Traité constitutionnel
Le oui l'emportera

Dominique Strauss-Kahn
Entretien avec Dominique Strauss-Kahn, député du Val-d'Oise, paru dans le quotidien Le Parisien daté du 8 septembre 2004
Propos recueillis par Dominique de Montvalon


 

Oui ou non à la Constitution ? La gauche est divisée...
Avec Bertrand Delanoë, j'ai été l'un des premiers à me prononcer pour le oui. D'autres l'ont fait : Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault, Jean-Paul Huchon, Jack Lang ou encore François Hollande. Ce texte est un compromis à vingt-cinq pays qui ne pensent pas la même chose et qui n'ont pas la même politique. S'il ne change rien à la nature de nos traités depuis celui de Rome, il intègre la charte sociale, comme l'a justement fait remarquer la Confédération européenne des syndicats. C'est une étape. Il y a de nombreux acquis. Mais ce n'est pas une fin : nous devons réfléchir à une nouvelle étape. J'en appelle donc à un nouveau traité pour une Europe politique et sociale. Je souhaite que les socialistes français et européens portent ensemble cet idéal.

Pourtant, on dit Laurent Fabius tenté par le non...
Attendons de voir ce qu'il dira, mais je ne le souhaite pas. La majorité des socialistes doit rester unie. C'est le mandat des Français après la victoire des régionales et surtout celle des européennes, marquées par le recul de l'euroscepticisme.

Il y a chez vous beaucoup de partisans du non...
Le PS, comme l'a décidé François Hollande, va débattre. Si nous savons expliquer les avancées de cette Constitution et dire aux socialistes quelle sera la prochaine étape de la construction européenne, je crois que le oui l'emportera.

Pas un mot lundi soir sur Sarkozy lors du débat Raffarin-Hollande sur RTL. Seriez-vous gênés ?
Sarkozy est un problème pour la droite. Sa politique libérale, un problème pour la France. Le Sarkozy président de l'UMP supportera-t-il l'orthodoxie libérale du ministre de l'Economie sans finances ? La démagogie s'achève. Il va défendre dans quelques jours le budget d'austérité de la droite. Il a annoncé la couleur : les Français doivent encore se serrer la ceinture.

Nicolas Sarkozy s'attaque aux délocalisations. Et vous ?
Parlons-en ! Il propose de traiter le problème des délocalisations par la fiscalité : il prétend augmenter celle des pays où ces entreprises délocalisent et baisser chez nous le coût du travail. C'est totalement libéral, et ça ne marche jamais. Si nous mettions le doigt dans cet engrenage, alors il faudrait baisser les salaires au niveau de ceux de l'Europe de l'Est, vingt fois inférieurs. Le libéralisme sans état d'âme, c'est ça !

Mais vous, vous dites quoi ?
1. Il faut faire en sorte que les collectivités publiques prennent en charge la réimplantation d'activités là où les délocalisations ont eu lieu. Pas de territoire en friche, moins d'emplois perdus, moins de précarité : pas question de laisser quelqu'un au bord du chemin.
2. Quand des entreprises ne sont plus capables de résister à la concurrence, l'intervention publique, avant de mettre la clé sous la porte, doit jouer par des « nationalisations temporaires » : l'Etat injecte temporairement du capital public dans les entreprises pour les aider à passer ce cap. Ça, c'est une vraie politique de gauche à l'échelle européenne.

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