Vœux du Premier ministre
à la presse


 Discours prononcé à Matignon le jeudi 11 janvier 2001.
 

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi, tout d'abord, de remercier votre président, Jean-François Bege, des vœux chaleureux qu'il vient de présenter en votre nom. Je tiens également à vous remercier d'être venus participer, pour la quatrième année consécutive, à cette cérémonie. On pouvait craindre que l'effet de répétition ne finît par lasser certains d'entre vous... Je suis donc heureux de vous voir si nombreux à l'Hôtel Matignon.

Pour vous comme pour moi - un peu plus pour moi que pour vous, sans doute... -, cette maison est un lieu de travail et de décision. Vous vous y rendez à l'occasion de conférences de presse, lors des réunions de ministres, chaque fois que votre tâche, qui est d'informer nos concitoyens sur les décisions qui les concernent et sur la vie publique française, vous appelle rue de Varenne. Je me réjouis des contacts réguliers que vous entretenez avec les membres de mon cabinet, en particulier avec Olivier Schrameck, Dominique Marcel, Manuel Valls, Isabelle Clap - qui a succédé à Marie Bertin -, Henri Petitgand ainsi que Jean-Michel Grau, nouvellement arrivé.

Aujourd'hui, à travers vous, c'est l'ensemble des médias que je veux saluer. Forte de la diversité de ses supports - agences, presse internationale et nationale, presse régionale, radios nationales et locales, télévisions sur les réseaux hertziens et sur le câble, sites Internet -, la presse est un lieu de débat irremplaçable. Dans ce débat, je vous apporte ce matin ma vision de l'année 2001.

En ce début d'année, ma pensée va tout d'abord vers nos concitoyens de l'ouest de la France. Je veux à nouveau rendre hommage - comme je l'ai fait avant-hier à Redon et à Quimper - à tous ceux qui travaillent sans relâche aux côtés des habitants de la Bretagne et de la Normandie qui souffrent des inondations.

Ces graves inondations rappellent à notre mémoire les images fortes et si dures des dégâts causés à la fin de 1999 par les tempêtes et par la marée noire de l' Erika. Depuis, le Gouvernement a travaillé pour que soit réparé ce qui pouvait l'être. Le 15 janvier prochain, je me rendrai en Meurthe-et-Moselle afin de faire le point sur l'état des forêts et sur le soutien apporté à tous les professionnels de la filière bois. Le Gouvernement s'est aussi attaché à améliorer la prévention des risques relatifs au transport maritime. La France a obtenu l'accord de ses partenaires, lors de la Présidence de l'Union européenne, pour la suppression progressive des navires à simple coque, le renforcement des contrôles et la responsabilité financière des sociétés de classification. En 2001, la France poursuivra son action afin de préparer la mise en place de l'agence européenne de sécurité maritime.

Malgré les inondations qui frappent l'ouest de notre pays, l'année 2001, globalement, commence bien. Le moral des ménages français est au plus haut. Nos concitoyens témoignent de leur confiance en l'avenir, en leur pays, en eux-mêmes. Les perspectives économiques et sociales de la France sont favorables - je vais y revenir dans un instant. Ne boudons pas cette satisfaction.

Il reste que les conditions de vie de nombreux Français demeurent difficiles. Plus de deux millions de nos concitoyens sont encore au chômage. D'autres occupent un emploi précaire ou particulièrement pénible. Certains habitent des logements vétustes, dans des quartiers mal desservis par les transports en commun. D'autres encore sont victimes d'actes d'incivilités ou de violence. Pour beaucoup de familles, la vie reste difficile, même si l'horizon s'est éclairci.

C'est conscient de cette réalité contrastée que le Gouvernement entend continuer de travailler tout au long de 2001 pour améliorer la vie des Français.

Pour le Gouvernement et la majorité, l'année 2001 n'est ni une année d'attente ni une fin de période. Elle sera une pleine année de travail au service des Français.

