Pour un Nouveau |
III/ Une croissance forte, | |
Le retour au plein emploi et l'amélioration du niveau de vie des Français appellent une politique de croissance - de croissance forte, durable et solidaire - si évidemment nécessaire dans une France et une Europe où coexistent, d'un côté, tant de chômeurs, de l'autre tant de besoins insatisfaits. A rebours des sociaux-libéraux qui séparent l'économique du social, en donnant naturellement la priorité au premier, et limitent le rôle de la puissance publique à la réparation des dégâts sociaux de la mondialisation, nous pensons que progrès économique et justice sociale peuvent et doivent aller de pair. "Il faut produire avant de redistribuer" disent-ils, comme si le choix des biens et services à produire et leur quantité ne dépendait pas de leur répartition. Nous sommes persuadés, nous, qu'une juste répartition des fruits de la croissance constitue une condition de son dynamisme et sa pérennité. Nous estimons que notre pays, dont une partie des capacités de production reste inemployée, souffre aujourd'hui avant tout d'une demande insuffisante, due aux effets très négatifs de la politique anti-sociale de la droite sur le pouvoir d'achat des ménages, et en particulier des plus modestes, dont la propension à consommer est la plus élevée. A l'inverse, la bonne stratégie est d'enclencher un cercle vertueux qui associe gains de pouvoir d'achat, restauration de la confiance des agents économiques, croissance de la consommation, d'où de l'investissement et de l'emploi, et donc in fine de la production et des revenus. Ce cercle vertueux exige une politique économique volontariste - salariale, budgétaire, fiscale - qui n'ignore pas la nécessité de tenir compte de certains grands équilibres, mais ne s'y soumet pas. L'Etat, notre Etat, l'Etat des citoyens, n'est pas un "arbitre" car les joueurs n'y sont pas à égalité. Il doit donner, démocratiquement, une direction et une impulsion à la vie de la Nation. L'acceptation de l' " économie de marché " recouvre ainsi trop de renoncements car elle sous-entend que l'économie ne peut avoir qu'un seul guide : le marché. Or, peut-il y avoir économie de marché au sens strict sans société de marché comme si, une nouvelle fois, économique et social étaient étanches ? Sans instabilité financière, sans crises récurrentes ou sans déséquilibres durables de sous-emploi ? Nous ne le croyons pas. Il faut donc plutôt parler d'une " économie avec marché ", qui fasse une large place à l'action consciente de la collectivité publique, et qui comprenne en son sein différentes formes de production, notamment, et de plus en plus, non-capitalistes et/ou non-marchandes : coopératives de production, entreprises reprises par leurs salariés, notamment dans le cas de sociétés en difficulté (le dispositif existant devant être rendu d'un usage plus facile et plus répandu), économie sociale et solidaire, entreprises à finalités sociales, notamment de réinsertion, et bien sûr services publics, fondés sur le principe de gratuité et de péréquation tarifaire. Comment rendre du pouvoir d'achat aux salariés et aux ménages ? La richesse est produite collectivement; elle doit être répartie équitablement. Il faut à la fois, d'une part, modifier la répartition des revenus, en favorisant l'accroissement des salaires et d'abord des travailleurs les moins favorisés, d'autre part, mener une politique active, et sans complexes, de redistribution des revenus, en faveur des ménages les plus modestes. Certains parmi nous ont acté ce nouveau partage entre le capital et le travail et proposent de compléter les salaires par la Prime Pour l'Emploi, l'épargne salariale ou la défiscalisation des stock-options. Nous refusons de considérer fatal ce partage inégal de la richesse produite. Il est socialement injuste et, économiquement inefficace. Notre priorité c'est la revalorisation des salaires, c'est à dire de la rémunération directement liée au travail. Il y a un paradoxe dangereux à constater à la fois : Que d'une part, notre pays crée chaque année de plus en plus de richesses et que la redistribution de ces richesses rémunère de mieux en mieux le capital et de moins en moins bien le travail. Que d'autre part, on dénonce un niveau d'aide sociale trop élevé qui n'incite pas à la reprise d'emploi et que simultanément, avec la PPE, c'est l'Etat qui met la main à la poche pour compléter les revenus des salariés les plus modestes parce que leur salaire est devenu trop faible. La réalité c'est qu'aujourd'hui notre économie, à l'heure des comptes, n'en fait surtout pas assez pour les salaires. Notre objectif politique prioritaire et donc d'inverser la logique de ce partage inéquitable entre le capital et le travail. Rien ne justifie que l'Etat libère, grâce à la PPE, les entreprises de l'obligation, par la négociation sociale, de redistribuer les gains de productivité sous forme d'augmentation de salaires. L'Etat n'a pas à sacrifier des dépenses publiques par ailleurs indispensables au maintien de la cohésion sociale, au financement de ses missions régaliennes, à la relance de l'investissement public, pour venir au secours d'une mécanique infernale qui favorise la rente sur le travail. 1- Le salaire, moteur de la croissanceChacun doit mesurer, selon les leçons du 21 avril, les dangers qui guettent notre société, dans l'apparition du conflit qui s'installe entre les travailleurs pauvres et ceux pris dans les filets de l'assistance, affrontement de voisinage social entre Smicards et Rmistes. Mais aussi de façon générale du fait du tassement des salaires. Un salarié sur deux gagne moins de 1 311 euros (8600 F). Deux salariés sur trois gagnent moins de 1 524 euros (10 000 F). Le problème des salaires est déterminant en France. Nos salaires, en France, même pour des salariés très qualifiés, n'ont pas suivi les gains de productivité, ni la croissance.
