Déclaration de François Hollande, Premier secrétaire
lors du Congrès national de Grenoble
du Parti socialiste


Discours prononcé le dimanche 26 novembre 2000.
 

Chers camarades, notre Congrès de Grenoble s'achève. Il a illustré notre façon de faire de la politique : le débat sur les idées, la recherche d'une cohérence, le rassemblement sur l'essentiel.

Je tiens à remercier tous ceux qui ont contribué : les délégués du Congrès bien sûr, les organisateurs, le service d'ordre et surtout nos hôtes.
D'abord Michel Destot qui, avec Didier Migaud à la Communauté d'agglomérations, est un digne successeur d'Hubert Dubedoux.
Je rends hommage à André Vallini et à tous les camarades de la Fédération de l'Isère qui se sont dépensés sans compter pour nous faciliter la tâche.
Et je salue Louis Mermaz car c'était lui, en 1973, qui faisait fonction de puissance invitante du premier Congrès de Grenoble, celui qui suivait Epinay. François Mitterrand en était alors le Premier secrétaire. C'est à cette occasion que Lionel Jospin est entré à la Direction du Parti socialiste.

C'est vous dire, chers camarades, le défi maintenant lancé à celles et ceux qui, à leur tour, accéderont à cette Direction après notre Congrès !

Nous tenions à venir à Grenoble parce que c'est la ville symbole de la modernité et de la solidarité.
Elle se situe dans la région Rhône-Alpes où nos ambitions sont élevées pour les prochaines élections municipales.
Région qui a su se mobiliser victorieusement contre les alliances Droite et extrême-Droite, même si je n'oublie pas qu'il y a encore trois conseils régionaux en France où cette compromission perdure sans que la Droite nationale ne s'en offusque.
Recyclant au contraire un à un les protagonistes de ces alliances honteuses comme pour préfigurer d'autres dérives possibles en 2001, je vous le dis, chers camarades, nous ne laisserons pas faire !

Nous nous retrouvons donc à Grenoble, trois ans après notre congrès de Brest. Il s'agissait alors de goûter la joie d'une victoire aussi douce qu'anticipée, d'apprécier nos premiers pas dans l'action gouvernementale et de réaffirmer déjà nos engagements, ceux-là même que nous avions fixés ensemble dans nos conventions nationales.

La vigueur de nos débats en avait peut-être souffert, j'en conviens, mais notre unité alors avait puissamment aidé à donner stabilité et force à notre majorité au moment où elle s'installait dans l'incertitude même de son temps de vie.

Aujourd'hui, trois ans après, notre congrès se situe à un moment particulièrement bienvenu : nous sommes suffisamment loin de 1997 pour porter un regard lucide sur le bilan qui se dessine, sans être définitivement achevé et nous sommes suffisamment près de l'échéance de 2002 pour déjà esquisser notre projet sans être soupçonnés de faire l'impasse sur ce qui nous reste à faire jusqu'à la fin de notre mandature. Donc nous sommes en situation de mesurer le chemin parcouru.

Ce n'est pas la première fois, Chers Camarades, que le Parti socialiste est aux responsabilités le temps d'une législature, en 1981 puis en 1988 les socialistes ont su mener de grandes réformes qui ont profondément transformé notre pays et qui constituent encore aujourd'hui des références essentielles : la retraite à 60 ans, la décentralisation, le Revenu Minimum d'Insertion, la paix en Nouvelle-Calédonie et l'abolition de la peine de mort qui distingue les nations civilisées des autres, même si l'une d'entre elles est la première puissance du monde.

Mais nous avons pu alors bénéficier de la présence de François Mitterrand à l'Elysée, pour résister aux fluctuations de l'économie et à celles non moins brutales de la confiance des français. Rien de tel dans cette législature, dans le cadre d'une cohabitation d'un genre nouveau, nous ne comptons pas que des amis et d'une coalition inédite, la gauche plurielle, dans notre vie politique.

La durée ne nous était donc pas donnée d'avance, elle ne pouvait résulter que de notre propre réussite. Chacun savait que même affaibli le Chef de l'Etat disposait au bout d'un an de la possibilité de saisir le peuple de nos premières difficultés, de nos divisions, de nos échecs et s'il ne l'a pas fait, s'il s'est finalement contenté de petites phrases, de petites interventions, de petits coups, de petits calculs, ce n'est pas simplement faute de grandeur, c'est tout simplement parce qu'il n'a jamais eu les moyens d'adopter une autre conduite.

Notre force, notre longévité même, ne sont pas le fruit d'une garantie constitutionnelle ou d'un armistice conclu au plus haut niveau mais la récompense de notre propre action. C'est en effet la première fois que le Parti socialiste gouverne aussi longtemps sans être contraint de décréter la pause ou la rigueur, sans affronter la défiance et parfois même le rejet.

C'est aussi la première fois que la gauche parvient à préserver son unité, que le Parti communiste est engagé dans son histoire sur un contrat aussi long au Gouvernement, la première fois que les Verts participent à l'exercice même de la responsabilité du pays.

