Présider autrement | |
Discours de Lionel Jospin prononcé lors d'un déplacement thématique, à Lens où il a développé ses propositions et ses engagements pour une " France plus juste ". |
Mon cher Guy [Delcourt, maire de Lens], mon cher Serge [Janquin, premier secrétaire de la fédération du Pas-de-Calais], chers amis. Lundi, j’étais à Clermont-Ferrand, pour parler des problèmes des seniors, comme on dit maintenant, des personnes âgées. Mardi, j’étais à Grand-Quevilly pour évoquer la modernisation nécessaire de notre pays. Jeudi, j’étais à Bordeaux pour un grand meeting où j’ai abordé bien des thèmes différents. Hier, j’étais à Mulhouse pour parler d’environnement, de développement durable, de la protection nécessaire de l’avenir de notre planète, de l’attention précise et quotidienne à l'environnement des Français. Et aujourd’hui je suis à Lens pour parler de la France plus juste. Cela avait pris, jusque-là, le caractère d’un échange, de tables rondes auxquelles les militants voulaient bien aimablement assister. Et puis, ici, dans le Pas-de-Calais, à Lens, on m’a dit : « Lionel, les tables rondes, on aime bien, les débats, on en nourrit, on en anime. La vie démocratique est pour nous importante. Mais il nous semble quand même que les camarades, les sympathisants ou les citoyens de cette ville et de quelques autres peut-être, auront envie de venir peut-être plus directement et plus nombreux. » Et donc, vous ne vous surprendrez pas puisque vous êtes les auteurs mêmes de cette transformation que ce rassemblement aujourd’hui prenne un peu la forme d’un meeting. Je suis heureux bien sûr d’être ici en cet après-midi à Lens avec vous. J’associe au département du Pas-de-Calais le département du Nord et la grande région Nord-Pas-de-Calais, n’oubliant pas le formidable meeting que nous avons fait avec Martine et quelques autres le 7 mars à Lille, parce que nous sommes ici dans une terre particulière. Et parler d’une France qui doit continuer à avancer vers la justice sociale, comment le faire mieux que dans une terre qui fut l’un des berceaux de la révolution industrielle en France, une des terres où se sont rassemblés des hommes et des femmes dans les fabriques de la nouvelle industrie, une des terres qui a connu à la fois l’exploitation la plus dure mais en même temps les luttes les plus déterminées et la fraternité la plus chaleureuse. Le bassin minier et les houillères, le pays noir de Béthune à Valenciennes, la sidérurgie et l’acier, le textile aussi dans les vallées, ici, de génération en génération, le travail a rythmé la vie des hommes, comme il a façonné les paysages. Et puis, le temps a passé. Ceux qui avaient tant contribué à la richesse de la France, ceux qui étaient fiers d’être la première région industrielle de France, ont vu la mutation industrielle des friches industrielles, des terrils, porter sa marque sur ce paysage et sur cette région, mais non pas sous forme de constructions dont on était fier, même si on savait la dureté, mais sous forme de stigmates, de blessures, de cicatrices pas encore tout à fait refermées. La crise économique ici a été forcément aussi une crise sociale et presque une crise d’identité, presque une crise culturelle. Qu’est-ce qui nous arrive ? Nous qui avons été les producteurs, nous qui avons fait de ce pays sa puissance industrielle avec d’autres régions bien sûr, qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce qui se retourne contre nous ? Les fosses abandonnées, les usines qui fermaient, les licenciements nombreux obscurcissaient l’avenir. C’était inévitable avec l’épuisement de la mine, c’était insupportable, ce fut un crève-cœur et en même temps le défi a été relevé. Alors, il reste aujourd’hui beaucoup à faire, même si vous avez commencé à réussir bien des reconversions à force de ténacité, de courage, de travail bien fait et d’attachement au pays, vous avez rassemblé, organisé