Des salaires décents La solution est de mettre en place une politique salariale digne de ce nom. L'émergence des travailleurs pauvres n'est pas admissible. C'est une pente à laquelle il ne faut pas s'abandonner, même si il s'agit de la pente naturelle de l'idéologie libérale. Dans ce domaine, notre pays n'a pas à être fier de ses performances. La part des salaires a reculé de plus de dix points entre 1995 et 2000. Malgré des discours martiaux tenus par les uns ou par les autres, il n'est ni moderne ni juste. Augmenter fortement le Smic Le Gouvernement Raffarin prétend qu'il va effectuer une hausse du Smic de 11,4 % qui concernerait les 2/3 des smicards afin de "rattraper" l'écart entre les "six Smic" : c'est là pure escroquerie. En fait, seulement un travailleur au Smic sur cinq, soit moins de 600 000 des 2,68 millions de smicards, est concerné par la "hausse" du Smic annoncée par François Fillon, qui prévoit que ce "rattrapage" s'effectuera en trois ans. Pendant ce temps, entre 2004 et 2006, 80 % des travailleurs au Smic, plus de deux millions de personnes, verront leur pouvoir d'achat régresser ou, au mieux, stagner. Nous voulons corriger cela et organiser un plan quinquennal de revalorisation substantielle du Smic.
Les minima conventionnels indexés sur le Smic De façon générale, le patronat refuse de négocier les salaires. Aujourd'hui 80 % des minima conventionnels sont en dessous du Smic, malgré tous les efforts, malgré tous les rappels à l'ordre. C'est une remise en cause indirecte du Smic, puisque celui-ci n'est atteint qu'avec des compléments sous forme de primes et autres. Nous proposons que les minima conventionnels soient automatiquement ajustés par la loi sur le niveau du Smic et que tout élément négocié vienne en sus. Des négociations salariales vivantes Il y a de moins en moins de grilles actualisées des salaires, des métiers, des qualifications dans les conventions collectives. Le patronat leur préfère l'individualisation des salaires provoquant une dégradation des rapports salariaux. Il faut peser pour encourager, développer à nouveau les négociations de salaires collectives, à tous les niveaux. Les diplômes nationaux, la validation des acquis de l'expérience professionnelle doivent être introduits dans toutes les conventions, de façon à ce que la promotion sociale ait à nouveau un sens, à ce que les carrières soient à nouveau progressives. Cela implique que des grilles salariales, adaptées et actualisées à l'évolution des métiers et des techniques figurent obligatoirement dans tous les accords nationaux. On ne le sait pas assez mais depuis 1936 -et c'est l'un des grands acquis de la gauche -, il est du ressort de la puissance publique d'imposer les conditions pour que soient "étendues" les conventions collectives. Donc il est du rôle du gouvernement d'imposer que des grilles précises de salaires soient réintroduites comme condition sine qua non de l'extension d'une convention collective. Chaque année se déroulera une véritable conférence salariale tripartite, pour encadrer et planifier le ré-équilibrage indispensable des salaires, directs (net) et indirects (cotisations sociales des salariés et les cotisations patronales) Le soutien de la puissance publique aux petites entreprises Les petites et très petites entreprises ont besoin d'allègement de coûts, d'aides à l'emploi, de crédits d'impôt. Autant les grandes entreprises ont majoritairement des marges suffisantes pour payer les progrès salariaux, autant les petites entreprises doivent bénéficier d'aides spécifiques. L'intervention de l'Etat sous formes d'aides doit se faire différemment selon des seuils sociaux en aidant massivement les petites, en orientant les grandes vers une meilleure répartition. Le salaire (direct et indirect) doit augmenter en même temps qu'évoluent les besoins sociaux et que progresse l'économie. Ceci n'empêche nullement, en respectant les bases des salaires directs, d'élargir l'assiette des cotisations, de déplafonner selon les salaires, de faire cotiser notamment les entreprises à faible taux de main d'œuvre sur la valeur ajoutée, là où la machine a remplacé le salarié. Conduire la bataille du salaire minimum unique européen À monnaie unique, salaire minimum unique ! Comme la monnaie unique a été mise en place de façon volontariste, on peut établir un panel de salaires, fixer des modalités transitoires, et un calendrier précis sur cinq ou six ans. La volonté qui a présidé à la naissance de l'euro doit être aussi forte pour un salaire minimum: l'euro a été aligné au plus niveau sur le mark, le salaire minimum doit aussi être aligné sur le plus élevé. Encore davantage avec l'élargissement de l'Europe, l'élément clef de toute avancée concrète vers une Europe sociale, c'est la mise en place d'un salaire minimum unique européen. En même temps que nous donnerons une priorité aux salaires dans notre pays, il faut initier, défendre, développer la perspective d'un salaire minimum européen, non pas comme un simple slogan de routine, mais comme une proposition concrète et urgente à débattre et à planifier. Elle seule empêchera le "dumping social", l'alignement par le bas, la concurrence déloyale, au détriment des droits sociaux des travailleurs. L'égalité homme-femme dans le travail A travail égal, salaire égal au même niveau de qualification, et entre les femmes et les hommes. Une situation qui fait se côtoyer des salariés sur des mêmes postes de travail mais qui, alors qu'ils ont qualification, ancienneté, et expérience acquise égales, n'ont pas le même salaire est une situation intolérable. C'est devenu un fait courant, un déni de droit, une source de division inacceptable. Le rétablissement d'un seul Smic, de grilles de salaires actualisées doit tendre à éradiquer ce phénomène destructeur de tout principe de solidarité. Mais encore faut-il corriger des effets pervers par exemple qui amènent des salariés travaillant " à temps partiel à 34 h " à recevoir infiniment moins que la différence d'une heure qui les sépare du salarié qui reçoit 35 h payées 39 grâce à un " complément différentiel ". Même taux horaire, même salaire mensuel pour tous " à travail égal ". Surtout pour les femmes qui continuent à recevoir en moyenne 27 % moins que les hommes ! Il convient d'imposer le principe "à travail égal, salaire égal" en introduisant les pénalités qui manquent dans le Code du travail. L'inspection du travail, ou bien les syndicats, doivent pouvoir saisir le juge en procédure de référé dés qu'une discrimination de ce type est constatée, le juge ayant le droit de fixer des astreintes jusqu'à ce que la régularisation s'opère - selon le principe de la clause de faveur régissant le Code du travail. 