Pourquoi un nouveau Parti socialiste ?

Pierre Mauroy
par Pierre Mauroy, ancien Premier ministre (1981-1984)
Entretien accordé au quotidien La Depêche du Midi daté du 29 avril 2003
propos recueillis par Sébastien Marti


 

Vous êtes l'un des dépositaires de l'histoire moderne du PS. Quel regard portez-vous sur sa rénovation ?
Après la défaite, certains ont dit qu'il fallait tout changer et d'autres ont souhaité que le PS soit plus à gauche... Mais la majorité, dont je suis, a estimé qu'il fallait se rassembler derrière le Premier secrétaire. Lors du congrès qui se profile, nous aurons là un débat exemplaire qui est déjà bien engagé au niveau des contributions. Le Premier secrétaire a d'ailleurs ouvert le dialogue avec tous les représentants des contributions. Certains lui disent : « Ce n'est pas la peine d'en discuter puisque de toute façon on déposera une motion », ce qui constitue la réponse du Nouveau Parti socialiste (NPS) et de Nouveau monde mais avec les autres, on discute.

Selon vous, François Hollande est donc l'homme de la situation...
Absolument ! D'abord on ne sort pas un homme comme ça. Ensuite, François Hollande a été le Premier secrétaire de Lionel Jospin et finalement, tout le monde s'est félicité de son action et de la tenue du parti. Ce n'est pas parce qu'il y a eu la défaite qu'il fallait tout remettre en question dans la douleur et la précipitation. François Hollande avait bien rempli sa tâche et il devait être confirmé dans ses fonctions. Il a pris une autorité de plus en plus grande et lors du débat sur l'Irak à l'Assemblée nationale, il s'est comporté comme le chef de l'opposition. Je pense que c'est le Premier secrétaire qu'il nous faut. Pour autant, à lui de continuer à s'affirmer...

Que pensez-vous des tendances NPS et Nouveau monde ?
Henri Emmanuelli anime avec une belle constance son courant d'opposition. Vous savez, les congrès d'après défaite sont toujours plus marqués à gauche. On a été au gouvernement, on a acquis une culture de gouvernement - qu'il nous faut conserver d'ailleurs - et lorsqu'on retourne dans l'opposition, il faut nourrir l'ambition de revenir au pouvoir. C'est la nouvelle logique qui doit être celle des socialistes.
Quant au NPS, pourquoi un nouveau Parti socialiste ? On ne va pas refaire un congrès d'Epinay ! C'est une attitude qui est dans l'excès et ce n'est pas dans cette voie que doivent se diriger les militants. Nous n'avons pas à tout jeter, ce serait le plus sûr moyen de ne pas honorer tout ce que nous avons fait collectivement. N'oublions pas que notre nouvelle tâche n'est pas seulement d'être un parti d'opposition mais un parti capable de rassembler bien plus de 30 % de l'électorat. Cela suppose de ne pas se présenter en briseurs de tout. Il faut être constructif dans l'image que l'on veut donner. Pour cela le Premier secrétaire doit rassembler autour de lui et chacun y a sa place. Laurent Fabius y a sa place, Dominique strauss-kahn également. Il faut assurer celle de Martine Aubry et, je l'espère, celles de Julien Dray et de Marc Dolez.

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