Clarifier, Renouveler, Rassembler

François Hollande
Intervention de François Hollande, premier secrétaire, à la réunion des animateurs de sa contribution générale au Congrès de Dijon, le 4 février 2003.


 
Chers camarades,

Il était normal que, pour cette première réunion, ce soit François Rebsamen, le maire de Dijon, qui la préside. Il y avait comme un air de Congrès, avant l'heure, et je sais qu'il joue déjà, et qu'il jouera, un rôle déterminant. Nous avons tous comme souci, comme préoccupation, comme objectif, de faire un beau Congrès à Dijon pour que la réputation de cette ville ne s'en trouve pas ternie et même, au contraire, qu'elle s'en trouve rehaussée. Donc, tu vois, François, nous avons à peu près les mêmes objectifs...

Je veux ici vous remercier, chers camarades, d'être venus à cette réunion de correspondants, d'animateurs de la contribution. Il y a ici les membres du Conseil national qui se reconnaissent dans ma démarche, il y a les élus parlementaires. Il y a un certain nombre d'élus qui ont été parlementaires ou qui ne l'ont jamais été mais qui ont vocation à le devenir… Et puis il y a les premiers secrétaires fédéraux, les animateurs fédéraux, tous ceux qui auront, dans les jours qui viennent, parce que c'est ça l'enjeu, à présenter la contribution, à en promouvoir les idées principales, à en défendre la démarche car le danger de signer seul cela pourrait être d'être seul mais cela peut être aussi un avantage car si cela permet de rassembler large et je constate que nous avons tous les moyens pour rassembler.

Je souhaite que notre réunion qui doit régler des questions d'organisation nécessairement soit une réunion qui lance véritablement le débat. Le débat, après le 21 avril, mais surtout dans la perspective des prochaines échéances, je l'ai souhaité. J'ai considéré que l'on ne sortirait véritablement de cette torpeur qui nous avait atteints après l'échec qu'avec un exercice de vérité entre nous, un exercice de liberté, faire que les uns et les autres, à nos places respectives, nous puissions dire ce que nous avions pensé, sans doute, de ce que nous avions fait ensemble, nous en avons une légitime fierté même si nous en connaissions les limites mais aussi dire ensemble ce que nous voulions affirmer comme identité pour l'avenir.

Je dois dire que le débat militant tel que nous l'avons initié, tel que nous l'avons organisé, a été tout à fait à la hauteur de l'espérance que nous avions portée en lui. Il y a eu de la part des adhérents, de la part des responsables, de la part des élus, une même volonté : prendre la parole, sans doute, non pas simplement pour exprimer une exaspération, elle pouvait avoir lieu, exorciser parfois une peur de ce qui allait se produire, mais surtout finalement en responsabilité d'affirmer un certain nombre de principes, de valeurs qui pouvaient nous rassembler tous. J'ai trouvé, à travers la restitution du débat militant, à Montreuil, mais aussi dans le livret qui a été publié une grande convergence d'analyses, de propositions, d'exigences aussi. Car nous ne sortirons de cette période qu'avec les idées claires, à l'évidence, des principes et des valeurs réaffirmées, modernisés si c'est nécessaire mais aussi avec un parti renouvelé, rénové, repensé à bien des égards. Parce que la vie politique, elle, a changé, la relation à la politique a évolué et nous devons en tirer les conséquences si nous voulons avoir avec la société un lien qui ne se distende pas au moment des rendez-vous électoraux.

Le débat, je l'ai voulu, je l'ai voulu à travers cette expression militante, je l'ai respecté à tout moment. On m'en a fait d'ailleurs le reproche, on me demandait dès que je l'avais ouvert de le conclure. On me disait que cette attente était insupportable, au moment même d'ailleurs où des camarades bien inspirés commençaient le débat militant avec le débat de Congrès. Dès le mois de septembre en définitive, puis dès le mois d'octobre, nous avons été confrontés à cette situation, à l'évidence paradoxale où nous, dans nos fédérations, dans nos sections, nous animions tout le débat militant, au nom de tous, c'était notre responsabilité, c'est encore notre responsabilité, pendant que d'autres étaient déjà dans le positionnement, dans la préparation d'une motion qui n'était pas écrite. Mais je ne regrette rien car, en définitive, c'était la bonne démarche, c'est la bonne démarche. Parce que c'était la meilleure façon de dire aux camarades, aux militants que nous pouvions respecter d'autant plus leur message que nous l'avions finalement laissé libre de s'épanouir.