2- La révolution fiscaleLa fiscalité est un moyen essentiel de la lutte contre les inégalités et la précarité. C'est aussi le moyen privilégié pour restaurer l'action publique et financer les services publics et pour bâtir une Europe-puissance capable de combattre la mondialisation libérale. Réaffirmer le lien entre les valeurs socialistes et les réformes fiscales réclame de remettre en cause certains avantages particuliers qui, pour nous socialistes, vont à l'encontre de l'égalité économique, politique et sociale. Mettre la fiscalité au service de nos choix politiques L'impôt en France n'assure pas la redistribution des richesses. Le salarié payé au SMIC supporte à peu près autant de prélèvements obligatoires (taux de prélèvements obligatoires de 45 %) que le salarié qui gagne 15 fois le SMIC (taux de prélèvements obligatoires de 56 %). Ainsi, les inégalités se sont progressivement creusées au cours des cinq dernières années. L'impôt en France n'incite pas les entreprises à créer des emplois stables et à préserver notre système de protection sociale. La petite PME créatrice d'emplois locaux est autant taxée que la multinationale qui embauche des contrats précaires ou délocalise une partie de son activité pour exploiter de la main d'œuvre à bas prix. L'impôt en France pèse presque exclusivement sur le travail : la taxation des revenus du capital est faible par rapport à celle du travail qui supporte tout le financement de la protection sociale. La taxation du patrimoine épargne ainsi trop largement les véritables détenteurs du capital. De telles aberrations doivent cesser, nous devons remettre la fiscalité au service de nos objectifs politiques : volonté générale de redistribution d'une part, incitation aux comportements socialement responsables d'autre part. La révolution fiscale est aussi indispensable pour faire adhérer le citoyen à l'impôt démocratique et librement consenti. L'ensemble des citoyens doit se sentir responsable de sa contribution républicaine : les niches fiscales doivent être remises en question, la fraude sévèrement réprimée. La révolution fiscale n'a de sens que si elle se fait au service des principes politiques que nous défendons. L'impôt doit voir son rôle redistributif pleinement renforcé. Le capital doit participer plus largement au financement de l'action publique et du financement de notre système de protection sociale. L'impôt et le crédit d'impôt doivent redevenir un moyen de pression sur les entreprises pour encourager la création et la pérennité d'emplois stables et décemment rémunérés. Enfin, la politique fiscale européenne doit permettre d'affirmer la souveraineté démocratique de l'Union face au libéralisme des marchés. L'impôt est ainsi une arme pour faire plier les lois économiques du marché devant nos objectifs politiques. Au premier chef, les prélèvements fiscaux et sociaux doivent inciter les entreprises à produire sans sacrifier la rémunération des salariés et l'emploi au profit. Toutes les exonérations fiscales et sociales accordées aux entreprises doivent donner lieu à des contre parties garanties en terme de choix politiques des citoyens : création d'emplois stables, le respect de notre protection sociale, la promotion de l'égalité homme-femme, le respect de l'environnement. Chaque entreprise bénéficiant d'allègements ou d'exonérations doit se comporter en entreprise citoyenne qui prend des engagements et les respecter de manière à garantir les droits et les devoirs des acteurs des politiques publiques. Aucune exonération fiscale ou sociale ne doit être accordée aux entreprises sans des contreparties concrètes, et en premier lieu, l'obligation de créer des emplois stables et rémunérés à leur juste valeur. De plus, l'irrespect des engagements pris devra entraîner le remboursement des aides fiscales indûment perçues. La redistribution par l'impôt ne résout pas la question du partage de la richesse entre capital et salariés, mais peut permettre de corriger en partie les plus fortes et les plus symboliques des inégalités. Notre orientation est de mettre à contribution le capital pour le financement des services publics et de la protection sociale. Actuellement, ces financements sont trop largement supportés par le travail et la consommation des classes moyennes et défavorisées. Le nouveau Parti socialiste veut étendre l'assiette des cotisations patronales pour la faire reposer sur la valeur ajoutée des entreprises. Le basculement des cotisations salariales sur la CSG doit être poursuivi, pour faire véritablement participer tous les revenus, du travail comme du capital, au financement de notre système de protection sociale et tout particulièrement aux défis de la santé et des retraites. L'impôt sur la personne : simple, transparent et redistributif Il faut réhabiliter l'impôt sur la personne, ce qui suppose de le rendre plus simple, plus efficace, plus juste. Les réformes fiscales engagées pendant les cinq dernières années ont manqué de lisibilité politique (prime pour l'emploi) quant elles ne sont pas allées à l'encontre des convictions socialistes qui nous animent (baisse de l'impôt sur le revenu). Ces dérives doivent être combattues, l'impôt sur le revenu doit redevenir le symbole citoyen de notre système fiscal. Pour réintroduire la justice et la progressivité des prélèvements, nous voulons fondre la CSG, la CRDS l'impôt sur le revenu et les impôts locaux dans un seul impôt universel, transparent et progressif. Cet impôt permettra de réduire les impôts indirects, impôts injustes qui pèsent le plus lourdement aujourd'hui. Tous les citoyens contribueront ainsi à l'impôt, même de façon symbolique, celui-ci sera le garant du lien de solidarité et de citoyenneté entre les différents acteurs de la société. Le total des impôts ainsi énumérés permettrait de passer d'un IR à 3% du PIB à un IR à 8,5% du PIB. Dans ce cadre, la prime