Déclaration du Premier ministre
en clôture du Congrès national de Grenoble
du Parti socialiste


Discours prononcé le dimanche 26 novembre 2000.
 

Monsieur le Président, cher Louis, je suis heureux d'être avec vous tous à Grenoble.

Je remercie naturellement le député-maire de cette ville, Michel Destot, le Premier secrétaire de la Fédération socialiste de l'Isère, André Vallini, Didier Migaud, de nous accueillir et je remercie aussi tous les militants de cette Fédération qui ont fait que ce Congrès puisse se dérouler dans d'excellentes conditions.

J'ai d'ailleurs, à cet égard, à faire à la Fédération de la Haute-Garonne un reproche : je pense qu'il aurait été courtois d'éviter que le Stade Toulousain batte Grenoble en rugby, hier !

Je suis naturellement heureux de participer à ce Congrès avec sa direction et, en particulier, avec François Hollande, le Premier Secrétaire.

Je suis triste, par contre, de ressentir pour la première fois l'absence de Pierre Guidoni dans un Congrès du Parti socialiste depuis si longtemps. Son image, son sourire, sa pensée vivront avec nous dans la brochure que le Parti lui a consacrée et à laquelle Elise, sa femme, a tant travaillé.

C'est vrai, on l'a dit, je ne vous le cacherai pas, je suis déjà venu à Grenoble pour un Congrès, en 1973. Je n'ai d'ailleurs pas pu relire mon discours d'alors… car il n'y en avait pas ! Je n'avais pas encore à cette époque accès à la tribune, même si c'est au terme de ce Congrès que François Mitterrand a proposé, et qu'il a été accepté, que j'entre au Comité Directeur de l'époque, au Bureau Exécutif et au Secrétariat national. Je n'ai donc pas relu mon discours de Grenoble, mais j'ai relu mon discours de Brest, en 1997, il y a trois ans. Nous posions alors les fondations de notre action. Depuis, nous n'avons pas défait, mais construit. L'orientation que nous avons définie à ce moment-là avec les militants, nous ne l'avons pas démentie, mais appliquée.

Ce Congrès de l'an 2000 se tient au bon moment. Ce n'est pas un Congrès post-victoire, ce n'est pas un Congrès préélectoral, il dispose d'un recul suffisant, il a le temps de donner l'élan nécessaire. C'est un Congrès d'étape, de réflexion, de rassemblement et d'échange.

Ce Congrès est, à l'évidence, celui d'un parti au clair avec lui-même, en paix et fraternel dans sa vie interne (je l'ai mesuré dans ma propre Fédération), débattant sans enjeux de pouvoir, apprécié par les Français, moteur dans la gauche plurielle, influent sur le gouvernement et respecté par le gouvernement, doté, jusqu'à maintenant, d'un Premier Secrétaire talentueux et apprécié.

Tout cela, à mon sens, la non synthèse ne le change pas et, d'ailleurs, ceux qui se sont exprimés au nom des motions l'ont dit. Simplement, pour rassurer Henri, j'ajouterai que je ne suis ni pour remonter les bretelles, ni d'ailleurs pour serrer la ceinture !

Avec les Ministres (socialistes, les autres ne sont pas là mais je ne les oublie pas), je suis là parce que je suis des vôtres, je suis là pour témoigner de l'expérience gouvernementale, de ses acquis et de ses perspectives, je suis là pour apporter mes réponses à des questions qui ont été posées.

Ces trois ans et demi au pouvoir ne m'ont pas éloigné de vous ni de la majorité plurielle, sans le soutien de qui l'équipe gouvernementale, rassemblée autour de moi et que je remercie pour son travail considérable, n'aurait rien pu faire.

Ces trois ans et demi m'ont encore rapproché des Français, non seulement parce que, comme responsable politique mais aussi comme personne privée, je me suis efforcé de rester au milieu d'eux, d'aller aussi souvent que possible et aussi simplement que possible à leur rencontre, mais aussi, et j'y réfléchissais, parce qu'au fond, depuis trois ans et demi, il n'y a pas eu de jour où un dossier, une décision, une difficulté, une interpellation, un succès, ne m'ont pas montré ce qu'étaient leurs attentes, leurs espoirs, leurs refus, leurs craintes ou leurs inquiétudes, leurs hésitations aussi ou leur confiance. J'ai en tout cas, avec les Ministres qui m'entourent, pendant trois ans et demi constamment travaillé pour eux.

Ce lien, tous les autres Ministres, nos élus, nos responsables et nos militants, l'ont, au fil de ces courtes années, éprouvé et fait vivre.

Et effectivement, c'est le premier point que je voudrais développer devant vous, nous avons noué une relation démocratique vivante avec les Françaises et les Français.

La vie politique de notre pays nous offre un paradoxe. Le scepticisme à l'égard de la politique, ou du politique, reste présent à l'évidence. Donc, cela nous concerne aussi comme force politique. Et pourtant, le gouvernement et le Parti socialiste se tiennent à un niveau de confiance rarement constaté après trois ans et demi d'action gouvernementale.

