En 2003,
notre ligne l'emportera



Entretien avec Jean-Luc Mélenchon, un des animateurs du courant de gauche du PS, baptisé Nouveau Monde, paru dans Le Parisien daté du 3 octobre 2002
Propos recueillis par Frédéric Gerschel


 

A Argelès (Pyrénées-Orientales), le week-end dernier, vous avez été très dur avec François Hollande, en déclarant vouloir « faire feu » sur le QG du PS. Et votre meeting s'est achevé par une vibrante « Internationale ». N'en avez-vous pas fait un peu trop ?
Quelle blague !… La garde rapprochée de Hollande nous est tombée dessus uniquement parce que je me suis permis de faire un ou deux jeux de mots : lui n'en a jamais fait ? Que s'est-il passé à Argelès ? Nous avons créé un courant de gauche qui va être le point de départ d'un large rassemblement. Emmanuelli a prononcé un discours de 45 minutes très argumenté. Moi, j'ai parlé sur le fond et pendant une demi-heure. Qu'ont retenu les responsables socialistes ? Que nous ironisions sur le « Solférinodactyle » ou sur le « ventre mou » du parti. Ce n'est pas sérieux. Leurs réactions sont tellement outrées qu'elles en sont ridicules. C'est une pure manœuvre, une diversion lamentable.

Vous avez aussi annoncé votre intention de tout faire pour écarter Hollande de la tête du PS...
Nous sommes candidats à la direction du parti : où est le problème ? Hollande et les autres ne sont pas propriétaires de leurs postes. Si nous gagnons le Congrès, nous exercerons les responsabilités. Simple logique.

Que répondez-vous lorsqu'on vous taxe d'archaïque ?
Je dis, qu'au contraire, tout ce qui se passe aujourd'hui nous conforte. Est-ce archaïque de critiquer la mondialisation libérale ? C'est quand même bien l'ouverture du capital de France Télécom qui plonge l'opérateur dans les difficultés. C'est bien la financiarisation à tout crin de la vie économique qui est responsable de la folie des Bourses. Et je ne parle pas de la façon dont les États-Unis mettent en scène leur leadership militaire et politique en voulant à tout prix frapper l'Irak. C'est consternant de voir certains socialistes trouver ce monde-là moderne. C'est de cela dont nous voulons débattre avec les sociaux libéraux et tous ceux qui, comme Hollande, bloquent les choix.

Vous avez été ministre de Lionel Jospin. Rejetez-vous son bilan en bloc ?
Non. Notre gouvernement était le plus à gauche d'Europe, du monde même. Des réformes très positives ont été menées, comme la CMU, l'allocation autonomie ou encore les 35 heures, qu'il faut absolument défendre bec et ongles. Mais la stratégie de Jospin qui consistait à dire On s'inscrit dans les normes de la mondialisation pour réaliser des avancées sociales a montré ses limites. C'est pourquoi nous parlons aujourd'hui de rupture, d'alternative au système actuel. J'ajoute qu'il n'était pas utile, en pleine campagne électorale, de se prononcer pour l'ouverture du capital d'EDF, comme l'ont fait Strauss-Kahn et Fabius. Il n'était pas utile de baisser l'impôt sur le revenu, ce qui a eu pour effet de favoriser les catégories les plus aisées. Il aurait été utile, en revanche, d'organiser une grande conférence salariale pour relancer la consommation, ce que Hollande a finalement refusé.

Vos idées sont-elles majoritaires au PS ?
Oui. Notre ligne l'emportera chez les militants. Le Congrès de Dijon en apportera l'éclatante démonstration. Après tout, le PS est un vrai parti de gauche, non ?

© Copyright Le Parisien Interactif

Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]