Permettre aux militants de se réapproprier leur Parti

Marc Dolez
Intervention de Marc Dolez, premier secrétaire de la fédération du Nord, lors du Conseil national de synthèse du 15 mars 2003.


 
Chers camarades,

Je confirme devant le Conseil national le dépôt d'une motion intitulée « la motion militante », émanation de quatre contributions générales déposées le 18 janvier dernier, à savoir « parole militante », « Parti Socialiste + », « plus pour une nouvelle gauche » et « la contribution des militants ».

Cette motion est issue du débat que nous avons mené ces dernières semaines autour des contributions. Pour notre part nous avions abordé ce débat sans à priori, indiquant d’entrée que le temps des contributions devait permettre d’acter les points de convergence et les points de divergence.

A l'issue de ce débat, nous avons pris la décision de déposer cette motion parce que nous avons recueilli, tout au long de ces semaines et des nombreuses réunions que nous avons animées, la conviction que beaucoup de militants du Parti ne se reconnaissent pas et ne sont pas totalement satisfaits dans l'offre de motion telle qu'elle se présentait jusqu'à aujourd'hui autour des trois motions qui étaient annoncées depuis de longs mois.

Ce matin, devant vous, je ne vais pas rentrer dans le détail du texte. Vous nous lirez, je le souhaite, et nous aurons l'occasion, dans les semaines qui viennent, d'en débattre.

Je vais surtout, si vous le voulez bien, insister sur le sens de notre démarche.

Il y a dans le Parti, dans l'ensemble du Parti, me semble-t-il, une très profonde aspiration des militants à se réapproprier leur Parti.

Et nous avons avec eux la conviction qu'après la terrible défaite du 21 avril de l'an dernier, nous ne pourrons pas reconstruire le Parti sans les militants et que la première exigence est de leur rendre confiance dans leur Parti.

Avec eux, nous voulons réussir le Congrès, mais nous disons aussi, depuis le début du débat, que le Congrès ne sera réussi que si la parole des militants qui s’est très largement exprimée ces dernières semaines est respectée et si le Congrès n'est pas confisqué par ce que nous avons appelé le jeu des « écuries présidentielles » et des stratégies personnelles.

A l'issue du débat autour des contributions, nous avons la conviction que la réussite du Congrès n'est pas assurée.

Nous prenons aujourd'hui la responsabilité de déposer une motion qui permette, nous le pensons, à beaucoup de militants du Parti de s'exprimer avec beaucoup de détermination et de clarté dans ce Congrès et de faire part de leurs exigences, de leurs attentes et de leurs aspirations.

Dès le début, nous avons dit qu'après le débat qui n'était pas évident au départ et que les militants quelque part ont imposé dans le dernier trimestre de l'année 2002, après le débat très riche et très intense où la parole s'est libérée, où beaucoup de propositions sont remontées des profondeurs du Parti, la pire des choses serait que le Congrès se déroule autour de textes qui ne se fassent pas suffisamment l'écho de ces aspirations, de ces exigences et de ces demandes.

C'est la raison pour laquelle aussi nous prenons la responsabilité aujourd'hui de déposer un texte pour que le débat se poursuive, parce que qui peut croire que le débat est terminé avant qu'il ne s'engage autour des motions ? Qui peut croire que nous n'avons pas encore besoin de réfléchir entre nous et de discuter sur un certain nombre de sujets extrêmement importants tels que ceux qui ont été rappelés tout à l'heure et sur lesquels je ne vais pas rentrer dans le détail.

Oui, nous prenons la décision de déposer un texte pour que le débat se poursuive et pour permettre par le vote aux militants de s'exprimer, et nous le souhaitons, pour permettre à tous les militants qui le souhaitent de peser sur le congrès pour le réussir.

Parce que ce Congrès est le premier qui se tient après le 21 avril 2002, après cette terrible défaite, et rien ne serait pire qu'à l'occasion d'un Congrès des socialistes 12 ou 13 mois après le 21 avril, le message qui serait envoyé à la population, aux Français, serait un message comme quoi on n'aurait pas véritablement compris ce qui s'est passé et un message comme quoi on ne se donnerait pas les moyens de reconstruire et de rendre une perspective crédible à la Gauche d'autant plus importante que nous mesurons chaque jour les dégâts et les effets de la politique de la Droite.

C'est cela le sens de notre démarche.

Nous savons bien aussi que nous n'allons pas tout régler dans le débat des prochaines semaines, c’est évident.

L'heure n'est pas à la rédaction d'un programme de gouvernement, cela n'aurait pas de sens. Nous n'allons pas régler en quelques semaines toutes les questions qui se posent à nous, mais nous devons sortir du congrès avec la capacité collective de reconstruire et avec quelques idées claires.