Certes, 2001 comportera des échéances électorales. Dès mars prochain se tiendront les élections municipales et cantonales. Ces scrutins apporteront, grâce à l'application de la loi sur la parité et de celle sur la limitation - malheureusement inachevée - du cumul des mandats, un profond renouvellement de nos élus locaux. Les femmes trouveront enfin leur juste place - la moitié - dans les conseils municipaux. Le volontarisme du Gouvernement dans ce domaine est approuvé par nos concitoyens, puisque les deux-tiers d'entre eux, selon une enquête récente, apprécieraient d'avoir une femme à la tête de leur ville... Je suis convaincu que ces femmes plus nombreuses apporteront un regard novateur sur l'action municipale. Je suis convaincu qu'il s'agit là d'un changement fondamental pour notre démocratie, dont la majorité et le Gouvernement sont fiers. Grâce à la parité et aux nouvelles règles limitant le cumul, des jeunes en plus grand nombre pourront également prendre part à la vie publique locale. Je voudrais aussi que ce mouvement de renouveau se fasse plus largement au bénéfice de la jeunesse issue de l'immigration. Si le travail du Parlement sera interrompu durant six semaines en février et mars, l'action du Gouvernement se poursuivra normalement pendant cette période, comme cela avait déjà été le cas en 1998 lors des élections régionales et cantonales, puis en 1999 lors des élections européennes. Il en ira de même en septembre pour les sénatoriales, qui ont vu également leur régime électoral rénové.

Dans l'action, le Gouvernement restera fidèle à son inspiration initiale. Dès ma déclaration de politique générale, le 19 juin 1997, j'avais marqué les principes qui guideraient le travail du Gouvernement. Il s'agissait de conduire un changement progressif, maîtrisé, s'inscrivant dans la durée. A l'époque, cet appel à la durée avait été accueilli avec quelque scepticisme et j'avais même été conduit à rappeler, au début de 1998, lors de cette même cérémonie des vœux, qu'il n'y aurait ni tournant, ni inflexion, ni pause... Cette durée, nous l'avions donc revendiquée, nous l'avons construite à travers les résultats obtenus, nous la mettons au service des changements et des réformes dont notre pays a besoin. Elle nous rapproche d'ailleurs de la plupart de nos voisins européens et rend à notre pays une certaine normalité après vingt années de vie politique quelque peu syncopées. C'est une bonne chose pour la France, même si la cohabitation est loin d'être une situation idéale.

Le Gouvernement maintiendra le cap de sa politique, conformément au mandat que lui ont donné les Français en 1997 et en s'appuyant sur leur confiance.

Ce cap maintenu a permis d'ouvrir une nouvelle perspective aux Français : celle du plein emploi.

Le chômage de masse n'est plus une fatalité. Le plein emploi n'est plus une nostalgie. Il redevient une ambition.

Depuis le mois de juin 1997, près de 1 500 000 emplois nouveaux ont été créés en France et 962 000 femmes et hommes ont retrouvé un travail. C'est le résultat d'une politique économique qui a fait le choix de la croissance. Si l'on s'attache aux performances des " gouvernements successifs " - comme je l'entends dire ces jours-ci -, constatons que les deux gouvernements précédents, sur une durée équivalente, n'ont suscité la création que de 200 000 emplois, tandis que le chômage augmentait de 260 000.

L'économie française crée aujourd'hui des emplois à un rythme sans précédent : dix fois supérieur à celui des vingt dernières années, deux à trois fois supérieur à celui des " Trente Glorieuses ". L'année 2000, avec une croissance de 3 %, a vu la création de près de 600 000 emplois et constitue le record du siècle ; à titre de comparaison, avec une croissance atteignant alors le sommet de 7 %, 430 000 emplois - " seulement ", si l'on peut dire - avaient été créés en 1969, une précédente année record.  Le contenu en emplois de la croissance française s'est donc profondément enrichi. C'est là pour une bonne part le résultat de la politique volontariste du Gouvernement : aides à l'emploi, emplois-jeunes, réduction du temps de travail.

La réduction du chômage concerne pour la première fois tous les demandeurs d'emploi, y compris ceux qui étaient jusque là tenus à l'écart du travail. Depuis juin 1997, le chômage de longue durée a reculé de plus d'un tiers et 400 000 Français qui perdaient espoir ont retrouvé un emploi. Le chômage des jeunes s'est réduit de 40 %, alors même que des dizaines de milliers de jeunes gens supplémentaires, en raison de la fin de la conscription, se sont présentés sur le marché du travail. Pour la première fois aussi, l'exclusion recule : le nombre des bénéficiaires du RMI a diminué sur les douze derniers mois.