des efforts qui commencent à porter leurs fruits. Tout à l’heure, j’ai été me recueillir devant la statue du mineur, j’ai pu méditer quelques instants ces trois mots : la souffrance, le courage et la fierté, qui expriment l’identité même de cette région. J’ai eu comme un bonheur de penser que je ne faisais pas simplement un geste de respect, que je n’étais pas simplement dans la nostalgie d’une époque glorieuse, dure, mais magnifique, mais parce que j’apercevais derrière moi, au fond, ce château des anciens grands patrons de la mine par lequel on arrivait, vers lequel on arrivait par le train, devant lequel on déroulait le tapis rouge aux administrateurs. Que ce château, par l’action forte des élus, mais aussi parce que j’ai fait moi comme ministre de l'Éducation nationale quand j’ai été en charge, au sein d’un gouvernement de gauche, celui de Michel Rocard, sous la présidence de François Mitterrand, nous avons rendu, nous avons donné cet ancien château fort de l’exploitation humaine aux jeunes fils et filles, petits-fils et petites-filles des mineurs qui, eux, n’avaient pas le droit d’en franchir les grilles. C’était pour moi un moment d’émotion et un moment de fierté. Tout à l’heure, après ce meeting, j’irai à Liévin rendre hommage à la corporation minière, là aussi faire un geste de recueillement en mémoire de la catastrophe de la mine à Liévin. Je n’oublierai sûrement pas que, jeune étudiant, ayant la chance de faire un stage dans les houillères du Nord et du Pas-de-Calais, à l’époque immense entreprise de près de 100 000 hommes, j’ai justement pris, pendant quinze jours, de nuit, le poste au 9 de Liévin. Et j’ai été marqué par cette expérience cruciale. Je n’oubliera pas non plus, bien sûr, que le grand-père de celle qui est ma compagne et mon épouse, est venu, comme tant d’autres, de la Pologne lointaine, à l’époque, pour travailler dans la mine ; et que son fils a pu faire des études, devenir ingénieur parce que son père trouvant que le métier était si difficile et si dangereux qu’il l’a poussé vers l’école des ingénieurs de la mine de Douai, ce qui lui a permis de faire son parcours. On trouve là des racines, une histoire, une identité et une capacité aussi de transformation et de mouvement social, d’élévation sociale disait-on à une époque, qui passe justement par l’école, l’école républicaine où là, en l’espèce, l’école de la mine. Mais, au-delà des gestes qu’il faut faire, au-delà de la fierté qu’il faut rappeler, au-delà de l’admiration qu’il faut dire pour ces hommes et ces femmes qui ont affronté des conditions de vie terribles, qui ont mené des combats syndicaux ou politiques en subissant des répressions violentes souvent, au-delà de ces gestes de souvenir, il était bon que nous soyons plus concrets et que le symbole s’accompagne d’un geste effectif. Et c’est pourquoi mon gouvernement a voulu tenir l’engagement pris par François Mitterrand et justement à Lens en présence d’André Délélis, en 1983, de rendre aux mineurs et aux communes du bassin minier le patrimoine du logement minier. Un accord a été trouvé pour sa rénovation, et Marie-Noëlle Lienemann y a joué un rôle tout à fait essentiel. Il est la marque de ce que la communauté nationale doit justement à cette communauté des mineurs. Lens, le Pas-de-Calais et le Nord ont aussi une histoire indissociable de celle de la gauche. Le socialisme est un peu né ici, dans ces terres ouvrières et industrieuses qui ont connu tant de luttes. Il s’y est très vite acclimaté, organisé, avec ce sens, là aussi, de la discipline qui venait de la discipline même du travail, avec ce sens de l’organisation collective qui a donné lieu à ces grandes sections, à ces banquets fraternels parce qu’on savait que, seul, le nombre faisait la force et qu’ici l’individualisme n’était pas spontanément ce qu’on cultivait, avec ce goût de la fraternité et de la fête qui caractérise ces