C'est en ce sens que nous avons dit, depuis le début, que ce Congrès ne serait réussi que si c'était un congrès de rénovation et de clarification. Oui, nous parlons beaucoup d’une nécessaire rénovation en profondeur de notre Parti, non pas pour proposer un certain nombre de mesures qui viendraient s'ajouter à celles déjà adoptées par le passé et pas encore appliquées, mais parce que nous pensons fondamentalement que la première des choses est de permettre aux militants de se réapproprier leur Parti, d’y retrouver toute leur place. C’est grâce à cela que nous permettrons au Congrès de Dijon, comme le Congrès d’Epinay a su l’être en son temps dans une période politique aussi difficile, d'être un nouveau départ pour le Parti socialiste. Mais, pour cela, il faut qu'il retrouve sa capacité de débat, d'élaboration des propositions, de confrontation des points de vue et de le faire en étant le plus ouverts possible sur la société dans un Parti où les militants retrouvent l'envie de débattre et de militer.

C'est cela l’enjeu du Congrès de Dijon et c'est pour cela que nous faisons toute une série de propositions qui permettent d'avoir, à Dijon, un Congrès constituant et imposant immédiatement cette rénovation en profondeur du Parti, pour lui permettre sur bien des chantiers qui sont ouverts, sur bien des questions qui méritent d'être débattues et traitées, dans les semaines et dans les mois à venir, d'élaborer le projet politique et de porter le projet politique que nous présenterons aux Français le moment venu.

C'est cela l'enjeu !

Bien entendu, nous ne pouvons pas sortir du Congrès de Dijon sans quelques idées claires, sans avoir opéré une clarification de notre ligne politique. Et sur ce plan, mes chers camarades, nous avons la conviction que le débat qui s'est déroulé jusqu'alors autour des contributions n'a pas encore amené la clarification souhaitable pour tirer toutes les leçons du 21 avril, pour jeter les bases de la reconstruction de la Gauche, une clarification tout à fait indispensable sur les sujets que j'évoquais tout à l'heure.

Quand je dis que le débat ne l'a pas permis, vous me permettrez d'indiquer que, selon nous, la méthode qui a consisté dans le temps des contributions à agréger dans un axe un certain nombre de personnalités du Parti sans véritablement débattre au fond, ne nous semble pas un élément de clarification et c’est en ce sens aussi que nous souhaitons que le débat se poursuive.

Parce que les questions posées par la crise politique et sociale révélée par le 21 avril le nécessitent, et nous avons dit depuis le début que nous souhaitions un congrès d'idées, un congrès de propositions et non pas un congrès de stratégie personnelle.

Pour conclure, sur le sens de cette démarche…Je crois aussi que, si nous voulons réussir notre Congrès, nous devons être capables de nous écouter !

Je voudrais faire, François, deux remarques :

La première : je lis, j’entends que l’unité du Parti et le rassemblement des socialistes seraient compromis parce qu'il y aurait plusieurs motions.

Franchement, je ne le crois pas. Je ne crois pas que l'unité du Parti ou le rassemblement des Socialistes soit compromis par le débat. Je pense même l'inverse. Je pense que l'unité du Parti et le rassemblement des socialistes seront plus forts si nous sommes capables de mener un débat d'idées et de propositions qui permette, à l'occasion du Congrès de Dijon, de dire aux Français quelle est l'analyse que nous faisons du 21 avril, ce que nous avons à leur dire, ce que nous allons faire, ce que nous leur proposons et sur quelle base nous proposons de reconstruire.

Le dépôt d'une motion est une décision que l’on prend avec le souci de la responsabilité et, pour ce qui nous concerne, nous le faisons avec conviction, détermination et sincérité.

Nous n'acceptons pas que l'on mette en doute la sincérité de notre démarche. Nous sommes engagés dans le débat militant depuis de longues semaines. Nous souhaitons jusqu'au bout porter la parole des militants qui nous font confiance. Deuxièmement, là aussi par rapport à ce que je lis ou j'entends ces derniers jours ou ces dernières heures, je veux indiquer au Conseil national et aux militants que, pour ce qui nous concerne, nous allons aborder le débat qui s'engage maintenant dans une nouvelle phase : dans la phase des motions.

Ce débat, nous allons l'aborder dans le même esprit que celui que nous avons eu au début du débat sur les contributions. C'est-à-dire sans a priori. Nous allons rester dans le débat sur les idées, dans le débat sur les propositions, et non pas rentrer dans le jeu des stratégies personnelles ou des questions de personnes.

Nous allons le rappeler au début de notre texte. Pour ce qui nous concerne, nous ne roulons pour personne, nous ne roulons contre personne. Nous voulons rouler pour le Parti socialiste et ses militants pour que, un an après le 21 avril, nous ayons un grand Congrès, un Congrès à la hauteur de la situation, un Congrès qui permette de rendre confiance aux militants dans leur Parti et qui nous permette, dans la rénovation et la clarification, de reconstruire et de rendre une perspective à la Gauche.

Mes chers camarades, je vous remercie de votre attention et j'invite évidemment toutes celles et tous ceux d’entre vous qui souhaitent s'associer à cette démarche à nous rejoindre !


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