Cette baisse du chômage, parce qu'elle est massive et qu'elle bénéficie aux publics les plus fragilisés par la crise, constitue une formidable redistribution des fruits de la croissance. Il faut prendre toute la mesure de cette baisse du chômage, de ce qu'elle représente pour chacune des 962 000 personnes concernées et pour leur famille, mais aussi pour la société française tout entière. Quant on sait l'effet profondément dépressif sur notre société qu'a eu la montée apparemment inexorable du chômage de masse dans les trois décennies précédentes, on comprend l'impact puissant et positif de ce retournement majeur de tendance sur le climat psychologique du pays. Une société qui génère des emplois, du pouvoir d'achat, de la confiance, de l'intégration, une société qui se décrispe peu à peu et qui s'ouvre progressivement, c'est cela la " société du travail " à laquelle nous oeuvrons depuis plus de trois ans et demi. Pour moi, c'est la plus belle réforme sociale du Gouvernement. Une réforme qui mobilisera encore tous nos efforts en 2001.

La lutte contre le chômage demeurera jusqu'au terme de cette législature la priorité numéro 1 du Gouvernement. Car il reste plus de deux millions de chômeurs. Nous ne l'oublions pas, nous ne les oublions pas. Nous voulons qu'ils retrouvent, avec un travail, toute leur place au sein de la société. Dans une Nation moderne, la prospérité n'a de valeur que partagée.

C'est pourquoi l'ambition du Gouvernement est de poursuivre en 2001 sur la voie du progrès social.

Pour les ménages disposant de revenus modestes, le Gouvernement avait présenté une mesure d'allégement de la CSG
qui a été votée par le Parlement. Cette disposition devait apporter à plus de huit millions de personnes - salariés, agriculteurs, travailleurs indépendants - un supplément significatif de pouvoir d'achat, dès le mois de janvier de cette année. Cette disposition devait en outre favoriser l'emploi des ménages les plus modestes, en réduisant la fiscalité pesant sur les revenus du travail. Cette mesure répondait ainsi à l'attente de nombreux Français.

Saisi par les parlementaires de l'opposition, le Conseil constitutionnel a annulé cette disposition. Le Gouvernement a pris acte de cette décision. Dès l'annonce de celle-ci, les ministres concernés ont travaillé activement pour rechercher un nouveau dispositif qui puisse satisfaire les mêmes objectifs.

Le choix du Gouvernement s'est arrêté sur la création d'une " prime pour l'emploi ". Un projet de loi en ce sens sera soumis au conseil des ministres d'ici la fin du mois. Ce dispositif prendra la forme d'un remboursement de prélèvements qui sera versé par l'administration fiscale dès le mois de septembre prochain. Il permettra de mieux rémunérer le travail et de redistribuer les fruits de la croissance en faveur de ceux qui en ont le plus besoin. Les modalités de ce dispositif vous seront précisées mardi prochain par le ministre de l'Économie et des Finances et la ministre de l'Emploi et de la Solidarité.

Pour tous les salariés, le Gouvernement présentera au Parlement plusieurs projets de loi qui marqueront également un progrès social. Les députés, qui ont fait ce mardi leur rentrée à l'Assemblée, ont commencé leurs travaux par l'examen du projet de loi sur la modernisation sociale. Ce texte ouvrira, avec la validation des acquis de l'expérience professionnelle, une quatrième voie d'accès aux diplômes, aux côtés de la formation initiale, de l'apprentissage et de la formation continue. C'est là une " petite révolution " qui permettra à des milliers de travailleurs de voir enfin leurs compétences reconnues par un titre. En outre, ce texte pénalisera le recours au travail précaire, renforcera les droits des salariés et améliorera l'accès à la formation professionnelle. Il bannira certaines pratiques inacceptables en matière de licenciements économiques. Ainsi, avec les textes - en cours d'examen - concernant l'égalité professionnelle et les discriminations au travail, nous approfondirons les droits des salariés dans l'entreprise.

Le progrès social, c'est aussi mieux vivre en ville. Le Gouvernement continuera de privilégier le droit de tous à un logement décent, la solidarité et l'équilibre du milieu urbain. Les " Grands projets de villes " permettront pour la première fois de changer en profondeur et d'une manière globale le visage des quartiers les plus fragiles. Grâce à la loi Solidarité et Renouvellement Urbains, la mixité sociale sera renforcée.

En 2001, deux grandes réformes sociales très attendues par les Français verront le jour. Il s'agit d'abord du projet de loi sur les droits des malades  et la modernisation du système de santé. Ce texte renouvellera profondément les relations entre le patient et l'institution médicale afin d'améliorer la qualité des soins et de la prise en charge thérapeutique. Ce texte devrait être présenté en conseil des ministres avant la fin de ce premier trimestre.

