Pour une grande relance européenne
Investiture présidentielle du PS

Profession de foi de Dominique Strauss-Kahn, député du Val-d'Oise, parue dans l'Hebdo des socialistes daté du 9 novembre 2006


 
Chère camarade, cher camarade,

La campagne n’est pas encore finie - j’ai bien l’intention de poursuivre le débat avec les militants jusqu’au dernier jour ! Mais voici - déjà ! - le dernier numéro de l’Hebdo avant le premier tour.

Je veux te parler aujourd’hui de l’Europe. Ce n’est pas parce que l’Europe nous a divisés qu’il ne faut plus en parler. Au contraire ! C’est en regardant la réalité en face et en faisant preuve de volonté que nous dépasserons véritablement le « oui » et le « non ». Alors, allons-y !

L’Europe n’est pas seulement en panne ; elle est en danger. L’euro lui-même, notre monnaie, ne peut tenir durablement sans que les pays qui l’ont adopté ne s’investissent politiquement.

Je ne me résous pas à cette situation. Comme socialiste, je sais combien l’engagement européen fait partie intégrante de notre histoire commune. Comme Français, je mesure combien la relance européenne est indispensable non seulement pour notre pays mais pour le reste du monde.

Nous partageons tous les mêmes objectifs : une Europe plus sociale, une Europe plus politique, une Europe plus démocratique.

Nous savons tous que des compromis, là comme ailleurs, seront nécessaires : tous les Européens ne sont pas socialistes et tous les socialistes européens ne sont pas des socialistes français !

Là où je me différencie de Ségolène Royal et de Laurent Fabius, c’est sur la méthode et le calendrier.
Je ne crois pas que l’on puisse attendre.
Je ne crois pas que l’on puisse repartir petit à petit, projet après projet, preuve après preuve.

Je propose ce que j’ai appelé « la grande relance européenne ».

Comment ? Nous devons mettre sur la table tous les grands sujets - oui, tous les grands sujets - qui font aujourd’hui problème et les traiter dans une négociation globale. La croissance, avec un euro qui n’est pas piloté politiquement et un budget qui n’est pas assez orienté vers l’avenir. La solidarité, avec des services publics qui ne sont pas suffisamment garantis et une harmonisation sociale qui est trop lente. Les institutions, qui ne permettent pas - disons-le - à l’Union de fonctionner démocratiquement et efficacement. Les frontières, qui restent floues et que chacun imagine différemment.

Quand ? Tout de suite. Nous avons la chance d’avoir un calendrier favorable – ne la gâchons pas ! Les Allemands vont présider l’Union européenne au premier semestre 2007. Nous leur succéderons au second semestre 2008. Il faut donc boucler la négociation pour fin 2008 pour qu’elle soit validée à l’occasion des élections européennes de 2009. Mon rêve, mon ambition, mon objectif, c’est que, à la fin de la présidence française, on puisse dire : « l’Europe est relancée ! L’Europe est réorientée ! L’Europe est de retour ! ».

C’est toujours ainsi, par le haut, par la volonté, par l’audace, que l’Europe est parvenue à sortir des crises dans lesquelles elle était plongée. C’est ce que François Mitterrand a réussi, en 1984, au sommet de Fontainebleau. C’est ce qu’il appartiendra au prochain président de la République de réussir dès l’année prochaine.

Chère camarade, cher camarade, t’ayant toujours parlé directement et clairement, je veux, pour terminer, en venir au vote du 16 novembre.

Après avoir lu, écouté, discuté, tu vas faire ton choix. Seul. Librement. Souverainement. Tu vas répondre à deux questions simples. Qui serait le meilleur candidat ? Qui serait le meilleur président ?

Je crois que, au bout du compte, il s’agit d’une seule et même question : le meilleur président sera le meilleur candidat.

Pour gagner l’élection présidentielle, il faudra convaincre le peuple. Pour emporter la confiance du peuple, il faudra lui dire la vérité. Pour emporter la confiance du peuple, il ne faudra pas se contenter de constats, il faudra proposer des solutions - d’abord et avant tout à la question sociale. Pour emporter la confiance du peuple, il ne faudra pas épouser toutes ses positions, il faudra avoir le courage d’affirmer ses convictions et l’audace de proposer une ambition, une vision, un chemin pour le pays. Pour emporter la confiance du peuple, il faudra convaincre que notre ligne sera efficace dans la mondialisation.

Fort de ces convictions, j’ai arrêté ma priorité : le social. J’ai fixé un objectif : le plein emploi en moins d’une décennie. J’ai défini ma méthode : la social-démocratie et le « président engagé ». J’ai avancé mes principales propositions : le « Pacte de l’Elysée », le patrimoine pour les jeunes, la « grande relance européenne », une restructuration écologique de toute notre économie.

Voilà ma cohérence. Maintenant, je fais appel à toi. Je veux être le candidat des socialistes parce que je veux battre Nicolas Sarkozy. J’ai besoin de ton soutien et de ton vote. La victoire est possible. Elle dépend de toi.

Dominique Strauss-Khan



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