Discours de
François Hollande,
Premier secrétaire,
devant l'université d'été,
le 3 septembre 2000

 


 

C'est avec beaucoup de plaisir que nous nous retrouvons, comme chaque année à la même période, à la Rochelle, quelle que soit la météo de la rentrée.

Je remercie Maxime Bono pour son aimable accueil, Henri Weber, pour la qualité de l'organisation et je salue tous ceux qui ont participé à nos travaux. Même si je sais qu'aussi dense que fut notre réflexion ces trois derniers jours, l'esprit de Pierre Guidoni nous a manqué.

Notre Université d'été s'est déroulée, c'est vrai, dans un contexte particulier dont tous les ingrédients n'avaient pas été forcément anticipés (qu'il s'agisse de l'augmentation du prix du pétrole ou de la démission de Jean-Pierre Chevènement). C'est d'ailleurs la loi du genre. La vie politique n'est jamais un fleuve tranquille, et la Gauche plurielle est faite de plusieurs rivières. Nous en avons l'habitude.

Elle se tient surtout à 18 mois des échéances décisives de 2002. Ce temps est suffisamment long pour nous obliger à continuer, sans perdre haleine, notre action réformatrice, mais déjà court si l'on veut être prêts à proposer aux Français un nouveau cap pour la prochaine législature.

Jamais le rôle du PS ne m'a paru aussi grand que dans cette période. Jamais sa stabilité, sa cohérence et sa force de proposition ne m'ont semblé aussi précieuse pour la Gauche plurielle et pour le pays.

Notre tâche est donc double :

- Travailler jour après jour pour continuer à répondre aux problèmes des Français et à changer le pays, pour présenter  le moment venu- un bilan qui crédibilise notre projet ;

- Préparer avec la Gauche plurielle le nouveau contrat que nous soumettrons aux électeurs en 2002.

S'y ajoutent, dans un délai plus proche encore, les rendez-vous du quinquennat et des élections municipales.

VALORISER ET
CONSOLIDER NOTRE BILAN



Ne nous y trompons pas, contrairement à ceux qui pensent n'être engagés que par leurs discours et qui fondent leur démarche politique sur l'amnésie des citoyens, nous serons d'abord jugés sur nos actes. C'est la noblesse de notre conception de la Politique : nous faisons confiance à la lucidité des Français pour comparer les résultats des uns et des autres dans les périodes où ils ont eu à exercer des responsabilités et pour mesurer les écarts entre les promesses flamboyantes d'un soir et les réalités piteuses du petit matin.

Alors, partons de ce que nous avons fait et de ce qu'il nous reste à faire d'ici 2002 dans trois domaines essentiels pour les socialistes :
  1. L'emploi
  2. C'était notre engagement principal. C'est notre réussite majeure. A mesure que le mouvement de réduction du chômage s'installe, nous finissons presque par oublier que depuis 1997 plus d'un million d'emplois ont été créés et que le nombre des chômeurs s'est réduit de plus de 800 000. C'est la plus forte baisse depuis 20 ans et l'une des plus massives constatées en Europe.

    Le mérite en revient à une conjoncture mondiale dont nous avons su tirer parti, à une croissance interne particulièrement dynamique (+ 3,5 % en 2000) que nous avons stimulée par un soutien répété à la demande des ménages .

    Mais, ces bons résultats n'auraient pas suffit à faire diminuer le taux de chômage en dessous de 10 % s'il n'y avait eu les emplois jeunes et la Réduction du Temps de Travail.

    Pour autant, le chiffre du chômage du mois de juillet, même s'il s'explique pour des raisons statistiques, nous démontre que dans cette matière, rien n'est acquis et qu'il nous faut nous garder de faire des pronostics. La tendance est bonne. Mais elle doit être entretenue.