Alors maintenant nous rentrons dans une autre phase, la phase des contributions, la phase du congrès. Je souhaite que cette phase là soit respectée aussi. Il ne s'agit pas, par notre propre initiative, d'arrêter un processus. Au contraire, c'est d'y prendre toute notre place, c'est de faire vivre à notre initiative le débat, mais le débat sur l'essentiel, sur le fond, sur ce qui finalement est attendu de nous : quelle ligne politique, quelle stratégie, quel enjeu pour les socialistes. Et s'il y a d'autres contributions, dix-huit au total, je ne m'en plains pas, parce que cela témoigne aussi de la vitalité du parti. Je n'oublie pas toutes les contributions thématiques qui ont été écrites et qui ont été là aussi le reflet d'une réflexion tout à fait originale même si elle est impressionnante parce qu'il faut envoyer je ne sais combien de livrets à chaque militant, qui lui-même doit s'interroger : se demander si, dans son courrier, une autre livraison vient, est-ce que trois cents pages encore vont être encore soumises à sa lecture... Alain Bergounioux doit nous rassurer, je crois que la série est terminée. Le coût en est d'ailleurs impressionnant. Alain Claeys a raison de nous alerter, et il faut que l'on soit attentif à ces choses : le seul envoi des contributions générales et thématiques, c'est trois millions de francs. Il faut s'en rendre compte, il faut faire vivre le débat et c'est bien qu'il en soit ainsi, il faut que l'on soit rigoureux et respectueux des deniers du parti.

Ces contributions générales, j'entends aussi qu'elles puissent se faire connaître, s'épanouir mais également qu'elles puissent faire un effort de convergence si c'est possible, c'est ma responsabilité aussi de Premier Secrétaire. Liberté pour les contributions générales, respect des contributions générales mais, en même temps, démarche de responsabilité. Je vais donc, après avoir rencontré tous les contributaires qui l'ont bien voulu, réunir tous les porteurs de ces contributions générales, la semaine prochaine, pour faire en sorte au travers des groupes de travail, de fixer les rapprochements possibles, les apports nécessaires, les améliorations souhaitables mais avec le souci de fixer aussi les différences, s'il y en a. Il faut que le débat vive, c'est-à-dire que ce ne soit pas simplement l'affirmation des mêmes objectifs, c'est également de savoir ce qui nous sépare les uns des autres. Quand rien ne nous sépare alors le rassemblement doit se faire, quand il y a des différences essayons de les réduire, quand elles ne peuvent pas être réduites c'est la légitimité du débat des motions mais moi je n'attendrai pas je le dis le conseil national du 15 mars avec dix-huit contributions pour fixer ce qui serait la synthèse.

Au moment où nous discutons, évitons (c'est la formule classique) les synthèses artificielles, les consensus forcément mous, les rassemblements factices, et bien justement faisons en sorte d'engager une démarche dès à présent pour faire converger un certain nombre d'initiatives et puis faisons en sorte d'apporter là aussi la clarification du débat par le vote.