terres du Nord beaucoup plus joyeuses, beaucoup plus bariolées, beaucoup plus colorées, beaucoup plus baroques, comme leur architecture parfois qu’on ne le pense, parce que justement la fête, le plaisir, c’était aussi ce que l’on arrachait à la dureté du temps et du travail. Vos départements ont toujours connu de puissantes fédérations socialistes qui ont compté dans la vie d’un parti que j’ai dirigé pendant neuf ans en tout. Leurs militants, les sympathisants quand venaient les temps de campagnes électorales, ont apporté leur force et leur énergie lors de toutes les grandes batailles démocratiques, et je sais ici, à Lens, aujourd’hui, que je peux à nouveau compter sur vous. La gauche se sent bien dans la région Nord-Pas-de-Calais, et en particulier dans ce département, puisqu’en 1997 le grand chelem a été frôlé avec treize députés sur quatorze. C’est pourquoi je veux saluer Guy Delcourt, maire de Lens, qui m’accueille depuis le début de cet après-midi, Jean-Claude Bois que je cherche, député de Lens, adjoint au maire et conseiller général, Roland Huguet, Président du Conseil général du Pas-de-Calais, Daniel Percheron, qui a animé longtemps cette fédération, Président du Conseil régional Nord-Pas-de-Calais, et Serge Janquin qui était mon deuxième hôte, il y avait l’hôte républicain et l’hôte militant, même si tous les deux sont militants et républicains et qui s’est exprimé lui aussi comme secrétaire de la fédération socialiste avant moi. Puisque nous sommes tout près de Lille, et sans prendre parti dans des joutes sportives à l’écart desquelles je me tiendrai prudemment, encore que vous vous prêtez vos stades, et il y a une fierté nordiste qui l’emporte. Et puis je veux naturellement saluer Martine, Maire de Lille, venue en voisine. Je ne vais pas saluer tous les élus qui sont ici, ils sont tous des amis, je milite avec eux depuis longtemps, mais enfin je veux évoquer au moins le nom de Jean Le Garrec car, en tant que président de la commission des Affaires sociales, il a joué un rôle décisif pour faire avancer nos projets, ceux de Martine d’abord, ceux d’Élisabeth ensuite et tous les autres. Et combien de conflits, en tout cas de tensions a-t-il dénoués par son dévouement, sa connaissance des dossiers et son sens de la diplomatie. Et puis bien sûr Élisabeth Guigou, Jack Lang, Marie-Noëlle Lienemann m’accompagnent et je les remercie d’être là. Je disais qu’ici on a le sens du collectif, et c’est particulièrement vrai évidemment du club sang et or dont l’histoire est d’ailleurs, je l’ai appris depuis peu, étroitement liée à celle du mouvement ouvrier puisque l’on prétend, et je crois que c’est vrai, que le stade Félix Bollaert a été construit au lendemain de la crise de 1929, qui avait eu des conséquences dévastatrices sur la France et sur l'Europe et pour le monde, justement pour occuper 180 mineurs dont la fosse, déjà, venait de fermer. Alors, ce stade magnifique, dans lequel j’ai eu l’occasion de venir pour un huitième de finale de la coupe du monde de 1998, si, et je leur souhaite bonne chance, Lens, ce soir, confirme la tête du championnat et presque le titre de champion de France, je peux vous promettre que, soit j’y viendrai, si vous voulez bien m’inviter, comme simple citoyen, soit j’y viendrai comme Président de la République pour assister à un match, mais à un match du Racing Club de Lens. Ici, dans cette très ancienne terre de gauche, où le mot justice sonne d’une façon forte, claire et symbolique, je veux vous donner dans les termes d’aujourd’hui, par rapport au temps qui vient, à un certain nombre d’orientations concrètes, ma vision de la justice sociale. Pour moi, une France plus juste, c’est une France où tout le monde peut gagner sa vie, travailler, utiliser son propre savoir-faire, ne pas dépendre des autres et pouvoir élever sa famille. C’est une France où tout le monde peut vivre bien, c’est-à-dire