Trouver les mesures qui parleront au cœur et à l'âme de nos compatriotes
Congrès du Mans - 19 novembre 2005

Discours de Jean-Louis Bianco, député des Alpes-de-Haute-Provence
Tribune du Congrès du Mans


 
Mes camarades, j'ai entendu, nous avons entendu depuis hier, beaucoup de bons et beaux discours sur la nature de la crise que traverse notre pays, et cette crise, elle est grave, elle est profonde.

J'ai entendu, nous avons entendu beaucoup de beaux et bons discours sur l'état du pays, sur les attentes de la société, sur la dureté de la droite, et c'est vrai que cette droite est la plus réactionnaire que nous ayons connue depuis longtemps.

J'ai entendu beaucoup de beaux et bons discours sur la nécessité du rassemblement des socialistes. Mais mes camarades, regardons la vérité en face. Nous ne voulons pas que le congrès du Mans soit un nouveau congrès de Rennes, mais nous ne voulons pas non plus que le congrès du Mans soit un congrès de dupes et un congrès de faux-semblants.

Mes camarades, dans nos textes, dans nos discours, nous sommes - comme souvent - très bons, excellents, lucides dans le diagnostic. Nous demeurons, et c'est la vérité de le dire, encore trop faibles dans nos propositions. Il y a pourtant, dans les contributions, dans les motions, beaucoup d'idées utiles, intéressantes, justes, mais nous n'avons pas encore, mes camarades, les mesures phare comme ont été les 35 heures, les emplois-jeunes. Nous sommes encore loin du compte sur les réformes de structure. Quelle priorité ! Et c'est cela la priorité pour nous, trouver les mesures qui parleront au cœur et à l'âme de nos compatriotes, trouver les mesures qui montreront notre volonté de transformation. C'est la tâche de demain après le congrès.

Alors que faire mes camarades ? D'abord, évidemment, nous tourner vers les Français, arrêter de nous regarder le nombril, faire des forums du débat, avec tous les citoyens, des forums du projet, avec les associations, avec les syndicats, avec la société civile, avec les partis de gauche, cela doit commencer dès demain.

Nous devons aussi, mes camarades, ne pas nous tromper, il faut attaquer le mal de cette mondialisation, de cette marchandisation, à la racine. Et le mal, mes camarades, ce n'est pas le libéralisme. Le mal profond, ce n'est même pas l'ultralibéralisme. Le mal, l'ennemi, l'adversaire, c'est le capitalisme financier, c'est les fonds de pension, c'est la marchandisation du monde.

Ce combat, cela prendra du temps, mais nous devons le mener à l'échelle mondiale, pas tous seuls. Mais nous devons d'abord, mes camarades, le mener à l'échelle de l'Europe. Notre priorité est simple : bâtir dans les meilleurs délais, avec le débat démocratique nécessaire, un programme commun des socialistes européens, préfiguration d'un programme commun de la gauche européenne.

Et nous devons tout simplement, c'est ma proposition, commencer à la rentrée par une université d'été des socialistes européens. Retrouvons-nous, parlons-nous, débattons avec nos camarades des partis européens. Nous devons ensuite, mes camarades, décider des réformes de structure. Celles qui vont concrétiser notre volonté proclamée de changer profondément notre société. Il y en a plusieurs, j'en vois au moins deux : le pouvoir dans l'entreprise, c'est là aussi qu'il faut attaquer le mal à sa racine avec les meilleures lois de modernisation sociale, avec les meilleurs combats syndicaux, si les salariés n'ont pas un pouvoir de contrôle, si les travailleurs n'élisent pas leurs représentants dans les conseils d'administration, dans les conseils de surveillance, alors le pouvoir restera aux actionnaires.

Deuxième réforme de structure, Anne Hidalgo en parlait tout à l'heure : le pouvoir dans les médias. Oui ou non, voulons-nous que la télévision continue à être une machine abrutissante, décervelante, où on vend du cerveau pour le Coca-Cola ?

Oui ou non volons-nous que le grand capital et les trusts financiers prennent le contrôle des médias ? La réponse, elle est non. Et nous devons le traduire dans des propositions précises.

Mais nous devons en même temps, mes camarades, choisir, débattre, définir les mesures immédiates. Etre plus à gauche, cela veut dire aussi faire en sorte que dès le début d'un pouvoir revenu à la gauche, nos compatriotes, les classes moyennes les plus modestes qui souffrent, voient du changement dans leur vie. Que faisons-nous pour le programme des 300 jours ? Sur le pouvoir d'achat ? Sur le chômage ? Sur le logement ? Sur l'éducation ? Sur la santé ? Ce programme des 300 jours, c'est notre première tâche pour être crédible aux yeux des Français.

Et nous devrons évidemment négocier un contrat de gouvernement avec toutes les forces de gauche qui acceptent le risque de gouverner, avec les forces de gauche qui acceptent de mettre les mains dans le cambouis, car c'est cela l'honneur du réformiste qui veut changer la société.

Et puis, mes camarades, et c'est ma conclusion opérationnelle, pour faire cela, nous avons besoin d'une direction forte, rassemblée, rajeunie, féminisée, qui soit un peu plus à l'image de la France dans sa composition sociale, et dans ses origines.

Si nous avons tout cela, cette direction forte et rassemblée, ce contrat de gouvernement, ce programme des 300 jours, ces réformes de structure, alors oui, nous ferons entendre une nouvelle voix, oui, le Parti socialiste sera de retour, oui nous montrerons que nous sommes capables de changer la vie et de changer le monde.


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