J'en reviens à notre contribution, c'est vrai que j'ai voulu la signer seul comme pour bien montrer que ce qui devait compter était, non pas les signataires même réduits à une simple expression, mais les idées qui pouvaient y figurer. Cette contribution ne résume pas tout le débat et je souhaite d'ailleurs que l'on puisse tout au long de ces prochaines semaines, dans la discussion avec les militants, dans le rapport avec les fédérations, en liaison avec les contributions thématiques, enrichir cette contribution, pour qu'elle fasse une motion qui permette là encore de faire œuvre de clarification, de rassemblement et de renouvellement.
Je souhaite donc que dans toutes les réunions que nous allons organiser maintenant, département par département, ville par ville, et quelques fois sections par sections, nous soyons, puisque vous aurez à le faire (c'est cela l'inconvénient de signer seul, c'est que par moment on ne peut pas présenter partout sa propre contribution…) mais faisons en sorte que, chaque fois qu'il y a une réunion, nous présentions nos idées, nous affirmions notre démarche mais nous écoutions aussi les militants, si des idées sont émises nous les reprenions, nous les prenions à notre compte parce que ce qui est difficile à vivre pour les militants qui ont eu ce premier temps, c'est d'avoir des contributions qui tombent, si l'on peut dire, « du haut » et qu'ils ne pourraient pas corriger. Donc je crois qu'il faut avoir cette démarche de dialogue et de confrontation.

J'en arrive à la nature même du débat que nous voulons engager. Il doit porter sur l'essentiel. L'essentiel, après plusieurs mois de réflexions, est de faire le clair sur notre projet et sur notre stratégie. Notre projet, et beaucoup ont insisté, ne peut pas être qu'un projet national. Nous devons nous situer au niveau de l'enjeu planétaire, de la mondialisation, notre rapport à la globalisation libérale mais nous devons le faire avec le souci de porter des revendications qui puissent rassembler d'autres que nous, pour faire en sorte que cette mondialisation soit corrigée, changée, maîtrisée, dominée, c'est dans ce sens qu'il faudra faire l'alliance avec tous les progressistes à l'échelle de la planète, mais sur des mots d'ordre, sur un agenda, sur des revendications qui peuvent être prises en compte par toutes les forces progressistes à l'échelle du monde.
Il y a le débat au sein de l'Internationale Socialiste, je salue Pierre Mauroy, il n'est pas facile parce que nous avons des partis qui ont d'autres histoires que les nôtres, qui ont d'autres modes de développement mais par rapport aux forums qui se tiennent à Porto Alegre ou à Florence, si ce n'est pas l'Internationale Socialiste qui doit être la partie prenante, qui peut l'être ? Qui peut traduire en actes politiques finalement cette démarche des mouvements sociaux ? Nous avons aussi à prendre nos propres initiatives, nous ne sommes pas dépendants de tel ou tel mouvement ou de telle ou telle organisation. C'est à nous, socialistes, à l'échelle du monde, de faire entendre les solutions que nous pouvons proposer. Je mets d'ailleurs en garde sur une description qui se veut souvent catastrophiste du monde, et il y a de quoi, reconnaissons-le et notamment dans cette période, et qui finalement installe le citoyen dans une espèce d'oppression. Il faudrait que face à un capitalisme ainsi mondialisé, ainsi puissant, ainsi installé sur toutes les parties de la planète, il n'y aurait rien à espérer. Je ne le crois pas du tout. Je pense, au contraire, que notre rapport à la mondialisation doit être un rapport offensif. Nous ne pouvons pas simplement être des résistants, nous devons avoir l'affirmation démocratique de la possibilité de dominer les phénomènes que nous dénonçons.

Et il en est de même par rapport à l'Europe, je crois que nous devons être beaucoup plus au clair par rapport à nos engagements européens. Longtemps nous avons hésité et je comprenais cette nécessité de concilier l'état-nation et puis la construction d'un espace nouveau : audible sur les questions européennes. L'Europe n'a-t-elle pas perdu ces dernières années une part de ce qu'elle pouvait avoir d'utopie, de rêve, d'ambition. En plus, il y a un rapport gauche-droite au sein de cette Europe. Il y a une contradiction entre celles et ceux qui poussent pour un modèle libéral et celles et ceux qui veulent en faire un espace de solidarité. C'est tout l'enjeu. Mais nous devons porter nos propositions, celles de la contribution, au nom de l'Europe et pas au nom d'intérêts frileux qui feraient que nous aurions à défendre telle ou telle conception de la politique agricole ou des fonds structurels. J'insiste là-dessus parce que quand je vois ressurgir un certain nombre de thèses, au sein du parti socialiste, sur le protectionnisme au moment même où les pays en développement ou, prenons cette référence puisque maintenant elle est convenue, où Lula, président brésilien, vient demander l'aide de l'Europe, l'aide de la France pour lever le protectionnisme américain, nous nous aurions à proposer au reste du monde, au nom de l'Europe, des droits de douanes ou des frontières pour ne pas faire rentrer les produits venant du Sud, mais avec quelle logique de développement ?