Le second projet est celui portant création d'une aide personnalisée à l'autonomie. Il s'agit d'aider les personnes âgées qui le peuvent à vivre de façon autonome, dans leur foyer, auprès des êtres qui leurs sont chers. Cette nouvelle prestation sera juste, parce qu'elle sera versée de façon égale sur l'ensemble du territoire, en fonction du degré d'autonomie et du niveau de ressources des personnes bénéficiaires. Elle sera gérée dans un souci de proximité, les conseils généraux jouant là un rôle important. L'examen du texte par le Parlement avant la fin de cette session devrait permettre que la nouvelle prestation soit effective au 1er janvier 2002.

Progrès social et progrès sanitaire étant liés, le Parlement examinera en première lecture, à la fin du mois de janvier, le projet de loi rénovant l'action sociale et médico-sociale. Ce texte viendra moderniser le cadre institutionnel dans lequel s'exerce, depuis la loi de 1975, l'action sociale.

Au cours des cinq prochaines semaines, un autre texte essentiel, dont la discussion a déjà été engagée, fera l'objet de navettes entre les deux assemblées : il concerne l'allongement du délai pour recourir à l'interruption volontaire de grossesse. Cette nouvelle avancée pour les femmes vient compléter l'autorisation, désormais acquise, de diffuser le NORLEVO en milieu scolaire, auprès de jeunes filles connaissant de graves difficultés.

La santé publique restera au cœur de nos priorités. Et d'abord la sécurité alimentaire. Face à la crise de la " vache folle ", le Gouvernement a présenté, le 14 novembre dernier, en même temps qu'il décidait l'interdiction des farines animales, un plan complet de renforcement des mesures de sécurité. Ces mesures sont appliquées. En particulier, l'extension des tests de dépistages a été engagée. Le souci prioritaire du Gouvernement est d'assurer le niveau le plus élevé possible de sécurité pour les consommateurs. C'est pourquoi les laboratoires chargés de procéder à ce dépistage ont été agréés selon un cahier des charges très strict. L'objectif de 20 000 tests effectués par semaine, que j'avais fixé pour la fin du mois de janvier, est d'ores et déjà atteint. La France est ainsi en avance sur ses partenaires européens. Tout continuera d'être fait pour assurer au consommateur une viande de qualité et rétablir la confiance dans la filière bovine.

Depuis trois ans et demi, le Gouvernement a d'ailleurs constitué un solide dispositif de protection de la santé publique, à travers l'Institut de veille sanitaire, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé et l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments. En 2001, nous parachèverons ce dispositif en installant l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale.

Mesdames et Messieurs,

En poursuivant l'ambition sociale qui est la sienne, le Gouvernement entend aussi rendre des couleurs à l'idéal républicain, qui est de faire sa place à chacun dans la communauté des citoyens.

C'est pourquoi, en 2001, il travaillera à consolider le pacte républicain.

La République, c'est d'abord l'assurance pour tous de vivre en paix, le droit à la sûreté.

La sécurité est une priorité constante du Gouvernement. Agir contre les comportements violents, délinquants et incivils est un devoir d'Etat. Celui-ci l'assume. Agir contre la violence est aussi de la responsabilité de chacun, et d'abord des parents, qui doivent élever leurs enfants dans le respect de l'autre et dans le respect des règles communes. Dans une société démocratique, il ne peut exister de tolérance pour la violence. Dans ce domaine, la volonté politique du Gouvernement est forte et sa détermination à lutter contre toutes les formes d'insécurité est entière. Les ministères de l'Intérieur et de la Justice, mais aussi de la Ville, des Transports, de la Famille et de l'Éducation nationale sont mobilisés. Les instruments que nous déployons sont adaptés : je pense en particulier aux contrats locaux de sécurité et à la police de proximité, qui sera généralisée à l'ensemble du territoire au cours du premier semestre 2002. Pour l'heure, les résultats ne sont pas encore suffisants, en particulier pour ce qui concerne la " petite " délinquance. Le Gouvernement entend redoubler d'efforts.

En 2000, les institutions de la République ont connu une modernisation importante à travers l'adoption du quinquennat. En 2001, à la suite du vote favorable de l'Assemblée nationale, la Représentation nationale devrait rétablir le calendrier logique des élections présidentielle et législatives de 2002.

