Pourquoi ne pas repousser notre consultation interne ?

Jean Glavany
Entretien accordé par Jean Glavany, député des Hautes-Pyrénées, au quotidien Le Monde daté du 15 septembre 2004
Propos recueillis par Isabelle Mandraud


 

Comment jugez-vous la tournure du débat sur la Constitution européenne au PS ?
Il m'inquiète beaucoup, comme il inquiète, me semble-t-il, la plupart des militants, sympathisants et électeurs qui nous interpellent depuis quelques jours de façon pathétique.

Leur crainte, qui est aussi la mienne, est que, après notre succès aux élections régionales et européennes et au moment où le PS redevient une force alternative, on soit capable de tout foutre par terre pour une querelle dont je ne suis pas certain qu'elle en vaille la peine. La responsabilité des dirigeants socialistes devant l'histoire est-elle de sacrifier l'unité et la crédibilité du parti à des comportements tactiques, ou bien de préserver un PS utile aux Français ?

A qui la faute ? Laurent Fabius ou François Hollande ?
Honnêtement, à tout le monde. Si l'on se réfère au congrès de Dijon, qui a marqué la victoire d'une coalition, il faut bien reconnaître que celle-ci n'a pas fonctionné puisqu'elle semble se briser sur le premier écueil. N'est-ce pas d'abord dans ce cadre que l'on devrait aborder la question de la Constitution européenne, avant de partir dans une chasse aux signatures ?

Sur le fond, si on regarde les positions des uns et des autres, il n'y a aucun souverainiste au PS. Tous nous sommes proeuropéens, tous nous considérons que ce texte est mauvais. Même Jacques Delors, le plus européen d'entre nous, porte des jugements sévères. Tous nous estimons que Jacques Chirac a connu une défaite cinglante dans cette négociation et que " l'Europe-cohésion ", pour reprendre une expression chère à José Luis Zapatero a perdu une bataille face à " l'Europe diluée ". Ma conclusion est que cela ne vaut pas le coup que l'on se divise pour si peu.

Que proposez-vous ?
Quand j'ai esquissé l'idée de voter nul en glissant un bulletin "pour l'Europe sociale" cohérent avec notre campagne de juin, c'était pour des raisons de fond mais aussi parce que je pense qu'il faut préserver l'unité du parti. Je trouve irréelle l'idée - émise par M. Hollande - de faire voter " oui " en interne, et " non " au moment où Jacques Chirac nous posera la question. Comment redonner de la crédibilité politique avec de telles idées ?

Pour l'heure, le " non " l'emporte au PS, selon vous ?
J'aurais plutôt répondu par l'affirmative il y a quelques jours mais, à partir du moment où la tactique s'est emparée du dossier, je ne sais plus. C'est dire si ce débat est mal posé !

Les éléments d'une crise au PS sont-il réunis ?
J'espère que non. La sagesse collective peut encore l'emporter. Il faut rechercher un compromis, y compris, pourquoi pas, en repoussant notre consultation interne au moment du référendum annoncé par Jacques Chirac.

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