Nous devons être beaucoup plus audacieux que nous ne l'avons été sur la politique agricole commune, ce n'est plus supportable, même de rester dans l'ambiguïté quand on sait finalement ce qu'elle provoque comme effet dans les pays du Sud. Comment elle est contestée, je ne parle pas de ceux qui veulent avoir du profit lié au productivisme mais je parle de ceux qui veulent défendre une agriculture au Sud. Je ne suis pas plus long. Le projet doit être par rapport à la mondialisation mais en étant offensif. Le projet doit être par rapport à une Europe mais en la donnant, en la fixant comme fédérale et sociale. Nous avons aussi à mettre la priorité sur ce qui relève de nous. La volonté politique peut trouver sa place dans le cadre de l'état-nation et quand bien même engagerait-on un combat légitime à l'échelle du monde et à l‘échelle de l'Europe, nous avons notre propre responsabilité dans notre propre pays.

Nous avons là des leviers qui ne dépendent que de nous. Je ne parle pas simplement de la politique budgétaire, même si elle doit compter, ou simplement de la politique financière, je parle de ce qui doit être la première priorité des socialistes, l'éducation, parce que ce sera la matrice de la reconquête. Ca sera l'idée forte que nous aurons à présenter, qui permettra de régler un certain nombre de questions qui se posent aujourd'hui aux français. Nous avons aussi à insister sur la solidarité mais je n'ai pas là à détailler la contribution et à cette l'idée que nous devons traduire, que nous devons faire vivre notamment au moment où se multiplient les plans sociaux et les licenciements : la sécurité sociale professionnelle. La question va nous être posée : qu'auriez-vous fait, vous ? Nous avions la Loi de Modernisation Sociale, cela ne suffit pas. Que ferions-nous, par rapport à cette liquidation de telle ou telle entreprise, à ce comportement de telle autre qui ferme un certain nombre de sites dans des territoires ruraux. Nous avons donc aussi par rapport aux salariés à définir de nouveaux instruments. Je crois que c'est tout l'enjeu, là aussi des débats que nous avons à engager.

Nous avons, enfin, beaucoup l'ont évoqué dans les débats du parti, à couvrir tout l'espace politique de la gauche, tous les thèmes de la gauche ? Beaucoup nous en ont fait le reproche ces dernières années. Avions-nous finalement finit par concéder la République au Mouvement des Citoyens, la laïcité à d'autres, et puis l'écologie aux Verts. Ce temps-là, même s'il a été, est terminé. C'est à nous, mais cela entraîne un certain nombre de conséquences, c'est à nous de porter l'ensemble de ces propositions et de ces thèmes. Cela entraîne un certain nombre de conséquences car il va falloir faire des choix en matière énergétique, en matière de transports publics, en matière de développement de services publics ou de services collectifs. A nous d'être conséquents.

Enfin, la clarification, elle est sur la stratégie, c'est là que nous pouvons avoir, avec un certain nombre de nos camarades, notamment du Nouveau Monde, un vrai débat, comme avec d'autres. Est-ce que nous voulons rassembler sur la ligne qui est la nôtre au Parti socialiste, celle que nous aurons à préciser au Congrès, ou est-ce que nous pensons que, pour rassembler la gauche, il faut être sur la ligne des autres. Moi, je vous le dis, chers camarades, la force elle est ici : si le Parti socialiste ne croit pas d'abord en lui-même, la gauche n'a pas d'espérances à porter. Et cela c'est l'enjeu.

Si on pense que c'est au parti communiste dans l'état où il est, ou aux Verts ou pire encore à l'extrême-gauche de nous fixer non pas simplement la mauvaise conscience mais la mauvaise ligne, alors je crains que nous allions d'échec en échec, cela ne veut pas dire d'être moins à gauche, cela veut dire d'être simplement nous-mêmes mais à nous de définir ce qu'est le socialisme aujourd'hui.

