Un vrai congrès de refondation

Vincent Peillon
Intervention de Vincent Peillon, co-animateur du Nouveau Parti socialiste, lors du Conseil national de synthèse du 15 mars 2003.


 
Mes Chers Amis,
Mes Chers Camarades,

nous finissons aujourd'hui le temps du débat et des contributions. Est-ce que ce temps a été fructueux collectivement ? Je l’espère. Je crois toutefois que nous n'avons pas eu encore le débat que nous méritons et que ceux qui se reconnaissent dans nos valeurs, dans notre action et ceux qui considèrent que l'espoir ne peut venir que de nous, attendent encore.

Pourquoi ? Parce que, ce me semble, nous avons commis une erreur considérable, ou en tous cas certains l'ont fait au début du débat et des contributions, ce n'est pas une question de personnes, même si Jean-Luc a raison et les murmures l'indiquent, chaque fois que l’on blesse un socialiste par la médiocrité des attaques personnelles qui peuvent le viser, on blesse tous les socialistes.

La question est sur le fond. Nous souffrons très fortement de quelque chose que nous avons entendu à de multiples reprises et qui a été évoqué d'ailleurs à nouveau ce matin, l’indifférenciation - évidemment fausse - entre la gauche et la droite. Et nous avons reproduit - et c'est tout à fait malheureux - dans les contributions, quelles que soient les contradictions, cette même volonté d’indistinction et donc d’étouffement du débat.

Je considère - et il suffit de voir les textes, que sans avoir à durcir ou caricaturer les positions des uns ou des autres - que dans les contributions qui ont été proposées au débat et militants et qu’il est naturel de soutenir devant les militants, il y a des différences importantes.

Différences importantes, cela a été dit, sur l’interprétation du 21 avril, et les causes lourdes qui expliquent ce moment politique, et donc qui peuvent justifier derrière le projet que nous devons construire ensemble.
Différences nettes sur notre approche de la mondialisation ou de ce que certains préfèrent appeler globalisation, l’Europe comme réponse à cette mondialisation.
Différences lourdes sur la question de nos institutions et de la nécessité de faire revivre un pacte de confiance entre nos concitoyens et la politique.
Différences lourdes aussi sur les orientations concernant la question sociale, que ce soient les 35 heures, la lutte contre la précarité et la politique salariale ou - cela vient d'être rappelé - les retraites.

C'est de cela et de cela seulement que nous devons débattre à ce stade. Et c'est bien entendu par ce que ce débat doit avoir maintenant pleinement lieu que sans doute peut-être les différences se marquent davantage. Ce n'est pas nouveau d'ailleurs, nous avons mis très souvent - je m'en souviens, sur les 35 heures, sur la réduction des salaires, sur les " emplois-jeunes "... - longtemps à comprendre nous-mêmes parfois la nouveauté de ce que nous proposions et les premiers réflexes étaient souvent un peu crispés, ou conservateurs et parfois même dans le Parti, cumul des mandats, parité, nous avions du mal à choisir le parti du mouvement, c'était vrai aussi, cela a été rappelé, sur la rénovation.

Je crois que nous voyons mieux aujourd'hui les enjeux. Ces enjeux ne sont pas des enjeux de personnes, et d'ailleurs nos statuts nous indiquent bien que nous devons avoir le débat d'orientation avant de poser le moment venu la question des équipes et des personnes. Et aucun d'entre nous, je le crois, n'a envie ou peut-être intérêt à inverser aujourd'hui le calendrier dans le Parti.

Si nous voulons la clarification et si vraiment tout le monde la veut, il faut que nous menions ce débat dans le respect des uns et des autres car je dois dire que je suis étonné de voir l'assurance de certains qui s'émoussent, que l’on accepte de venir parler devant les militants, il y a longtemps que je pense, y compris pour avoir beaucoup vécu avec vous tous, que la politique n'est pas une science exacte, et nous pouvons avoir des appréciations différentes sur ce que doit être le statut du Sénat, sur le mandat unique, bien entendu sur l'élargissement.

Encore faut-il accepter le jeu de l'argumentation et ne pas tomber dans ces contradictions qui nous font du mal collectivement, comme celles que j'ai trop entendues - tu en conviendras François - dans les dernières semaines, à la fois vous dites la même chose que nous et pourtant vous êtes démagogues. J’ai ressenti là que le principe de non-contradiction n’était pas tout à fait respecté, ce qui semblerait quand même être élémentaire.

Donc nous avons à avancer, nous devons avancer sur nos propositions parce que ce serait quand même faramineux que tous les débats qui ont lieu dans la société n'aient pas lieu dans notre Parti. Et tous les débats qui sont soulevés aujourd'hui sur l'ordre public, social, sur la parité, sur les modes de vie démocratiques, sur l'élargissement, sont évidemment présents dans la société. Nous avons à les trancher par un vote des militants, ce sont les militants qui choisiront l'orientation du Parti. De ce point de vue aucun argument d’autorité - et je pense que les uns et les autres nous avons beaucoup circulé dans le Parti - ne vaudra aujourd'hui.

Donc faisons l'effort de mener le débat, respectons le vote des militants et si nous procédons de cette façon je pense qu'à Dijon nous pourrons avoir un vrai congrès qui effectivement permettra de proposer demain autre chose que ce que l'on proposait hier car là n'est pas le chemin de l'espoir. Et donc de faire de Dijon un vrai congrès de refondation.

Cela veut dire à la fois un nouveau projet, cela veut dire aussi bien entendu un nouveau parti capable de transformer ses pratiques et en retrouvant je l'espère l'idéal qui était celui de nos pères, de redonner à la gauche les couleurs qui lui font aujourd'hui trop défaut.


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