vivre en accomplissant des progrès pour soi-même, sans doute, mais aussi pour les autres rassemblés. C’est une France où tout le monde peut vivre libre, c’est-à-dire s’épanouir soi-même en tant que personne, donner toutes ses virtualités, manifester tous ses talents, sans que la condition sociale ou l’origine ethnique vous empêchent de le faire. La France plus juste que je veux, c’est d’abord celle du plein-emploi car la première inégalité entre les Français reste encore le chômage. Mais pour faire reculer encore le chômage, comme nous l’avons fait pendant cinq ans, de plus de 900 000 personnes, pour faire reculer avec lui, par une politique volontaire et précise, les inégalités, il faut aussi stimuler l’activité économique du pays, il faut produire, créer, innover, inventer pour pouvoir distribuer. Il faut être créateur pour pouvoir être solidaire. C’est pourquoi je suis le candidat de la France du travail. Je veux une économie de la croissance, je veux une société du travail, je veux une France du plein emploi. La croissance, nous la voulons, parce que c’est la première condition pour créer de nouveaux emplois. Et cette croissance, elle ne se décrète pas, elle se construit et c’est ce que nous avons réussi à faire pendant cinq ans. Un candidat prétend que nous aurions créé des emplois, plus de 2 millions, que nous aurions moins de 900 000 chômeurs parce que nous aurions bénéficié de la croissance internationale. Mais il faut savoir et nous l’avons établit très clairement notamment Dominique Strauss-Kahn dans un document, que Martine Aubry a d’ailleurs complété par une comparaison de ce qui a été fait par les gouvernements de droite et par nous depuis quatre ans et demi sur le plan social. Nous avons montré clairement que la croissance mondiale entre 1993 et 1997 a été supérieure, légèrement supérieure, mais supérieure à la croissance mondiale pendant la période où nous étions au pouvoir. Donc si le taux de croissance pendant les quatre années de la droite a été de 1,5 en moyenne, et pendant nos quatre années et demie, a été de 3 % en moyenne, c’est bien dû à la politique économique que nous avons conduite. Nous avons libéré en réalité une économie qui était bloquée, nous avons desserré les freins, nous avons restauré l’esprit de confiance et y compris par des mesures volontaristes comme les 35 heures ou les emplois jeunes qui ont distribué du revenu, qui ont fait sortir des jeunes et des hommes et des femmes adultes du chômage, mais qui ont aussi montré qu’il y avait une vraie volonté de lutter contre la fatalité du chômage. Nous avons libéré une économie bloquée, nous n’avons pas pénalisé nos entreprises, nous avons mené une bonne politique économique en ajustant ce que nous devions donner aux dépenses, ce que nous devions faire pour réduire le déficit, ce qui devait stimuler les dépenses publiques et nos services publics, ce qui devait aller à la réduction d’impôts car nous avons réduit les impôts pendant cette période, alors qu’ils les avaient augmentés quand ils étaient au pouvoir, ces chiffres sont établis et publics. Nous avons opéré de grands regroupements industriels pour muscler notre appareil productif et faire que nos grandes entreprises soient compétitives dans l’économie mondiale, et puis, nous avons utilisé à plein les nouvelles technologies, notamment de l’information et de la communication qui n’avaient guère mobilisé nos prédécesseurs. Et puis, nous avons aussi ranimé la croissance grâce à des augmentations du pouvoir d’achat. Le pouvoir d’achat pendant la période où nous avons été au pouvoir, a été nettement supérieur à la progression faible connue entre 1993 et 1997. Les coups de pouce au SMIC, la prime pour l’emploi, la revalorisation des minima sociaux ont fait que la situation des smicards, pourtant difficile, la situation des chômeurs en fin de droits, s’est améliorée sensiblement, sans doute pas