Ne pas esquiver la confrontation des idées

Julien Dray vient de quitter votre mouvement avec fracas. Ce départ risque t-'il de briser la dynamique suscitée par le NPS parmi les militants ?

Cette clarification était indispensable puisque nous avions une divergence profonde sur notre orientation. Julien ayant souhaité rejoindre François Hollande alors que le NPS a toujours affirmé qu'il proposerait une motion au vote des militants.
Cette clarification permettra au contraire de reprendre le débat de fond que nous souhaitons pour le PS et de relancer notre dynamique. Lorsqu'on veut faire croire que tout le monde pense la même chose, on esquive la confrontation des idées et il ne reste plus alors que les oppositions de personnes. Cette méthode, apparemment celle choisie par François Hollande, n'est pas la bonne. Il faut redonner un peu de hauteur à ce congrés et accepter de discuter sereinement de nos divergences. Ce dont nous avons collectivement besoin, c'est d'un congrés de débat et non pas d'appareil, de clarification et non pas d'arrangements, de refondation et non pas de congélation.

Quelles sont les divergences avec François Hollande qui justifient le dépôt d'une motion ? Irez-vous jusqu'à présenter un candidat au poste de premier secrétaire ?

Notre vocation est de faire en sorte que le PS prenne réellement en compte les causes qui ont conduit au 21 avril et qu'il soit capable de construire un projet de nature à éviter le reproduction d'un tel échec...

François Hollande ne dit pas autre chose !

Non. François Hollande ne mesure pas la nécessité d'opérer des ruptures par rapport à nos orientations passées, sur la construction européenne, sur les institutions, sur l'ordre public social.

Il ne doit donc pas rester premier secrétaire ?

Chacun a bien compris que ce n'est pas la question majeure de ce congrés. Les considérations d'alliance ou de pouvoir ne sont pas du tout notre préoccupation.

Pourtant vous êtes soupçonnés, voire accusés, Arnaud Montebourg et vous de fomenter une alliance contre François Hollande avec Henri Emmanuelli. Qu'en est-il ?

Aucunement. Notre méthode n'est pas la négociation de chapelle à chapelle - ce que fait actuellement François Hollande - mais de défendre nos idées devant les militants. Hier soir, Arnaud Montebourg tenait meeting dans l'Aude. Je serais ce soir à Brest.

Marc Dolez, secrétaire de la fédération du Nord, a exprimé la semaine dernière dans nos colonnes le souhait de voir ses propositions de réforme des statuts du PS reprises par votre motion. Y êtes-vous prêts ?

Marc Dolez porte une volonté forte et intransigeante de rénovation. Nous partageons avec lui cette volonté de mieux entendre les militants et l'objectif que le congrés de Dijon ouvre un nouveau cycle politique. Il est naturel que nous nous rencontrions pour discuter de la meilleure façon de faire valoir cette volonté et cet objectif communs.

François Hollande travaille à la recherche de convergences avec les différents auteurs de contributions générales. N'y en a-t-il aucune entre vous et lui ?

Si, évidemment, mais il y a encore de sérieux désaccords. Nous ne croyons pas, comme il le dite, que l'élargissement de l'Europe est un heureux événement. Il faut refuser aujourd'hui le délitement du projet européen dans une simple zone de libre-échange. Nous considérons aussi qu'il faut non pas moderniser nos institutions, mais les changer par l'instauration d'une VI^ème République capable de restaurer la confiance entre les citoyens et leur représentation politique.
Nous considérons enfin qu'il faut lutter avec beaucoup plus de force contre les inégalités et le désordre public social qui s'est progressivement installé dans notre société et dans le monde du travail.