Tout cela n'a été possible que parce que nous avons avancé là où tous les autres gouvernements avaient fini par reculer. La réduction du chômage, près de 1 500 000 emplois créés en trois ans, record historique, nous l'avons tous dit, sans en mesurer peut-être suffisamment l'importance, un taux de chômage qui recule mois après mois pour tomber en-dessous de 10 % de la population active, peut-être bientôt en-dessous de 9 et cette baisse qui concerne avec la même ampleur les jeunes comme les chômeurs de longue durée, Chers Camarades, c'est plus qu'une inversion de tendance, c'est déjà un changement de société.

Certains, pour atténuer nos performances - cela peut arriver - prétendent que nous avons été portés par une conjoncture internationale favorable. Certes, la croissance de l'économie française a été incontestablement tirée par la demande mondiale, mais celle-ci était déjà vigoureuse depuis 1995, elle n'en avait pas été pour autant stimulée par nos prédécesseurs qui s'efforçaient d'ailleurs, avec un talent décourageant, une obstination inaltérable, une efficacité incontestable, de décourager toute tentative de reprise, et ils y sont parvenus.

Et si nous nous avons réussi sur ce plan c'est tout simplement parce que nous sommes allés au-delà des potentialités de la croissance, avec les emplois jeunes, avec les 35 heures, sans cette volonté de prendre des risques, d'introduire de nouveaux instruments, de rompre avec des méthodes convenues, notre pays n'aurait pas repris aussi vite confiance en lui-même, la croissance n'aurait pas été l'une des plus fortes d'Europe, elle n'aurait pas été aussi riche en emplois.

Mais ces résultats, aussi appréciables soient-ils, n'auraient pas à eux seuls préservé le lien que nous avons su établir avec les français depuis 1997. C'est parce que nous avons aussi engagé des mesures vigoureuses en matière de lutte contre les inégalités : la loi contre les exclusions, le droit à la santé, la Couverture Maladie Universelle, la baisse des prélèvements, notamment pour les plus modestes ; nous avons mené de grandes réformes de société : le temps libéré, avec les 35 heures, la parité, le PACS.

Certes, pour relativiser l'importance de notre entreprise il nous est souvent opposé le piètre état de la droite. Comment une nouvelle fois nier cette évidence ? Je ne peux, comme vous-mêmes, que constater que cette droite ne s'est jamais remise de sa défaite de 1997. Divisée sur ses choix, incapable de présenter une alternative crédible, ambiguë sur ses alliances, elle n'a jamais été en mesure de jouer son rôle d'opposition, au point -et nous devons le regretter- de faire perdre au débat démocratique une large part de sa dynamique.

Pour autant, qui peut prétendre que cette droite nous a facilité les choses ? Souvenons-nous de l'obstruction parlementaire au moment du débat sur le PACS, de l'édulcoration de nos textes au Sénat sur la limitation du cumul des mandats, de l'empêchement d'agir pas simplement d'ailleurs de la droite parlementaire pour réformer le Conseil Supérieur de la Magistrature et assurer l'indépendance de la justice, sans oublier les contraintes liées à la cohabitation qui font du Chef de l'Etat, vous le savez, d'abord celui de l'opposition.

Il est vrai qu'il passe davantage de temps à s'occuper du sort de la droite que de celui de la France. On constatera d'ailleurs que l'une va mieux que l'autre. Les soins prodigués ne sont pas il est vrai de même nature.

Par ailleurs, aucune épreuve ne nous a été épargnée : nous avons connu les chocs économiques et encore récemment le conflit du pétrole ; nous avons connu des difficultés sociales, des turbulences dramatiques, notamment en Corse ; une guerre au Kosovo et si nous avons finalement résisté c'est que nous avons été capables, Chers Camarades, de conjuguer trois principes : le respect de la parole donnée, la concertation sur nos choix avec la gauche plurielle et avec la société et des résultats significatifs sur les objectifs assignés.

Nous avons donc remporté la bataille de la durée, grâce à la mise en œuvre d'une ligne qui a concilié le volontarisme sans lequel la gauche se perd, et la crédibilité sans laquelle elle s'efface.

Le Parti socialiste a pris sa part dans cette bataille délicate, nous avons veillé les uns et les autres à la mise en œuvre de nos promesses, sans nous identifier au rôle de greffier vétilleux de nos textes fondateurs. Nous avons apporté par nos propositions, notamment dans le cadre de nos conventions, des idées et des orientations. Nous avons pesé sur les choix avec les groupes parlementaires, nous avons contribué par notre cohérence à la cohésion de la majorité plurielle et nous avons tenu notre rang dans les batailles électorales qui sont survenues depuis 1997.

J'entends là aussi un certain nombre d'observations sur le défaut d'idées ou le manque de débat mais s'agissait-il pour nous de réformer une doctrine que nous avions fixée de 1995 à 1997 ? Convenait-il déjà de préparer un projet alors que nous commencions à peine à mettre en œuvre notre programme ? Fallait-il faire jouer au Parti socialiste le rôle caricatural de la vestale idéologique à côté d'un Gouvernement confronté solidairement à l'exercice du pouvoir ? Fallait-il préparer, pour des considérations de pure posture, des propositions que l'on savait impossibles à reprendre par le Premier ministre ? Qui l'aurait compris ? Et pour quels objectifs ?