    Car la lutte contre le chômage est une priorité sur toute la durée de la législature. C'est aussi un combat de tous les instants, qui ne suppose aucun relâchement et qui exige de nouveaux efforts dans trois directions :

    - La formation professionnelle qui s'inscrit dans l'éducation tout au long de la vie. Les moyens financiers déjà considérables doivent être mieux utilisés, les acquis professionnels davantage valorisés et l'accès à la formation doivent être facilités pour les moins qualifiés ;

    - La réduction de la précarité : le recours à des formes d'emploi à temps partiel ou à durée déterminée que nous avons constaté ces dernières années, n'a pas vocation à s'étendre en période de croissance. Voilà pourquoi les socialistes  qui ont attendu une négociation des partenaires sociaux qui n'est pas venue- souhaitent désormais l'intervention de la loi. Elle devra être vite discutée et prévoir une modulation des cotisations sociales pour pénaliser les abus en matière d'emplois précaires ;

    - La lutte contre le chômage de longue durée : après la loi contre les exclusions, il faut favoriser le retour au travail de ceux qui en ont été privés pendant trop d'années : tout doit être fait pour favoriser l'activité. C'est l'une des raisons pour laquelle la Convention UNEDIC ne pouvait être acceptée, dès lors qu'elle instituait un système à deux vitesses, qu'elle écartait précisément ces chômeurs-là des dispositifs de formation et qu'elle les renvoyait vers l'assistance, c'est-à-dire vers la fatalité de l'exclusion. Le Gouvernement a refusé l'agrément : il a eu raison. C'était autant un coup d'arrêt à une dérive dangereuse (un accord minoritaire ne peut se substituer à la loi) qu'une invitation forte à renégocier entre partenaires sociaux. Après le temps des menaces, ils paraissent revenir à la raison.

  3. La redistribution
  4. La croissance est là. Les signes de la prospérité se font plus visibles, et parfois plus choquants. Le pouvoir d'achat des ménages progresse de près de 3 % par an depuis 1997. N'en déplaise à ceux  et notamment Jacques Chirac le 14 juillet- qui, hier, appelaient les Français à l'austérité et au sacrifice et qui, aujourd'hui, expriment de la compassion pour leur sort (mais peut-être le Chef de l'Etat s'adressait-il au Président du MEDEF pour qu'il lâche les salaires ; souhaitons, pour une fois, qu'il soit entendu),

    Ce n'est néanmoins pas vrai pour toutes les catégories sociales et dans tous les secteurs. Aussi, la redistribution constitue-t-elle un double impératif : économique pour soutenir la croissance, social car ses fruits doivent être équitablement répartis.

    Les entreprises sont les premières concernées et, dès lors que les négociations sur les 35 heures sont en voie d'être conclues, rappelons-le, sans baisse de revenus, l'heure est désormais à la discussion sur les salaires en fonction des gains de productivité.

    Mais l'Etat a aussi sa propre responsabilité. Et c'est là qu'il faut saluer les mesures fiscales qui viennent d'être annoncées par Laurent Fabius. Par leur ampleur, mais surtout par leurs effets : en baissant de façon différenciée l'impôt sur le revenu et en allégeant  voir en supprimant- la CSG et le RDS sur les salaires modestes, ce sont les prélèvements sur le travail qui sont ainsi réduits  comme le PS l'avait souhaité- et c'est le pouvoir d'achat des ménages qui s'en trouve accru. Ce plan s'ajoute à ce que nous avions décidé depuis 97 (baisse de la TVA, suppression de la base salaire de la Taxe professionnelle, et je n'oublie pas l'élargissement de la CSG aux revenus du capital).

    Il forme donc un ensemble cohérent permis par la croissance actuelle et qui encourage la croissance future.

    Des esprits grincheux à Droite, il peut en exister, nous disent que 120 milliards de francs de baisses d'impôts, ce serait trop peu, alors que c'est précisément le chiffre des augmentations de prélèvements -intervenus de 1995 à 1997- ce n'est pas moi que le dit ; c'est François Bayrou qui le confessait lors d'une émission à la télévision face à Nicolas Sarkozy, lors des européennes !

    D'autres disent qu'ils voient les baisses pas la réforme. Je préfère cela à la situation inverse : apercevoir une réforme, mais pas les baisses. Ce fut trop souvent le cas par le passé.

