Présider autrement
Dijon - Jeudi 28 mars 2002

 Discours de Lionel Jospin prononcé lors du quatrième grand meeting de la campagne présidentielle, à Dijon.


 

Mesdames, messieurs,
Mes chers amis,
Chers camarades,

La chaleur de votre accueil, à défaut de la chaleur de cette salle, est à la hauteur de ce que promettait la si belle victoire remportée à Dijon par vous il y a un an lors des élections municipales.

Malgré la chaleur de cet accueil, et peut-être en différence avec la façon dont je suis entré dans cette salle à Lille, à Limoges ou à Marseille, peut-être m’aurez-vous trouvé un peu plus retenu ce soir, non pas que j’aie pour les Bourguignons, ses élus, ses militants, ses citoyens venus de l’Est moins d’affection, moins d’engagement, mais parce que vous comprenez bien qu’il y a ce soir une ombre sur la joie de notre rencontre.

Je veux dire le plaisir que j’ai et les bravos que j’adresse à ceux qui ont pris part à cette conquête démocratique de Dijon, au premier chef, bien sûr, à François Rebsamen, nouveau maire de la ville et qui joue dans ma campagne, à l’Atelier, un rôle précieux.
Après trente ans de gestion RPR, quel beau symbole que votre ville ait élu un maire socialiste pour la première fois depuis 1936, c’est-à-dire depuis le Front populaire ! Dijon s’éveille et je suis fier que le gouvernement y ait contribué.
Grâce au plan de renouvellement urbain, à la convention passé avec la police nationale et au quatrième contrat d’agglomération de France qui prévoit des investissements pour un montant de 400 millions d’euros.

Merci à vous, Dijonnaises et Dijonnais, de votre accueil, de votre accueil pour Laurent Fabius, que je remercie de la chaleur et de la force de son intervention, comme je le remercie pour le travail remarquable qu’il accomplit comme ministre de l’économie et des finances depuis deux ans à mes côtés.

Merci pour lui ; pour Daniel Vaillant, mon ministre de l’Intérieur, un homme du pays, un homme de la région, pour Michel Sapin, pour Marie-Noëlle Lienemann, ministre aussi dans mon gouvernement, et puis pour Marie-Christine Barrault et Jérôme Clément, membres de mon comité de soutien, qui me suivent dans ce meeting.

Merci aussi à vous, venus de toute la Bourgogne. Je reconnais de nombreux visages connus, François Patriat, Christian Paul, Florence Parly, André Billardon ; vous êtes venus de toute la Bourgogne, cette région à laquelle je suis profondément attaché et qui occupe une place particulière dans l’esprit et le cœur des Français. Parce que, comme d’autres régions de France, elle unit la beauté, la diversité des paysages, les réussites architecturales les plus belles. J’aime les paysages de la Bourgogne, les coteaux du Châlonnais et du Mâconnais, le parc du Morvan, les bocages du Charolais, ils servent d’écrin à ces perles qu’on nous envie - Vezelay, Cluny, Citaux, Beaune, les plus belles églises romanes de France et d’Europe, à Chapaize ou sur la colline de Brancion.

Oui, en Bourgogne,comme dans d’autres régions de France mais avec cet art inimitable, c’est une façon de vivre un art de vivre à la française que tout le monde nous envie, et que le vin et la gastronomie ne viennent pas gâcher.

Je ne voudrais pas, devant François Patriat, citer tel cru plutôt que d’autres. Mais je veux dire ma fierté que cette Bourgogne soit connue dans le monde entier, grâce aux vins merveilleux que produit l’alliance du savoir-faire des hommes, des techniques transmises avec amour dans le temps, des qualités de la terre et de la générosité du climat.

J’aime aussi la Bourgogne parce qu’elle est aussi une région industrielle et industrieuse. Elle porte sur elle les cicatrices de luttes sociales et syndicales, qui ont accompagné le sort, les temps d’exploitation, de conquête et de réforme, mais aussi les temps de crise au Creuzot ou à Monceau-les-Mines. C’est pourquoi la Bourgogne est un des berceaux du socialisme, c’est aussi une terre où on connaît la valeur du travail.

Merci à ceux qui sont venus de plus loin encore, de ce grand Est, avec Pierre Moscovici, à qui le travail de fond et de réflexion doit tant, Paulette Guinchard-Kuntsler dont les tournées à travers la France sur l’allocation personnalisée à l’autonomie connaissent un véritable succès, Raymond Forni, président de l'Assemblée nationale, Christian Pierret, ministre de l’industrie, aussi actif quand il s’agit d’implanter les nouvelles technologies que quand il s’agit de faire face aux crises industrielles et sociales. Jean-Marie Bockel, ancien ministre, maire de Mulhouse, respecté de tous et qui sont avec toutes les personnalités, tous les parlementaires -députés et sénateurs- que je ne peux citer, à mes côtés dans cette campagne.

Puisque je parle de mes ministres, je voudrais dire que j’ai été heureux de pouvoir disposer pendant ces cinq ans d’une telle équipe à mes côtés. Aucun dont je ne sois fier. Comme je suis fier aussi, presque cinq ans après, que ce gouvernement ne soit ni usé et encore moins rejeté par le pays, mais compris dans la tâche qu’il a accomplie. Non pas qu’il ait tout réussi, non pas qu’il n’ait pas connu d’échecs, non pas qu’il n’aurait pas aimé avancer plus vite dans telle ou telle direction pour répondre aux impatiences, pour calmer les angoisses, pour ramener l’harmonie sociale, mais en tout cas un gouvernement qui a montré qu’il prenait sa tâche à cœur, dont les ministres n’ont pas été à mi-temps, mais grâce au non cumul des mandats, constamment consacrés à leur tâche.