Ainsi voyons-nous que, malgré ce contexte général, la démocratie ne conduit pas forcément à l'instabilité, à l'usure et à la méfiance du peuple.

Cette bonne relation, faite d'une confiance raisonnable, n'était pas acquise et nous l'avons au contraire conquise.

Nous aurions tort de croire qu'elle nous est donnée sans examen et qu'elle ne pourrait pas être reprise. Parce que cette relation est vivante, elle comporte des hauts et des bas. On l'a vu, les chutes peuvent être brusques. L'écoute doit donc être notre démarche permanente.

Pour préserver ce lien avec les Français, essentiel pour agir en démocratie, nous devons, vous et nous, tenir un langage de vérité, conserver la volonté d'agir, montrer notre vision de l'avenir.

Tenir un langage de vérité

Au-delà de ses succès et de ses moindres performances, ce qui fait la force relative de l'équipe gouvernementale et de la majorité qui la soutient - et c'est là un point de distinction absolument fondamental avec nos prédécesseurs immédiats de droite - c'est que nous avons tenu nos engagements, c'est que nous avons fait, ou sincèrement essayé de faire quand la réalité se révélait plus dure, ce que nous avions dit. Et cela, les Français le ressentent.

Il faut garder précieusement cette attitude d'honnêteté intellectuelle et de respect démocratique et j'en prendrai à ce propos quelques exemples.

Nous devons bien mesurer et dire honnêtement à nos compatriotes ce que la situation de notre pays a de contrasté.

L'optimisme économique renaît, mais surgissent de nouvelles inquiétudes sur la santé, l'alimentation, l'environnement.

La décrue du chômage nourrit l'espérance de bien vivre, mais les stigmates sociaux de la crise tiennent écartés beaucoup des nôtres de l'accès au festin.

L'attachement au service public est profond, notamment chez nous, ce qui pousse à la dépense, mais l'aspiration est tout aussi forte à payer moins d'impôts.

Le désir de liberté d'agir est vif, mais l'on se plaint en même temps du moindre respect des règles collectives.

Tout n'est pas toujours possible en même temps, tout ne relève pas d'ailleurs du gouvernement, sur qui pourtant repose aujourd'hui l'essentiel de la tâche, et nous devons, avec les Français, faire des choix. Cela suppose de les entendre, cela implique de les traiter en citoyens conscients, sans manipulation, pour tenter de faire vivre une démocratie éclairée et préparer avec eux l'avenir de notre communauté nationale.

Nous devons à nouveau clarifier la question de la cohabitation.

Il semble en effet que ce débat reprend dans la presse et aussi chez certains responsables politiques.

Pour moi, les choses sont simples. Respecter les Français, c'est aussi respecter leurs choix politiques. La cohabitation a résulté des choix des Français, nous la respectons.

Elle n'est pas le meilleur des systèmes.

Jusqu'ici, elle n'a pas empêché le gouvernement de gouverner, de travailler, de réformer. Mais puisque, cette fois-ci, la cohabitation aura été longue, il serait, je crois, vraiment souhaitable qu'à l'issue de cette période, sans doute en 2002, les Français rétablissent la cohérence de l'exécutif qui est la norme en démocratie et une meilleure garantie d'ambition pour le pays et d'efficacité.

Quant aux rendez-vous démocratiques de 2002, ils devront se faire dans la clarté.

Au moment où les candidatures individuelles se multiplient, j'imagine (et d'ailleurs, François y a fait allusion) qu'il suffit aux socialistes de dire qu'ils règleront cette question collectivement et selon leurs règles, au moment nécessaire. Là n'est donc pas mon propos.

Mais un débat s'amorce, qui est tout sauf mineur, sur l'ordre et le sens des élections législatives et présidentielle et comme je ne veux esquiver aucune question et que c'est devant le Congrès de ma formation politique (et qu'il n'y en aura pas d'autre tout de suite) que ces choses-là doivent être évoquées, j'en dis un mot.

Nous avons des Institutions dont nous connaissons l'esprit. Nous avons commencé à les réformer, notamment par le vote des Français en faveur du quinquennat. L'ordre actuel des élections, tel qu'il est prévu, résulte des hasards de la vie et de la politique. Nombreux sont ceux qui pensent qu'il n'est pas cohérent.

Ce qu'il nous faut souhaiter, c'est que le printemps 2002, celui des grands rendez-vous démocratiques dans lesquels le peuple s'exprime et tranche, ne soit pas un printemps de la confusion et des choix de convenance, mais un printemps de la clarté.

La portée de chaque élection dans notre vie nationale doit être respectée et le déroulement des deux doit pouvoir se faire de façon ordonnée et digne. C'est pourquoi le débat qui s'engage est légitime et doit conduire les uns et les autres, y compris nous-mêmes, à se déterminer le moment venu.

Par cette attitude de vérité, nous contribuons, je l'espère, à la réhabilitation du politique. Mais la politique c'est aussi et c'est d'abord une volonté.

Nous devons donc conserver la volonté d'agir

Nous ne nous résignons à aucun des grands problèmes de la société française, ni au chômage, ni à l'exclusion, ni à l'insécurité.