    Les mêmes prétendent que le plan présenté serait électoraliste, comme si en politique, l'objectif serait de punir les citoyens, comme si le critère de la réussite et du courage  pour un Gouvernement- serait l'impopularité des mesures proposées. A ce compte-là, il faut au plus vite réhabiliter le bilan d'Alain Juppé !

    Enfin, il en est qui s'inquiète, y compris parmi nous, des atteintes à l'autonomie financière des collectivités locales. Mais, il y aurait quelque paradoxe, au nom de ce principe, à maintenir des prélèvements archaïques et injustes.

    La bonne réponse, c'est de réformer profondément la fiscalité locale, pour affecter à chaque échelon territorial un impôt spécifique dont les élus concernés assumeraient seuls la responsabilité.

  5. Le pacte républicain
  6. Depuis trois ans, et malgré la cohabitation et les résistances de la majorité sénatoriale, nous avons élargi la démocratie. Cela vaut pour les institutions avec la Parité, la limitation du cumul des mandats et bientôt le quinquennat. Et nous n'avons pas l'intention de nous arrêter en chemin. L'harmonisation de la durée des mandats (celui des sénateurs), le renforcement des droits du Parlement et le lancement du deuxième acte de la décentralisation constituent nos prochains objectifs. Il s'agira, sur ce dernier point, de clarifier les compétences entre les différents niveaux d'administration locale, d'identifier les nouvelles responsabilités qui pourraient être confiées aux collectivités, de développer la démocratie de proximité (modes d'élection) et d'introduire de nouveaux mécanismes de solidarité territoriale. La décentralisation n'est pas, pour nous, un démantèlement de l'État ou un " marché entre les collectivités ", mais une façon de mieux répondre aux attentes de nos concitoyens.

    Mais, nous avons aussi accordé de nouveaux droits aux citoyens : la réforme de la Justice, le PACS et bientôt la délivrance de la pilule du lendemain, l'allongement du délai légal de l'IVG de 10 à 12 semaines.

    Telle est notre conception de la République : de nouveaux droits conformes à l'évolution des mœurs.

    La République, pour les socialistes, constitue la toile de leur action, mais elle n'est pas une nature morte. Ses valeurs sont immuables, mais son champ d'application n'est ni figé ni limité. C'est sa faculté d'adaptation, son extension continue qui en constituent la force.

    Les réponses apportées par le Gouvernement à la question Corse, problème endémique de la République depuis 25 ans, ont réveillé des passions fondées, parfois, sur des convictions sincères mais souvent alimentées par des simplifications outrancières.

    Car que reprocher au plan proposé : d'avoir été discuté au grand jour avec les élus (n'est-ce pas mieux que nuitamment avec des clandestins !) ; de céder à la violence, alors que la démarche est conditionnée pour sa mise en œuvre au retour à la paix civile (n'est-ce pas mieux que d'organiser des conférences de presse à Tralonca) ! ; d'amplifier la décentralisation en Corse, n'est-ce pas la règle pour les îles dans tous les pays d'Europe ! ; d'être dépourvu de contrôle démocratique, alors qu'à toutes les étapes le Parlement sera saisi et, qu'au bout du compte, si révision constitutionnelle il y a, les Français  c'est-à-dire aussi les Corses - devront avoir le dernier mot !

    Alors, luttons contre la mauvaise foi et les caricatures. D'où qu'elles viennent. Ne laissons pas instiller le doute dans l'esprit de nos concitoyens à l'égard d'une démarche à laquelle personne ne propose une véritable alternative.

    A cet égard, j'ai appris que le RPR allait lancer une grande pétition nationale contre le processus de Matignon. Drôle d'idée, mais il faut bien occuper les militants du RPR qui n'ont pas l'air de s'enthousiasmer pour le référendum. Cette pétition aurait été soumise au Président de la République ; nous verrons si Jacques Chirac la signera. Mais, je proposerai aux dirigeants du RPR d'être cohérents et, si danger il y a pour la République, alors il faut exclure les élus RPR de l'Assemblée territoriale qui ont voté  avec José Rossi, Président " Démocratie Libérale " de l'Assemblée territoriale, le texte du Gouvernement.