assez, mais sensiblement pendant que nous étions aux responsabilités, alors que cette situation s’était aggravée sous la droite. C’est donc une société du travail que nous proposons, appuyée sur une politique de croissance. Je ne veux pas d’une société d’assistance, même si nous devons veiller à la solidarité. La solidarité, c’est quelque chose qu’on échange à la même hauteur, entre égaux, l’assistance, c’est quelque chose que l’on donne de haut, comme une aumône, et nous ne voulons pas de l’assistance, nous voulons de la solidarité, mais nous voulons surtout que chacun puisse être mis en situation de gagner lui-même sa vie pour soi-même ou pour ses enfants ou sa famille. Pour moi, le travail doit payer, c’est pourquoi je propose l’extension de la prime pour l’emploi qui déjà a distribué des revenus pour des gens qui se situent au niveau du SMIC ou légèrement au-dessus. C’est pourquoi notre réforme de la fiscalité et nos propositions de baisses d’impôts ne sont pas centrées sur des exemptions pour les entreprises sans contreparties, mais sont centrées sur les revenus du travail qui doivent être favorisés par rapport aux revenus du capital. C’est pourquoi nous proposons, le droit à la formation tout au long de la vie. Les emplois de demain, vos enfants, vos petits-enfants ou vous les jeunes qui êtes là, directement présents, seront des emplois de plus en plus qualifiés. Et c’est pourquoi cette faculté des sciences et c’est pourquoi cet IUT scientifique créés à Lens sont absolument décisifs. Il faut donc que chacun puisse prendre sa place dans l’économie., puisse accéder à ces emplois dont le niveau s’élève. Alors, ce sera facile pour nos jeunes sortant de nos universités, de nos BTS, de nos IUT. Mais pour ceux qui ont raté en partie leur formation initiale, il faudra que ceux-là puissent se voir donner une seconde chance et être amenés, par cette formation tout au long de la vie, vers ces emplois plus qualifiés. Dans la loi de modernisation sociale, nous avons introduit ce que nous appelons la validation des acquis professionnels, du travail accompli par des hommes et par des femmes qui n’ont pas passé de diplôme, mais qui ont accumulé dans leur expérience professionnelle un savoir-faire, des connaissances et des techniques qui peuvent trouver ensuite par la validation l’équivalent d’un diplôme. C’est aussi un autre chemin pour aller vers la formation et donc aller vers le travail. Je propose également 200 000 contrats pour les chômeurs de plus de cinquante ans. Le patronat nous dit : « Non, il va falloir travailler plus longtemps, il faudra aller au-delà de 60 ans, il faudra peut-être travailler jusqu’à 63 ans, 64 ans, 65 ans. » Et dans le même temps, par des plans sociaux, ils mettent hors de la production des hommes et des femmes de 56 ans, de 54 ans, parfois de 52 ans, parfaitement aptes à travailler, et qui touchent des préretraites alors qu’ils pourraient toucher des salaires, qu’ils sont aptes à travailler et qu’ils pourraient cotiser pour la retraite. Quelle est la logique de cette prise de position ? Et puis nous avons soutenu, et je veux soutenir davantage encore, l’innovation, la création d’entreprises. Je m’engage aussi dans cette société du travail à continuer à lutter contre la précarité. Moi, je me réjouis quand je vois qu’au fur et à mesure que les emplois sont créés, que le nombre des chômeurs diminue, même s’il reste trop nombreux, ce sont de plus en plus des contrats à durée indéterminée qui sont créés. Au début, les contrats sont souvent à durée déterminée. Et progressivement, quand les entreprises sont plus sûres de la situation économique, quand elles ont embauché des salariés, quand elles savent que le marché du travail nécessite des qualifications les plus fortes, elles changent un peu d’état d’esprit et beaucoup d’entre elles disent : « Au fond, si je propose un contrat à durée indéterminée, j’ai peut-être