Reconstruire l'Union
sur des idées claires

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    Du vaste rassemblement des forces populaires, l'Union de la Gauche reste à nos yeux la traduction politique indispensable. Cette Union, le Parti socialiste la veut. Rassemblant les hommes et les femmes qui veulent travailler ensemble à la construction d'une société socialiste, le Parti socialiste a choisi à Épinay la stratégie de l'Union de la Gauche en raison notamment de la situation du mouvement ouvrier dans notre pays, situation qui demeure et continue à justifier le même engagement. De l'explosion de mai 1968, il a recueilli une bonne part de l'énergie et des aspirations positives. Dans le paysage politique français, il constitue depuis cette époque le fait nouveau par excellence. cette novation radicale - la reconstitution dans le dernier quart du XXe siècle d'un grand Parti socialiste sur une ligne de rupture avec le capitalisme - n'a pas encore ouvert la voie au socialisme. Mais il eût été illusoire d'attendre la réussite d'une si grande ambition dans un délai aussi bref.

    Qui pourrait croire en effet que serait tranchée sans crise la contradiction dans laquelle le Parti communiste s'est enfermé depuis qu'il affirme avoir choisi la voie démocratique au socialisme, sans renoncer pour autant ni à son modèle de parti strictement hiérarchisé ni à la conception anti-démocratique de son rôle " dirigeant " dans l'Union ?

    Devions-nous à la première traverse résigner notre ambition ? Plutôt que de renoncer ou de plier, le Parti socialiste a choisi de persévérer.

    A l'aube des années 80, à l'initiative de François Mitterrand, il a entrepris de redéfinir le projet du socialisme en France. Il le fait par rapport à l'avenir pour répondre à la question que les Français se posent : quelle issue y a-t-il au bout de cette crise pour notre pays et plus généralement pour l'humanité ? Mais notre Parti le fait aussi à la lumière des dix années écoulées : car il faut comprendre le passé pour maîtriser l'avenir.

    C'est dans la cohésion et dans un nouvel élan du Parti socialiste que réside la promesse d'une belle et grande victoire des travailleurs. Pour ce faire, le Parti socialiste ne peut compter que sur ses propres forces. C'est avant tout de lui-même qu'il doit tirer l'énergie d'un sursaut salvateur.

    Entre 1965, date de la première candidature unique de la Gauche, et 1974, où la Droite ne se maintenait plus que d'extrême justesse, un fait nouveau massif s'est produit : la prise de conscience politique, symbolisée par le mouvement de mai 1968, à la fois de couches sociales nouvelles, et de la génération qui n'avait pas connu la guerre.

    Cette prise de conscience a nourri de son souffle encore chaud le Parti d'Épinay. Le Programme commun signé en 1972 visait à donner une traduction globale à des aspirations par ailleurs diverses et souvent contradictoires.

    Dans le même temps, la Droite pour se survivre, cherchait à récupérer une sensibilité qui de toute évidence ne s'accordait pas aux valeurs productivistes, nationales, ou d'autorité, du gaullisme traditionnel. La " nouvelle société " de Chaban-Delmas en 1969, puis le rêve de Servan-Schreiber, suspendu entre " Ciel et Terre ", la " société libérale avancée " de Giscard d'Estaing depuis 1974, et enfin - jusqu'à nouvel ordre - le thème d'une " Démocratie française ", n'écartant d'elle-même que deux franges extrêmes, renvoient au même dessein, celui d'une France gouvernée au centre, grâce au ralliement des couches salariées nouvelles au pouvoir de la grande bourgeoisie.

    Ainsi notre pays est-il devenu depuis une dizaine d'années le théâtre d'une lutte d'idées d'autant plus farouche que la crise y est maintenant profonde et que les enjeux du combat politique y ont été élevés depuis 1972, au niveau d'un choix de société.

    Cette véritable guerre d'idées, toute de mouvement, les socialistes doivent la gagner. La Droite, en effet, s'est enfermée dans une contradiction qui tient à ce qu'elle ferme aux nouvelles couches salariées toute perspective d'avenir au moment même où elle affecte d'en reprendre les valeurs à son compte. Mais les socialistes ne peuvent l'emporter sur ce champ de bataille culturel qu'en ayant mis eux-mêmes de l'ordre dans leurs idées. Après le bouillonnement qui a marqué les premières années du Parti d'Épinay, le temps est venu d'une nouvelle étape.

    Appronfondissement, maturation, mise en perspective sont les exigences auxquelles le Parti tout entier doit répondre pour se mettre à la hauteur de ses responsabilités historiques, et passer à l'offensive.

    Cette synthèse profonde, aujourd'hui, est la condition demain d'une grande réussite.