    Il faut également exclure Jean-Louis Debré qui a négocié clandestinement avec les clandestins. Il leur faut, enfin, exclure Charles Pasqua qui en a fait tout autant un peu plus tôt. Mais il est vrai que lui est déjà parti au RPF. On ne peut donc pas trop leur en demander.
Dans ce contexte, et forts de notre bilan, nous devons veiller à la cohésion de la majorité plurielle et à la force du Parti socialiste.

C'est notre seconde tâche de la rentrée.

PRÉSERVER
LA COHERENCE
DE LA MAJORITE PLURIELLE



La Gauche plurielle n'est, pour nous, ni une construction de circonstance ni une simple alliance électorale. C'est un ensemble original qui préserve l'identité de chacune de ses composantes, mais qui permet la définition d'une politique claire et équilibrée au service du pays.

Les Français l'ont compris. Ils ont adhéré à cette démarche en 1997 et l'ont validée à l'occasion de tous les scrutins depuis lors. Cette stratégie prévaudra une nouvelle fois en 2002, car elle va au-delà de l'actuelle législature. Elle est, néanmoins, exigeante, puisqu'elle suppose un respect des partenaires et une reconnaissance de leur réalité comme de leur spécificité.

Ce n'est pas toujours facile. Nous le voyons bien avec Jean-Pierre Chevènement que nous connaissons depuis longtemps et qui restera toujours le même, c'est-à-dire un homme de Gauche, dont les convictions fortes ne sont pas toujours des vérités premières, et qui a parfois abusé du droit à l'erreur. Mais, Jean-Pierre Chevènement a toujours su choisir son camp. Et il l'a confirmé ces derniers jours.

Et il saura dire à ceux qui, autour de lui, plaident pour un pôle républicain ouvert à tous que rien n'existe en dehors du clivage Gauche / Droite. Quant à nous, nous saurons rappeler que la République n'appartient à aucun parti, mais d'abord aux citoyens.

Il y a les Verts, dont les rites nous surprennent parfois mais dont l'apport à la Gauche est indéniable. Il faut donc les prendre comme ils sont et non comme ils devraient être… Sinon ils seraient socialistes tout simplement.

Je n'oublie pas les Communistes qui conduisent, avec Robert Hue, une mutation courageuse qui les met au croisement de plusieurs cultures, et donc de plusieurs discours. Sans que jamais ils n'aient manqué, malgré les revendications qu'ils portent, à la solidarité gouvernementale et à la loyauté majoritaire.

Quant aux Radicaux de Gauche (je le dis en mémoire de Michel Crépeau), ils nous sont trop proches pour ne pas régulièrement nous faire des reproches, mais jamais parvenir à nous fâcher, car nous nous retrouvons toujours ensemble dans les combats électoraux.

La responsabilité du Parti socialiste, c'est - une fois reconnue la singularité de chacun - de rappeler ce qui nous unit et de bâtir avec tous un projet politique. La compétition n'est pas entre nous mais avec la Droite. Nul n'a à pousser l'un ou à privilégier l'autre. Il s'agit d'utiliser nos différences - qui sont nos richesses respectives - pour bâtir une cohérence qui n'est jamais un appauvrissement. Chacun a son rôle à jouer, à condition d'utiliser son influence pour attirer et non pour repousser, pour débattre et non pour combattre, pour construire et non pour nuire.

Voilà pourquoi, nous proposons une méthode pour organiser les relations au sein de la majorité dans les mois qui viennent :

 Le PS ouvrira avec chacune des composantes de la Gauche plurielle une discussion programmatique destinée à préparer nos choix pour 2002. Une fois clarifiés nos points de convergence sur le plan bilatéral, nous proposerons - le moment venu - une rencontre avec l'ensemble de la majorité destinée à acter nos engagements pour la prochaine législature ;

 Parallèlement, sur le plan électoral, nous proposerons d'établir un lien entre toutes les élections : municipales, cantonales, sénatoriales et législatives, afin d'intéresser chacun à nos victoires futures.