Il nous a paru plus pertinent de peser sur les décisions plutôt que de tomber dans une schizophrénie qui n'est jamais une vertu politique.

Mais, curieuse attitude qui consiste quand la gauche échoue à se moquer de son irréalisme et quand elle réussit - et cela peut arriver - à se gausser de son manque d'ambition ! Nous avons la faiblesse, Chers Camarades, de penser - et le débat du congrès de ce point de vue a été éclairant - que diminuer le chômage autant que nous l'avons fait, libérer du temps pour les salariés, donner une expérience aux jeunes et promouvoir la place des femmes, constitue un véritable projet de société.

J'en viens à notre débat du congrès. Nous achevons une période et nous en ouvrons une autre, et ce fut le sens de notre controverse, elle a d'ailleurs moins porté sur l'évaluation de notre bilan, qui a été salué par tous, que sur la façon dont nous devrions désormais le mettre au service de nos priorités.

Permettez-moi d'abord de remercier tous les camarades qui par leurs contributions, leurs motions, leurs amendements, ont animé nos discussions et conduit à l'expression d'un vote qui - une fois n'est pas coutume - a satisfait l'ensemble des protagonistes. D'abord ceux qui ont obtenu une majorité suffisamment forte pour assurer la stabilité du Parti, ensuite ceux qui existaient déjà comme stabilité et qui ont progressé depuis Brest, enfin ceux qui n'existaient pas encore sous cette forme et qui ont su traduire les aspirations d'un bon nombre de nos militants soucieux de faire vivre le débat.

Eh bien ! Chers Camarades, le vote des socialistes a été comme souvent d'une rare intelligence ou d'une exceptionnelle malice, chacun a pu considérer avoir atteint ses objectifs.

Trois sujets majeurs ont été évoqués dans nos échanges et notamment dans la Commission des Résolutions. D'abord le financement de la protection sociale, il s'agit d'une question, celle de l'élargissement des cotisations à l'ensemble de la valeur ajoutée et non plus les seuls salaires, qui figure dans nos travaux de congrès depuis longtemps, l'idée figurait déjà dans nos propositions de 1997, il faut avouer qu'elle n'a pas fait l'objet d'une application intégrale, notamment dans l'accompagnement des 35 heures, chacun hier en a reconnu la pertinence mais aussi la difficulté.
Nous nous sommes donc les uns et les autres - et je veux ici saluer ce consensus- retrouvés pour fixer cet objectif à l'horizon de la prochaine législature et pour envisager une mise en œuvre par étapes et de façon maîtrisée.

Second sujet : la politique de redistribution et notamment les salaires, refusons la caricature qui voudrait qu'il y ait d'un côté ceux qui se préoccuperaient du seul emploi et négligeraient le pouvoir d'achat des salariés ou des plus modestes et de l'autre ceux qui ne seraient mus que par l'idée du partage, au risque d'altérer la croissance.
Nous avons trop de respect les uns pour les autres pour en rester là. Nous affirmons ensemble qu'il est possible, grâce à la politique économique que nous avons su mener depuis 1997, de créer des emplois et de modifier le partage de la valeur ajoutée entre capital et travail et même si tout ne relève pas de l'action de l'Etat et qu'il faut quand même rappeler que le rapport de forces au sein de l'entreprise est aussi décisif et que tout ne se décide pas d'en haut.
Nous avons fixé ce cap, Chers Camarades, dans le cadre de la gauche plurielle et je ne vois pas pourquoi les socialistes dans leur congrès devraient aller plus loin que ce que nous avons décidé avec nos partenaires au début de ce mois, au nom d'un principe de calendrier, dans une motion de congrès.

Sur la démocratie sociale enfin, nous avons tous reconnu la nécessité d'en modifier les règles.
Nous avons tous reconnu la nécessité d'en modifier les règles. Nous sommes tous en faveur d'un changement des principes de représentativité.
Nous sommes tous en faveur d'accords majoritaires, une loi devra fixer les principes et les modalités de ce nouveau paritarisme, au risque sinon d'ailleurs de le perdre en chemin.
J'ai proposé que le PS rencontre l'ensemble des organisations syndicales de ce pays pour engager l'indispensable concertation avant d'en arriver aux principes que nous définirons en commun.
Nous avons aussi rappelé hier tous notre condamnation de la refondation sociale du MEDEF, qui n'est ni sociale, ni une refondation.
De ses objectifs, comme de ses formes, est confirmée la suprématie de la loi sur le contrat pour respecter l'ordre public social.
Alors, c'est vrai, nous nous sommes séparés sur un point : sur l'agrément à donner à l'accord UNEDIC.
Nous avons considéré que dès lors que ce qui nous avait mobilisé à juste raison, le caractère obligatoire du PARE, les changements des règles du code du travail en matière de sanctions, la mise en cause du service public de l'emploi, l'utilisation des excédents pour exclusivement baisser les cotisations, tout cela avait été retiré, levé, abandonné sous la pression du gouvernement.
Il faut dire que celui-ci avait obtenu gain de cause, et il n'y avait pas de raison, à nos yeux, de faire comme si rien ne s'était produit, au risque de rendre illisible notre propre action et finalement incompréhensible notre argumentation.