Nous réussissons sur le chômage. Nous avons fait campagne avec une première priorité, la plus difficile, celle de la lutte contre le chômage et pour l'emploi.

Depuis trois ans et demi, nous nous battons contre le chômage ; les résultats sont là. Le nombre d'emplois créés en France est très élevé, plus élevé aujourd'hui qu'au cœur des " Trente glorieuses ". Depuis 1997, on l'a dit, près de 1 500 000 emplois ont été créés en France.

Le chômage a fortement baissé : 870 000 chômeuses et chômeurs en moins.

Le taux de chômage a baissé de 12,6 % à 9,5 % en trois ans et demi. Le chômage de longue durée recule grâce à des programmes spécifiques. Il en va de même du chômage des jeunes. Le cœur du chômage de masse se rétracte.

Nous avançons sur l'exclusion.

Les premiers signes d'un recul de l'exclusion commencent à apparaître. Je lisais ces annonces qui m'ont fait chaud au cœur : le Secours Catholique se réjouit d'un moindre afflux dans ses permanences ; Médecins sans Frontières projette de fermer certains de ses centres d'accueil. Pour la première fois depuis la création du RMI, le nombre des allocataires recule.

Cette exclusion, nous nous sommes donné les moyens de la faire reculer : l'impulsion donnée à la croissance d'abord, la loi contre les exclusions, la couverture maladie universelle, les réformes sociales efficaces pour favoriser le retour à l'emploi ont produit de premiers effets. Il faut poursuivre nos efforts dans le sens d'une société du travail et de l'intégration.

Nous butons encore sur l'insécurité.

L'insécurité est une inégalité sociale de plus. Cela est particulièrement vrai de la petite délinquance qui irrite dans les quartiers et milieux populaires.

Le gouvernement, loin d'occulter cette réalité, a pris à bras le corps le problème : la police de proximité, les contrats locaux de sécurité, mais aussi la définition d'une déontologie pour les forces de sécurité vont dans ce sens.

Mais cette bataille est loin d'être gagnée. Le chômage, les discriminations, les destructurations sociales et familiales pèsent lourd. Cela, pourtant, ne supprime pas les responsabilités individuelles dans les comportements délictueux.

C'est donc un travail de longue haleine de prévention, de dissuasion, de répression mais aussi de réinsertion qui s'accomplit et que nous allons poursuivre.

Nous devons montrer aux Français notre vision de l'avenir

Nous avons, en effet, une vision, une conception de la mondialisation, de l'Europe et bien sûr de la France.

Pour bâtir une société plus juste, nous devons mener une action nationale résolue, nous saisir du levier européen, réguler l'espace mondial.

En France, nous menons une action résolue.

L'internationalisation des échanges et de l'économie, la mondialisation dont nous parlons, n'a jamais été pour moi un prétexte à l'inaction au plan national.

Il est toujours possible, pour ceux qui le veulent, pour des gouvernements dignes de ce nom, d'agir dans le cadre national d'ailleurs ; sinon pourquoi demanderaient-ils la confiance au peuple ?

C'est ce que nous avons fait.

En trois ans et demi, comme nous l'avions proposé dans notre slogan de campagne en 1997, la France a changé d'avenir. L'horizon s'est éclairci. La société française redevient progressivement mobile.

Même si beaucoup de nos concitoyens vivent encore difficilement, demain n'est plus condamné à être plus sombre qu'aujourd'hui.

Nous voulons installer durablement le pays dans le flux de croissance nouvelle qui parcourt le monde, et nous voulons le faire au bénéfice de tous.

Nous voulons travailler à apaiser les tensions, à réduire les inégalités, à rendre la société plus ouverte en luttant pour l'égalité des chances - j'y reviendrai - et contre toutes les discriminations.

Nous voulons aussi une France assurée de son identité qui s'inscrit résolument dans la modernité technologique et économique sans s'y réduire, parce qu'elle entend rester, comme nation vivante, une communauté de valeurs et de destin.

Nous nous saisissons du levier européen.

L'Europe est une union de nations au sein de laquelle la France doit jouer son rôle sans arrogance mais avec l'ambition de défendre et d'approfondir le modèle européen qui, d'une certaine façon, correspond à son propre modèle.

L'Europe a forgé historiquement, souvent sous l'influence de la Gauche sociale et de la Gauche politique, un véritable modèle de développement et de civilisation. Elle constitue aussi, par sa puissance collective quand elle sait la rassembler, un levier précieux pour maîtriser notre destin de nation.

On le voit déjà avec l'Euro qui, à défaut de se situer aujourd'hui à sa bonne valeur, nous a en tout cas préservés des spéculations sur les monnaies nationales, de la montée désordonnée des taux d'intérêt qui aurait pu casser la croissance, comme ce fut le cas dans le passé. Le choix stratégique de l'Euro s'est donc révélé - contrairement à ce que pensaient certains qui parfois se trompent et parfois se trompent plusieurs fois…. - un choix stratégique et un choix qui a soutenu la croissance au lieu de corseter monétairement l'expansion économique.