Mais, cette recherche de cohésion majoritaire suppose un Parti socialiste vivant et cohérent. Nous aurons à en faire la démonstration à l'occasion de notre Congrès de Grenoble.

Nous devons être exemplaires dans la forme et utiles sur le fond :

La forme, c'est la qualité de l'échange, la liberté de proposition, l'imagination dans les idées. Le temps des contributions nous en fournira l'occasion : il faut que dans toutes les sections, dans toutes nos fédérations, chacun puisse dire son mot, ajouter son point de vue, avancer des thématiques nouvelles.

Ouvrons large le débat et finissons en vite avec les faux débats.

Il n'y a pas d'un côté les modernes et de l'autre les archaïques (la distinction est, elle-même, datée) ; les républicains et les démocrates, les Jacobins et les Girondins. Le PS porte, par nature, la synthèse.

C'est un Parti qui à vocation à rechercher en permanence l'équilibre : nous modernisons la société, mais en fidélité à nos traditions ; nous sommes attachés à la République, c'est pourquoi nous sommes profondément démocrates. Nous défendons l'Etat comme expression de l'intérêt général et nous sommes les promoteurs de l'idée de décentralisation.

Et, c'est cette capacité dont nous faisons preuve pour dépasser ces contradictions qui fait notre crédibilité dans l'opinion. C'est ainsi que nous parvenons à nous adresser à tous et à faire l'alliance entre les classes populaires, les classes moyennes et les exclus.

La forme, c'est aussi de ne pas suivre les mauvais exemples fournis par d'autres formations politiques et de ne pas réveiller les vieux souvenirs ou les vieilles histoires. Nous savons d'où nous venons et où nous voulons aller.

Le Gouvernement de Lionel Jospin est constitué sur la base des seuls talents et la direction du PS est ouverte à toutes les sensibilités. Associés collectivement à la politique élaborée en commun, nous serons forcément solidaires devant le jugement des Français : à nous de faire en sorte que ce soit pour le meilleur.

Et c'est pourquoi nous ne devons pas avoir d'autre objectif que la préparation des échéances de 2002.

Les seuls enjeux du Congrès sont donc le projet et l'élaboration du contrat que nous proposerons aux Français.

Il n'y a d'ailleurs guère de temps à perdre. Notre Congrès est fin novembre ; ensuite tout ira très vite : les élections municipales, la désignation de nos candidats, les discussions avec nos partenaires, puis la confrontation de mars 2002.

Nous intervenons dans un contexte nouveau par rapport à 1997. Il est le fruit de notre propre action. Mais il s'est produit, pendant que nous gouvernons le pays, un événement considérable : la crise est finie, même si ce changement de perspective reste invisible aux yeux des plus modestes et des exclus et à peine perceptible pour bon nombre de salariés. Nous devons pourtant adapter nos comportements, nos raisonnements et nos choix à cette nouvelle configuration.

Nous devons relever de nouveaux défis :

 Une nouvelle révolution industrielle, avec la société de l'information qui est une chance (l'accès à la connaissance, le raccourcissement des distances, la communication), mais un risque (l'inégalité, l'absence de règles) ;

 Un capitalisme de plus en plus financier qui fragilise les monnaies, les économies et échappe aux contrôles, à l'impôt ;

 Un pacte social menacé par l'instabilité, la suprématie des marchés, la violence dans la société ;

 Une planète menacée par les pollutions, les gaspillages et les dérives scientifiques.

Les réponses à chacun de ces défis s'appellent : règles du jeu, démocratie, développement durable, Europe politique. Ses instruments doivent se retrouver dans le contrat que nous devons proposer aux Français dans les prochains mois. Il doit faire une place à des idées qui sont sorties des travaux de cette université d'été.

 La société de l'information qui exige une égalité d'accès à cette nouvelle technologie et un vaste effort de formation de la population, au-delà même des salariés concernés.

 Nouveaux droits : salariés, consommateurs mais aussi des familles ou des personnes vulnérables, malades, sans oublier la lutte contre toutes les discriminations fondées sur le sexe, la couleur de peau ou le mode de vie.