Comme je l'avais annoncé à Lille, le 27 octobre dernier, le Gouvernement prépare une nouvelle étape de la décentralisation. Vingt ans après les lois présentées par Pierre Mauroy et Gaston Defferre, c'est une nouvelle fois la gauche qui insufflera la réforme de l'organisation des institutions sur le territoire. Le 17 janvier, nous engagerons un débat au Parlement que j'introduirai moi-même, puis nous présenterons un premier projet de loi. Son contenu permettra notamment d'approfondir la démocratie locale, de renforcer la coopération entre collectivités et d'organiser certains transferts de compétences.

Par ailleurs, la Représentation nationale se prononcera sur le projet de loi relatif à la Corse. Qu'il s'agisse de la culture, de la langue, des infrastructures ou des transferts de compétences, ce texte s'inscrira dans le cadre des lois de la République. Il marquera des avancées importantes pour le développement économique et social de l'île, ainsi que pour son épanouissement culturel. Il vise à mieux assurer l'avenir d'une Corse apaisée au sein de la République, d'une Corse qui aura affirmé son refus de la violence. Il est de la responsabilité de chacun de ne pas jouer la politique du pire, ni de contrecarrer une démarche politique claire dans ses objectifs et saine dans sa méthode, qui porte ses premiers fruits et peut apporter une issue raisonnable à un problème non résolu depuis vingt-cinq ans.

La réforme de l'État connaîtra une étape décisive avec la refonte de l'ordonnance du 2 janvier 1959 relative aux lois de finances. L'objectif poursuivi est à la fois d'améliorer l'efficacité de la dépense publique en modernisant sa gestion et de rééquilibrer le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Cette initiative parlementaire sera accompagnée par le Gouvernement. Cette loi organique, qui concerne le Sénat au même titre que l'Assemblée nationale, implique un vote identique des deux assemblées. Le Gouvernement est tout disposé, naturellement, à favoriser la recherche du nécessaire consensus.

Mesdames et Messieurs,

2001 sera aussi une année de préparation de l'avenir.

Le Gouvernement prépare le passage concret à l'euro, qui sera effectif au 1er janvier 2002. Il faut achever la production des pièces et des billets, préparer leur diffusion, à partir de septembre prochain, dans des conditions optimales de sécurité, tout en familiarisant nos concitoyens avec leur nouvelle monnaie par une vaste campagne de communication. Dans ce changement, les administrations publiques seront exemplaires. Le Gouvernement veillera également à la mobilisation des entreprises. Par ces préparatifs, il s'agit certes d'assurer la réussite technique de ce passage, mais aussi d'en expliquer tout le sens à nos concitoyens. Avec l'euro, nous disposons d'une pleine souveraineté monétaire qui nous protège mieux de la spéculation au sein d'un système financier mondial qui reste instable.

Le Parlement achèvera l'examen du projet de loi sur les nouvelles régulations économiques. Cette réforme renforcera les conditions d'une concurrence loyale au sein de l'économie. Ces nouvelles régulations accroîtront la transparence en matière financière, dans l'intérêt des salariés et des actionnaires. Elles contribueront à moderniser la direction des entreprises françaises. Parallèlement sera examiné un texte de loi sur la réforme des autorités de régulation financière.

L'ambition régulatrice du Gouvernement concernera aussi les réseaux d'information et particulièrement l'internet. Le projet de loi relatif à la société de l'information adaptera notre législation pour ce qui concerne la diffusion gratuite des données publiques essentielles, l'assouplissement des règles d'intervention des collectivités locales pour les réseaux à haut débit, la libre utilisation de la cryptologie ou le renforcement de la lutte contre la cybercriminalité et permettra la transposition de la directive européenne sur le commerce électronique. Ce texte ambitieux assurera une plus grande sécurité aux utilisateurs.

Alors que l'usage de l'internet se développe rapidement dans notre pays, un nombre croissant de nos concitoyens désire bénéficier de tarifs forfaitaires pour l'accès au réseau. Je souhaite que cette année permette l'apparition d'une offre d'accès illimité accessible à tous par la ligne téléphonique ordinaire.

Préparer l'avenir, c'est aussi consolider le système de retraite auquel les Français sont attachés.