La présidence française naturellement est pour nous et pour chacun des ministres dans son champ de compétences, l'occasion de faire progresser des priorités que les Français et les citoyens européens reconnaissent comme leurs : la sécurité alimentaire, la sécurité maritime, la lutte contre la criminalité financière, la coordination des politiques économiques, la lutte contre la pauvreté et l'exclusion, l'adoption d'un agenda social européen pour les cinq prochaines années.

C'est vrai que cette coloration de dynamisme économique, de coordination des politiques et cette inflexion sociale de l'Europe, c'est vraiment la France de Gauche qui l'a apportée depuis 1997.

Je n'oublie pas l'indispensable réforme des institutions qui est l'objet de la conférence intergouvernementale. Et nous aurons bientôt, face à la perspective historique de l'élargissement, qui représente aussi un risque pour la cohérence de l'ensemble, à proposer un modèle d'organisation politique rénové pour l'Europe.

Nous cherchons à réguler l'espace mondial.

Nous acceptons la mondialisation pour ce qu'elle est : une accélération des échanges à l'échelle de la planète, grâce aux progrès de la technologie et la dynamique du capitalisme.

Mais, pour nous, la mondialisation ne peut se réduire au libre-échange des marchandises, à l'instantanéité des mouvements de capitaux, et au jeu sans frein de la puissance.

La mondialisation doit être la prise de conscience d'uen communauté de destin pour l'humanité. Elle doit être la recherche d'une solidarité entre les acteurs d'un monde unifié.

C'est pourquoi nous agissons pour que les orgnaisations internationales, en particulier celles des Nations Unies, jouent pleinement leur rôle et s'ouvrent aux exigences sociales, environnementales ou sanitaires.

Chers camarades, si notre relation avec les Français repose sur l'écoute que nous portons à leurs attentes, elle est aussi fondée sur le projet que nous mettons en œuvre dans la durée.

C'est le deuxième point que je voudrais évoquer devant vous : nous gouvernons à gauche dans la durée.

Gouverner " à gauche " dans la durée peut paraître à certains aller de soi. Historiquement, cela n'a pas été souvent le cas, en général parce que la durée manquait et que la Gauche était renvoyée au bout de quelques mois dans l'opposition, mais aussi, quand la durée nous a été donnée, parce que venait un moment où s'imposait la " rigueur " ou la " pause ".

Nous avons, en outre, échappé à cette apparente fatalité de la Gauche sans doute parce que, tirant les leçons du passé, nous avons mieux choisi le "tempo" de notre action.

Dès le départ, rompant avec la fameuse, peut-être la fumeuse, théorie des cent jours, nous avions choisi d'inscrire notre action dans la durée.

Nous avons d'abord adopté une stratégie économique et sociale qui nous a mis sur la bonne trajectoire.

Nous avons posé un bon diagnostic.

Notre programme économique de 1997 était adapté à la fois au contexte international, c'est-à-dire à la perspective de l'union monétaire, au contexte conjoncturel français parce que, existait en France un fort déficit de la demande, et aux attentes des acteurs économiques et des Français : les premiers attendaient enfin un gouvernement qui saurait " desserrer les freins " de la machine économique, les seconds voulaient que reprenne une action volontariste contre le chômage.

Si, dans les bons résultats économiques d'aujourd'hui, comme l'a évoqué François, la conjoncture internationale a joué son rôle, n'oublions pas quand même que les Etats-Unis n'ont pas - cela aurait été un paradoxe et une surprise - attendu que la Gauche soit au pouvoir pour avoir une croissance forte, ils avaient déjà une croissance forte qui avait déjà un impact sur la conjoncture mondiale, et pourtant la croissance était faible chez nous.

N'oublions pas que cette conjoncture s'est dégradée dès l'été 1997, quelques semaines après notre arrivée au pouvoir, jusqu'au début de l'année 1999, sous l'effet des crises financières répétitives.

N'oublions pas non plus qu'avec la même monnaie, les mêmes taux d'intérêt, le même espace, nous avons obtenu des résultats supérieurs à la moyenne des pays européens et notamment à nos grands partenaires allemands et italiens.

Quand nous sommes arrivés aux responsabilités, nous étions à la fois face à un déficit budgétaire considérable à un taux de prélèvement obligatoire très élevé et à un chômage massif qui impliquait de la stimulation économique.

Il n'était donc pas évident de trouver le bon cheminement de politique économique.

Or, nous n'avons pas cherché à opposer ces données contradictoires, ni choisi de privilégier un seul des objectifs qui se proposaient à nous : soit la baisse du déficit, soit les allègements d'impôts, soit la dépense en soutien aux services publics. Nous avons cherché une synthèse, comme vous, mais on y est peut-être arrivé, entre ces exigences, et trouvé, je crois, le cheminement le plus juste. J'y reviendrai peut-être.

C'est là le sens d'une politique économique et sociale de gauche et moderne.

Une politique qui se fixe les fins qui sont celles de la gauche : la croissance, l'emploi pour tous, la justice sociale, la puissance industrielle de nos entreprises, le pouvoir d'achat.

Mais une politique qui sait utiliser au service de ses fins des moyens diversifiés et des programmes volontaristes, comme les 35 heures ou les emplois jeunes.

