Je veux aider au dépassement du clivage oui-non

Jean Glavany
Entretien avec Jean Glavany, député des Hautes-Pyrénées, paru dans le quotidien Libération daté du 1er juillet 2005
Propos recueillis par Didier Hassoux


 

François Hollande vient de lancer un appel aux militants à dépasser le oui et le non, qu'en pensez-vous ?
Rassembler les militants socialistes est une exigence. Il ne s'agit pas de rechercher un consensus mou. C'est une nécessité arithmétique, politique et idéologique. Arithmétique parce que ni le oui de gauche, ni le non de gauche ne peuvent l'emporter séparément en 2007. Et, même si le non de gauche a été majoritaire le 29 mai, il ne représente pas une alternative politique à lui seul. Si le PS se divise, il entraînera la dispersion des autres forces progressistes. En 2007, le rassemblement des Français passe par le rassemblement de la gauche, donc du Parti socialiste. Cela suppose que nous fassions la démonstration de notre capacité à surmonter ce qui nous a divisés l'espace d'un référendum.

L'irréparable n'a-t-il pas été atteint durant cette campagne ?
Il y a un an, au moment des élections européennes, nous étions unanimes à réclamer une Europe plus politique et plus sociale. Cet objectif ne divise pas les socialistes. Ce sont les moyens d'y parvenir qui nous ont séparés temporairement. Il est temps de se retrouver. Ce n'est pas insurmontable. Cela suppose un respect mutuel dans l'expression, comme dans les comportements individuels et collectifs. Les partisans du oui doivent comprendre le vote majoritaire. Et donc les socialistes qui l'ont préconisé. A l'inverse, les partisans du non doivent admettre que les militants du oui ne sont pas des traîtres à la cause de la gauche.

Cela suffira-t-il à gommer les différences de fond entre « sociaux-libéraux » et « gauchistes » du PS ?
Je vous le confirme : il existe bien des sociaux-libéraux au PS. Mais il y en a autant à avoir voté oui que non le 29 mai. Les Français ont fait part de leur colère contre les excès du libéralisme économique et ont réclamé plus de protection. Il faudra que la gauche réponde à leurs inquiétudes. Pour cela, il nous faut dépasser les faux débats sur « l'économie de marché » et « la concurrence libre et non faussée » et définir concrètement les outils de domination du marché par la puissance publique. Je pense à la fiscalité, au droit social, au droit écologique et aux services publics. Si nous voulons que le congrès du Mans, en novembre, soit utile, c'est le moment de faire l'inventaire de nos années de pouvoir. En assumant nos succès comme en repérant là où nous avons failli. Si nous avons fait des concessions excessives au libéralisme, il importe que nous sachions lesquelles et que nous en tirions les conséquences.

Pour mener à bien ce programme de réconciliation entre socialistes, êtes-vous candidat au poste de premier secrétaire ?
Mon attachement au parti m'avait amené à proposer de nous abstenir au référendum de Chirac. Je sentais confusément qu'il s'agissait d'un piège dans lequel nous serions entraînés par ou avec le chef de l'Etat. D'autant que le poison de la division pointait son nez. Même si j'ai hésité, j'ai fini par voter oui devant le parti et les Français. Je ne le regrette pas. Aujourd'hui, je veux aider au dépassement du clivage oui-non. Celui-ci ne peut s'opérer que par les éclaircissements idéologiques que j'évoquais. Sur ces sujets, je déposerai une contribution au congrès. Avec la volonté que cela enrichisse la motion que je souhaite majoritaire.

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