Cette clarification sur la stratégie est essentielle parce que je souhaite que nous allions dans tous les lieux de discussions, dans les mouvements sociaux mais nos propositions, pas sur les propositions des autres, pas en nous faisant dicter les mots d'ordre des autres dont nous savons parfaitement l'inanité ou la fausseté. Nous devons être offensifs, nous ne devons pas nous excuser. Si nous ne voulons pas nous excuser il faut aussi entendre la société. Entendre, ce qui se passe autour de nous, c'est quand même le reproche que nous pouvons nous adresser par rapport aux dernières années.

Cela m'amène à la deuxième priorité qui doit être la nôtre : renouveler le parti socialiste, renouveler nos pratiques. Elles ont vieilli incontestablement, et il faudra avoir d'autres formes, d'autres règles que simplement les congrès tous les trois ans et des conventions nationales qui ne sont pas véritablement portées, j'en ai fait l'expérience.

Donc, nous avons proposé une conférence militante chaque année, précédée par un débat de même nature qu'aujourd'hui, avec des votes qui s'expriment en dehors des questions de place ou de personne. Il faudra aller aussi vers le référendum militant, à certaines conditions, précédé par un débat de nos organes statutaires parce que nous sentons bien qu'il y a une demande de ce point de vue de la part de nos adhérents, qui sont devenus plus nombreux, d'agir directement, de peser sur les choix qui doivent être les nôtres.

Et puis renouveler, c'est aussi changer nos modes de représentation : on le dit dans tous les congrès. Là je vous le dis, il va falloir que nous soyons nous-même exemplaires, pour les élections régionales, pour les élections européennes, pour la constitution de nos propres organes de représentations. Si nous voulons la parité, il faut la faire. Si nous voulons faire monter une nouvelle génération (je pense que c'est nécessaire), il faut lui laisser la place. Si nous voulons exprimer une diversité sociale (on nous en a fait le reproche) combien de fois j'ai entendu « vous parlez comme tout le monde, ou plus exactement comme personne », parce que c'est cela, le sujet.

Diversité aussi par rapport aux origines, par rapport à la couleur de peau. Il y a eu dans le débat militant, ce n'est pas cela qui intéresse le plus la presse, et pourtant… c'est dommage parce que, dans le débat des contributions thématiques, un certain nombre de contributions ont été portées par beaucoup de jeunes ou de moins jeunes, issus de l'immigration. Ils se sont, peut-être pour la première fois, impliqués dans le débat du parti. Ils nous ont envoyé des messages, ils nous disent aussi que la droite avec ses méthodes habituelles : le clientélisme, l'avantage personnel, le caractère symbolique de telle ou telle nomination, que la droite a compris l'enjeu au-delà de la dépolitisation qu'elle veut introduire, la droite a compris l'enjeu par rapport à cette population, par rapport à la population que nous avons vocation à représenter. Il faut donc là aussi faire effort.

J'ai souhaité aussi le renouvellement des instances, avec la règle qu'il faudra appliquer qu'à chaque congrès un tiers des membres du Conseil national puisse finalement céder la place.

J'en termine par l'exigence du rassemblement : le rassemblement c'est d'abord celui des militants ; Il y a une demande d'unité des militants c'est vrai. Il y a même une inquiétude par rapport au Congrès : est-ce que cela va être maîtrisé, comment cela va finir. A la fois les militants souhaitent qu'il y ait du débat, de la contradiction, du conflit même. Ils pensent même que c'est une façon d'aboutir à la vérité. Nous avons même se souvenir des congrès où il y a eu du conflit et puis cela n'a pas empêcher la victoire ensuite. Mais, en même temps, il y a aussi ce besoin d'unité et de rassemblement, lorsque l'unité et le rassemblement sont possibles, lorsque nous pensons la même chose et qu'il n'y a pas d'enjeu de personne ou pas d'enjeu de pouvoir. Et je le dis, ce Congrès : il n'y a pas d'enjeu de personne. Il peut y avoir des enjeux de pouvoir mais il n'y a pas d'enjeu de personne. Nous ne sommes pas là pour désigner autre que le premier secrétaire, ce qui n'est pas déjà si mal, mais nous n'avons pas d'autres désignations à faire. Et bien profitons de ce moment de répit, cela viendra et de toute façon on a des règles : ce sont les militants qui choisissent, il n'y a pas d'autres règles que celle-là et donc cela doit nous mettre plutôt à l'abri.