Oui, je pense que nous avons honorablement rempli notre mission et notre tâche, et je pense que dans cette élection, dans ces élections, qui vont voir se succéder une élection présidentielle -dans laquelle on doit regarder normalement le bilan d’un candidat sortant quand il se représente- et une élection législative, dans laquelle il sera légitime que nous présentions nous-mêmes notre bilan aux Français, au moins pourra-t-on dire que l’un est sans bilan et que les autres ont travaillé pour leur pays.

Puisque j’évoquais mes ministres ou des anciens ministres, et que mon regard vient de tomber sur Catherine Trautmann, je voulais la saluer, lui dire mon amitié, mon respect et ma gratitude pour ce qu’elle a fait à mes côtés, et lui dire aussi que je suis convaincu que si des divisions détestables ont empêché que l’affection que lui portaient les Strasbourgeois se concrétise dans un nouveau succès, je ne doute pas qu’elle retrouve sa légitimité de maire de Strasbourg.

Chers amis,

je ne peux aborder le fond de mon propos devant vous sans évoquer, même brièvement, le terrible drame qui a bouleversé la France entière, cette tuerie qui a ensanglanté un conseil municipal à Nanterre, qui terminait, au cœur de la nuit, les nécessaires formalités démocratiques qui accompagnent l’examen et le vote d’un budget.

Dans la nuit de mardi à mercredi, huit femmes et hommes, d’opinions diverses, ont perdu la vie dans la maison commune à tous les citoyens ; d’autres sont blessés, certains très gravement, des familles se sentent brisées, sont en tout cas meurtries, et elles seront même privées par le bien malencontreux suicide de Richard Durn, de l’effort de compréhension de l’incompréhensible qu’aurait peut-être représenté un procès, si la justice et la médecine avaient jugé qu’il pouvait affronter un procès.

Devant vous, je m’incline à nouveau devant les familles et leur douleur. Je souhaite le meilleur et le plus prompt rétablissement aux blessés, même si pour certains la lutte est encore menée entre la vie et la mort.

Bien sûr, il est légitime que les médias, que les médecins, que les psychologues, que les sociologues s’interrogent sur qui était cet homme pris de folie meurtrière, suicidaire, et en même temps tourné contre les autres, sur ce qui l’a conduit à ces actes inqualifiables, même si beaucoup des éléments qui commencent à apparaître sur ce qu’il était, surtout sur ce qu’il n’était pas et ne parvenait pas à être, montre qu’on est face à une situation singulière.

Et comment d’ailleurs deviner le comportement d’un déséquilibré, d’un tueur, d’un suicidaire avant même qu’il n’agisse contre d’autres et contre lui ?

Sans doute faudra-t-il examiner froidement, avec sérieux les processus médicaux et administratifs qui se sont produits et qui ont pu à certains moments être défaillants, il faudra sans doute encore mieux contrôler la mise en œuvre de la législation sur les ventes d’armes dans notre pays, qui est pourtant une des plus sévères, et que nous avons nous-mêmes renforcée, sans toujours être suivis au Parlement ces derniers mois à l’occasion de propositions faites par le gouvernement et le ministre de l’Intérieur.

Mais aujourd’hui, au-delà de ces interrogations légitimes, c’est pour moi, et ce doit être pour tous, le temps du recueillement. Et dans ce recueillement, je voudrais que nous ayons des pensées particulières pour ces élus de toutes opinions qui ont été brisés dans leur vie par la folie.

On dit que dans ses déclarations après cet acte, l’assassin aujourd’hui mort a dit que, s’auto-dénigrant, s’auto-désappréciant lui-même, il voulait tuer ce qu’il appelait une « mini-élite locale ». Toute victime a droit à notre compassion et si d’autres hommes et femmes, dans une autre enceinte, dans un milieu de travail, au hasard d’une place avaient été abattus par la folie, notre douleur, notre compassion aurait été aussi forte.

Mais parce que nous sommes en campagne électorale, parce que nous sommes des citoyens souvent engagés, parce que nous sommes des militants, parce que pour nous la démocratie est importante, comment ne pas penser que cette mini-élite locale était faite de professeurs, d’institutrices, d’institutrices spécialisées pour handicapés, d’avocates, de chargés de missions, d’hommes et femmes aux convictions sans doute diverses, discutant avec passion sûrement dans l’enceinte de ce conseil municipal que j’ai retrouvé dévasté dans la nuit, les corps encore par terre, et comment ne pas penser qu’ils étaient aussi simplement des élus qui, après leur journée de travail exercée dans la cité, prenaient sur eux pour débattre de sujets souvent arides au service des citoyens, au service de l’intérêt général, au service de la collectivité, au service de l’intérêt général.

Oui, nous devons une pensée particulière à ces hommes et à ces femmes. Je pense que personne n’aura à cœur de l’oublier, dans ce moment où justement se développe le débat démocratique.