Il n'y aura donc pas de synthèse. C'est finalement l'honneur de chacun de considérer qu'une différence bien identifiée vaut mieux qu'un accord confus.
Il y aura une majorité et une minorité. Cette situation n'est d'ailleurs pas nouvelle dans notre Parti. Déjà, à Brest, je le rappelle à ceux qui pourraient là aussi - et cela peut arriver - perdre la mémoire, déjà à Brest, nous avions fait un constat équivalent.
Il n'y avait pas eu synthèse avec la gauche socialiste, pas plus qu'avec les amis d'Alain Vidalies.

Nous n'en avons pas collectivement souffert ni même individuellement , au point même qu'au bout de deux ans, et sans rien renier des différentes analyses, chacune des sensibilités minoritaires avaient fini par accéder à la direction du Parti, même si certaines étaient déjà rentrées au gouvernement préalablement, comme quoi le Parti peut avoir, sur ce point, aussi du retard par rapport au Gouvernement, ou comme d'autres de l'avance par rapport au Parti.

Je suis encore prêt aujourd'hui, au regard de l'importance des échéances à venir, à faire ce travail de rassemblement.

J'y mets, chers camarades, plusieurs conditions.

La première est une participation réelle aux décisions.

Entrer à la Direction du Parti socialiste, ce n'est pas adopter un statut d'observateur mais c'est être un acteur à part entière.
Entrer à la Direction du Parti socialiste, c'est assurer la solidarité dans le travail collectif, et la solidarité dans les décisions qui sont prises en commun.
Enfin participer à la Direction du Parti socialiste, c'est respecter la cohérence d'ensemble tout en gardant ses analyses personnelles ou collectives. A chacun désormais de faire son choix.

Je dois dire que j'ai déjà interprété, peut-être abusivement, le choix des motions 2 et 3, de ne pas présenter de candidats à la fonction de Premier secrétaire, pas simplement comme une habileté tactique, je l'ai pris aussi comme un hommage, chacun à sa fierté, mais surtout comme une intention de ne porter le débat que sur l'essentiel, les idées, et non pas sur les enjeux de personnes.

Il y a donc, chers camarades, des chances sérieuses que je sois encore votre Premier secrétaire pour trois ans, puisque je suis, encore à cette heure, le seul candidat.

Je ne veux d'ailleurs pas croire que cette crise des vocations révèle la difficulté de la tâche, ou son ingratitude, ou son austérité.

Je lis aussi que le poste sécrète au moins pour l'avenir des convoitises, alors j'en suis heureux et même rassuré.

D'ici là, il me reviendra, si les militants le décident jeudi prochain, de tenir compte de toutes les aspirations manifestées dans le Congrès, de faire vivre le débat et de préparer collectivement notre projet afin d'assurer la mobilisation de tous en 2002 et donc le succès de notre Parti et de la gauche plurielle.

Nous avons voulu, chers camarades, faire de ce Congrès, la première étape de l'élaboration de notre projet et nous l'avons tous dit et répété.

La période n'est déjà plus la même. La question aujourd'hui n'est plus de remettre le pays sur des rails, après bien des erreurs d'aiguillage, mais de faire l'essentiel, c'est-à-dire de répondre à l'enjeu majeur : celui du sens à donner, celui de la perspective à tracer, celui du vide à combler, pour imposer des valeurs à un capitalisme qui ne les pèse qu'au trébuchet des marchés financiers.

Ce projet ne doit être ni une répétition de nos engagements, ni un catalogue de mesures nouvelles.
Il doit prendre en considération les défis nouveaux que nous lance le capitalisme mondialisé et l'extension continue de la sphère marchande.
Il doit s'appuyer sur les aspirations des citoyens à plus d'autonomie mais aussi à plus de solidarité. Il doit partir du rôle que doivent jouer ensemble les acteurs publics à l'échelle nationale comme au plan européen et qui sont les seuls instruments légitimes puisque issus du suffrage universel.

Trois principes doivent nous guider pour bâtir l'architecture de notre projet :
     l'exigence de long terme : il ne s'agit plus simplement de répondre à l'urgence ou de traiter tel ou tel impératif conjoncturel mais d'inscrire l'action dans la durée et dans une perspective de transformation sur des champs aussi majeurs que les institutions, que l'Etat, que la fiscalité, que l'énergie, que l'environnement, que la maîtrise du progrès scientifique.
    Il nous faudra du temps parce notre œuvre exigera une confrontation d'ampleur.