Un appui de l'Etat à une politique ambitieuse de développement des nouvelles technologies ou à la constitution de groupes industriels de taille mondiale, une prise en compte aussi réaliste des contraintes de la compétition internationale et une coordination des politiques économiques à l'échelle européenne.

La croissance étant là aujourd'hui et le chômage reculant, sont posées plus vigoureusement la question de la redistribution et celle du pouvoir d'achat. Personnellement je n'ai jamais opposé croissance et redistribution, emploi et pouvoir d'achat. Je ne vois pas pourquoi il faudrait sacrifier la lutte contre le chômage au pouvoir d'achat ou sacrifier le niveau des salaires à la lutte contre le chômage.

Non seulement la croissance est aujourd'hui plus forte mais elle est mieux partagée qu'hier. La masse salariale et le pouvoir d'achat ont augmenté mais d'abord au service de ceux qui retrouvent avec un emploi un revenu et n'était-ce pas là et n'est-ce pas toujours là notre priorité ?

Faire reculer le chômage c'est faire reculer la première cause d'inégalité dans notre pays. C'est fonder dans le processus de production lui-même la redistribution, ce qui est quand même, si nous relisons nos classiques, une approche socialiste.

Quelles sont nos responsabilités en matière de pouvoir d'achat ? Dans le secteur privé dominant en France le Gouvernement n'est pas un acteur direct, il a pourtant pris par ses allègements sur la CSG des mesures indirectement favorables aux salaires modestes, par les allègements d'impôts, impôts locaux ou nationaux, impôts directs ou indirects, le Gouvernement accroît le revenu disponible des français.

J'ajouterai un point qui échappe parfois à certains : on nous a dit longtemps que la peur du chômage, que la peur de la perte de l'emploi, étaient un élément de discipline et de contrainte sociale sur les salaires, créait l'inquiétude, l'incertitude, la peur chez les salariés, était un frein aux mobilisations sociales.

Alors restons logiques et soyons fiers de rester logiques : quand le chômage recule massivement, le rapport des forces sur le marché du travail se modifie au profit des salariés et c'est aussi cette chance que notre Gouvernement leur a offerte.

Dans la fonction publique, au niveau de ce qu'on appelle les serviteurs de l'Etat ou d'autres collectivités, la responsabilité du Gouvernement est directe. En 1998 nous avons conclu un accord Fonction Publique positif pour les salariés. Une nouvelle négociation se profile, nous souhaitons que là aussi elle débouche positivement. Il faut quand même mesurer le coût élevé qu'a pour les dépenses publiques l'augmentation des mesures salariales dans la Fonction Publique. Je souhaite donc que la discussion qui va s'engager se conclue par un compromis raisonnable.

Notre philosophie est claire, vous le savez, je l'ai dit à plusieurs reprises : nous sommes pour une société du travail, une société où la lutte contre le chômage reste la priorité absolue du Gouvernement, où les droits des chômeurs sont préservés. C'est le sens de la bataille menée sur l'UNEDIC par le Gouvernement.

Soyez-y attentifs, refuser pendant plusieurs mois d'agréer une convention présentée, comme à l'habitude, par les gestionnaires du système, au risque de voir éclater le paritarisme, n'était pas très facile. Certains nous ont d'ailleurs critiqués pour cette prise de risque, mais nous n'avons pas voulu céder aux ultimatums, nous n'avons pas admis que le contrat commande à la loi, nous n'avons pas accepté un système de sanction obligatoire pour les chômeurs.

Nous avons demandé aussi que les finances publiques recueillent une juste part de la contribution apportée au rétablissement des comptes de l'UNEDIC par notre politique et notamment la baisse du chômage et nous ne voyons d'ailleurs pas pourquoi ce bénéfice aurait dû aller tout simplement ou entièrement à la baisse des cotisations patronales.

Mais aujourd'hui, après ces mois de tension, de discussion, de résistance et de pression, de dialogue public aussi, mais aujourd'hui, puisque nos objections ont été entendues, puisque ce texte tel qu'il est est un progrès et non une régression pour les chômeurs, puisque ce projet de convention nous est désormais présenté dans le champ de compétences des gestionnaires sociaux, nous ne ferons bien sûr pas le choix de provoquer par à priori politique, l'éclatement du paritarisme et l'étatisation de l'UNEDIC. Ce serait une faute politique, je peux vous garantir que je ne la commettrai pas.

Le texte de cette convention n'a pas été rédigé par nous. Nous l'avons simplement rendu acceptable, nous n'avons pas été saisis d'un autre texte de convention par d'autres partenaires qui ferait que nous aurions un choix entre deux textes de convention. Nous sommes saisis dans les formes normales, dans un système qui fonctionne depuis 40 ans, de l'agrément d'une convention et nous ne pouvons pas non plus nous référer au concept d'accord majoritaire, même si je suis parfaitement ouvert au niveau gouvernemental - et je crois que le Parti l'est aussi - à l'idée de discuter peut-être d'abord quand même avec les partenaires syndicaux, pour savoir s'ils sont prêts à aller dans ce sens de la prise en compte d'accords majoritaires, mais nous ne pouvons pas nous fonder sur ce concept tout simplement parce qu'il n'est pas dans la loi et ce n'est pas naturellement le législateur, même à titre individuel, qui peut ignorer la loi.