En tout cas, ce drame a fait peut-être mieux sentir à chacun d’entre nous, malgré son caractère aberrant, la volonté qui doit réunir les Français de vivre ensemble, de s’unir pour construire un avenir qu’ils veulent commun. Cette volonté, au-delà de leurs différences et de leurs conflits, elle est dans le cœur de tous les Français et elle est dans le mien. Je ne mène pas une campagne pour critiquer, pour diviser, pour dresser les uns contre les autres, non, je mène une campagne pour unir, pour rassembler, proposer une direction et un chemin, et pour construire. Mais l’unité de la France est plus difficile à faire vivre lorsque des inégalités sociales séparent les hommes.

Quand pour certains la mondialisation sonne déjà comme une promesse alors que pour d’autres elle est perçue comme une menace.

C’est à mon sens la gauche qui est la mieux placée pour aider les Français à vivre ensemble, parce que notre identité, nos convictions, nos valeurs nous invitent à combattre trois maux qui tous s’en prennent au lien social :

L’individualisme qui veut dissoudre les solidarités fondamentales. Comme socialiste, amoureux de la liberté, nous avons toujours aspiré à l’autonomie de l’individu, nous voulons lui en donner les moyens mais nous avons aussi toujours choisi la solidarité contre le chacun pour soi.
Le corporatisme, quand il morcelle la société, cherchant à prendre leur part d’un revenu commun, opposant les intérêts particuliers à l’intérêt général.
Et le libéralisme qui donne toujours plus à ceux qui ont déjà beaucoup, et ouvre une compétition sans frein et sans règles entre les territoires et les individus au détriment de la solidarité pour nous essentielle.

Aujourd’hui, je suis candidat pour aider les Français à vivre mieux ensemble.
Je veux les réunir, en respectant les différences qui font leur identité, mais en même temps en combattant les inégalités qui les séparent. Je veux rassembler la France des villes et des campagnes. Je ne crois plus aux vieux clichés qui opposent les unes aux autres. Les territoires changent, les citadins vont vers la ville. Entre la ville et la campagne, se créent des situations intermédiaires. J’ai la conviction que la France et d’autant plus forte qu’elle s’appuie sur tous ses territoires et qu’il faut resserrer les liens entre eux.

Je veux rassembler la France de la jeunesse et la France des aînés, la France qui bouge, qui aspire au changement, et la France qui, tout aussi légitimement, aspire à la tranquillité, à une forme de permanence, et qui peut aussi traduire auprès des jeunes la lenteur du temps, la beauté du passé, quand il n’est pas passéiste mais quand il est fidélité à une culture ou à une mémoire. Jeunes et moins jeunes, nous avons besoin les uns des autres.

Et je veux surtout rassembler tous ceux qui vivent de leur travail, la grande majorité des Français, auxquels mes propositions s’adressent : oui, je suis le candidat de la France du travail.

Je pense d’abord à la France qui travaille dur et qui gagne peu, la France des ouvriers. Il y a toujours dans notre pays des chaînes d’usines et du travail posté. Nombreux ici sont celles et ceux qui se souviennent de la crise de la sidérurgie en Lorraine, de la métallurgie au Creusot, de l’écroulement des anciens empires textiles dans les Vosges ; ils savent les efforts fournis par les cadres, les ouvriers pour sauver les activités qui pouvaient l’être, pour préparer les reconversions, En travaillant toujours vite et toujours mieux, ce qui fait que les ouvriers français sont les plus productifs au monde, les plus efficaces. Ils doivent être payés de retour.

La France des employés, infirmières, aides-soignants, chauffeurs de bus, caissières de supermarchés, ces millions de Françaises et Français qui gagnent le Smic et même parfois moins quand ils sont en temps partiel ou bien seulement plus quand ils ont pu acquérir de l’ancienneté.

La France des petits commerçants, petits artisans implantés dans le milieu rural, et des agriculteurs qui ont les journées de travail les plus longues.

La France des chômeurs qui cherchent encore un emploi et qui aujourd’hui ne l’ont pas trouvé, dont la vie est comme suspendue depuis le licenciement, qui s’inquiètent pour leur avenir et pour celui de leurs enfants.

Oui, il y a presque un million de chômeurs de moins en France depuis cinq ans, et c’est là une de mes plus grandes fiertés, en tant que chef de gouvernement, en tant que socialiste, et en tant qu’homme de gauche. Mais ils sont encore plus de 2 millions à connaître cette situation dans notre pays et je ne les oublie pas. La France de ces millions de familles qui vivent avec peu, cette France où chaque mois il faut boucler le budget du ménage, où l’on ne vit pas forcément malheureux, où l’on est fier de ce que l’on est, de sa culture, de son engagement, de la solidarité au travail mais où l’on vit en même temps encore dans la crainte d’un licenciement, de la fermeture d’une usine, où l’on se demande si les enfants trouveront un emploi : c’est d’abord vers cette France-là que je me tourne, c’est elle qui a besoin d’être écoutée, entendue, protégée et défendue.

Au-delà des affirmations des uns et des autres, et notamment d’autres candidats de gauche ou d’extrême-gauche dans cette campagne au premier tour, dont je respecte le langage et les propositions, on sait bien qu’au bout du compte, quand il faudra gouverner, présider, construire, inscrire des conquêtes sociales dans des lois, quand il faudra négocier avec les partenaires sociaux, et notamment avec les syndicats, c’est en s’appuyant sur les grandes forces de la gauche, et notamment sur les socialistes, en ayant l’élan, l’écoute, les arbitrages d’un président de la République ouvert au travail que l’on pourra faire avancer leurs problèmes et les résoudre.