    Certaines idées - qui sont dites " nouvelles " bien qu'elles aient une histoire - peuvent et doivent enrichir la démarche fondamentale des socialistes qui met l'accent sur la transformation des structures réelles de la société, mais elles ne sauraient s'y substituer.

    a) L'éveil politique d'une partie des " couches nouvelles " depuis une douzaine d'années s'est souvent manifesté au sein de la Gauche et en particulier au sein du Parti socialiste par l'émergence ou la reprise - sur un mode et dans un esprit évidemment bien différents - de thèmes qui avaient souvent été exploités par la Droite, tout au long du XIXe siècle et jusqu'à la dernière guerre mondiale, contre la République ou pour freiner le développement du mouvement ouvrier : la contestation du progrès technique, l'accent mis sur les limites de la " science ", la critique du " savoir " comme " pouvoir " et du rôle de l'école, l'exaltation des différences, celle des identités régionales voire des peuples et des cultures minoritaires, la découverte des corps intermédiaires à travers la décentralisation ou le " phénomène associatif " et plus généralement de la " société civile " face à l'État, et enfin le retour à la Nature loin de la ville inhumaine.

    Tous ces thèmes avaient plus été illustrés dans le passé en France par la pensée de Droite libérale voire réactionnaire, que par les principaux courants de Gauche, qu'ils soient de tradition radicale ou marxiste.

    La Gironde face à la Montagne et la Vendée dressée contre la Convention ; le traditionnalisme - celui de Bonald et de Maistre - contre la pensée révolutionnaire ; le cléricalisme guerroyant tout au long du XIXe siècle contre le Progrès, la Science et les valeurs de l'école républicaine ;Tocqueville mettant en lumière la fonction stabilisatrice, aux États-Unis, des " associations " à l'usage d'une société française selon lui menacée par l'égalitarisme et la montée du prolétariat ; Maurras opposant la France profonde, celle des métiers, des corporations et des régions chantées par les félibres, bref le " pays réel " au " pays légal ", celui des notables issus du suffrage universel ; Barrès découvrant au pied de la " colline inspirée " les vertus de l'enracinement ; Pétain enfin prônant " le retour à la terre... qui, seule, ne ment pas " avaient ainsi modelé, plus que l'industrialisme d'une fraction de la bourgeoisie ou le centralisme napoléonien, le paysage mental traditionnel de la droite française.

    Le transfert de certains thèmes de Droite à Gauche qui a accompagné le formidable bouleversement économique et humain de la société française dans les trente années qui ont suivi la Seconde guerre mondiale, a brouillé certaines pistes soigneusement balisées, où la Droite et la Gauche se croisaient sans se rencontrer. Et cela d'autant plus que la Droite - hier de Gaulle et Pompidou avec la " croissance ", aujourd'hui Giscard avec le " mondialisme " - n'a jamais hésité à puiser dans l'arsenal idéologique de la Gauche les idées-forces destinées à lui permettre d'organiser sa survie. Elle peut jouer pour ce faire sur l'ambiguïté idéologique de certaines couches moyennes qui prétendent réformer la société contre le capitalisme en préservant leurs valeurs et leur indépendance vis-à-vis de la classe ouvrière et de la majorité de la population. Il n'est pas sûr que cette confusion, contrairement à certaines apparences, favorise la Gauche : la lutte des classes n'a pas commencé en Mai 1968. Elle ne s'est pas terminée en mars 1978. On ne peut en définitive transformer le monde si on ne le comprend pas. Rien de plus important pour les socialistes que d'avoir les idées claires. D'où la nécessité d'une nouvelle mise en perspective, bref d'un Projet cohérent.

    b) S'il est vrai que certains réflexes procédant de l'absence de mémoire historique de couches sociales nouvellement ralliées au combat de classe survivent quelquefois aux convictions qui les nourrissaient, l'apparition de thèmes originaux et de sensibilités nouvelles au sein de la Gauche a traduit avant tout des mutations profondes au sein de la société française que notre Projet prend pleinement en compte.

    Les déséquilibres et les frustrations nés de la croissance capitaliste ont entraîné des prises de conscience neuve ou suscité des formes de luttes inédites : le renouveau du féminisme enfin compris comme une dimension essentielle du socialisme (parce qu'il met en valeur le lien qui existe entre la logique de l'exploitation et la subordination des femmes à tous les niveaux de la société), la sensibilité écologique, la reconnaissance de solidarités jadis mal perçues entre tous les exploités - prolétaires du Tiers Monde et travailleurs des pays industrialisés, victimes d'un même système -, la résistance à la bureaucratie, l'attachement au " pays " quand les restructurations font planer la menace du déracinement, la volonté de décentralisation réellement démocratique, la mise en cause de la neutralité de la " Science " et plus généralement le refus de la technocratie, la réflexion sur le rôle de l'École perçue hier comme libératrice mais souvent aussi aujourd'hui comme reproductrice des inégalités sociales et comme véhicule de l'idéologie dominante.