Alors tout simplement, Mes Chers Amis, dans une société chacun doit agir à sa place et assumer les responsabilités qui sont les siennes, sans prétendre régenter le champ des autres. C'est la règle à laquelle s'est tenu le Gouvernement, c'est la règle à laquelle il se tiendra et dans ces conditions, vraiment, je fais appel à votre sens politique : est-il vraiment nécessaire de présenter comme un échec au profit du seul MEDEF ce que je considère pour nous, face à une période de tension et de confrontation, comme un succès ?

Pour conclure sur la politique économique et sociale, je voudrais vous dire ceci : nous sommes sur la bonne trajectoire, nul accident extérieur, nul retournement de la conjoncture ne nous oblige à l'infléchir. Il faut sans doute approfondir, enrichir notre action, il faut toujours réagir à l'événement imprévu, prendre en compte les exigences nouvelles et cela s'imposera peut-être dans les 15 mois qui viennent, mais ne déséquilibrons pas notre marche en négligeant les réalités économiques, mais ne freinons pas notre élan retrouvé par un retour d'orthodoxie. Nous n'avons pas de raison de changer de politique, gardons le cap et maintenons l'allure, c'est bien ce que j'ai l'intention de faire.

Chers Camarades, être socialiste ce n'est pas traiter seulement la question sociale et gouverner ce n'est pas faire de l'économisme, gouverner à gauche c'est savoir ouvrir des espaces de liberté, donner de nouveaux droits aux français, faire bouger la société.

C'est ce que nous avons fait hier, avec la parité, qui est une petite révolution philosophique -aucune allusion personnelle- et démocratique et qui concrètement permettra aux élections municipales de mars prochain, en tous cas dans les communes de plus de 3 500 habitants, à autant de femmes que d'hommes d'entrer dans les conseils municipaux aux postes de responsabilité, avant de se mettre à conquérir d'autres chasses gardées.

Et comme nous le savons dans le sud-ouest, et surtout dans le sud-ouest, nous ne sommes pas pour les chasses privées mais pour la chasse démocratique.

Avec le PACS qui est affaire d'égalité et de dignité et qui témoigne que la gauche comprend l'évolution des mœurs et de la société bien mieux que la droite conservatrice qui, comme d'habitude, va regretter après de ne pas avoir approuvé quand c'était le moment.

Avec le quinquennat, qui nous a permis -et ce n'est pas si fréquent- d'honorer nos promesses de la présidentielle 1995 plus tôt que prévu.

C'est ce que nous faisons aujourd'hui avec l'accès à la pilule du lendemain, le NORLEVO, pour ne pas confronter des jeunes filles à des situations dramatiques avec la réforme de l'IVG pour mieux assurer l'accès à cette possibilité de femmes de milieux défavorisés qui moins bien informées sont victimes là aussi de discrimination. (vifs applaudissements tout au long de la phrase)

C'est ce que nous ferons demain avec la nouvelle étape de la décentralisation, avec la prestation autonomie, avec les nouveaux droits des malades, avec des avancées sur le dossier des retraites, avec la réforme de l'Etat -réforme des marchés publics, réforme des procédures budgétaires- qui rénovera profondément le fonctionnement de l'Etat, avec le traitement attentif du nouveau défi de la sécurité alimentaire qui, comme d'habitude, sera traité par le Gouvernement et par personne d'autre avec la révision des lois bioéthique, avec la priorité donnée à la protection de l'environnement.

A cet égard je regrette profondément qu'un accord n'ait pas été trouvé à la Conférence de La Haye sur l'effet de serre, question qui est pour nous un enjeu essentiel, au plan national en tous cas nous ne relâcherons pas notre effort. Je citerai le plan contre l'effet de serre, les nombreuses mesures qu'il a prises, le principe de précaution, le choix des transports propres, la relance de la politique des énergies renouvelables, plus de transparence en matière de qualité de l'eau, des aliments, plus de sûreté par exemple en matière de sécurité nucléaire.

Voilà ce qui va rester notre exigence. Vous voyez, Mes Chers Camarades, que d'ici 2002 les projets et le travail ne manqueront pas. D'ici 2002 mais aussi, pourquoi pas ? au-delà si nous savons donner aux français le désir de continuer avec nous.

Chers Camarades, ce qui doit nous donner confiance dans l'avenir face à l'atonie et aux divisions de la droite qui en trois ans et demi n'a rien su reconstruire, c'est la conscience de la modernité du projet de la majorité plurielle et de l'action des socialistes, c'est le troisième et dernier point que je voudrais évoquer devant vous.

Nous faisions vivre, j'en suis convaincu, dans un contexte historique il est vrai modifié, un modèle politique original : la majorité plurielle est elle-même une construction politique moderne. D'ailleurs jamais dans l'histoire de la république, jamais une majorité d'alliance à gauche n'a eu une aussi longue existence.

Cette durée trouve certainement son fondement dans le fait que les courants qui composent cette majorité ont tous finalement des racines dans l’histoire de notre pays ou sont accordés à des sensibilités d’aujourd’hui.