Depuis 1997, mon gouvernement a commencé de rendre espoir à ces hommes et à ces femmes, en ouvrant à nouveau les portes de l’emploi : 2 100 000 emplois créés, et 900 000 chômeurs en moins, grâce à une croissance plus forte que chez nos voisins, grâce à une politique industrielle volontariste, composant des groupes puissants capables de lutter dans l’économie mondiale, grâce aux 350 000 emplois jeunes redonnant de l’espoir aux jeunes garçons et aux jeunes filles, grâce surtout aux 35 heures qui sont un enjeu dans cette campagne présidentielle, que l’on n’ose pas combattre mais que l’on veut détourner de leur sens et priver de leur force attractive en emplois.

Après les efforts immenses faits par les salariés, les angoisses d’une génération de jeunes, les souffrances endurées par les chômeurs, il fallait redonner de l’espoir, et c’est ce que nous avons fait avec les 35 heures, et elles ont été les éléments déterminants de la remise en route d’une spirale de confiance et d’espérance. Grâce aux 35 heures, nous avons créé 400 000 emplois à plein temps, en contrats à durée indéterminée de plus en plus, et pour toutes les qualifications - de l’ouvrier spécialisé au cadre, pas des petits boulots à bas salaires et à faible qualification. Mais les 35 heures, j’y reviendrai, ont apporté plus encore que des emplois.

Nous avons aussi rendu espoir en mettant un coup d’arrêt à la progression des inégalités et des exclusions.
Pour la première fois depuis sa création par un socialiste, Michel Rocard, en 1988, le nombre des bénéficiaires du RMI a diminué, moins 90 000 depuis 1997, beaucoup plus dans la dernière période d’ailleurs puisque au début d’ailleurs cela avait continué à progresser, alors que ce nombre avait augmenté de 460 000 sous les gouvernements de droite.

Nous avons créé la Couverture Maladie Universelle, mis en place la loi de lutte contre les exclusions, dont les effets vont monter progressivement en puissance.

Nous avons aussi fait progresser le pouvoir d’achat, grâce au coup de pouce du Smic et à la prime pour l’emploi. Le Smic a augmenté de 16 % depuis 1997 contre 2 % sous la droite, dans un contexte où, par ailleurs, nous avons maîtrisé l’inflation. Grâce aux revalorisation des minima sociaux et aux primes de Noël, un chômeur en fin de droit a vu son pouvoir d’achat augmenter de 15 % sous la gauche alors qu’il avait diminué de 4,5 % sous la droite. Et je suis heureux d’apprendre d’une enquête de l’Insee aujourd’hui que le pouvoir d’achat des ménages a connu en l’année 2001 une hausse record de 4 %, grâce aux baisses d’impôts et au maintien de créations d’emplois avec les 35 heures.

Aujourd’hui, ma préoccupation continue d’aller en priorité vers cette France qui travaille dur et gagne peu, parce que je suis un candidat de gauche, parce que la solidarité est au cœur de mon projet, parce que je veux une France juste : une société du travail, du plein emploi, une économie de la croissance où chacun puisse travailler, puisse vivre de son travail, où chacun puisse construire son avenir grâce à son travail.

Gagner sa vie en travaillant, c’est d’abord avoir un emploi.
Je m’engage à tout faire, comme je l’ai indiqué dans mon projet, pour que le chômage recule encore de 900 000, si possible plus, comme nous l’avons fait entre 97 et 2002, pendant le quinquennat qui vient.

Nous marquerons ainsi une nouvelle étape dans la recherche du plein-emploi. Nous y parviendrons en nourrissant une croissance dynamique, en soutenant le pouvoir d’achat, en coordonnant mieux les politiques économiques à l’échelle de l’Europe ; en faisant en sorte que la révolution des nouvelles technologies se développe avec élan dans notre pays, comme elle l’a fait par exemple aux Etats-Unis. L’effort portera en priorité vers ceux qui ont le plus besoin de soutien ; contre le chômage de longue durée, qui a déjà reculé de 40 % pendant les cinq dernières années, je créerai un nouveau contrat de retour à l’emploi, 200 000 de ces contrats étant proposés aux chômeurs de plus de 50 ans, car c’est une absurdité que des hommes et des femmes en âge de travailler, dôtés de toutes leurs facultés physiques et intellectuelles, expérimentés, capables de transmettre la culture du travail aux plus jeunes, soient chassés de la production par des plans sociaux à 54 ans, à 56 ans. Dans le même temps, où par ailleurs le MEDEF nous dit qu’il faudrait allonger l’âge de la retraite pour pouvoir financer les retraites.

Les emplois jeunes, qui ont fait la preuve de leur utilité, seront pérennisés, soit solvabilisés lorsqu’ils auront créé le besoin même qui permet de les financer.

Je pense aussi aux jeunes agriculteurs qu’il faut aider à s’installer et aux petites exploitations qui doivent bénéficier d’un rééquilibrage des aides, comme l’on voulus Louis Le Pensec puis Jean Glavany et maintenant François Patriat, parce qu’il est plus logique que nous aidions la petite et moyenne agriculture plutôt que les grandes exploitations qui ont les moyens d’une productivité suffisante.

Il ne s’agit pas seulement de créer des emplois nombreux, il faut aussi lutter de façon résolu contre la précarité.