plus de chance de garder dans mon entreprise ce salarié. » C’est une bonne chose. Le travail, pour moi, doit être une sécurité supplémentaire, sécurité pour soi-même, pour sa famille, pour son avenir et donc je veux des emplois de qualité. C’est pourquoi je propose, au lendemain de l’élection, si les Français me font confiance, que le gouvernement qui se mettra en place engage avec les partenaires sociaux une grande négociation pour lutter contre la précarité au travail. Cela me paraît un des objets de discussion le plus nécessaire avec les retraites, avec l’égalité professionnelle hommes/femmes. Je m’engage aussi à étendre les droits des salariés. Et ça, vous pouvez être sûrs que ce sont des sujets sur lesquels les candidats de droite sont totalement muets. L’entreprise, pour eux, c’est le patron et éventuellement les cadres, surtout quand ils ont des stock-options - parce que quand ils n’en ont pas, ça ne les intéresse déjà plus, ce sont des salariés, au fond ! Pour moi, l’entreprise, c’est une communauté de travail. Le patron existe, les dirigeants existent, les cadres, qualifiés, compétents, techniciens, commerciaux ou d’organisation existent, et ils doivent être pris en compte, et nous les avons pris en compte par les 35 heures. Mais la masse des techniciens et des ouvriers appartiennent à la communauté de travail, ils doivent avoir leurs droits reconnus, et c’est pourquoi nous proposons la représentation des salariés dans les conseils de surveillance des entreprises. Cette France du plein-emploi, c’est le chemin que nous avons commencé à tracer, et je suis fier de constater qu’aujourd’hui, beaucoup de ceux, économistes qui analysent la situation, et parfois même les politiques, considèrent que la perspective du plein-emploi est désormais crédible. Quand moi, j’avais dit, c’était en 1999, à l’université d’été de La Rochelle : « Je fixe pour la décennie le retour du plein-emploi », certains s’étaient moqués, avaient parlé d’utopie, parce qu’il faut toujours de l’utopie, il n’y a jamais d’utopie dans les projets, puis quand on met quelque chose qui apparaît utopique, alors on ricane et on dit que ce n’est pas crédible. C’est vrai pour les SDF, et c’est vrai aussi pour le plein-emploi. Et aujourd’hui, ce qui était utopique, donc en 1999, est considéré comme une perspective possible pour les sept ou huit années qui viennent, surtout que la démographie change, que nous aurons moins de jeunes qui vont venir sur le marché du travail, et beaucoup de nos jeunes anciens, les miens, ceux de la génération du baby-boom, ceux qui étaient nombreux en 1945, tous ceux-là vont aussi partir à la retraite, et donc, il faudra les remplacer, on aura besoin de beaucoup d’emplois. Nous avons fait baisser le chômage de 900 000 en cinq ans, et je fixe à nouveau cet objectif. Nous avons eu une croissance plus forte que celle de nos voisins, et nous avons aussi mené une politique industrielle volontariste. Je me souviens, Martine aussi, Élisabeth, qu’au début de la législature, quelques mois après, on nous disait déjà : « Oui, avec les 35 heures, avec les emplois jeunes, avec vos mesures sociales, vous avez découragé les investissements. » C’était le discours du patronat, c’était le discours de la droite. C’est un peu moins le discours du patronat, encore que ça dépend, mais c’est toujours le discours de la droite, et notamment d’un des candidats de droite, qui ne s’intéresse apparemment qu’au déclin de la France, et non pas à sa prospérité, à sa capacité à avancer. On nous disait : « Avec les 35 heures, plus aucune entreprise ne viendra s’installer en France. » Et quand on avait réussi alors je suis désolé pour Guy, c’est Valenciennes, mais enfin, les Valenciennois, j’en ai vu un ou deux, donc c’est vrai, vous pourriez dire : ça aurait pu être dans le bassin minier ! Bon, Valenciennes, ça a appartenu quand même, c’était le bout du bassin