Alors il faut que nous nous rassemblions pour assurer cette unité, mais que nous fassions un rassemblement dynamique, un rassemblement offensif pas un rassemblement parce qu'il faudrait se rassembler. Il n'y a pas, de ce point de vue, une exigence particulière. Il faut que le rassemblement lui-même soit attirant. Il ne s'impose pas comme une espèce de règle de convenance ou de règle de morale mais il s'impose parce que c'est là que se fait le mouvement. C'est à nous de créer le mouvement, c'est à nous d'être dynamique dans notre rassemblement.

Notre majorité, qui je l'espère sera large, elle est forcément diverse. Nous avons des parcours les uns et les autres différents, nous venons des sensibilités anciennes du parti socialiste. Nous avons vocation à être une majorité cohérente, ce qui veut dire que la ligne que l'on fixera dans le congrès elle devra nous engagera tous, et j'allais dire qu'elle devrait aussi engager les minorités du parti, parce que ce qui est insupportable à vivre ce n'est pas le débat : il est tout à fait indispensable. Ce n'est pas de ne pas être d'accord, cela arrive dans le parti et c'est pour cela qu'il peut y avoir une majorité et une minorité. Ce qui est insupportable et qui ne devra pas être toléré, et ce que je ne tolérerai pas, c'est qu'au lendemain du congrès sur les sujets principaux, ceux que l'on aura traité dans le Congrès, c'est qu'il puisse y avoir plusieurs voix, plusieurs expressions du parti socialiste parce que cela c'est ce qui mine notre crédibilité, ce qui atteint notre capacité de conviction. Et donc là aussi, il faudra être exigent.

Alors, nous serons une majorité diverse, une majorité cohérente et avec une animation collégiale parce que je crois aussi que c'est ce qui fait la force d'un rassemblement comme le nôtre.

Les enjeux du congrès je les résume et je finis là dessus : l'enjeu congrès, c'est de faire du parti socialiste, et là il y a du travail à faire, un véritable outil de transformation, c'est-à-dire une relation avec l'ensemble de ceux qui nous entourent, (associations, syndicats), beaucoup plus intense que nous l'avons menée jusqu'à présent.

Le deuxième enjeu est de faire du parti socialiste une grande force beaucoup plus vaste aujourd'hui, je crois que nous en avons l'opportunité. Je pense que le 21 avril a été à la fois un traumatisme mais, en même temps, une accélération de l'histoire. Pas besoin de parti unique de la gauche, ma conviction est que cela va se faire naturellement, à la condition que nous, nous en soyons dignes et capables. Si nous semblions hésiter, douter de notre propre force alors nous retrouverions la pluralité de la gauche qui, à un moment, devient assez difficile à vivre et donne à nos partenaires une place qu'ils ne méritent pas. Il faut faire de ce point du vue un parti fort, capable de présenter une alternative à la politique de la droite.

Réformer, c'est notre ligne de conduite, pour transformer notre pays mais pas simplement notre pays, parce que notre ambition maintenant elle doit être plus haute. C'est l'Europe, c'est le monde qui est en cause, c'est aussi les instruments politiques : le parti socialiste européen, l'Internationale Socialiste, c'est aussi cela l'enjeu de notre congrès.