Pour moi, le travail doit rimer avec une sécurité supplémentaire : pour soi-même, pour sa famille, pour son avenir. Je veux des emplois de qualité. La conférence économique et sociale, - dont je propose la tenue aux organisations professionnelles et aux organisations syndicales au lendemain des élections présidentielles si les Français nous font confiance, me font confiance - aura à examiner une série de problèmes : la question des retraites, mais aussi celle de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, parce qu’il n’est pas normal qu’à formation égale, les femmes dans le secteur privé touchent 20 % de moins que les hommes.

Je proposerai également l’ouverture d’une grande négociation avec les partenaires sociaux pour lutter contre la précarité au travail et faire que le maximum d’emplois soient des emplois stables, à durée indéterminée, dans lesquels la politique de formation tout au long de la vie puisse avoir le temps de se concrétiser.

Les emplois de demain seront des emplois de plus en plus qualifiés et pour aider chacun à prendre sa place dans l’économie de la connaissance et des savoirs faire qui se dessinent, nous proposons, je propose d’instituer un droit à la formation tout au long de la vie. Chacun doit pouvoir vivre de son travail, et pour cela le travail doit payer, doit être davantage payé, y compris aux bas niveaux, que ne le sont les revenus de solidarité, d’abord grâce aux salaires bien sûr, et c’est du ressort des négociations entre les partenaires sociaux mais grâce aussi aux politiques publiques.

C’est pourquoi je propose des baisses d’impôts, mais pas celles que promet la droite qui veut baisser les impôts des plus riches : je veux au contraire baisser ceux des revenus les plus faibles. C’est ce que nous avons fait depuis 1997 : nous avons diminué de 1.000 euros les impôts d’un couple au Smic alors que la droite les avaient augmenté de 300 euros.

Je m’engage à étendre la prime pour l’emploi pour augmenter le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes. J’augmenterai la taxation sur les revenus financiers pour baisser en concurrence l’impôt sur le revenu du travail. Le gouvernement et le Parlement diminueront de moitié la taxe d'habitation, l’impôt le plus archaïque, le plus injuste, et que paient même les ménages les plus modestes.

Je pense aussi au logement.
Pour un jeune couple qui travaille aujourd’hui, nous savons qu’il peut être très difficile de rentrer dans un logement si, outre le premier loyer qu’il faut payer, il faut aussi avancer deux à trois mois de caution ou de garantie, et c'est pourquoi, sur la base du travail qu’a amorcé Marie-Noëlle Lienemann, pour aider tous les Français à se loger, notamment les plus jeunes et les plus modestes, je propose de créer une couverture logement universelle, en s’inspirant de la CMU.

Cette France qui travaille, je sais qu’elle souffre aussi de l'insécurité.
C’est pourquoi j’ai dit que je voulais une France sûre. Je m’engage à combattre l'insécurité car l'insécurité empêche de vivre ensemble, parce qu’elle gâche la vie de nombreux Français, car c’est une inégalité sociale de plus. Quand une voiture brûle, c’est rarement dans les beaux quartiers, c’est au pied d’une tour, c’est dans une cité.Le propriétaire de cette voiture est un ouvrier ou un employé qui ne pourra pas se rendre à son travail, c’est un chômeur qui ne pourra se rendre aux formalités d’embauche, c’est une mère seule, mère célibataire, famille monoparentale, qui ne pourra pas accompagner ses enfants à l’école.

Quand des chauffeurs de transport en commun sont agressés, je parle bien sûr des véritables agressions et non des machinations ou des manipulations qui peuvent se produire et montrent que les incidents qu’on médiatise puissamment doivent être examinés de façon très précise.

Mais quand des chauffeurs de transport en commun sont agressés, et il y en a eu des agressions véridiques, malheureuses et trop nombreuses et qu’ils débraillent légitimement pour protester, ce sont les habitants des quartiers sensibles qui sont privés de moyens de transport.

Quand une cage d’escalier ou des boites aux lettres sont dégradés, c’est au cœur des grands ensembles, des barres ou des tours. Quand un gamin se fait racketter, c’est souvent dans les établissements plus défavorisés, là où l’effort des parents pour offrir un nouveau blouson ou une paire de baskets est plus difficile qu’ailleurs.

C’est pourquoi, dès 1997, le gouvernement s’est mobilisé contre l'insécurité.

La droite n’avait nullement accordé au problème la priorité qu’elle proclame aujourd’hui. Elle n’avait pas anticipé les départs à la retraite des policiers et des gendarmes. Elle avait abandonné la justice à son manque de moyens et de personnel sans créer les postes nécessaires de magistrats ou d’auxiliaires de justice. Elle s’était souvent contentée de discours démagogiques, de slogans faciles et réducteurs en attisant la peur.

Nous nous sommes saisis de ces questions, avec la police de proximité, avec les contrats locaux de sécurité, en augmentant les moyens de la police, de la gendarmerie et de la justice -en recrutant plus de 6400 policiers, 1700 gendarmes, plus de juges, 7273 emplois ont été créés dans la justice entre 1997 et 2002 dont 1049 magistrats, alors que 727 seulement avaient été créés depuis 1981 et jusqu’à 1997. En recrutant en plus 16000 adjoints de sécurité pour une police à l’image de la population qu’elle protège, en prenant à bras le corps le problème douloureux, parfois incompréhensible, spécifique de la délinquance juvénile. C’est nous qui avons ouvert les premiers centres d’éducation renforcée et de placement immédiat.