minier, je ne me prononce pas. Pas plus que je ne me prononce entre Lille et Lens en matière de sport je ne me prononcerai entre Valenciennes et Lens en matière d’automobile. Mais moi, j’ai constaté que ça n’empêchait pas l’entreprise Toyota de décider que c’était en France qu’elle s’installerait, et dans le Nord. Pourquoi ? Parce qu’il y avait des équipements, parce qu’il y avait des services publics, parce qu’il y avait un service de santé qui était le premier au monde, parce qu’il y avait une population du Nord, industrieuse, travailleuse, capable de travailler de façon efficace, et aussi d’utiliser les nouvelles méthodes, et ils se sont installés. Aujourd’hui, on entend la même chanson reprise : le thème du déclin de la France, le thème d’une France qui serait désertée par les investissements. Là encore, on a démontré que les investissements étrangers en France avaient été trois fois plus importants pendant notre période que pendant la période précédente. Mais, comme une sorte de démenti spectaculaire et bienheureux à cette lancinante ritournelle sur le déclin et le manque d’attractivité de l’espace français, il a quand même été annoncé hier une décision absolument majeure sur le plan économique, c’est-à-dire la décision qui a été prise par ST-microelectronics, filiale de plusieurs entreprises françaises et européennes, par Philips, le grand groupe hollandais, par Motorola, très grande entreprise américaine, qu’ils joindraient leurs efforts, souvent même rapatrieraient des chercheurs depuis les États-Unis pour les ramener près de Grenoble, en s’implantant à Grenoble pour préparer leur nouvelle génération de composants et d’électronique. Et c’est un investissement beaucoup plus important encore en milliards d’euros que ne l’était l’investissement, pourtant majeur, de Toyota. Je veux me féliciter de cette action qui, là encore, a été conduite par une coopération des pouvoirs publics, des collectivités locales, des chercheurs et des universités et des grandes écoles de la région, et ces entreprises, et qui témoigne qu’au contraire, la France est une terre dans laquelle on peut avoir intérêt à investir, et que, de ce point de vue-là, son modèle économique et social ne nuit en rien. Ce chemin vers le plein-emploi, cet objectif des 900 000 chômeurs en moins dans les cinq ans qui viennent, je veux le poursuivre. Je veux le poursuivre pour vous, je veux le poursuivre avec tous ceux qui n’ont pas encore retrouvé l’espoir, dont la vie reste difficile, mais qui doivent se dire qu’avec nous, si nous continuons à travailler sérieusement, l’avenir, l’horizon sera moins sombre. Et c’est d’abord vers cette France qui travaille dur et qui gagne peu que je me tourne. C’est elle qui a le plus besoin d’être écoutée, entendue, protégée, défendue. Pour nous, socialistes, la justice sociale n’est ni un slogan ni une incantation. La justice sociale, nous la faisons vivre depuis plus d’un siècle, et nous avons compris qu’il nous fallait accepter les difficultés de l’action, prendre le risque de l’échec pour espérer faire reculer l’injustice. Nous le faisons donc pour ces millions de Français ouvriers, employés, ceux qui gagnent le SMIC, petits agriculteurs, petits retraités, chômeurs, encore trop nombreux qui ont besoin des combats concrets de la gauche pour voir leur situation s’améliorer. La France que je veux, c’est une France, donc, où le progrès poursuit sa marche. On sait qu’historiquement, c’est la gauche, et notamment les socialistes, qui se sont battus pour faire avancer le progrès social. Les grandes lois sociales de la troisième République, les avancées du Front populaire, les nouvelles fondations posées par la Libération, avec notamment la création de la Sécurité sociale, les congés payés accordés par le gouvernement Guy Mollet, en 1956. 