     Le deuxième principe, c'est la nécessité, chers camarades, de penser global.
    Il n'est plus possible de rester confiné dans le seul cadre national.
    Aujourd'hui, politique extérieure et politique intérieure se confondent dans leurs objectifs et quelquefois même dans leurs instruments.
    Il n'est même plus concevable de sectoriser, comme nous l'avons fait dans le passé, la politique économique, le social, le sociétal, tout se tient.

    L'exemple de la vache folle en est le plus démonstratif. C'est un système économique qui l'a produit. C'est un système d'échanges qui l'a diffusé, c'est un système politique qui doit l'endiguer.

    Voilà pourquoi la conception que nous avons aujourd'hui de la gauche plurielle n'est pas celle de la sous-traitance, ou de la division du travail politique : aux Verts l'écologie, au PC le social, au MDC la République, aux Radicaux la laïcité, et aux socialistes la synthèse.
    Non et nos partenaires d'ailleurs ne l'accepteraient pas. Nous, nous avons vocation à couvrir tout le champ de l'action politique avec nos propres analyses, avec nos propres sensibilités et avec nos propres propositions.

     Le troisième principe qui doit nous guider pour le projet, c'est de mettre en œuvre les régulations face à la prétention des marchés de dicter leurs normes, leurs références et d'imposer le seul critère de l'argent aux activités humaines. Cette régulation doit être double : elle doit être celle de l'Etat, et des acteurs publics et notamment de l'Europe, mais aussi celle des citoyens à travers de nouveaux droits.

    C'est cette conjugaison du pouvoir politique et de l'extension du droit qui peut répondre efficacement à l'ampleur du défi qui nous est posé. C'est cette alliance qu'il faut créer entre les citoyens et leurs représentants, qu'il faut nouer.

    Il n'y a pas, chers camarades, de pire malheur public que lorsque la pensée dominante parvient à opposer les citoyens et leurs représentants. Quand les citoyens se confondent avec l'opinion et que les politiques s'éloignent des citoyens. C'est alors toujours le marché qui gagne la partie.

    La crise de la citoyenneté, l'indifférence civique, l'effacement du politique sont à la fois les révélations de la difficulté d'air mais aussi les freins à une véritable régulation de la puissance des marchés.
    Pour se débarrasser de l'Etat, rien de mieux que d'affaiblir la démocratie. Alors, chers camarades, pour affirmer l'Etat, rien de mieux que de renforcer la démocratie.

    Forts de ce principe, et à l'occasion de ce Congrès, nous avons précisé un grand nombre d'objectifs.

    J'en retiens trois : le plein emploi, la pleine citoyenneté, la pleine égalité.

    le plein emploi

    Face au chômage, nous avons peut-être fait le plus difficile, inverser la courbe. Mais, paradoxalement, le plus dur reste à accomplir. Il s'agit de favoriser le retour à ce qui a été longtemps un slogan, un mythe : le plein emploi, mais aussi de permettre l'accès de chacun au bon emploi pour éviter que le bonheur statistique ne cache le malheur individuel, celui des travailleurs pauvres qui ne pointent plus que sporadiquement à l'ANPE, mais ne gagnent plus que partiellement leur vie.

    Les socialistes doivent donc, une nouvelle fois, avancer de nouvelles propositions : au-delà de la pénalisation financière des entreprises qui recourent abusivement aux formules précaires, il convient d'engager une vaste réforme de la formation permanente pour donner à chacun, à tout moment de sa vie, le droit d'accéder aux qualifications nouvelles dans le cadre d'une éducation conçue sur toute la vie.

    Mais dans le même temps, il nous faut répondre aux jeunes qui aspirent légitimement à une autonomie financière pour mener leurs études, ou pour faire face à la recherche d'emploi. L'idée - et elle vient du Mouvement de la Jeunesse Socialiste - serait d'attribuer une allocation-formation permettant aux moins de 25 ans, en contrepartie d'un parcours qualifiant, de construire leur avenir.
    C'est quand même une plus belle perspective que la débrouille dans l'attente du RMI.

    L'urgence c'est aussi le chômage de très longue durée qui ne peut plus être traité par les mesures traditionnelles, fussent-elles complétées par des formules d'assistance ou des primes de Noël.

    C'est un véritable contrat de retour au travail qui doit être proposé à des personnes afin de les ramener sans doute, sur plusieurs années, vers l'activité.

    Le plein emploi, véritable nouvelle frontière pour les socialistes est une façon d'aller vers la pleine citoyenneté.

    la pleine citoyenneté

    Nos Institutions ont fait la démonstration depuis trop d'années de leur lourdeur et de leur inadaptation à agir vite et dans la transparence.

    Les socialistes qui ont fait avancer les idées sur la parité, et il y en a encore beaucoup à faire y compris au Parti socialiste, le mesurent régulièrement. Sur la limitation du cumul des mandats, il y a peut-être encore à faire l'indépendance de la justice parce qu'il faut aller jusqu'au bout, et le quinquennat, mais cela est déjà fait !

    Nous avons d'autres ambitions : l'affirmation du Président citoyen mais il y aurait tant à dire, que nous ne le dirons pas.