    L'affleurement de ces thèmes à la conscience socialiste est éminemment positif. Il y a là un enrichissement de l'approche traditionnelle de la Gauche dont collectivement nous pouvons être fiers. Le Parti socialiste intègre ces thèmes à son combat. Ils renforcent sa démarche sans se substituer à l'essentiel : la rupture avec le système capitaliste et la transformation réelle des structures de la société. Ces idées-là sont les seules que la Droite ne puissent récupérer puisqu'elles visent à détruire ses propres fondations.
Le mouvement des idées a influencé également bien des positions de l'Église qui ont cessé de se confondre avec la défense systématique de l'ordre établi. Surtout l'évolution d'une partie du monde chrétien a effacé de vieux clivages qui, en empêchant le rassemblement des exploités, nuisaient à l'élan et à la puissance du combat socialiste dans notre pays. Le Parti socialiste a toujours entendu regrouper sans distinction de croyance philosophique ou religieuse tous les travailleurs qui font leur idéal et leurs principes du socialisme. De plus en plus nombreux sont donc les chrétiens qui rejoignent non seulement le Parti mais les analyses socialistes elles-mêmes, sans pour autant, bien au contraire, renier leur foi : l'explication de la société en effet est une chose, le destin ultime de l'homme en est une autre. Dans la mesure où le cléricalisme s'efface, l'anti-cléricalisme perd sa justification. C'est là un enrichissement de la laïcité et un acquis précieux du combat socialiste de ces dernières années.

    Il incombe aujourd'hui au Parti socialiste d'intégrer ces apports multiples à une démarche politique cohérente et rigoureuse. En effet les idées ne sont pas par définition réactionnaires ou progressistes. Elles le sont par rapport à un projet historique et à une réalité sociale sous-jacente.

    Par ailleurs notre Parti doit faire pièce à l'offensive idéologique de la Droite. Celle-ci a abandonné le pragmatisme qui, par beau temps, lui tient lieu de pensée. Aujourd'hui la crise a déchiré le voile : la Droite, comme dans toute période de crise, s'est lancée dans la lutte idéologique destinée à masquer son impuissance.

    Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la pensée de la Droite avait dû composer dans un contexte de prospérité où elle avait pu affecter de reprendre à son compte les idéaux de la démocratie.

    Elle s'affirme à nouveau aujourd'hui tantôt à visage découvert, tantôt de manière hypocrite en discréditant systématiquement les concepts et les valeurs qui fondent le socialisme et la démocratie. C'est pourquoi la lutte d'idées est plus que jamais aujourd'hui une dimension nécessaire du combat socialiste. A l'idéologie dominante, celle du pouvoir, nous devons opposer nos propres analyses. A défaut nous serions incapables de donner aux luttes sur le terrain leur perspective politique d'ensemble. On ne peut donc opposer les " réalités " ou les " luttes à la base " à la lutte d'idées. Celle-ci fait partie de la lutte d'ensemble. Elle l'éclaire et s'en nourrit.

    La Droite attaque volontiers la Gauche sous prétexte qu'elle ferait dans " l'idéologie ". La vérité est que la Droite entend imposer ainsi sa propre idéologie qui imprègne déjà l'ensemble du champ des rapports sociaux.

    Elle veut contraindre la Gauche à désarmer et à abandonner le terrain de la lutte d'idées, c'est-à-dire d'une certaine façon la lutte tout court.

    L'idéologie dominante qui est toujours celle de la classe dominante - même si celle-ci est, et devient de plus en plus minoritaire - entend ainsi régner sans conteste. Résister à cette intoxication est le premier de nos devoirs.

    Si donc le Parti socialiste doit reconnaître les formes nouvelles d'exploitation et d'aliénation, s'il doit être au premier rang sur les nouveaux fronts de lutte, ce ne saurait être pour modifier ou même altérer sa démarche fondamentale, mais seulement pour lui donner plus de force.

    Ainsi une sensibilité nouvelle au sein même de la Gauche a vu dans la " révolution culturelle " née en Californie au cours des années soixante, et dont une certaine idéologie se réclamant de mai 1968 fut la traduction française, l'avènement d'une " critique de Gauche du Progrès ".

    Mais il ne suffit pas de se dire " de Gauche " ou " nouveau " ou " progressiste " pour être cru sur parole.

    Cette critique du " progrès " ne s'adresse-t-elle pas d'abord à la croissance capitaliste, aux rapports internationaux modelés par l'impérialisme, et plus généralement à la logique du profit et de la puissance qui sont le propre de cette société ?
N'est-ce pas la " rationalité" capitaliste - c'est-à-dire une rationalité tronquée, mutilée, et par conséquent une fausse rationalité - qui révèle de plus en plus un visage démentiel ?

