Luttons ensemble contre les discriminations
Congrès de Dijon - 17 mai 2003

Discours de Bariza Khiari, conseillère du XVIème arrondissement de Paris
Tribune du Congrès de Dijon


 
Mes camarades

comme vous le savez, dans la perspective de ce congrès des crises refondatrices, des militants socialistes issus de l’immigration, dont je suis, ont pris la plume pour dire : « Luttons ensemble contre les discriminations au sein de notre parti. »

Nous avons voulu porter un combat sur des valeurs et participer à un changement culturel sur ces questions au sein de notre parti. Notre plaidoyer a été écouté mieux, il a été entendu. Puisque toutes les motions ont estimé nécessaire le renouvellement et les signataires se sont engagés à faire leur juste place à nos camarades. Le problème de la visibilité des militants issus de l’immigration, et à partir du congrès de Dijon derrière nous, comme le dit un camarade : « Nous avons relevé les compteurs pour la notion A et le compte est bon. »

Sur cette question, donc, il y aura un avant-Dijon et un après-Dijon.

Plus que jamais, mes camarades, il y a nécessité à ce que les Français issus de l’immigration et d’outre-mer occupent leur place de citoyens à part entière dans notre société. C’est un impératif pour la cohésion nationale.

Mes camarades, nous avons besoin de toutes nos forces pour combattre la droite. Sur cette question précisément, que fait-elle ? Elle a eu le bon goût de faire dans le symbole, mais ça s’arrête là.

Le comité interministériel pour l’Intégration vient d’être réactivé, mais pour quoi faire ?

Pour annoncer des mesures qui avaient déjà été prises. A peine a-t-il annoncé la création d’une haute autorité pour lutter contre les discriminations qu’elle la reporte à 2004.

Alors en finale, mes camarades, la nomination des deux secrétaires d'État issus de l’immigration aura eu pour la droite valeur de solde de tout compte parce que, jusqu’à ce jour, aucune grande mesure de fond n’est venue bouleverser le paysage des quartiers populaires où le chômage s’est vu encore un peu plus et où les inégalités se creusent dangereusement. Mais en revanche il y a des choses que la droite fait, elle flatte les communautés, elle élabore un discours pour chacune d’entre elles. Elle participe à sa manière insidieusement à l’organisation du communautarisme. Ce n’est pas notre vision de la société, mes camarades, ils faut le dire haut et fort, nous respectons l’histoire spécifique et individuelle de chacun d’entre nous dans le cadre de valeurs communes que sont la République et la laïcité.

Alors, au nom justement d’une laïcité tranquille, sur d’elle-même et généreuse, n’ayons pas peur de nous battre pour que les pratiquants disposent d’espaces pour vivre leur culte décemment et afin que l’islam de France soit libéré des caves.

Il faut nous battre aussi pour que les affaires de la cité, les affaires des hommes, ne soient pas magnifiées par le substrat religieux. Il faut tout faire pour que notre école, notre école laïque, chère au cœur de tous les socialistes, ne soit plus le lieu où les obscurantistes testent le niveau de notre attachement à la laïcité. Notre école laïque doit continuer de former les esprits sans les conformer, les enrichir sans les endoctriner, les armer sans les enrôler.

Mes camarades, les discriminations à l’emploi, au logement, aux loisirs dont souffrent plus que d’autres les personnes issues de l’immigration et d’outre-mer, ne sont pas dignes d’un grand pays, elles sont constitutives d’un repli identitaire.

Les Français d’origine immigrée se situent essentiellement dans la France d’en bas et même tout à fait en bas. Et les mesures qu’ils attendent portent essentiellement sur la non-discrimination.

Alors, au nom de l’égalité, je vous invite à faire ensemble, pour que nous revisitions les valeurs de l’idéal-socialiste pour que l’égalité ne soit plus un slogan mais qu’au contraire l’égalité soit un résultat.

Alors, si nous défendons vraiment l’égalité, ils ne se laisseront pas abuser par des mesures symboliques. L’apport des militants issus de l’immigration est plus que jamais important. Je sais que nous, socialistes, ne ferons pas l’impasse sur une des données les plus déterminantes des années à venir : la recomposition d’un électorat populaire dans lequel les enfants voteront aussi en mémoire de leurs parents qui ont participé à la construction de ce pays pour autant qu’on les invite à la table de la République.

Juste pour conclure, je voudrais témoigner qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre la culture arabo-musulmane que je revendique et les valeurs de laïcité et la République. Nous sommes des millions à avoir ce point de vue, mais nous ne disposons pas d’espaces pour le dire. Nous avons besoin d’un espace citoyen pour être entendus et élaborer ensemble un grand projet qui ne fera plus dire à Milan Kundera : « Le siècle a fait naître un grand personnage européen, l’immigré, le grand souffrant. »

Ensemble, mes camarades, construisons ce projet.



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