Je refuse d'envisager toute idée de scission

Jean Glavany
Entretien avec Jean Glavany, député des Hautes-Pyrénées, paru dans le quotidien Le Figaro daté du 24 août 2005
Propos recueillis par Nicolas Barotte


 

N'avez-vous pas le sentiment que le PS est davantage préoccupé par ses querelles internes que par son opposition au gouvernement ?
Tous ceux qui passent leur temps à critiquer le PS et ses dirigeants font une erreur. Ce sont eux qui oublient de s'opposer au gouvernement, à Sarkozy et à Villepin. Ils se trompent aussi par rapport aux militants et aux Français qui attendent de nous un congrès utile. Nous devons montrer que les messages du 21 avril 2002 et du 29 mai 2005 ont été entendus.

Les opposants à la direction font feu de tous bois contre François Hollande. Vous, faites-vous bloc derrière lui ?
Je suis solidaire de cette direction. Mais poser le problème en ces termes, pour ou contre Hollande, c'est la pire manière d'aborder ce congrès.

Vous avez déposé une contribution. Que va-t-elle devenir ?
Mon texte a vocation à enrichir la motion du premier secrétaire. Notre critique du gouvernement doit être articulée avec des propositions concrètes. Deux exemples. Le prix de l'essence, d'abord : notre réponse de court terme, c'est le rétablissement de la TIPP flottante. Mais nous devrions réfléchir à une politique énergétique pour être moins dépendants du pétrole. La privatisation des autoroutes, ensuite : nous sommes opposés à cet incroyable gaspillage, mais cette décision est révélatrice de la situation des finances du pays. Nous devons en tirer des leçons : demain on ne rasera pas gratis.

Ne pensez-vous pas, comme Michel Rocard et Bernard Kouchner, que réformisme et rupture ne peuvent plus cohabiter au PS ?
Je me sens plus à gauche que certains de ceux qui nous font des grands discours révolutionnaires. Au pouvoir, ils sont à peine réformistes. Cette pratique molletiste crée de la désillusion. J'aimerais que le PS soit un peu moins révolutionnaire dans l'opposition et un peu plus au pouvoir.

Vous pensez à Laurent Fabius ?
Je ne vise personne en particulier. Mais nous devons retrouver une cohérence entre nos discours et nos actes pour redonner confiance en la politique.

Le PS ne court-il pas le risque d'une scission ?
Le devoir de tous les responsables socialistes est de rechercher les voies du rassemblement. Je me refuse à envisager toute idée de scission même si le rassemblement ne doit pas se faire au prix de l'équivoque. Après tout, la démocratie, ce n'est pas l'unanimisme.

Lionel Jospin reste-t-il le leader le « mieux placé » ?
Ce n'est pas à moi de répondre à cette question même si j'ai une petite idée. Le rôle à venir de Lionel Jospin tient à sa volonté et aux circonstances. Aujourd'hui, il n'y a pas de leader incontestable. Face à cette situation, nous avons deux attitudes possibles. Soit tenir des diatribes d'excommunication comme Claude Bartolone ou Arnaud Montebourg, soit profiter de l'occasion pour avoir un débat de fond entre nous.

Le PS pourra-t-il dépasser le oui et le non s'il n'y a que d'anciens partisans du oui dans sa nouvelle direction ?
J'ai voté un oui de raison après une longue hésitation. Pour moi, le débat sur la Constitution n'est ni fondateur ni identitaire. Il n'y a pas plus d'identité à voter oui comme Chirac qu'à voter non avec Le Pen et de Villiers. J'essaie plutôt de trouver ce qui nous rassemble. Nous étions d'accord sur l'Europe que nous souhaitons construire et pour condamner la façon dont Chirac avait négocié. Nous avons divergé sur l'appréciation des avancées et des insuffisances du texte. Les points d'accord sont plus forts. Moi qui ai voté oui, je vois un intérêt à la victoire du non : on ne pourra plus construire l'Europe comme une fuite en avant en oubliant les peuples.

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