Régionales 2004 : Île-de-France
Pour une Ile-de-France plus humaine

Jean-Paul Huchon
Point de vue de Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Île-de-France, paru dans Le Monde daté du 3 février 2004
 
Lorsque j'ai pris la décision de solliciter un deuxième mandat à la tête de la région, je me suis demandé quelle Ile-de-France je voulais pour mes enfants.

Au soir du 21 avril 2002, Thomas et Mathieu, mes fils, sont allés avec tant d'autres Franciliens manifester leur refus de la haine et des discriminations. Cette Ile-de-France, je l'avais déjà croisée, plus joyeuse, le soir de notre victoire en Coupe du monde. Cette Ile-de-France chaleureuse, solidaire, dynamique, constructive et sûre de sa force, c'est celle que je veux faire ; j'ai un projet pour les 11 millions de femmes et d'hommes qui y vivent.

Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin est le plus réactionnaire que la France ait connu depuis la seconde guerre mondiale. Masqué d'un discours compassionnel, il détruit les fondations de notre cohésion sociale : droit du travail, Sécurité sociale, services publics nécessaires pour bien vivre ensemble.

Dans ce panorama troublé où les repères habituels s'effacent, le vote de mars prochain aura forcément une signification générale : soit celle d'une manifestation de refus si la gauche l'emporte, soit celle de l'accélération d'une révolution conservatrice si la droite gagne.

Dans trop d'esprits, les régions demeurent des collectivités mineures : elles financent des politiques qu'elles ne décident pas. Je réfute cette conception. Durant les six ans de mon mandat, je me suis efforcé, malgré une majorité relative, de rompre avec une politique platement gestionnaire. Ainsi, la région s'est investie dans de nouveaux domaines d'intervention : logement, sécurité, solidarités...

J'ai réussi avec la gauche à faire adopter des mesures sociales essentielles : la gratuité des manuels scolaires, le quotient familial dans les cantines, la carte Imagine R pour le transport des jeunes, la priorité aux transports collectifs, la multiplication par quinze du budget de la recherche, le quadruplement de celui de la culture...

Quand j'ai plaidé auprès de Lionel Jospin pour une réforme du mode de scrutin, je l'ai fait en conscience. Je pressentais le chemin qu'il nous faut maintenant prendre. Construire la région de protection, d'égalité et de solidarité que j'ambitionne exige une majorité claire. Lorsque nous l'aurons, une nouvelle étape sera possible.

Le sens de ma campagne est guidé par la vision que j'ai de ma région. L'Ile-de-France première région d'Europe doit le rester par la qualité de ses équipements, de ses services publics, de sa formation, de sa recherche et de son environnement.

Mais cette belle et forte région n'est pas assez humaine : il y demeure trop d'inégalités territoriales et sociales.

Dès lors, mon projet reposera sur trois piliers : l'égalité entre les territoires, la solidarité entre les hommes, le droit à une vraie qualité de vie.

Beaucoup de mes concitoyens ont le sentiment d'être abandonnés parce qu'ils vivent dans des territoires oubliés : quartiers difficiles, franges rurales, zones enclavées. Nous devons porter l'action publique partout afin de garantir à tous des services publics performants.

Je veux une véritable révolution dans les transports, certes une tarification juste, mais surtout un service public irréprochable qui exige la modernisation de tout le matériel roulant, la rénovation de tous les réseaux, la réalisation d'une " francilienne " des transports collectifs reliant les villes entre elles.

Je veux être partenaire d'une grande cause, celle du logement. Il manque 300 000 logements en Ile-de-France. Seule, la région ne peut les construire. Mais si nous agissons ensemble, Etat, région, départements, communes, professionnels, associations, nous y parviendrons. Je fédérerai ces énergies, nous décréterons l'urgence. Unis, nous pouvons garantir un toit décent à chaque Francilien. C'est une question de volonté, ayons-en ; une affaire de choix, faisons-le.

Je veux présider une collectivité proche des hommes. Je refuse les exclusions et les discriminations. La solidarité n'est pas un discours ressassé de malheur en malheur. La solidarité, ce sont des moyens. J'y consacrerai le dixième du budget régional.

Ainsi, je veux construire un pont entre les générations. Nous créerons des milliers de places médicalisées pour les personnes âgées. Nous verserons une aide à celles qui souhaitent partager leur logement avec un étudiant qui, en échange, leur rendra des services domestiques. Nous rendrons les transports accessibles aux personnes à mobilité réduite et lancerons un plan pluri-annuel pour l'enfance et l'adolescence handicapées.

Solidaires, nous le serons avec les pays du Sud. Nous faciliterons des accords de coopération, des jumelages entre lycées, des échanges universitaires.

J'ai pris un engagement que je tiendrai : faire de l'Ile-de-France la première écorégion d'Europe. Tel est le sens de l'accord que j'ai conclu avec les forces de la gauche et les Verts. Nous voulons que chaque Francilien ait envie de faire toute sa vie en Ile-de-France. Les quartiers dégradés, les villes abîmées doivent être réparés pour reconstruire une harmonie entre l'homme et son cadre de vie.

Agir pour une ville sans nuisances, c'est résorber le bruit, traiter la qualité de l'air et de l'eau, réduire les pollutions, gérer les déchets, préserver un patrimoine naturel menacé et le mettre à la disposition du public, sauvegarder les forêts, promouvoir une agriculture respectueuse de l'environnement et de la sécurité alimentaire.

D'aucuns décident à quelques-uns, en quelques heures, de l'avenir qu'ils proposeront à 11 millions de femmes et d'hommes. Ma méthode est tout autre. J'ai élaboré mon projet avec les femmes et les hommes de notre région, j'ai choisi la confrontation et le dialogue. C'est parfois dérangeant, toujours instructif ! J'ai débattu avec des milliers de Franciliens de toutes opinions puis me suis mis au travail avec quelques centaines d'entre eux. Je leur ai présenté mes idées, ils ont avancé les leurs. J'ai pris 133 engagements sur la base des quelque 500 propositions qu'ils ont faites. J'ai justifié mes choix.

Une telle méthode engage l'avenir. Si les électeurs veulent que je dirige l'Ile-de-France, je le ferai avec eux. Les Franciliens sont au cœur du projet que je défends, ils seront au cœur du conseil régional qui l'appliquera. Je créerai un observatoire des engagements qui jugera du respect de nos promesses et des conseils de territoires, composés d'élus, d'acteurs du monde économique, d'associations, de citoyens. Sur le modèle des conseils de quartier, à l'échelle de nos bassins de vie, ces conseils de territoires joueront un rôle prescripteur. Proches du terrain, ils nous aideront à définir nos politiques au plus près des besoins des Franciliens.

Je fais le choix d'une région dynamique, soucieuse de l'environnement, ambitieuse pour ses habitants où qu'ils vivent et d'où qu'ils viennent, une région de respect et de démocratie. Soyons fiers d'être franciliens.

© Copyright Le Monde


Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]