi
s’exprimer en-dehors des périodes électorales. L’organisation de notre prochain congrès, plus
précipité qu’anticipé, le montre. En donnant davantage de temps pour rédiger les
contributions, la direction actuelle aurait donné plus d’oxygène au débat. Un autre défi démocratique, c’est la reconquête de la synthèse. Les modalités du référendum interne sur la Constitution européenne nous ont éloignés de cette tradition du socialisme. Notre débat aurait dû être centré sur le contenu du texte alors qu’un autre chemin a souvent été choisi : le référendum « pour ou contre la constitution » s’est parfois changé en plébiscite « oui ou non par rapport à la direction » - en rien menacée - et déconnecté dans le temps du scrutin national. Cela a contribué, une fois venue la campagne dans le pays, à nous mettre en porte à faux vis-à-vis d’une partie de nos électeurs alors même que le Conseil national du PS avait pourtant, à deux reprises, souligné à l’unanimité les insuffisances du traité constitutionnel ! Renouons à l’avenir avec la pratique des Conventions nationales. Instaurons une Conférence militante annuelle. Renforçons nos fédérations et faisons d’elles des passerelles avec les acteurs associatifs, syndicaux, économiques, afin de relayer nos propositions. Consolidons le secteur formation du parti autour de l’Université permanente des cadres fédéraux. Aidons nos sections à relever le défi du renouvellement des forces militantes. Développons une grande organisation de jeunesse socialiste et multiplions les espaces de dialogue avec elle. Mobilisés et rassemblés, nous vivrons alors pleinement notre engagement socialiste. |
VII – RASSEMBLER POUR GOUVERNER A GAUCHE | |
Dans moins de deux ans, auront lieu les échéances électorales décisives de 2007. Les forces de progrès apparaissent souvent dispersées dans leurs objectifs et parfois opposées sur les moyens. François Mitterrand nous a indiqué le chemin stratégique à suivre, qui reste d’actualité malgré un contexte différent : sans un Parti socialiste fort, rien n’est durable à
gauche ; sans une gauche rassemblée, rien n’est possible pour les socialistes. Il est réjouissant
d’entendre certains qui, au lendemain de la défaite de 2002, appelaient à la dissolution de
notre Parti dans une seule formation de toute la gauche tout en prônant une évolution blairiste,
plaider désormais pour l’identité socialiste. Pour nous, le PS est et reste le cœur battant de la
gauche. Il faut aussi que nous soyons clairs sur le choix de nos alliances : des prises de position ont contribué à la confusion, comme en témoigne le soutien affiché par certains, par exemple, au plan Fillon sur les retraites en 2003 ou, plus récemment, aux quotas d’immigrés proposés par le duo Villepin-Sarkozy. Plus que jamais, c’est à gauche que se situe l’avenir du PS et la clef de l’alternance. Des clins d’oeil sont parfois lancés en direction du centre. Certains nous disent : « une voix prise au centre en vaut deux puisque c’est une voix prise à la droite », oubliant de préciser combien de voix de gauche seraient perdues dans l’intervalle ! Tirons vraiment les leçons du passé : nous avons besoin d’un vrai ancrage populaire ; nous assumons un clivage clair avec la droite. Le Parti socialiste doit affirmer son identité et c’est évidemment en lui-même, et non à la remorque des autres formations, qu’il doit se définir. Sans aucun sectarisme mais avec netteté, notre choix stratégique est celui-ci : le changement politique en France est indispensable et ce changement implique le rassemblement à gauche ; il n’y aura de rassemblement à gauche qu’avec des mouvements et sur des options politiques de gauche. Construire avec toutes les forces de progrès
Avec les associations et ONG qui composent la « galaxie alter », nous devons confronter les
points de vue, dresser la liste de nos points de divergence et de convergence. Ces mouvements
peuvent nous faire partager certains de leurs analyses. En retour, nous pouvons les convaincre
qu’il n’y a pas d’efficacité en démocratie hors des institutions et des élections. Cette jonction,
qui n’est en rien une confusion, s’opère déjà souvent à la base, dans les collectifs citoyens et
dans les luttes sociales - mobilisation contre les délocalisations avec les salariés, refus des
fermetures de classes avec les enseignants et les parents d’élèves, rejet par des collectivités
locales à direction socialiste de l’AGCS. Pour le bien des femmes et des hommes qui
attendent un changement, il faut la renforcer, sans pour autant dévier de nos positions de fond,
ni perdre notre identité.