Alors oui, nous devons reconnaître que tous les résultats ne sont pas au rendez-vous. Mais nul ne peut nous reprocher d’avoir manqué de volonté politique, et je suis convaincu que les moyens sans précédent mis en œuvre produiront, dans la durée, leurs effets surtout si l’on s’engage, comme je le propose, à aller plus loin.

Je m’engage sur des principes d’action :

La responsabilité individuelle
 : nul ne doit ignorer les règles de notre société, il n’y a pas de société sans règles et toutes doivent être respectées d’en bas jusqu’en haut, personne ne doit se considérer au-dessus des lois.

Mieux prévenir, mieux punir, être dur avec le crime mais aussi dur avec les causes du crime. Pas d’infraction sans sanction. Mais aussi une action résolue de prévention.

Et cette idée que la sécurité est l’affaire de tous, car si la responsabilité individuelle est toujours engagée, la réponse est toujours collective. Elle suppose une mobilisation de tous, de l'État au premier chef dont c’est la mission fondamentale, mais aussi des élus locaux, des associations, des familles, des parents, des enseignants, pour que nous luttions tous ensemble, avec esprit de fermeté quand c’est nécessaire, avec intelligence pour rappeler à l’ensemble de ceux des plus jeunes que nous devons vivre dans l’harmonie, dans le respect les uns des autres. C’est à cette mobilisation que je vous appelle, l'État ayant bien l’intention d’assumer pleinement sa responsabilité.

Dans cet esprit, je propose de passer avec les Français un contrat national de sécurité. Un grand ministère de la sécurité publique. Une loi de programme définissant sur cinq ans les moyens de la sécurité et de la justice. Des moyens nouveaux pour étendre les procédures de comparution immédiate, l’accueil des mineurs récidivistes dans les structures fermées, le renforcement du rôle du maire dans les contrats locaux de sécurité, la création d’un haut conseil pour la sécurité et d’un observatoire national de la délinquance permettant d’associer les forces vives du pays, sans esprit sécuritaire déplacé mais avec la pleine conscience de l’engagement de chacun dans cette action pour la sécurité.

Dans le domaine de la répression et de la sanction, chacun peut constater que la droite s’est rapprochée de nos propositions.

Mais elle se distingue toujours de nous sur deux points essentiels
 : d’une part, elle néglige la prévention, et d’autre part et surtout, elle multiplie, au mépris de toute vérité, les procès d’intention sans fondement contre nous. La violence est trop grave pour nourrir la polémique. Je veux au contraire que tout le monde s’unisse pour lutter contre la violence. J’appelle à une mobilisation générale sans esprit politicien pour une cause nationale.

Mes chers amis,

travailler, vivre dans une société sûre, voilà des exigences premières et essentielles, mais le travail, la paix civile n’ont de sens que si les Français peuvent s’épanouir dans leur vie, cela passe par le temps libre et la culture.

Depuis 1789, c’est là l’ambition de la gauche et du camp du progrès. La gauche a toujours voulu former des citoyens qui s’ouvrent au monde, qui accèdent à la culture, qui puissent disposer de temps libre pour donner du sens à leur aventure de vie.

C’est le projet de la gauche depuis deux siècles. C’est toujours notre projet et le travail qui reste à faire est immense.

Dans ce mouvement, les 35 heures sont une grande étape. Je suis fier des 35 heures, non seulement parce qu’elles ont créé des emplois, mais aussi parce qu’elles ont créé du temps libre.

Du temps dont bénéficient des millions de salariés à travers la France. Du temps libre en plus, c’est plus de maîtrise sur le temps de sa vie, c’est du temps que l’on choisit de remplir comme l’on veut, c’est du temps pour soi, du temps pour les autres, pour l’engagement associatif, sportif, syndical, politique, et ce temps libre est essentiel en particulier pour les femmes.

Je crois que l’homme se construit par le travail, mais je crois aussi à la libération de la femme par le travail. L’indépendance est un outil de liberté individuelle tout au long de sa vie. Elles ne doivent pas être condamnées à l’inactivité, ou au temps partiel subi. Je suis pour une société paritaire où hommes et femmes travaillent autant qu’ils le désirent, pour des carrières semblables s’il le veulent, s’occupent également des enfants si c’est leur choix.

Nous ne devons plus imposer par nos cultures et nos traditions l’exclusivité des soins aux femmes, ce qui les amène à sacrifier leur vie professionnelle. Nous devons les faire accéder à des salaires et carrières égales. Les 35 heures y contribuent, de même que les nouveaux droits que nous avons donnés aux pères, le congés paternel, pour qu’ils s’occupent eux aussi des enfants.

Ce temps libre est essentiel pour les familles et les enfants. Les 35 heures est une réforme déterminante pour libérer du temps pour la famille, dans une société où les femmes veulent travailler.

Comment ne pas voir qu’il y a un problème, lorsque des parents qui sont absents du foyer jusqu’à 2000 heures par an pour leur travail doivent en plus s’occuper un enfant scolarisé moins de 1000 heures par an.

Pour aider les parents à faire garder leurs enfants en choisissant le mode de garde le plus adapté, je propose le chèque-enfant.

Il est préférable d’avoir du personnel qualifié pour s’occuper des enfants que d’avoir des policiers pour courir après eux la nuit.

Le temps libre est essentiel pour les travailleurs eux-mêmes et donc pour l’économie elle-même. Il n’est pas vrai que la durée du travail met en cause la productivité.