 Autonomie des jeunes : il nous faut répondre aux besoins d'autonomie de la génération qui vient, notamment au moment où elle est en formation ou en recherche d'emploi ;

 Réforme de l'Etat dans le sens d'une meilleure implication de ses actions sur le territoire et d'une plus grande efficacité de ses interventions ;

 Affirmation d'une Europe puissance avec la mise en place d'une " avant garde " constituée de plusieurs nations prêtes, sur un certain nombre de questions, à aller plus vite et plus fort ;

 Solidarité avec les pays en développement : Redistribution à l'échelle de la planète. Etudier toutes les idées (taxe Tobin ou pas) qui peuvent être utiles pour financer le développement, à commencer d'abord par l'annulation de l'ensemble de la dette des pays les plus pauvres.

Mais, parallèlement à cette réflexion, nous devons également affronter des échéances plus rapprochées.

LES PROCHAINES
ÉCHÉANCES



  1. Le référendum du 24 septembre
  2. Je sais qu'elle ne constitue pas la première préoccupation des Français et que, pour une grande majorité d'entre eux, l'adhésion au quinquennat est acquise. Ce qui ne favorise pas la mobilisation civique, faute d'enjeu.

    Dans ce contexte, notre message doit être simple et clair.

    Nous portons l'idée du quinquennat depuis 1995, c'est-à-dire depuis que Lionel Jospin en a fait l'une de ses propositions lors de la dernière campagne présidentielle. Nous l'avons reprise dans notre Convention sur " Les acteurs de la Démocratie " et lors de notre programme de 1997.

    Et si nous ne l'avions pas inscrite à l'ordre du jour du Parlement, c'est parce que nous savions le Président de la République hostile à cette idée. Elle revient aujourd'hui par un concours de circonstances imprévu et un changement complet de position de Jacques Chirac. Il en a le droit. Ce n'est pas le premier si sans doute le dernier… Je m'égare.

    Nous avons donc voté avec le Parlement le quinquennat et, puisque le Président de la République a pris l'initiative du référendum  et lui seul pouvait en décider, menons campagne pour le " oui ". Oui à une réforme que nous avons proposée, et qui vient après beaucoup d'autres depuis 1997. Oui pour donner aux Français plus souvent la parole. Oui pour plus de démocratie. Oui pour aller plus loin d'ici 2002 et au-delà.

    Nous sommes les seuls à être clairs dans cette campagne. Je ne parle pas des frileux qui ont peur de tout et qui veulent conserver intacte la Vème République. Nous n'en sommes pas. Mais de ceux qui n'ont accepté le quinquennat que par calcul ou pas discipline. De ceux qui appellent à l'abstention pour ne pas se mouiller avec le quinquennat sec. Et de ceux qui y sont favorables, mais ne parviennent pas à le dire, faute de majorité dans leur propre mouvement.

    Bref… nous devons porter, dans cette campagne, les slogans du renouvellement de notre Démocratie Ils ont vocation à être scandés bien au-delà du 24 septembre.

    Quant à l'interprétation des résultats, je vous propose une règle simple : les socialistes préfèrent le quinquennat au septennat ; Jacques Chirac le référendum au Congrès. Chacun sera jugé sur les décisions qu'il a prises.
  3. Les élections municipales
  4. Ces élections coïncident avec les élections cantonales, dont l'importance n'est pas moindre au regard du déséquilibre du rapport gauche / droite au sein des conseils généraux et de nos perspectives de gain.

    L'enjeu de ce scrutin est à la fois local et national.

    Au plan local : je fais confiance à chacune des têtes de liste et aux candidats pour mener la campagne la plus conforme aux aspirations de leur population respective. Ce n'est pas le rôle du PS, en tant que tel, d'en définir précisément les thèmes, mais je leur conseillerai de prendre appui sur l'action gouvernementale engagée depuis trois ans au plan économique, social, éducatif, culturel, pour en montrer les prolongements locaux et pour démontrer que des lois telles que sur contre l'exclusion, sur l'intercommunalité ou des politiques comme celle de la ville, ont besoin  pour être mises en valeur- d'élus mobilisés pour les faire vivre et non pour en contrarier les effets.