Enfin, le parti doit aussi être fort au lendemain du congrès pour s'opposer à la droite. Les temps changent, comme disait l'autre, les contextes aussi, les rapports de force également. Il y a pour la droite des échéances qui vont être difficiles, douloureuses, qui commencent à l'être : plan de rigueur aujourd'hui, difficultés sociales, plans sociaux, licenciements, remontée du chômage, déficit de la sécurité sociale sans doute considérable à la fin de l'année, les retraites même s'ils sont tentés de faire le moins possible mais ils feront toujours le pire, c'est-à-dire ce qui les séduit : la capitalisation ou la pénalisation des fonctionnaires. On connaît leur tempérament. C'est comme l'Isf, ils savent que c'est une faute, ils savent ce qu'ils ont à perdre mais la pression est trop forte, et celle notamment du MEDEF, il faut le pourboire de l'élection… et ils l'ont bien mérité, quand on sait ce qui s'est produit.

Alors par rapport à cette droite là qui peut être en difficulté mais qui est aussi en revendication de tous les pouvoirs, je fais ici référence à la réforme des modes de scrutin, qui fait toutes les nominations, qui essayera de tenir comme elle a toujours fait. C'est son tempérament, de ce point de vue d'archéo-gaullisme, tous le pouvoir pour les mêmes, face à une droite qui, au plan local, essayera en 2004 de consolider sa domination, il faut un parti socialiste fort là encore.

Alors voilà, chers amis, chers camarades, le sens du débat qu'il faut ouvrir. Il faut le faire, je vous le dis, avec ouverture d'esprit. Nous sommes celles et ceux qui ont vocation à rassembler, nous devons le faire avec respect pour ceux qui ne pensent pas comme nous au parti socialiste. Respect pour tous. Moi je n'accepte pas dans le parti socialiste qu'on puisse avoir des adversaires Je ne veux pas voir d'arguments utilisés au sein du parti socialiste comme si on était finalement dans des camps politiques séparés. Quand je vois certains utiliser des formes d'expression qui pourrait valoir pour la droite, je considère que là il y a une limite qui ne peut pas être acceptée.

Ouverture, respect, respect des militants, respect des élus parce que je connais aussi un certain nombre de pulsions qui existent dans notre parti. Cela dépend de quel côté on se place. Mais quand même :est-ce qu'il est possible d'avoir un parti de militants sans élus ? Difficile, parce que quand il n'y a pas d‘élus il n'y a pas forcément beaucoup de militants. Et est-ce qu'il est possible d'avoir un parti d'élus sans avoir de militants ? C'est un danger. Cela a été, un moment, historiquement possible. Je le déconseillerai fortement. Mais moi je ne veux pas accepter un parti où les militants doutent des élus et les élus doutent des militants. Ce n'est pas possible. Nous sommes là aussi un seul et même mouvement. Les militants ont vocation à devenir élus et il faudra assurer des modes de représentation différents. Et les élus ont aussi vocation à être aussi des militants. Ils le sont, le plus souvent. Alors je demande que l'on ait aussi ce respect là et qu'on fasse entendre cette voix-là, qu'on responsabilise un certain nombre de camarades. Parce que c'est tellement simple d'utiliser le basisme qui consiste à dire que finalement il y en a qui sont trop vieux, cela arrive à tout le monde…, trop jeune, c'est rare… ou qui ont trop de mandats, peut-être, il y a des règles pour cela, mais je n'accepterai pas cet espèce de jeu pervers où ceux qui des mandats peuvent être à l'unisson de ce type de message.

Alors, chers amis, chers camarades, respect pour tous. Nous aussi, dans nos argumentaires, soyons positifs. Marquons les différences, faisons en sorte que ce soit un beau débat, soyons à l'offensive, avec le souci et cela est très important, de mener le débat de congrès avec, bien sûr, comme préoccupation les militants et les adhérents, ce sont eux qui vont voter pour les motions, mais avec comme souci et préoccupation les électeurs, les citoyens, les hommes et les femmes de gauche qui attendent du congrès du parti socialiste non pas un beau pugilat, non pas une belle réunion ou même un beau congrès, ils attendent de l'espoir de nous.

Si nous sommes capables, dans la perspective du Congrès, de donner le soir du congrès ou peut-être avant, de l'espoir alors je pense que nous aurons réussi notre tâche. Merci.


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