Dans la société d’aujourd’hui, où la durée des études est de 18 ans en moyenne,où la majorité des travailleurs ont un métier au moins en partie intellectuel, où les mutations scientifiques et technologiques sont de plus en plus rapides, où le stress au travail ne cesse de grandir, les salariés ne restent productifs que s’ils ont par ailleurs une vie familiale équilibrée, une vie familiale heureuse, une curiosité sans cesse renouvelée pour les formes les plus diverses des activités humaines. Que vaudrait aujourd’hui le travail d’un salarié qui ne voyagerait jamais, qui n’aurait pas de loisirs ? Que vaudrait aujourd’hui le travail d’un salarié si l’on écoutait encore ce message de Bonaparte qui disait : « Un ouvrier peut bien travailler tous les jours, puisqu’il mange tous les jours » ?

Il faut comprendre que la durée du travail peut être l’adversaire de la richesse productive et du bonheur individuel et que les deux sont inséparables.

Le soin apporté à lire, à écouter de la musique, à jardiner, à bricoler, aux activités sportives et culturelles, le temps redonné aux relations amicales et affectives, tout cela fait que la vie vaut la peine d’être vécue mais même constitue d’une certaine façon, la qualité de l’homme ou de la femme au travail.

N’est-ce pas dans ces moments de détente, lorsqu’on est avec les siens ou avec ses amis, que les parents transmettent à leurs enfants le goût du travail bien fait, cette image positive des adultes dont ils ont besoin, et dont parfois ils manquent tant, pour devenir eux-mêmes des adultes responsables et actifs. Voilà les messages qu’il faut transmettre plutôt que de parler constamment et seulement d’insécurité. Il faut mettre l'insécurité au cœur d’une vision plus globale de la société.

La droite voudrait revenir sur les 35 heures. Et que n’a-t-on entendu sur les 35 heures !

Pour ceux qui connaissent l’histoire, il est terrible de retrouver les arguments de 1841 quand on a enfin interdit le travail des enfants en France.

Les arguments de 1925 contre le Cartel des gauches quand celui-ci a fait voté pour la première fois les congés payés qui comme par hasard, se sont égarés dans le travail parlementaire en Commission, et bien sûr en 1936 quand la France, quasiment dernière en Europe, a enfin fait voter la loi des 40 heures et les congés payés. On dirait parfois que la pensée réactionnaire n’apprend rien, qu’elle est depuis deux siècles toujours contre la réduction du temps de travail. Au XIXème siècle, le Comité des Forces s’insurgeait que l’on puisse travailler moins de 84 heures par semaines. En 1936, une partie du patronat proclamait que les congés payés allaient encourager la paresse.

Aujourd’hui, en remettant en cause les 35 heures soit en les combattant, en les votant contre quand nous les avons proposées, soit en voulant pas le dire aux Français frontalement, la droite reprend au fond le même raisonnement n’ayant rien appris de l’histoire ni rien compris de ce que veulent les hommes dans une société moderne et juste.

Car l’ambition de la gauche, que je porte pour ces hommes et ces femmes qui travaillent dur, n’est pas seulement qu’ils gagnent mieux leur vie, mais qu’ils vivent mieux
.

La gauche se donne comme visée ultime l’émancipation humaine, dans les limites de notre condition. Elle veut construire une société où chacun puisse réaliser ses capacités, elle veut aider chacun à vivre mieux, à vivre libre dans des conditions propices au bonheur. Ma conviction est que la culture est inséparable de ces principes.

C’est aider les individualités et en particulier les jeunes à éclore et s’épanouir, c’est rapprocher les hommes entre eux.

Le combat de la gauche a toujours été social et culturel, c’est pourquoi la culture est une autre ambition de mon projet pour la France.

Dimanche dernier, devant les centaines de personnalités prestigieuses qui composent mon comité de soutien, cinéastes, acteurs, écrivains, chercheurs, artistes, enseignants, mais aussi responsables associatifs ou sportifs de haut niveau, j’ai présenté mes sept engagements pour la culture.

La culture et les connaissances ne sauraient être réservées à une élite ou à une classe sociale. Je veux une culture accessible à tous et surtout à ceux pour qui elle semble le plus éloigné - les classes populaires, les immigrés, les habitants du monde rural.

Je veux faire disparaître les barrières qui séparent les Français de la culture. Les barrières de l’éloignement géographique, celles de l’argent, mais symboliques, aussi psychologiques parfois les plus difficiles à lever, celles des inhibitions et des habitudes. Habitude de se dire : le théâtre, la musique, la danse, un certain cinéma, c’est sans doute intéressant, mais ce n’est pas pour moi. Et bien si, la culture doit être pour tout le monde.

Dans ces propositions, je voudrais souligner quelques priorités.
Pour de nombreux Français et les plus modestes d’entre eux, le seul aliment culturel est souvent la télévision, c’est pourquoi je veux pour la télévision la qualité et le pluralisme, c’est à dire un service audiovisuel public fort, j’exclue donc toute privatisation de France télévision que prône la droite.

Je souhaite que tous les Français aient accès à trois fois plus de chaînes gratuites, ce sera le cas avec la télévision numérique terrestre qui apportera au total 30 nouvelles chaînes et notamment de nouvelles chaînes publiques.

Je propose aussi la création d’un fonds de soutien aux chaînes associatives. Pour rapprocher la culture de tous les citoyens, je m’engage à mener une ambitieuse politique de démocratisation.

