Lionel Jospin incarne
l'Europe du progrès

 A l'occasion du Conseil européen de Barcelone, qui fait le point de la stratégie économique et sociale de l'Union, Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes, explicite sa vision d'une europe plus démocratique et oppose l'Europe de Lionel Jospin à celle que défendent Jacques Chirac et Silvio Berlusconi.


 

Que pensez-vous des différentes propositions qui ont été faites jusqu'alors sur l'Europe par les candidats à l'élection présidentielle ?
Tout le monde est d'accord sur le fait que l'avenir de la France s'inscrit dans un horizon européen. L'Europe doit donc clairement faire partie du débat démocratique qui permettra aux Français d'élire, en conscience, leur nouveau Président.

Dans la lettre par laquelle Lionel Jospin a annoncé sa candidature, l'affirmation d'une France forte au sein d'une Europe puissance est l'un des cinq grands engagements pris envers les Français, qui seront détaillés au fil de la campagne. Mais n'oublions pas que, d'ores et déjà, c'est à Lionel Jospin que nous devons la vision la plus aboutie et la plus centrale de l'avenir de l'Union élargie, grâce à l'intervention prononcée, en mai dernier, non pas en tant que Premier ministre, mais comme responsable politique.

A Strasbourg, Jacques Chirac a avancé certaines idées, dont beaucoup ont été en fait empruntées à Lionel Jospin. Il y a cependant une contradiction entre la volonté d'une Europe plus forte et plus intégrée, qu'il affiche, et le modèle libéral qui inspire son projet pour notre pays. Jacques Chirac suggère, par ailleurs, qu'un nouveau Président du Conseil européen soit désigné par ses pairs. Peut-être, imagine-t-il enfiler un jour ce costume. Lionel Jospin a une autre ambition pour l'Europe : une Europe plus forte, mais aussi plus démocratique et plus proche des préoccupations des gens.

Quant aux autres candidats, je ne vois rien de bien nouveau du côté des euro-idolâtres, qui continuent sur le registre des incantations, sans s'attarder évidemment sur la méthode. Les souverainistes, eux, se font plutôt discrets, sans doute parce que le succès formidable de l'euro a en grande partie montré que les Français n'ont pas peur de la construction européenne. Je ne m'en plains pas.

Comment rendre l'Union européenne plus démocratique et plus proche des préoccupations des citoyens ?
Nos concitoyens savent faire preuve d'enthousiasme, lorsque la construction européenne leur apporte des bénéfices concrets : par exemple une monnaie unique, au service d'une Europe plus prospère et plus solidaire ; ou un espace commun de liberté, de sécurité et de justice, au service d'une Europe plus sûre ; une politique étrangère et une défense commune, au service de la paix, du développement et de la régulation, dans ce monde de plus en plus globalisé et injuste.

Comme l'a dit Lionel Jospin, la priorité doit donc être accordée au contenu du projet européen. Les Institutions de l'Union doivent être conçues pour servir ce projet, de la manière la plus efficace possible et en veillant à ce que nos concitoyens puissent s'y retrouver.

D'où la nécessité de veiller à la lisibilité de la construction européenne. Lionel Jospin est convaincu qu'il est possible de construire un espace démocratique à l'échelle de l'Union, d'aller vers une Fédération européenne des Etats-nations - expression d'aujourd'hui des Etats-Unis d'Europe jadis rêvés par Victor Hugo - en donnant plus de responsabilité politique à chacune des trois composantes de ce qu'on appelle le " triangle institutionnel " : Parlement européen, Conseil et Commission.

Aujourd'hui et demain se tient le Conseil européen de Barcelone qui fait le point de la stratégie économique et sociale de l'Union qui avait été définie en 1999 à Lisbonne. Comment la France pourra-t-elle défendre sa conception des services publics dans cette stratégie ?
Grâce à la mobilisation du Gouvernement de Lionel Jospin, la dimension sociale a été introduite dans la construction européenne. C'est cette mobilisation qui a permis l'adoption d'un agenda social européen, au second semestre 2000, sous Présidence française. Auparavant, dès 1997, nous nous étions attachés à réorienter les politiques économiques de l'Union pour qu'elles aient pour objectif la croissance et l'emploi.

Ce que l'on appelle le " processus de Lisbonne " - c'est-à-dire la stratégie économique adoptée, au printemps 2000, sous la Présidence d'Antonio Guterres - a l'immense mérite de lier l'indispensable effort de modernisation de l'économie européenne au progrès social. Il a été complété, depuis le Conseil européen de Göteborg, l'an dernier, par l'exigence de protection de l'environnement. Face à la tentation libérale, il convient de veiller au respect de l'équilibre entre l'ensemble de ces dimensions, qui fondent la spécificité du modèle européen de civilisation. Pourquoi devrions-nous accepter d'entrer dans un débat idéologique sur l'ouverture des marchés ou la propriété du capital des entreprises de service public, sans nous assurer, au préalable, que nos décisions permettent à tous les Européens d'avoir un égal accès à des services moins chers et de qualité ?

Ce ne sont certainement pas les amis politiques de Jacques Chirac, tels que Silvio Berlusconi ou José-Maria Aznar, qui sont les mieux à même de défendre ce modèle de civilisation, notamment l'Europe sociale ou la diversité culturelle. Là encore, Lionel Jospin incarne l'Europe du progrès, face à celle de la dérégulation. Nous pouvons compter sur sa détermination.

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