Pour un pacte de changement
Après notre congrès de Novembre, des discussions devront s’ouvrir avec nos partenaires pour
l’élaboration d’un pacte de gouvernement. Des engagements et un calendrier devront être
déterminés en vue de la mandature. Aux responsabilités, ils devront être respectés et évalués,
grâce à un pacte de législature et de changement. Cela suppose de faire prévaloir l’esprit d’équipe à gauche. Evitons les attaques injustes et parfois blessantes. Entre formations de progrès, entre camarades, respectons nos différences et nos itinéraires : elles font la vigueur de la gauche. Avoir des alliés est une richesse, mais l’expérience a montré que « sous-traiter » certains thèmes constitue une erreur. A force de souligner que l’écologie serait réservée aux Verts, que le social reviendrait au seul PCF, que la laïcité serait le marqueur des seuls Radicaux, etc., le Parti socialiste en serait réduit au rôle de gestionnaire de…ce qui reste. Quant à nos partenaires, s’ils se réjouissent d’agir dans le domaine qui a pu faire leur succès, ils ne veulent pas être écartés d’une approche globale. Avant 1981, l’union de la gauche était un combat. Après 1995, la gauche plurielle fut plutôt un agrégat. La gauche rassemblée devra être un partenariat. Le Parti socialiste, sans hégémonie, y jouera un rôle central. |
Comme militants et comme élus, nous savons qu’un sentiment domine dans le pays :
l’urgence. Il faut remettre la France sur la voie de la croissance et du progrès ; sauver notre
démocratie de l’indifférence civique, des assauts de l’individualisme, de la menace toujours
présente du Front national ; redonner confiance à ceux qui, par millions, ne croient plus en
rien. Nous n’avons pas le droit de nous dérober. Sinon qui répondra aux attentes populaires ? Dans cette contribution, nous avons abordé les grandes lignes de notre projet : une France plus juste, plus dynamique, plus créatrice ; une Europe politique et solidaire ; une République nouvelle ; un Etat actif, efficace, stratège, moderne, à l’autorité tranquille ; un PS porteur d’un projet volontaire et crédible afin de protéger et de progresser, vers un emploi, un logement, un savoir ; une gauche rassemblée. Il faut maintenant prolonger notre réflexion, préciser nos orientations et affiner nos propositions. Il faut en débattre car pour réformer durablement, une réelle concertation en amont est indispensable. Le projet d'alternance
Pour l’emporter en 2007, nous devrons renouer avec ce qui a permis les succès de 2004 aux
élections régionales, départementales et européennes : ancrage populaire, clivage avec la
droite, courage de nos convictions de gauche. Bref, c’est en socialistes que nous devrons, le
moment venu, proposer une alternance aux Français. Depuis 1981, nous avons gouverné durant trois législatures. Tirer les leçons de ce que nous avons réussi, mais aussi reconnaître ce que nous avons manqué ; être ambitieux pour les femmes et les hommes qui placent leur espoir en nous ; vouloir que la France retrouve sa voix et son rang en Europe et dans le monde ; construire avec tous ceux qui attendent un changement à gauche - ’est bien le moins que l’on puisse exiger de nous après cinq ans d’opposition et l’échec de la dernière élection présidentielle. A quoi bon prendre des engagements solennels si c’est pour renoncer en réalité à peser sur le cours des choses, sacrifier sur l’autel des contraintes ce qui nous différencie de la droite et nous couper du reste de la gauche ? A l’occasion de notre Congrès, nous devons nous tourner vers les Français et non vers nous-mêmes. Lors de ce rendez-vous, nous devons avoir un vrai débat entre socialistes. Etre militant, c’est pouvoir se déterminer en conscience, loin des pressions, en répondant à une question : « mon vote dans le parti aujourd’hui rendra-t-il possible la victoire dans le pays demain ? » Parce que le capitalisme mondialisé est plus dur, parce que la politique de la droite a creusé les inégalités, nos concitoyens - et d’abord les catégories populaires et les couches moyennes - attendent de nous une détermination sans faille afin de remettre en marche le progrès social et de redonner un espoir collectif. Nous proposons d’agir à gauche. C’est le chemin pour faire gagner la France et pour réussir l’alternance. |
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