Il faut pour cela des grands équipements collectifs, à Paris mais aussi dans les villes de France. En témoigne l’effort que le gouvernement a engagé ici pour Dijon en partenariat avec vos élus pour créer un centre d’art contemporain, pour agrandir le Musée des Beaux Arts de Dijon – un des plus importants de France -, pour ouvrir un Zénith, pour rénover la bibliothèque municipale.

Je pense aussi à tous les équipements plus modestes, mais aussi essentiels pour les Français en région : aucun Français ne doit être éloigné d’une bibliothèque, d’un cinéma, d’un théâtre, d’une école de musique, d’un accès public à l’internet.

A l’exemple de ce que vient d’accomplir le maire de Paris, Bertrand Delanoë, élu comme François l’année dernière aux élections municipales, on devra instaurer une gratuité totale pour l’accès aux collections permanentes des grands musées publics.

Je m’engage à ouvrir la culture artistique aux jeunes grâce à l’école et à l’enseignement artistique pour transmettre l’héritage culturel, assurer un accès égal à la culture, développer l’esprit critique et éveiller la sensibilité de chaque enfant, je veux aussi développer le soutien aux pratiques amateurs, regroupant 6 millions de personnes en France dont de très nombreux jeunes.

L'État devra également soutenir les initiatives associatives et locales, pour mettre à la disposition de notre jeunesse des lieux libres de diffusion et de création artistique. Il est injuste, notamment pour les jeunes qui ont un faible pouvoir d’achat, que certains biens culturels soient plus taxés que le livre. Je m’engage à défendre, auprès des instances européennes, l’application de taux réduit de TVA sur les Dvd et les Cd. Pour mener cette ambitieuse politique culturelle, je m’engage à amplifier l’effort budgétaire que nous avons déjà augmenté à 1 %. Nous devons aider chacun à profiter du temps libre au mieux. Il nous faut à nouveau de grandes politiques de temps libre renouant avec les espérances portées en 1936 par Léon Blum et Léo Lagrange. Un Français sur trois ne part toujours pas en vacances. Un enfant sur quatre passe toutes ses vacances à la maison, souvent devant la télévision. Combien de jeunes en difficulté auraient une vision plus ouverte du monde s’ils partaient en vacances, au moins l’été.

Alors, oui, il faut remettre en place des politiques de temps libre de qualité. Il faut multiplier les politiques ciblées de départ en vacances des enfants, il faut développer la gratuité ou quasi-gratuité de l’accès aux biens culturels.

Mes chers amis,

j’ai vu que le mouvement des jeunes vers la tribune me signifiait qu’il était peut-être temps de conclure. J’en tiens compte. Ils sont nombreux, en pleine vigueur. Il ne serait peut-être pas raisonnable de les faire attendre trop longtemps.

Mes chers amis,

lors de cette élection présidentielle, la France a rendez-vous avec elle-même, les Français ont le choix entre la gauche et la droite et je pense que la droite se trompe.

La droite est persuadée que la croissance retrouvée ne doit aller que vers les plus privilégiés. C’est en tout cas ce que nous laissent penser ces choix économiques, sociaux et fiscaux. Elle ne veut pas voir qu’il est encore plus injuste en période de croissance retrouvée, qu’il reste des écartés, des oubliés, des marginalisés dans une société où l’économie va globalement mieux.

La droite semble oublier dans la communauté de travail les cadres, les ingénieurs, les salariés. Elle privilégie un modèle familial traditionnel sans voir que les familles sont devenues diverses, elle néglige le libre choix des comportements et les nouvelles façons de vivre.

La droite ne s’intéresse pas assez en dehors du travail à la richesse de ce qui fait la vie de tous les hommes. Moi, je crois que l’on peut se former tout au long de la vie, qu’on peut travailler sans renoncer à sa famille, à ses amis, à ses passions et à ses engagements, qu’on peut le moment venu se reposer pour faire profiter les autres de son expérience.

Pour la droite, si j’en crois les discours de campagne qu’elle tient, la France semble vouée au déclin.

Pour moi qui aime cette France aussi mais moins sombrement, qui voit ses contrastes, qui sait ses retards, ses blocages mais qui mesure aussi son énergie, son ardeur, sa capacité d’évoluer pour peu qu’on lui propose un chemin, qu’on lui offre des choix.
Pour moi qui ai confiance en elle, je ne pense pas que la France est vouée au déclin. Je pense que la France a encore un destin, et pourquoi pas même un fabuleux destin ?

Alors, parce que nous portons un grand projet, qui est de rassembler les Français, qui est d’imaginer l'Europe, qui est d’humaniser la mondialisation, je pense que dans cette campagne présidentielle, en s’appuyant sur les acquis d’une action gouvernementale honnête, honorable, persévérante, en prenant la mesure d’une campagne étroite, obsédante, centrée sur un seul problème, que nous ne négligeons pas, la sécurité, mais qui ne doit pas envahir tout l’espace, obscurcir notre destin comme si les Français ne devaient être animés que par la peur et par la peur d’eux-mêmes, comme s’il ne fallait pas leur parler de justice, d’éducation, d’Europe, du monde, comme s’il s’agissait d’être candidat au poste de ministre de l’intérieur et non pas candidat à la présidence de la République de la France, oui, parce que nous portons un projet pour les Français, pour l’Europe, que nous voulons confronter ce projet au monde ; oui, je pense que les Français sont prêts à nous entendre, sont prêts à nous faire confiance, et c’est ce projet que j’entends construire avec vous et pour vous, avec vous et pour tous.

Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]