Cette majorité, en même temps, est pour moi, pensant à ce Congrès de Grenoble, deux ans après le Congrès d’Epinay, c’est absolument essentiel, pas seulement intellectuellement, mais je dirai aussi émotionnellement, pour moi cette majorité est une façon de renouer par delà les divisions anciennes de la gauche ou les tentations d’alliances centristes d’hier, avec la vieille aspiration à l’unité des forces populaires.

Je ne me trompais donc pas !

Mais en même temps, cette ancienne Union de la gauche s’est élargie, s’est renouvelée, transformée dans ses façons d’être et d’agir, y compris par la mutation d’un certain nombre des composantes.

La majorité plurielle dure parce qu’elle réussit mais elle dure aussi parce que chacune des forces, tout en pouvant affirmer sa personnalité, a fait le choix stratégique de long terme de la solidarité au sein de cette majorité.

La majorité plurielle est notre bien commun. Elle est aussi une responsabilité partagée. J’ai toujours dit, y compris dans les brefs moments de tension que nous avons pu connaître : " le Gouvernement, s’il tirait sa légitimité du vote des Français en 1997, trouvait sa pérennité dans le soutien de la majorité parlementaire, sans elle, tout s’arrêterait, mais ce soutien au bout du compte n’a jamais défaut, et le gouvernement examinera donc les conclusions qu’il doit tirer du Sommet de la majorité plurielle pour nourrir ses décisions.

Ce qui est vrai depuis trois ans et demi le restera pour moi, croyez-le bien, dans l’avenir.

Ce choix stratégique, essentiel, fait dans les années d’échec et de reflux, doit rester pour nous, Socialistes, une orientation fondamentale en métropole comme en Outre-Mer. J’espère que chacun y veillera dans les motions. Message particulier.

Mes chers camarades, nous proposons aussi un socialisme adapté à notre temps, comme socialistes nous sommes Européens. Comme socialistes, nous sommes internationalistes. Nous participons à l’Internationale ou au Parti des socialistes Européens mais en même temps, nous traçons notre propre chemin, nous agissons à notre façon, avec nos références, notre expérience, notre histoire.

Nos réflexions, nos choix de gouvernement, notre façon d’agir et nos résultats ne laissent pas indifférents les autres Partis Socialistes et progressistes en Europe et dans le monde.

La troisième voie, si à la mode, il y a trois ans, est désormais comprise pour ce qu’elle est : une démarche nationale marquée par l’histoire particulière du Parti travailliste, adaptée peut-être au contexte britannique, marquée fortement par le libéralisme mais, au bout du compte, guère exportable.

Quand vous vous interrogez sur la nature de notre politique, interrogez les partis frères de l’étranger, et ils sont nombreux ici et je les salue, et vous verrez qu’ils ne nous confondent pas avec d’autres formations politiques de gauche ou avec d’autres gouvernements.

Je me souviens -  je ne suis pas sûr qu’il va me pardonner de révéler cette confidence - de ce que me disait Jean-Luc - j’ai cité Henri il faut bien que je cite aussi Jean-Luc - à l’occasion d’une réunion des gauches européennes qui étaient d’ailleurs venues me voir à Matignon.

Il me disait : " cela m’agace, je viens de réunir les gauches européennes et elles me disent " Nous, ce que l’on veut, c’est ce que vous faites en France ". N’est-ce pas, Jean-Luc ?

Eh oui, justement, je crois qu’ils ressentent bien que dans le monde, tel qu’il est aujourd’hui, en tenant compte de tout une série de réalités nouvelles, qui imposent de faire évoluer les discours et les moyens, nous menons bien une politique de gauche authentique et aussi une politique qui réussit, car il ne devrait pas être interdit d’être de gauche et de réussir.

L’originalité de notre vision politique repose peut-être bien, sur trois convictions :

Nous restons fiers de nos valeurs et de notre identité.

Nous savons que des analyses doivent être modifiées, que des concepts se sont usés, nous ne pourrions nous exprimer aujourd’hui et d’ailleurs nous ne nous exprimons pas aujourd’hui, même ceux qui disent être la gauche du Parti, comme nous le faisions hier, relire les discours du Congrès de Grenoble en 1973 serait, à cet égard, éclairant à défaut d’avoir fait un discours à Grenoble, comme j’en ai fait après .

Mais les dépassements que nous avons opérés ne sont pas, pour nous, des reniements. Nous restons fidèles à nos valeurs, la démocratie, la justice, le progrès social, la liberté, la maîtrise collective de notre destinée, la recherche de l’égalité et sont bien sûr un fondement de la démarche socialiste.

Le premier creuset de l’égalité, c’est l’école. Nous vivons dans un monde où la connaissance fait la différence. L’impératif de la connaissance rejoint notre ambition d’émancipation. L’Europe doit offrir, continuer à offrir de l’égalité des chances.

Au cours des dernières décennies, l’école a dû répondre aux défis de l’enseignement de masse, tout en affrontant la crise. Je le sais, j’y étais aux responsabilités.