    Le renforcement des droits du Parlement pour rééquilibrer exécutif, législatif, et le lancement du deuxième axe de la décentralisation pour plus de démocratie, de proximité, plus d'efficacité dans la prise de décision, plus de clarté dans la responsabilité mais aussi plus de solidarité entre les territoires.

    Enfin, il faudra bien aller dans nos propositions vers la reconnaissance de principes fondamentaux avec l'exercice du vote aux élections locales pour les résidents étrangers.

    La lutte contre toutes les formes de discrimination, au nom même du principe de laïcité, et le droit à une justice rapide et impartiale, dotée de moyens accrus pour agir contre toutes les formes de délinquances, des trafics, et aussi pour ne pas faire des prisons, les nouvelles oubliettes de notre société.

    La citoyenneté c'est aussi l'introduction de droits nouveaux : en faveur des salariés pour les rendre plus informés des décisions qui les concernent, davantage respectés dans leur travail et présents dans les lieux de décision, de direction des entreprises d'une certaine taille. Et les droits des consommateurs afin qu'ils soient, eux aussi, plus associés au contrôle de l'origine des produits et leurs conditions de fabrication. L'actualité nous a fourni, là aussi, l'illustration.

    la pleine égalité

    La " pleine égalité " passe par la réhabilitation des services collectifs que la dynamique aveugle des marchés rend encore plus nécessaire.

    L'Education et la santé  constituent les éléments majeurs du pacte social ; elles révèlent par leurs insuffisances ou leurs progrès l'état d'une société. Et nous devons, là aussi , prendre de nouveaux engagements pour interdire cette forme de reproduction sociale de destins individuels, pour lutter contre l'échec scolaire, pour faire un formidable effort qualitatif et quantitatif et pour donner davantage aux régions, aux départements, aux publics les plus en difficulté.

    Et si le plan - vieille lune dira-t-on - a encore une utilité dans notre pays, si le plan doit être sorti sans doute un jour du musée des illusions, c'est bien pour programmer les moyens financiers, humains, matériels alloués dans le temps au service public de l'Egalité.

    Chers camarades, notre projet de Pleine Egalité ne peut s'arrêter aux frontières de l'hexagone et du continent. Elle exige d'appréhender avec une autre intensité une autre ampleur, une autre méthode l'atteinte aux Droits de l'Homme que représente la pauvreté dans le monde, et notamment de l'Afrique. Nous proposerons l'annulation de la dette comme première étape pour les pays pauvres et le co-développement pour le partage effectif des biens publics internationaux.

Voilà le sens de notre projet qui s'esquisse.

Mais pour mener à bien ce rendez-vous avec les Français de 2002, il faut un parti vivant dans une gauche plurielle. Nous abordons les échéances qui viennent avec un atout décisif : la force et l'unité de notre parti.

Sa force, c'est d'être la première formation politique de France en suffrages comme en élus, c'est d'avoir été capable, depuis 1997, de gagner toutes les élections, législatives, régionales, cantonales, européennes où nous sommes arrivés en tête pour la première fois depuis 1979.

Cette force, elle vient des résultats de notre gouvernement. Elle vient du sens de l'Etat de Lionel Jospin mais aussi de notre image de parti apaisé et uni. Nous en avons fait l'éclatante démonstration au cours de ce Congrès et ce rassemblement n'a pas nui au débat. Il l'a même permis.

Cet état d'esprit a sa rançon, c'est dans le parti et nulle part ailleurs que doivent s'organiser le débat, la réflexion et les choix, et nul ne doit camper en lisière dès lors qu'il a sa place et toute sa place en notre sein.

Je n'ignore pas, chers camarades, les sensibilités qui nous traversent, celles qui sont nées de ce congrès, d'autres plus anciennes et qui perdurent, certaines plus nouvelles sans être toujours déclarées, peu m'importe au demeurant si ce sont les idées qui en sortent victorieuses mais je veillerai toujours, comme premier secrétaire, à ce que nous ne retombions jamais ni dans les travers d'hier, ni dans les compétitions virtuelles par rapport à des échéances souvent lointaines et l'expérience nous l'a prouvé, généralement imprévisibles.

La démocratie militante d'ailleurs nous prémunit contre toutes ces menaces. Elle nous permet de désigner partout et dans de bonnes conditions nos responsables comme nos candidats mais, si je connais notre force, je mesure aussi nos faiblesses.

Elles ne sont d'ailleurs pas nouvelles. La première tient à notre difficulté d'accueillir ou de retenir dans nos rangs toutes les classes d'âge et toutes les couches sociales. Nous sommes présents dans la jeunesse, grâce à MJC particulièrement dynamique, mais nous connaissons un creux générationnel des 25-35 ans, alors même que cette catégorie nous est la plus favorable au plan électoral.

Ce paradoxe s'explique par l'impossibilité de mener de front l'entrée dans la vie professionnelle, l'accomplissement de la vie sentimentale et familiale, et l'exigence du militantisme politique, mais aussi par la lourdeur de nos modes de fonctionnement, par l'opacité de nos règles de décisions, par la capacité ou l'incapacité qui est la nôtre de consulter plus régulièrement les militants autrement que par des textes souvent trop lourds et qui gardent de la lecture les milieux les plus populaires.