pour l'emploi pourrait être supprimée et le grand IR se substituer ultérieurement à certaines cotisations sociales de manière à étendre l'assiette de financement de certaines dépenses sociales nécessaires. Il sera possible de faire disparaître le quotient familial et le quotient conjugal, ouvrant la voie à une imposition séparée. La retenue à la source sera facilitée par cette réforme. L'ensemble des revenus financiers qui représentent aujourd'hui 15% du revenu disponible des ménages (contre 40% pour les salaires nets) doivent être réintégrés dans l'assiette de l'IR. Les recettes de ce grand impôt alimenteraient à la fois les caisses de l'Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités locales. Pour répondre aux exigences d'autonomie fiscale des collectivités locales, il devrait s'accompagner de la possibilité d'une modulation locale votée sous forme d'euros additionnels par les assemblées délibérantes. Ce nouvel impôt permettra une révolution de la fiscalité locale, en supprimant la taxe d'habitation totalement injuste. En liant le prélèvement local au niveau de revenu, la solidarité entre les territoires de la France sera pleinement renforcée. L'impôt citoyen doit par lui-même être égalitaire, en respectant une idée simple : le même revenu d'activité (quelle que soit l'activité considérée) doit être frappé du même niveau de prélèvement. L'ensemble des revenus financiers doit donc être intégré dans l'assiette de l'impôt citoyen unique et doit arrêter d'échapper, comme c'est le cas aujourd'hui, à la taxation pleine et juste. Revoir la fiscalité des patrimoines La répartition de la fortune apparaît très inégalitaire, encore plus que celle du revenu. Notre imposition sur le patrimoine privé est plus faible que celle des Etats-Unis, de la Grande Bretagne ou du Japon. C'est pourquoi nous proposons de définir, comme cela existe dans d'autres pays, un véritable impôt sur le capital et non pas un simple impôt sur les biens immobiliers comme l'est aujourd'hui l'ISF qui ne recouvre en l'état que 10 % du patrimoine des particuliers. Son produit ne représente lui-même que 10% de l'imposition du capital contre 25 % pour les droits de mutation dont les seuils sont largement inférieurs, ce qui est à la fois injuste et anti-économique. Créé à des fins explicites de redistribution, l'ISF épargne aujourd'hui les formes de richesse les plus somptuaires ou les plus rentables, œuvre s d'art et biens professionnels. Il conviendrait d'élargir l'assiette à la propriété sous toutes ses formes, d'abaisser le seuil de taxation et de rendre le barème plus progressif. En contrepartie, les droits de mutation devront être fortement réduits. Une partie des gains fiscaux ainsi réalisés pourrait être affectée à la consolidation des régimes de retraite par répartition, via le Fonds de réserve des retraites. 3- Vers un pacte de croissance européenLe soutien à la croissance requiert également une politique monétaire et budgétaire active et appropriée. A cet égard, l'Union européenne doit cesser d'être un carcan pour devenir le moyen de politiques de croissance, nationale et communautaire, plus ambitieuses et plus adaptés aux besoins, selon les moments et les pays. Il faut remettre en cause les objectifs monétaristes assignés à la Banque Centrale Européenne et les critères de Maastricht, c'est-à-dire la conception restrictive et notariale des finances publiques qui est celle du mal nommé " pacte de stabilité et de croissance " - sa stupidité étant d'ailleurs largement reconnue. Les Pères fondateurs de l'Union européenne, dans les années 50, n'imaginaient sans doute pas que leur création deviendrait un jour le gardien tatillon de l'orthodoxie financière, et que des comptables, en son nom, adresseraient des injonctions à des élus du peuple et imposeraient des sanctions. Le retour à l'équilibre des finances publiques n'a pourtant aucun intérêt s'il ne s'accompagne pas du retour au plein emploi, une telle conjonction témoignerait même d'une dramatique inversion de priorités. Aussi faut-il redonner des marges de manœuvre aux finances publiques pour qu'elles puissent, si nécessaire, relancer la croissance. Celle-ci constitue d'ailleurs in fine le seul moyen de combler rapidement et durablement les déficits. Le seuil de 3% permettant de qualifier un déficit d'" excessif " devrait en conséquence s'appliquer au solde structurel, c'est-à-dire au solde financier prenant en compte l'effet des fluctuations conjoncturelles, et autoriser temporairement des déficits sensiblement plus élevés - quand les circonstances sont défavorables, comme actuellement. La Commission européenne éviterait ainsi de prescrire une saignée à un anémique. Ce plafond de 3 % ainsi redéfini, impliquant naturellement un solde inférieur en moyenne, suffit à lui seul à prévenir toute dérive des finances publiques à long terme. En particulier, il est parfaitement compatible avec l'objectif de contenir la dette publique en deçà de 60% du PIB, pourvu que la croissance atteigne un niveau normal. 4- Des relations nouvelles avec l'entrepriseLe soutien à l'activité économique ne se réduit naturellement pas à la stimulation de la demande, même si elle est primordiale. Les années récentes ont montré que le chômage refluait rapidement à partir d'un taux de croissance de 3% et l'économie française ne peut se maintenir durablement sur une pente aussi favorable sans un développement important de ses forces productives. Il faut donc également mener une politique d'offre mais une politique d'offre de gauche, qui ne consiste pas à réduire les cotisations sociales ou à "assouplir" le droit du travail, comme le préconisent les sociaux-libéraux. Il s'agit d'inventer des relations nouvelles avec l'entreprise en créant un cadre durablement favorable à leur développement, en relançant la politique industrielle, en agissant pour les petites entreprises et la création d'entreprises et en soutenant les formes sociales de productions. Garantir la sécurité économique par une régulation renouvelée Les entreprises demandent d'abord de la stabilité économique : garantir un cadre économique durablement favorable à l'investissement et à la définition de stratégies de conquêtes de marchés est une des premières conditions de la croissance. L'actualité de ces derniers mois