Constitution européenne
Le oui de Jospin est un oui de résignation

Manuel Valls

Entretien avec Manuel Valls, député de l'Essonne, maire d'Évry, paru dans Le Parisien daté du 23 septembre 2004.
Propos recueillis par Philippe Martinat
 

Quelle impression générale retirez-vous de la lecture de la tribune de Lionel Jospin ?
J'apprécie qu'il respecte le point de vue de ceux qui ne partagent pas la même analyse que lui sur le traité européen, ce qui n'a pas été le cas, à ma grande tristesse, de Michel Rocard. Son argumentation très cohérente ne m'a cependant pas convaincu. Je reste partisan d'un non d'espoir face à ce qui m'apparaît de la part de Jospin comme un oui de devoir et presque de résignation.

Pour l'ancien Premier ministre, le traité n'est pas une Constitution mais un simple « règlement intérieur de l'Union élargie »...
Si c'était le cas, cela ne mériterait en effet ni le débat passionné engagé au PS ni le référendum appelant le peuple à se prononcer. Je considère, moi, qu'il s'agit d'une véritable Constitution dont la révision est quasi impossible et qui fige durablement les politiques économiques, sociales et fiscales dans une logique libérale.

Jospin qualifie de « chimérique » la thèse de ceux qui pensent qu'une crise européenne serait salutaire...
Nous ne sommes plus dans les années 1990 où la construction européenne était fragile, où tout pouvait encore revenir en arrière. La victoire du non ne provoquerait pas une crise : l'Europe à 25 ou à 27 sera toujours là, l'euro restera la monnaie commune, et l'actuel traité de Nice s'appliquera quoi qu'il arrive jusqu'en 2009. Le non permet de construire l'avenir sur des bases différentes. Avec le oui, au contraire, l'Europe s'enfoncera dans une crise institutionnelle, politique et citoyenne.

Son intervention pèsera-t-elle en faveur du oui ?
Sa parole est loin d'être négligeable et sa contribution éclaire le débat, sans dramatiser l'enjeu comme le fait Hollande. Je suis d'accord avec Lionel lorsqu'il souligne qu'il ne faut pas mélanger les débats et que la question ne sera pas, lors du référendum, de sanctionner ou non Jacques Chirac. J'ai le sentiment que les militants socialistes sont en train de se faire une opinion en écoutant les arguments échangés et qu'ils choisiront ensuite très librement.

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