En 2000, le Gouvernement a installé le Conseil d'orientation des retraites. Ses travaux ont déjà permis d'avancer dans la voie de diagnostics partagés. De même, nous avons créé le fonds de réserve des retraites. Le Gouvernement continuera de l'abonder tout au long de 2001 avec pour objectif d'atteindre 50 milliards de francs à la fin de l'année. Enfin, le Gouvernement a entamé des discussions avec les fonctionnaires afin de préparer les mesures permettant de garantir l'équilibre de leurs retraites.

Le Gouvernement s'attache donc à traiter ce dossier important. Il le fait sérieusement, lucidement, mais sans céder à aucune sorte de catastrophisme ni aux injonctions intéressées. 

Préparer l'avenir, c'est construire un développement durable.

La priorité accordée par le Gouvernement à l'environnement 
s'est traduite à travers la nouvelle génération des contrats de plan Etat-régions. Nous continuerons d'agir en faveur de modes de transports plus sûrs et plus respectueux de l'environnement, notamment à travers l'adoption des schémas de services collectifs. Le 19 janvier prochain, avec le ministre de l'Equipement et des Transports, je me rendrai à Modane afin de marquer l'importance qu'attache le Gouvernement au développement du ferroutage. En outre, le Gouvernement poursuivra son action en faveur de la maîtrise de l'énergie et de la lutte contre l'effet de serre aux plans interne et international. Un nouveau dispositif fiscal sera mis sur pied.

En 2001, deux textes majeurs pour la défense de l'environnement seront présentés au Parlement : le projet de loi sur l'eau et le projet de loi sur la transparence nucléaire. Ils seront transmis au Conseil d'État dans les prochaines semaines.

Préparer l'avenir, c'est bien sûr conserver la priorité à l'éducation.

En 2001, pour la quatrième année consécutive, le budget préparé par le Gouvernement marque la priorité accordée à l'Éducation nationale. Cet effort se déploie dans le temps, grâce au plan pluriannuel de programmation des emplois et des recrutements préparé par le ministre. Son objectif est d'assurer la relève des enseignants actuels, dont 40 % partiront à la retraite d'ici 2010. Cette priorité témoigne de notre confiance dans le rôle de l'éducation au service de l'épanouissement de l'individu, de l'intégration républicaine et de l'efficacité de notre économie.

Préparer l'avenir, c'est donner à la société les moyens de maîtriser le progrès des sciences. Engagé dès 1999, le travail préparatoire à la révision des lois bioéthiques de 1994 est désormais achevé. Un projet de loi sera présenté au Parlement au printemps 2001. La nouvelle loi, qui maintiendra l'interdiction du clonage reproductif, autorisera les recherches sur l'embryon humain dans une double perspective : améliorer les techniques de procréation médicalement assistée et rechercher de nouveaux traitements pour des maladies actuellement incurables. En outre, les conditions du don d'organe, ce geste de générosité et de solidarité, seront élargies. Enfin, une Agence de la procréation, de l'embryologie et de la génétique humaines sera créée. En son sein, un Haut conseil émettra des avis sur les protocoles de recherche et aura une activité de veille, permettant au législateur de mieux suivre l'avancée de la science.

Mesdames et Messieurs,

La France se trouve maintenant sur la bonne trajectoire économique et sociale. Le Gouvernement, en respectant ses engagements, en donnant la priorité à la croissance et à l'emploi, en déployant une action réformatrice profonde mais qui respecte les rythmes de la société française, a largement contribué à ce mouvement.

Dans l'action politique - les années écoulées nous le montrent bien -, tout est lié : il faut qu'un Gouvernement respecte ses engagements et assume ses responsabilités pour susciter et conserver la confiance des citoyens. Cette confiance est elle-même nécessaire à la croissance. Et c'est parce que cette croissance est durable et que le chômage diminue que de nouvelles marges de manoeuvre pour l'action apparaissent. Ce sont elles qui nous permettent de répondre aux attentes qui se font jour et de dessiner un avenir et un projet pour notre pays.

En 2001, nous continuerons d'agir et de réformer. Nous le ferons parce que c'est là notre responsabilité de gouvernants, parce que cela correspond à notre conviction profonde, parce que c'est le ressort de la majorité plurielle, parce que c'est là le mandat que nous a donné le peuple français.

Mesdames et Messieurs,

A vous tous, ainsi qu'à tous ceux qui vous sont chers, je présente mes vœux chaleureux et cordiaux pour une excellente année 2001.


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