montre combien les graves dysfonctionnements du capitalisme financier implique de repenser le rôle régulateur de l'Etat : effondrement des valeurs de la nouvelle économie, crise de confiance née des énormes scandales comptables (Enron, Worldcom, Ahold), impasse de la course à la rentabilité des fonds propres. Même les plus libéraux appellent l'Etat au secours de marchés devenus fous ! Face à l'échec de l'autorégulation des entreprises et des marchés, de nouveaux outils de l'action publique doivent être élaborés. Il conviendra de repenser et de renforcer la régulation en donnant à l'Etat, éventuellement dans un cadre européen, le pouvoir de fixer les règles et d'en faire respecter l'application. Il faudra aussi lutter contre les conflits d'intérêts (entre intérêt de long terme et maximisation des plus-values, entre objectivité supposée de l'analyste financier et impératifs commerciaux de son employeur, entre Etat actionnaire et Etat régulateur). Un des moyens privilégié sera le renforcement des contres pouvoirs. Des auditeurs plus libres face à leurs clients ; des actionnaires plus responsables des dérives de leur conseil d'administration ; des salariés associés aux décisions stratégiques par la présence d'au moins un représentant des salariés au conseil d'administration ou au conseil de surveillance ; des bourses de valeurs et organisations professionnelles ayant un devoir d'ingérence en cas de comportement financiers déloyaux. Il s'agit aussi de repenser les niveaux de réponse de cette régulation. Une stratégie européenne s'imposera pour la mise en place d'une autorité boursière performante, l'élaboration des normes comptables internationales et la définition de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Relancer la politique industrielle et de recherche Longtemps revendiquée comme l'un des piliers de notre identité, la politique industrielle est à ranger dans la liste des décisions de Congrès qui n'ont trouvé que bien peu de traduction dans nos choix gouvernementaux. Pourtant, la modernisation de notre système productif et l'organisation de la pérennité de notre croissance économique impliquent une relance de la politique industrielle. L'objectif doit être d'apporter un soutien décisif à la montée en puissance de nouveaux secteurs de haute technologie ou à d'autres secteurs stratégiques, en particulier quand le retour sur investissement est particulièrement long ou quand l'indépendance nationale l'impose. Technologies de l'information et de la communication, biotechnologies, optique, nanotechnologies, technologies de l'environnement sont les témoins déjà clairement identifiés de la croissance à venir. Face à la mobilisation publique surpuissante des Etats-Unis dans ces domaines, la France et l'Europe peinent à définir des stratégies et à mettre en œuvre des financements qui représentent aujourd'hui 20 % seulement de l'investissement américain. Une réforme de la bureaucratie européenne, une révision du dogme de l'apologie de la concurrence qui empêche toute émergence d'entreprises capable de rivaliser avec la dixième entreprise américaine, un soutien renforcé à la recherche publique nationale et européenne qui reste de grande qualité sont les conditions indispensables à ce renouveau de notre politique industrielle. Au-delà, nous proposons une grande mobilisation nationale et européenne pour le développement technologique et industriel. Cette action d'envergure mobilisera plusieurs acteurs. L'Europe doit renforcer ses financements de recherche et de développement dans les secteurs précités. L'Europe, encore, devra perfectionner l'articulation entre acteurs publics et privés pour définir un régime de cession des brevets et des licences mutuellement profitables, relancer les dépôts de brevets, les actions de valorisation et le soutien financier aux entreprises innovantes. Au niveau national, un premier plan d'encouragement à l'innovation technologique a été mis en œuvre en 1999. Bien que trop peu valorisée politiquement, cette action a donné des résultats très positifs et a permis que nous gardions une présence scientifique et industrielle dans certains secteurs clés (biotechnologie, TIC). Il est indispensable de renforcer ces politiques d'amélioration du cadre fiscal et réglementaire des entreprises innovantes, de consolider les partenariats entre secteur industriels et système d'éducation - formation recherche et surtout d'alléger les règles administratives qui entravent ces relations. Au niveau territorial, l'organisation du développement scientifique et technologique pourrait être l'occasion unique de redéfinir par le haut nos politiques d'aménagement du territoire : A la vision malthusienne du développement (certains territoires pauvres doivent être aidés par la relocalisation d'administrations par exemple) serait substituée une vision développementaliste : l'organisation des filières de développement technologique gagne en effet a être géographiquement localisée afin que se construisent les partenariats entre acteurs publics (Région, Départements, Universités, Centres de Recherche) et privés (entreprises). La politique de filière territorialisée optimisera l'investissement public et permettra à un territoire d'être identifié autour d'un projet, ouvrant ainsi des perspectives pour les habitants de celui-ci. Il conviendra enfin que notre pays soutienne beaucoup plus fortement sa recherche publique. Alors qu'aujourd'hui, face aux difficultés budgétaires, le Gouvernement Raffarin coupe massivement l'investissement public de recherche jusqu'à stopper le financement de pans entiers de notre effort nationale et bloquer tout nouveau grand équipement. Il faut renverser la tendance, porter l'effort public de recherche à 2 % du PIB et le " sanctuariser " budgétairement. Il faut aussi amplifier le crédit d'impôt recherche en prévoyant des règles de calcul plus avantageuses au profit des petites et moyennes entreprises pour que l'effort de recherche et développement aujourd'hui très insuffisant de nos entreprises se hisse au niveau des pays les plus avancés, et envisager la création d'un crédit d'impôt innovation qui couvrirait un champ de dépenses d'avenir plus large que la seule recherche et développement (lancement et promotion de nouveaux produits). Défendre nos