Aujourd’hui, au moins quantitativement, la démocratisation de l’enseignement est achevée. Le chômage de masse recule, les nouvelles technologies se diffusent au sein de l’Education Nationale où un enseignant sur deux, par ailleurs, devra être remplacé au cours de la prochaine décennie.

Le combat pour l’égalité des chances et celui de la qualité de l’enseignement doivent donc, et peuvent donc, être menés de front, c’est d’ailleurs le sens profond du plan pluriannuel lancé par le gouvernement.

Il ne s’agit pas seulement de mettre en œuvre les moyens supplémentaires, mais de maîtriser l’avenir et d’affirmer notre confiance dans l’école de la République.

Nous restons fiers de nos valeurs et nous restons critiques face au capitalisme.

Nous savons bien que nous évoluons en son sein. Mais nous faisons la différence entre l'économie de marché et le capitalisme. Le marché est une technique efficace et souple, mais qui ne vaut que si elle est régulée. Le capitalisme, lui, reste un système générateur d'inégalités, de gaspillages et souvent de domination.

Ce système a donc besoin d'être économiquement régulé, socialement contenu et politiquement maîtrisé. C'est le rôle d'un pouvoir démocratique. C'est pourquoi l'économie est politique. Elle est affaire de choix et ces choix doivent être collectivement débattus, délibérés et décidés avec le peuple.

Nous continuons à penser qu'il existe des groupes sociaux distincts dont les intérêts ne coïncident pas, en tout cas ne coïncident pas forcément.

La société française reste parcourue de lignes de partage entre groupes sociaux. Ces groupes ont, certes, évolué et leurs frontières sont plus mouvantes. Mais nous ne croyons pas à la vision naïve - à moins qu'elle soit intéressée - d'une société sans heurts, sans conflits, sans rapports de forces, où chacun, s'il y met un peu du sien (et s'il n'y met pas du sien, il est coupable), peut devenir un " gagnant ".

La vocation du Parti socialiste est de travailler pour le plus grand nombre. C'est le sens de la " nouvelle alliance " entre classe populaire exclue et classe moyenne que j'avais évoquée et c'est l'axe de l'action du gouvernement.

Mes chers camarades, travailler pour le plus grand nombre doit s'entendre aussi au plan international. Faute de temps, je n'évoquerai aujourd'hui brièvement que deux points.

Nous devons lutter contre les inégalités du monde et contre la violence.

Par la réforme de notre politique de coopération, nous avons remis le développement au cœur de notre politique étrangère. Par nos choix en faveur du désendettement des pays pauvres, par notre politique de non ingérence mais aussi d'appui à la démocratie et aux droits de l'homme, et, on vient de le mesurer en Côte d'Ivoire, par l'affirmation de la voix de la France et de l'Europe au Fonds Monétaire et à la Banque Mondiale, nous contribuons à rappeler l'exigence d'un ordre international plus juste.

Cette bataille pour la justice dans le monde suppose aussi de faire reculer la violence. Comment alors ne pas évoquer le retour désespérant de cette violence au Proche-Orient ?

Chaque jour s'égrène dans nos médias la litanie absurde des nouvelles victimes palestiniennes et israéliennes. Quel crève-cœur pour nous de voir le processus de paix se retourner en un engrenage de guerre !

L'Union européenne, le 20 novembre, sous notre présidence, a appelé au sens des responsabilités et exhorté les dirigeants israéliens et palestiniens à respecter intégralement les engagements qu'ils ont pris à Charm-el-Cheikh, il y a déjà cinq semaines, et à Gaza le 2 novembre.

Il nous faut absolument apaiser les tensions, appeler à la recherche à nouveau de la paix. Hors d'elle, il n'y aura que la violence plus grave et, au bout, le désespoir. La paix est encore possible si nous le voulons et si les acteurs se ressaisissent.

Mes chers camarades, il est près de 1 heure et je conclu. Tout l'après-midi d'hier, assis au banc de ma Fédération, à côté de Kader, j'ai fini de travailler à ce discours selon une habitude qui, paraît-il, vous fait sourire mais que Matignon ne m'a pas fait perdre. J'ai aussi écouté avec attention les interventions qui se sont succédé à la tribune de notre Congrès. Je m'excuse auprès de ceux qui étaient intervenus avant, notamment des membres de mon gouvernement, mais il ne m'était pas possible de venir ou d'arriver plus tôt.

Ces interventions m'ont frappé par leur qualité, par leur force souvent, par leur souci de contribuer utilement à notre nécessaire débat, toujours dans un esprit fraternel.

Je me disais qu'elles étaient le signe de la vitalité de notre Parti, qu'elles témoignaient que nous avions reconstruit une formation politique forte, rassemblée, vivante, donnant une image digne de la vie politique.

Notre Premier Secrétaire, François Hollande, ces trois dernières années, a été un acteur décisif de cet accomplissement. Nous serons heureux de le garder à notre tête.

Mes chers camarades, nous avons redressé la tête après 1993. Nous avons reconquis la confiance des Françaises et des Français en 1997. Nous devons prolonger cette dynamique pour gagner en 2002. C'est la tâche qui est devant nous.


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