    Reste néanmoins à régler la question de la composition de nos listes. Et il y aura une Convention nationale à cette fin en décembre prochain. Nous n'aurons pas besoin de veiller à l'application du principe de parité. Il est dans la loi, même si nous demandons à nos fédérations de faire en sorte qu'elle s'applique aussi, pour ce qui nous concerne, dans les communes de moins de 3 500 habitants. Le PS sera également attentif à ce que nos listes soient le reflet de l'ensemble de la population ; et sans évoquer de quota, il faut avoir le souci de donner une représentation aux jeunes et, dans nos villes, à ceux issus des quartiers.

    Au plan national, chacun sait que ces élections se tiendront avant les échéances majeures de 2002 et que leurs résultats seront lus et interprétés à l'aune de cette perspective.

    C'est pourquoi, nous devons réussir à la fois à conserver l'ensemble des communes qui sont à Gauche depuis les bons résultats de 1989 et 1995, ce qui ne serait déjà pas si mal, et à en conquérir d'autres, sans que l'on ait à en fixer la taille ou le nombre. Une de plus serait déjà une grande victoire. Une très grande de plus serait une très grande victoire.

    De notre résultat dépend aussi notre implantation sur le territoire et donc notre capacité à conforter les candidats à l'occasion des sénatoriales et des législatives.

    Devant cet enjeu, la Gauche plurielle doit partir rassemblée partout où cela est possible car, c'est chaque fois nécessaire. 

    Et la direction du PS sera rigoureuse quant à la bonne application des accords nationaux que nous avons passés avec le PC, le PRG et le MDC, et ceux d'inspiration plus locale avec les Verts.

    Cette condition est indispensable au succès car, face à nous, les droites qui se déchirent nationalement seront unies, au-delà même, dans certains cas, de l'espace républicain.

    Les alliances Droite / FN qui demeurent encore dans trois régions françaises  on finirait par l'oublier- ont servi de laboratoire et l'éclatement de l'Extrême droite, conjugué avec la dislocation du RPF, permet tous les recyclages, même les moins glorieux, toutes les combinaisons au premier et surtout au second tour, même les plus honteuses.

    Et s'il faut rester prudent sur l'automatisme qui voudrait que le sort d'un scrutin dépendrait du précédent, souvenons-nous de 95 où, après la présidentielle manquée de peu il est vrai, nous avons gagné les municipales (sauf en Corrèze j'en conviens ; mais je n'étais pas le seul responsable). Il ne faut pas redonner le moindre espoir à la Droite ; elle ne mérite pas de le retrouver tant elle est systématique dans son opposition, divisée dans son expression, inexistante dans ses propositions, contradictoire dans ses choix.

    Mais, la force de la Droite tient plus à sa sociologie qu'à la qualité de ses représentants. En cette matière, ce sont les Français qui jugent et qui disposent du dernier mot. A nous de les convaincre, personne ne le fera à notre place.

CONCLUSION



Cette rentrée, par les succès qu'elle confirme (la croissance, qui permet à la fois à la baisse d'impôts et la baisse du chômage), par les aléas qu'elle révèle (la hausse du prix du pétrole, le départ du Gouvernement de Jean-Pierre Chevènement) nous met devant nos responsabilités.

Rien n'est joué. Tout dépend de nous. L'expérience montre que, ces dernières années, les majorités au pouvoir ont perdu la confiance des Français, plus par leurs fautes, leurs divisions et leurs comportements que par adhésion profonde à leurs adversaires. Sachons en tenir compte.

Mais gagnons d'abord sur notre bilan. Il est déjà considérable, alors qu'il n'est pas clos. Soutenons le Gouvernement de Lionel Jospin pour avancer au bon rythme dans l'accomplissement de nos engagements.

Préparons dans le même temps notre projet pour prolonger nos réformes et tenir compte des mutations en cours. C'est le rôle du Parti socialiste. Et si nous parvenons à donner confiance sur notre bilan et espoir sur notre projet, alors Chers Camarades, rien ne nous sera interdit.