petites entreprises premières créatrices d'emplois Dans notre pays, 60 % des salariés travaillent dans les PME-PMI et un million d'entreprises de moins de 10 salariés font travailler 3,4 millions de salariés. Les employeurs y travaillent parfois dur, quelques fois dix heures, douze heures par jour et sans repos. Ils sont astreints à courir après des marchés que les donneurs d'ordre leur concèdent dans les pires conditions. Et pour survivre, ils doivent exiger de leurs salariés de tels efforts que le droit du travail est foulé au pied. Ce sont dans ces entreprises que l'on trouve les plus bas salaires, les plus longues durées du travail, les conditions de travail les plus dures, les accidents du travail les plus fréquents, le plus de maladies professionnelles, le plus de temps partiels, de précaires, le moins de droit et de protection syndicale ou simplement juridique. Il faut rompre avec l'idée simpliste qu'il n'y a qu'une seule catégorie d'entreprise, et une seule politique à mener à l'égard du patronat. On ne peut distribuer des " aides" indistinctes comme cela a toujours été fait : car ce sont les mille entreprises de plus de mille salariés, qui produisent plus de 40 % du Pib et collectionnent ces aides publiques. Une politique collective de conventionnement, d'aides à la comptabilité, au respect des droits et règles administratives doit être mis en œuvre pour les PME-TPE, et elles doivent bénéficier de réels crédits d'impôt, d'abaissement des coûts pour la mise en œuvre des 35 h et pour le respect des droits des salariés. 1°) La responsabilité des donneurs d'ordre doit être entière dans toute passation de marchés. C'est celui qui passe les ordres qui sera pénalement responsable : à lui, dans les coûts et définition des règles des travaux, d'intégrer sécurité, hygiène et droits sociaux. 2°) Le principe qui prévaut pour les CDD et l'intérim doit être appliqué aux sous-traitants : à travail égal, salaire égal, l'alignement des sous-traitants sur la convention collective du donneur d'ordre doit être prévu par les lois. 3°) Il convient de faciliter la procédure de reconnaissance des unités économiques et sociales : il est trop facile d'éclater les établissements, les franchises, les groupes, pour contourner les seuils sociaux et les droits qui en découlent 4°) Garantir le droit du travail dans les règles de concurrence. Il convient de donner au-delà de ces nouvelles règles les garanties que l'essentiel des aides publiques seront accordées aux PME-TPE qui en besoin en échange de création d'emploi, des 35 h et du respect du Code du travail. Il faut que les employeurs soient assurés que l'Etat souhaite restaurer du droit pour eux et leur entreprise, dans leur intérêt et celui d'une concurrence redevenue loyale. Créer des " jeunes pousses " La création d'entreprises constitue en particulier un moyen très efficace de moderniser le tissu économique, en le renouvelant en permanence, et une chance de retrouver une activité pour certains chômeurs. Il faut offrir aux créateurs des facilités réglementaires, fiscales, financières (notamment en obligeant les banques à mieux remplir le rôle, par exemple, par l'instauration d'un plancher de prêts aux PME et aux micro entreprises). Il est également nécessaire d'envisager la création de petites entreprises à capital public, pour des projets particulièrement intéressants pour la collectivité quoiqu'aux résultats très incertains, mais aussi de réduire le coût d'un éventuel échec, afin de les inciter à prendre davantage de risques et leur permettre, le cas échéant, de recommencer rapidement. C'est une condition pour que notre pays voie se développer sur son sol de "jeunes pousses", qui deviennent en quelques années les plus grandes de leur secteur, à l'instar de ce que l'on observe dans certains pays particulièrement dynamiques de ce point de vue. Faire de impôt sur les sociétés un impôt progressif en fonction de la taille et de l'ancienneté des entreprises, en introduisant une condition d'indépendance, favoriserait aussi le développement des PME.
Encourager l'économie sociale L'économie sociale, qui représente une voie différente de l'entreprise capitaliste, devra trouver une nouvelle dynamique. Fonctionnant selon les principes de la démocratie participative, répondant à des besoins sociaux, permettant aux usagers d'intervenir dans la gestion autrement que comme des clients, s'inscrivant dans des territoires géographiques ou des périmètres professionnels déterminés, ce secteur emploie aujourd'hui plus de deux millions de salariés. Une des principales difficultés rencontrées par ce secteur est la capacité à mobiliser des fonds propres. Une réponse doit être apportée. Plus généralement, une politique de crédit alternative aux lois imperturbables du marché du crédit doit être mise en place pour les entreprises individuelles et les très petites entreprises. Faire des salariés les copropriétaires de leur entreprise Peut-on réconcilier efficacité économique, justice sociale et respect de l'environnement ? Seul un équilibrage du rapport de force entre le capital et le travail au sein des entreprises privées à l'échelon national puis européen, permettra de désarmer un capitalisme arrogant dans une économie de marché régulée. Envisager une entreprise privée dans laquelle les salariés puissent peser collectivement sur les décisions à travers leurs représentants syndicaux élus et partager les richesses produites avec eux n'a rien d'utopique. A l'opposé de certaines pratiques du passé caractérisées par une " gestion sociale du capitalisme ", nous prônons l'évolution du statut des salariés vers un nouveau rôle de copropriétaire de droit de leur entreprise. En effet, tout salarié devrait pouvoir parler de " son " entreprise et non seulement de l'entreprise qui " l'héberge " provisoirement, et ce afin d'en tirer trop souvent le maximum de profit à court terme. Cette notion de copropriété " collective partielle " rééquilibrant la place des salariés du privé, n'exclut pas le respect des créateurs qui ont pris le risque d'entreprendre. Contrairement à l'épargne salariale actuelle qui oriente vers un actionnariat individuel avec prise de risque financier, nous envisageons des incitations fiscales pour la création de nouvelles entreprises éthiques à