Ces phénomènes n'expliquent pas tout, mais permettent de comprendre sans la justifier la participation insuffisante à nos grandes consultations militantes à l'occasion des conventions nationales comme à notre vote de Congrès. Les débats ne sont pas suffisamment lisibles et interviennent en fin de processus sur des textes plus souvent élaborés d'en haut que partis de la base militante.

C'est pourquoi je propose une nouvelle méthode pour la préparation de notre projet et de notre programme. Elle vise à donner aux militants un rôle majeur. Nous consulterons en amont les fédérations du parti sur les principaux thèmes de notre projet, pour recueillir tout au long de l'année 2001 les avis, les suggestions, les propositions afin de les soumettre à au moins 4 Conseils nationaux programmatiques qui en retiendront l'essentiel et feront les arbitrages nécessaires.

Le vote des militants consacrera à chaque fois la démarche et le texte issu de notre réflexion collective.

Cette méthode présentera l'avantage de revivifier nos conseils fédéraux et surtout notre Conseil national où tout le monde veut aller et où personne ne vient !

J'ai tort de dire que personne ne vient, car Lionel Jospin vient toujours et ce n'est pas pour nous surveiller mais pour écouter ce que nous pouvons dire dans le conseil national et c'est pour cela qu'il faut venir plus nombreux à nos travaux !

Mais cette méthode présentera aussi l'avantage de donner aux premiers fédéraux leur rôle d'animateur politique au-delà de la préparation souvent difficile, exigeante de nos rendez-vous électoraux.

A cet égard, j'envisage de réunir régulièrement un conseil des premiers fédéraux afin de les intégrer davantage aux délibérations politiques du plan national, non que je redoute que notre parti devienne celui des élus plutôt que des militants, je connais le débat, j'ai toujours pensé que lorsque nous perdions nos élus, nos militants n'y gagnaient rien et quand nous oublions les militants nous ne gardons pas pour autant les élus.

Mais je mesure la nécessité de donner à nos cadres intermédiaires davantage de moyens pour peser sur nos décisions collectives et notamment programmatiques.

Mais, au-delà du projet qui mobilisera toute notre énergie, qui exigera un dialogue du parti, pas simplement avec lui-même mais avec l'ensemble des forces vives de la société, et pas simplement les experts, nous aurons à préparer plusieurs échéances majeures,

D'abord les élections municipales, parce que tous nos chefs de fil sont désignés et nous ratifierons les listes, à la fin du mois de janvier, listes paritaires faisant de la place aux jeunes, à ceux d'origine étrangère, donnant aussi aux handicapés une place parce que c'est aussi cela qui est notre devoir pour les élections municipales, bref des listes qui reflètent l'état de la société.

Néanmoins, nos résultats de 1989 et de 1995, je le dis tout net, limitent nos espoirs et nos marges de progression. Notre objectif sera de conforter notre implantation, même si je ne peux pas cacher nos ambitions sur les grandes villes. Je pense à Marseille, à Lyon où Gérard Collomb va mener le combat, à Marseille René Olmeta, à Paris Bertrand Delanoë, Toulouse avec François Simon, et Bordeaux avec Gilles Savary, je ne vais pas tous les citer, sinon je parlerai aussi de ma commune et ce serait personnel !

Je disais que Bertrand Delanoë - mais il n'est pas le seul - assiste jour après jour à l'effondrement d'un système condamné jusqu'à l'absurde par le candidat du RPR puisque c'est ce parti qui avait fait de la Mairie de Paris son annexe, sa succursale ou peut-être son siège social, ce qui d'ailleurs rend incontrôlable le maire actuel de Paris et peut-être silencieux le maire précédent.

Jamais le besoin d'alternance n'avait paru si nécessaire que dans la capitale, pour autant nous savons bien, nous les militants de ce parti, que la droite saura faire son unité à l'occasion d'un scrutin, le scrutin local où elle va chercher loin et parfois trop loin, les renforts clandestins ou déclarés. Alors mobilisons-nous chers camarades avec la gauche plurielle pour remporter ces échéances.

Ensuite, viendra le scrutin législatif. Il nous faudra désigner nos candidats sans doute à l'automne 2001, avec l'objectif de parité, qui conduira à réserver un grand nombre de ces circonscriptions aux femmes et pas seulement dans les circonscriptions que nous avons perdues en 1997, il conviendra aussi dès lors que nous n'avons pas pu introduire une part de proportionnelle dans le scrutin de permettre à nos partenaires de la gauche plurielle d'être davantage représentés qu'ils ne le sont aujourd'hui.

Ces négociations, j'en conviens ne seront pas faciles, avec eux, avec vous, mais j'en appelle, chers camarades, à la conscience et à la responsabilité de chacun. Il y va de l'avenir même de la stratégie de gauche plurielle, cette stratégie n'a jamais été pour nous une alliance de circonstance, ou un simple arrangement électoral.