    Si la " Révolution culturelle " née au cœur du capitalisme avancé débouche aujourd'hui sur un malaise profond, sur " l'inquiétude et le surgissement de la Mort à l'horizon de notre monde ", n'est-ce pas justement parce qu'elle n'a ni voulu ni pu être une révolution politique s'attaquant au système en place ?

    Le retour en force depuis quelques années du conservatisme américain devrait conduire à s'interroger sur le destin de la contestation californienne des années soixante, dont le rôle historique, aujourd'hui, semble avoir surtout consisté à hâter, à travers le Watergate et la fin de la guerre du Viêt-nam, les mutations internes et externes du système de domination des États-Unis.

    L'apocalypse du XXIe siècle, " la Mort qui surgit à l'horizon ", c'est à coup sûr le destin du capitalisme. Mais il dépend de nous que la fin d'un monde ne soit pas la fin du monde. En ce sens nous ne confondons pas la critique du capitalisme et la critique du " progrès ". Laissons cela aux " socialistes féodaux " dont se moquait Karl Marx : " Le socialisme féodal... est en partie l'écho du passé, en partie la menace de l'avenir. En guise de drapeau les aristocrates arboraient la besace des gueux prolétariens, pour entraîner le peuple à leur suite. Mais dès que le peuple leur emboîtait le pas, il apercevait sur leur derrière les vieux blasons féodaux et se dispersait avec d'irrévérencieux éclats de rire " (le Manifeste Communiste). " Si le progrès, au lieu de servir l'homme, se retourne contre lui cela tient pour l'essentiel à la nature des structures économiques et des rapports de production, sous la coupe des grandes puissances financières ".

    Y a-t-il des raisons de modifier cette analyse ? Les thèmes apparus dans la période récente (décentralisation, maîtrise du cadre de vie, qualité de la croissance, etc.) doivent enrichir la démarche socialiste, non s'y substituer.

    La reconnaissance effective d'un certain nombre de droits économiques et sociaux implique, en effet, la transformation des structures réelles de l'économie.

    Il ne s'agit pas pour nous d'aménager le système capitaliste mais de lui en substituer un autre.

    Nous ne saurions donc dresser de fausses fenêtres ou créer de toutes pièces des antagonismes fallacieux en opposant par exemple l'autonomie régionale et l'unité nationale, l'autogestion et la planification démocratique, etc.

    Bien au contraire il nous incombe de lier dans une synthèse dynamique des préoccupations complémentaires si nous voulons pouvoir ouvrir, le moment venu, la voie au socialisme. L'appropriation sociale des grands moyens de production n'est sans doute pas la condition suffisante du socialisme. Elle en reste la condition nécessaire.

    Le Parti socialiste n'a pas pour but de se faire plaisir ni de témoigner pour l'au-delà mais de transformer les structures de la société, à travers la conquête du pouvoir politique, pour libérer l'Homme et la Femme.

    Pour mener à bien cette tâche redoutable et grandiose, il ne saurait prêter l'oreille à ceux que Gérard Mandel a appelés " les Maîtres fous " qui prônent la libération sauvage de tous les désirs : " tout, tout de suite, tout le temps et partout : la transe permanente et généralisée " et encore moins, bien entendu, à ceux qui ne flattent ces pulsions que pour mieux détourner les énergies et les volontés des objectifs de la transformation sociale.

    Le Parti socialiste doit faire fond sur lui-même pour l'emporter dans le grand combat d'idées qui traverse notre pays. Ce sont nos idées qu'il s'agit de faire avancer, en gagnant la conviction de tous ceux que ne peut plus satisfaire l'ordre existant des choses.
Le Parti socialiste, en se tournant vers les couches les plus exploitées et en donnant la priorité à son implantation dans le monde du travail, fait appel à des sentiments simples mais forts : la révolte contre l'injustice, le sens de la dignité et de la solidarité humaine, l'amour de la vérité, la foi en l'homme et en ses capacités, le goût des grandes entreprises et d'abord en la plus belle de toutes : libérer les travailleurs d'une exploitation séculaire en donnant à tous les exploités - hommes et femmes - les moyens de leur propre émancipation.

    Pour l'emporter dans la bataille des idées, ouverture et rigueur vont de pair.
C'est pourquoi le Parti socialiste inscrit son projet sous ce triple mot d'ordre :
 Comprendre : car on ne peut transformer que ce que l'on comprend.
 Vouloir : car, au milieu des incertitudes, il faut affirmer les valeurs sans lesquelles aucun projet ne peut s'accomplir.
 Agir, enfin : car il faut discerner les priorités, découvrir les cheminements, mobiliser les énergies sur de grandes initiatives.

    C'est en répondant pleinement à ces objectifs que le Parti socialiste pourra entraîner la Gauche tout entière.





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