responsabilité sociale et environnementale fondées sur la " propriété sociale ". Au sein de ces nouvelles entreprises les salariés seront collectivement copropriétaires de droit, sans prise de risque financier d'une partie de leur outil de travail dont ils sont à l'origine de la valorisation permanente. Ce rééquilibrage structurel de l'entreprise privée en réduisant les inégalités avant qu'elles ne se créent permettra, non seulement, de combattre à sa source la véritable injustice du néolibéralisme : le non partage des richesses créées par le détournement des plus values au seul profit des actionnaires financiers. Elle introduira les représentants des salariés dans la " gouvernance " de toutes les entreprises, et ce avec un poids décisionnel non négligeable. Une défense efficace des salariés et de leurs conditions de travail ne peut s'envisager que dans le cadre d'une modification du rapport de force dans l'entreprise incluant une présence syndicale structurellement définie. Réduire les inégalités, et ce avant qu'elles ne se créent, cela doit devenir une alternative économique dans une économie de marché européenne régulée. 5- Une croissance durableIl faut désormais œuvrer à une révolution culturelle et comportementale à chaque niveau de consommation et de production ; décliner de façon qualitative la croissance qui ne s'analyse aujourd'hui qu'en termes quantitatifs. Le mode de développement que nous devons mettre en œuvre ne sera durable que s'il s'appuie sur une intégration impérative du facteur environnemental. Ainsi, nous nous prononçons pour une éco-évaluation et un éco-bilan des politiques publiques, des processus industriels et un dispositif d'éco-conditionnalité des aides publiques, le tout étant de nature à sélectionner de nouveaux modes de production et de consommation. La fiscalité, la contractualisation et la formation semblent des outils complémentaires adéquats pour que l'obligation d'intégrer les préoccupations environnementales devienne une obligation de résultat. L'opposition absurde entre humanisme et naturalisme est dépassée par l'idée que la nature et l'environnement (ou cadre de vie) sont des patrimoines dont les hommes sont les gardiens (ou maîtres) plutôt que les propriétaires (ou possesseurs). De ce point de vue, il est indispensable d'affirmer que ces patrimoines sont des biens collectifs, qui doivent donc être gérés de la façon la plus démocratique possible, principe qui est d'ailleurs au fondement du concept de " développement durable ", lequel est une extension, au-delà de la société humaine, de la philosophie solidariste. Aussi, le droit à un environnement protégé et au développement durable doit figurer explicitement dans les préambules de la Constitution de la prochaine 6ème République française (droits de l'homme et du citoyen) et de la Constitution européenne. Robert Badinter s'est déjà inscrit dans cette perspective, en faisant mention de l'" environnement protégé " parmi les "bienfaits" dont les Européens doivent être " assurés " dans le préambule de son projet de Constitution européenne, mais aussi du "développement durable" et du respect de l'environnement, y compris " la sauvegarde des ressources et des équilibres naturels " parmi les " objectifs de l'Union européenne ". Nous affirmons ainsi qu'il n'est plus, aujourd'hui, de socialisme authentique sans la poursuite du projet d'intégrer, de façon synergique, développement économique, justice sociale et qualité de la vie. A chaque niveau d'action publique, des communes aux Nations unies, il est impératif de mettre en œuvre l'" Agenda 21 " formalisé lors du "Sommet planète Terre" (Rio, juin 1992) et expérimenté par les collectivités les plus progressistes. Les " agendas 21 " (locaux, nationaux, internationaux), sont des outils politiques de développement durable qui ont déjà fait leurs preuves dans les trop rares occasions où ils ont été mis en œuvre (Angers). Ils doivent être, dès que possible, obligatoirement établis et appliqués dans toutes les collectivités ou communautés de collectivités de plus de 20 000 habitants (pays, agglomérations, régions), soutenus (fonds spécifique, abondé par les aides spécifiques européennes) et contrôlés par un puissant ministère du Développement durable et de l'Aménagement du territoire. Pour garantir la réorientation nécessaire des modes de consommation et de production que nous prônons, nous souhaitons mettre en place les outils suivants : modulation des aides publiques aux entreprises en fonction des difficultés économiques et sociales du territoire et en fonction de l'effort consenti pour préserver l'environnement (éco conditionnalité) mise en place d'une exonération totale de la taxe sur le foncier non bâti sur les territoires à enjeux environnemental. utiliser la réglementation pour l'appropriation publique des terres abandonnées au profit de l'entretien par les agriculteurs des zones écologiquement fragiles (zones humides) abonder la DGF sur la base de critères écologiques. internaliser les coûts dits extérieurs pour obtenir une prise en compte exactes des impératifs environnementaux incitation à l'éco-conception, favorisant l'utilisation de matériaux non polluants ou recyclables. mise en œuvre des Agendas locaux 21 dans les compétences des collectivités locales et de l'Etat. remettre à l'ordre du jour sans attendre, le chantier d'une grande loi sur l'eau en tant que bien et service public, instaurant le principe du pollueur-payeur. Refonder la politique énergétique Considérant que la production d'énergie est le nerf de l'économie, nous constatons la nécessité de rompre avec une perversion inéluctable du système énergétique mondial. Le modèle énergétique que les pays industrialisés ont consacré, à savoir la primauté des énergies fossiles, repose sur la facilité, l'inconséquence et la non anticipation. Il génère aujourd'hui le problème gravissime, d'échelle planétaire, du réchauffement climatique qui annonce des catastrophes écologiques, socio-économiques et sanitaires d'ampleur dont l'espèce humaine est à la fois la cause et la victime. Ce modèle énergétique démontre également sa dangerosité pour les équilibres géopolitiques et la paix dans le monde. L'estimation des réserves disponibles de pétrole nous amène brutalement à en prendre conscience. L'attitude