C'est un choix assumé et depuis 1995 pour longtemps et qui part d'une réalité simple : le parti socialiste est sans doute le plus fort à gauche, mais il n'est pas en situation de gouverner seul le pays et quand bien même y parviendrait-il , il ne souhaite pas le faire tant il est convaincu que l'addition des composantes de la gauche forme un ensemble dont la dynamique électorale a fait ses preuves à chaque scrutin depuis 1997.

Cette stratégie est exigeante : elle suppose le respect de chacun, même quand il n'est pas facile de comprendre les positions des uns et des autres. Exigeante parce qu'elle suppose de rechercher l'équilibre même quand cela prend du temps pour le trouver, et exigeante parce qu'il faut une solidarité dans la réussite même quand il est tentant de n'y voir que la trace de notre propre talent.

Aussi tout au long des prochains mois, et en dehors même de la négociation de nos accords électoraux, nous préparons nos grandes orientations avec la gauche plurielle pour 2002.

Nous élaborons des principes communs qui nous lieront tous, qui feront que nous serons unis pour la nouvelle législature à travers une méthode qui sera celle des réunions des sommets de la gauche plurielle, qui s'empareront de sujets aussi difficiles que les institutions, que l'énergie, ou que l'Europe.

Je suis convaincu que nous nous mettrons d'accord. En tout cas c'est notre état d'esprit. il ne doit y avoir entre nous ni diktat, ni préalable, ni tabou. Mais j'ai la prétention de penser que c'est aux socialistes et non pas seulement aux autres, mais aux socialistes de faire la synthèse sans doute et de fournir par ses propositions la matrice de ces futurs principes communs.

Enfin, au-delà des débats légitimes, sur sa place dans le calendrier de 2002, reste la question majeure de l'élection présidentielle. A la différence de Jacques Chirac qui piaffe d'impatience depuis qu'il a été élu en 1995, à la différence de ses concurrents à droite qui n'existent que par rapport à cette échéance qui se déclarent au moins chaque fin de semaine pour qu'on ne les oublie pas, nous, chers camarades, n'y pensons pas trop. Donnons au moins au pays l'image de la responsabilité, de la maîtrise, et du service de l'intérêt général.

Chers camarades, si je peux me permettre ce conseil : soyons sages pour deux. Nous ne courons d'ailleurs aucun risque d'être pris par surprise. Continuons à réformer le pays d'ici la fin de la législature, travaillons à notre projet. Il sera temps le moment venu de désigner notre candidat, chacun connaît au moins la méthode : le vote des militants.

Elle a fait ses preuves en des temps plus difficiles, mais il est vrai que tous ensemble, nous ne manquerons dans ces prochains mois, ni d'objectifs, ni de travail. Il nous faudra changer le présent, éclairer l'avenir, discuter en notre sein, débattre avec les autres, désigner nos candidats, convaincre nos concitoyens et affronter sereinement leur verdict.

Nous aurons pour ce rendez-vous deux atouts majeurs :

Le premier, c'est la chance dans cette perspective de disposer d'un parti vivant, à l'heure où la droite qui pétitionne pour fusionner ses organisations confie son avenir à des réseaux de toute nature.

Nous aurons un deuxième atout, au-delà même de la force de notre organisation, c'est de croire en la politique au moment où il est de bon goût, du côté des puissants, de vouloir la réduire, la moquer ou la congédier. A leurs yeux, l'action publique serait lente, désordonnée, lourde et ils ne le disent pas, mais ils le pensent très fort, totalement désuète parce que gratuite, parce que généreuse, parce que sans contrepartie.

Chers camarades, tout au long de ces précédents mois, tout au long de ces débats de Congrès, vous fournissez par votre travail militant, par votre présence ici pendant trois jours, la plus belle réponse. Vous donnez sur tout votre temps, loin des vôtres, la preuve que l'action publique a une valeur sans pareille et qu'elle est à l'origine de la plus belle des entreprises humaines, l'aventure démocratique.

Croit-on que les problèmes du monde, le sous-développement, la misère, les droits du travail puissent être livrés aux seules réponses du marché, alors que partout où des problèmes surviennent, dégénèrent et surgissent, c'est à ces dérèglements qu'ils sont dus ?

Chers camarades, votre présence, notre rassemblement dans ce Congrès aujourd'hui, c'est l'affirmation de la nécessité ardente d'espaces publics de débat et de notre détermination pour les élargir.

Votre présence est un encouragement à s'engager, s'engager pour la démocratie, s'engager pour le plein emploi, s'engager contre les inégalités, s'engager pour l'Europe, s'engager parce que c'est le réconfort pour ceux qui savent que seule l'action commune, l'action solidaire, l'action militante, l'action fraternelle, bref, l'action politique est porteuse d'égalité et de justice. Et j'ai même, chers camarades, l'immodestie de penser que les socialistes, en poursuivant passionnément leur idéal, servent en définitive la cause même de la démocratie et c'est pourquoi je vous en remercie tout chaleureusement.


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