Parler de scission est dangereux

Manuel Valls
Entretien avec Manuel Valls, député de l'Essonne, maire d'Évry, paru dans le quotidien Le Figaro daté du 20 août 2005
Propos recueillis par Nicolas Barotte


 

Le ton monte au sein du PS. Êtes-vous inquiet par la tournure du débat ?
Faut-il rappeler à chacun que notre tâche la plus importante est de bâtir un projet pour 2007 ? Nous devons présenter une alternative à la droite et sortir ce pays de la crise politique, sociale et morale dans laquelle il se trouve. Les anathèmes ne servent à rien. D'autant plus qu'ils sont rarement assortis de la moindre proposition. Chacun doit garder son calme et travailler précisément aux orientations de fond du parti.

Y a-t-il un risque de scission, comme le dit Michel Rocard ?
Le propos est exagéré et ne correspond pas à la réalité. Parler de scission est dangereux et nous éloigne des débats essentiels : renouveler le logiciel du PS, mais aussi de la social-démocratie européenne, pour répondre à la crise de l'Europe, faire face à la mondialisation ou encore refonder la République. Les socialistes ont connu et connaissent des débats qui parfois les divisent. Mais les forces qui mènent au rassemblement l'emporteront.

Le clivage issu du référendum n'est-il pas devenu structurant au PS ?
J'ai moi-même défendu le non mais je n'ai jamais cru que le non était fondateur. Certes, il faut être à l'écoute du vote. Dire que le 29 mai ne serait que l'aboutissement de peurs et la victoire du populisme serait une erreur. Mais il n'y aura pas de majorité au PS sur la base du non. Il faut dépasser ce clivage.

Le PS peut-il dépasser ce clivage si la direction issue du congrès ne regroupe que des partisans du oui : Hollande, Strauss-Kahn, Aubry, Lang...
La seule question qui vaille c'est la clarté du projet, sur le fond mais aussi sur les alliances à gauche. Il est difficile de bâtir un projet avec l'extrême gauche ! Il faut être clair aussi sur la direction du PS. Si on propose une majorité alternative, il faut dire avec qui et notamment avec quel premier secrétaire. La majorité sortante a cette clarté. Mais elle doit être capable de s'ouvrir à ceux qui font des propositions, comme Jean Glavany, Gaëtan Gorce ou Christophe Caresche, ou à ceux qui ont pu défendre le non comme Serge Janquin ou moi. Il faut aussi tendre la main à d'autres forces, par exemple aux membres du NPS. Le congrès n'est pas joué.

Les électeurs de gauche qui ont voté non vont-ils s'y retrouver, si des responsables, comme Laurent Fabius par exemple, sont mis en minorité ?
Les électeurs de gauche se sont déterminés en fonction de leur idée de l'Europe et du sens qu'elle ne porte plus. Ils ont rejeté le pouvoir actuel. Ils se sont interrogés sur la façon de faire de la politique. Mais ils n'ont pas exprimé une préférence pour les uns ou les autres.

N'y a-t-il pas une part d'hypocrisie à dire que le congrès ne servira pas de prédésignation du candidat socialiste à la présidentielle ?
Je regrette que l'élection présidentielle vampirise tout le débat politique. Mais aujourd'hui la question n'est pas posée. Personne ne s'impose au PS pour porter nos espoirs.

© Copyright Le Figaro


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