qui doit en découler, ne réside pas dans l'accaparement des derniers stocks, elle nous impose un effort d'envergure pour atteindre un niveau d'exploitation des sources renouvelables d'énergie, significatif et alternatif. Cela suppose la mobilisation de moyens pour la recherche et le développement pour des investissements lourds, ainsi qu'un programme responsable de coopération avec les pays en voie de développement. Cela implique aussi une internalisation des coûts en aval liés à toute production d'énergie, base d'un vrai débat sur l'avenir du nucléaire. A ce titre, la production d'électricité d'origine nucléaire ne doit plus être présentée comme le modèle de lutte contre l'effet de serre, modèle au bilan duquel nous devons d'ailleurs intégrer les risques accidentels, militaires voire terroristes. Nous prônons aussi une éco-évaluation de tout processus industriel qui consacre la maîtrise de l'énergie et une viabilité écologique qui s'affirme au même titre que la rentabilité économique. Une autre agriculture Désarroi du consommateur, perte de confiance, rejet des produits agro-industriels, opinion publique en rupture avec le monde agricole, incompréhension collective, il est urgent de réagir : En renforçant la sécurité des consommateurs par la transformation de produits sains issus d'une agriculture durable respectueuse de l'environnement. En rééquilibrant les soutiens par une réorientation des aides de la PAC aux hommes dans leurs territoires et non aux produits, les aides ciblées vers les fonctions correspondant à un service : production de qualité, préservations des ressources, entretien de la nature et des paysages. En confortant le développement rural, outil privilégié de réorientation des aides publiques à l'agriculture et de valorisation des bonnes pratiques, respectueuses de l'environnement. En rejetant le néolibéralisme qui se nourrit du productivisme agricole, et le système international de fixation des prix agricoles qui en découle. Pour la politique agricole, la réforme nécessaire de la PAC et la mise en œuvre
de politiques régionales relèvent de l'urgence. En effet, si la France n'inspire pas la PAC d'après 2006, elle la subira. Nous devons dénoncer les effets les plus critiquables des PAC successives: agrandissement des exploitations, endettement, installation difficile pour les jeunes en raison de la forte pression foncière. Nous devons défendre une double voie conforme à l'intérêt général et au maintien de la population paysanne. L'agriculture de demain doit être soutenue par la PAC et par la France au nom de ses fonctions multiples: productions agricoles, sécurité et qualité alimentaires, maintien de la biodiversité, productions de biens environnementaux communs dans l'espace rural. Ce soutien ne sera durable que s'il repose sur un contrat clair et sur une répartition plus équitable des aides agricoles. La seconde voie repose sur la recherche de prix plus rémunérateurs permettant à l'agriculteur de ne pas renoncer à sa fonction de producteur. Si nous devons résolument plaider pour la suppression progressive des soutiens aux exportations vers les pays en développement du Sud, il est également de notre responsabilité de favoriser des prix de marchés plus équitables (régulation des pratiques de la grande distribution, soutien à la qualité, mais aussi préférence communautaire à défendre au sein de l'OMC, maîtrise de la production). On doit s'interroger sur l'intégrité de l'argumentaire concernant les OGM, instrument de conquête et de contrôle économique sur le vivant. Les différentes consultations citoyennes ont exprimé un refus catégorique à leur égard. Nous défendons un moratoire concernant la dissémination OGM et refusons que la décision revienne à quelques " experts ". En effet, l'acceptation ou non des risques sanitaires, environnementaux et socio-économiques doit être l'affaire des citoyens ! Notre politique agricole doit aussi abandonner son soutien à l'agriculture intensive afin de limiter au plus vite les dégâts sur les équilibres biologiques des milieux naturels. Cette nouvelle politique agricole devra aussi participer à la re-dynamisation des campagnes. Elle devra s'intégrer à une politique globale d'aménagement qui œuvrera à la solidarité entre les territoires, basée sur la complémentarité entre les espaces ruraux et urbains Des transports revitalisés De même, nous devrons concevoir et mettre en œuvre très rapidement une politique rationalisée des transports, en promouvant systématiquement les modes de transport collectifs (passagers) et massifs (marchandises). La marine marchande (rénovée, socialement encadrée, contrôlée et protégée) et le rail (dont le ferroutage) bénéficieront du soutien redoublé de l'Etat. Le transport aérien devra être re-nationalisé et le rail resté propriété à 100 % de l'Etat, afin que le ministère du Développement durable ait la liberté et le pouvoir d'assurer sa mission cruciale d'aménagement du territoire. Les agglomérations et autres collectivités territoriales devront, pour bénéficier encore des aides nationales et européennes à leurs politiques publiques, favoriser systématiquement les transports collectifs et enrayer significativement le développement de l'usage de l'automobile sur leurs territoires. De grands travaux d'intérêt général seront donc lancés pour satisfaire cette relance du transport public, en adéquations technique et géographique avec les infrastructures européennes existantes ou à venir. Des espaces protégés Enfin, la structuration d'un réseau national des espaces protégés est de première importance. Ces espaces, de toutes tailles et de tous intérêts écologiques, font l'objet, aujourd'hui, d'une invraisemblable diversité de statuts juridiques de protection. Ceux-ci doivent être harmonisés et leur respect doit être contrôlé par des agents de l'Etat (inspection de la Nature). Cependant, leur gestion doit être planifiée et mise en œuvre, dans le cadre statutaire défini, par des comités locaux ou régionaux (selon l'importance géographique, écologique et statutaire de l'espace géré) dont au moins la moitié des membres sont issus des associations de protection de la nature et de l'environnement agréées par le ministère du Développement durable.
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