1981 et la grande alternance, avec François Mitterrand et Pierre Mauroy, les 39 heures, la première avancée sur la durée du travail depuis 36, la cinquième semaine de congés payés, la retraite à 60 ans, les lois Auroux ouvrant des nouveaux droits aux travailleurs. 1988, avec Michel Rocard et la création du revenu minimum d’insertion, dont je me réjouis aujourd’hui que le nombre des titulaires diminue parce que la pauvreté recule. Et puis, depuis 1997, c’est notre liste à nous, ce sont nos décorations, et celles-là, je les porte volontiers : c’est les 35 heures, c’est la loi de lutte contre les exclusions, c’est la Couverture maladie universelle, c’est l’allocation personnalisée d’autonomie pour les personnes dépendantes et leurs familles. La gauche continue à regarder le réel en face et veut le transformer. Nous savons qu’un jeune sur trois, encore, en France, ne part pas en vacances, et qu’ils sont plus nombreux encore dans les cités HLM. Nous savons que des millions de Français ont des logements qui ne sont pas dignes de ce qu’ils devraient être, que de nombreux, des centaines de milliers de jeunes couples ont du mal à accéder au logement parce que c’est trop coûteux pour des ménages modestes si l’on doit à la fois payer la caution et la garantie, d’où la Couverture logement universelle que je propose. Nous savons que le droit à la santé n’est pas un droit partagé par tous si les remboursements ne sont pas pris en charge, et c’est pourquoi nous avons fait la Couverture maladie universelle. Nous savons que pour trop de salariés, le travail, c’est encore la précarité, et c’est pourquoi je propose cette négociation sur la précarité. Un de ces droits essentiels, c’est la retraite. Ce droit, nous l’avons conquis, nous nous sommes battus pour l’obtenir, l’étendre et le conforter. Aujourd’hui, je veux le dire clairement, ce droit est menacé par le candidat du RPR, qui prépare la privatisation du modèle social français en introduisant les fonds de pension dans notre système de retraite, dont j’ai dit ailleurs déjà que c’était le vers dans le fruit. Alors, je m’engage au contraire à ce que continue à vivre le lien de solidarité entre les générations qui est au cœur du pacte républicain, je m’engage à maintenir le régime par répartition, je m’engage à maintenir le droit pour tous à partir à la retraite à 60 ans, je m’engage à garantir le niveau des retraites, c’est-à-dire le taux de remplacement. Et pour ceux qui ont commencé à travailler très jeunes, à quinze ans, parfois même, certains, à quatorze ans, pour ceux qui ont eu les fonctions les plus pénibles, il doit être possible, au-delà de ce qui a été déjà négocié dans un cadre contractuel mais qui n’a pas pu être étendu, de faire en sorte que beaucoup d’entre eux puissent partir après avoir cotisé quarante ans, y compris avant l’âge de 60 ans. Un autre droit essentiel doit être assuré, c’est le droit à la sécurité. Nous sommes fidèles à notre objectif de justice sociale lorsque nous luttons contre l’insécurité, d’abord, parce que la violence est inacceptable dans les rapports sociaux dans une société démocratique où doit régner la paix civile. Ensuite, parce que l'insécurité, nous le savons, frappe d’abord les plus démunis, c’est une insécurité et une injustice sociale de plus. Quand une voiture brûle, c’est le plus souvent dans les quartiers difficiles. C’est au pied d’une tour, c’est dans une cité. Le propriétaire de cette voiture est un ouvrier ou un employé qui ne pourra pas, le lendemain, aller à son travail. C’est un chômeur qui aura plus de mal à aller chercher du travail ou remplir des formalités d’embauche, c’est une femme seule, de ces foyers monoparentaux dont on sait qu’il sont nombreux désormais, qui ne pourra pas conduire ses enfants à l’école. Quand des chauffeurs de transport en commun sont agressés et protestent, ce sont d’abord les habitants des quartiers les plus sensibles qui sont privés de moyens de transport, quand une cage d’escalier ou une boîte à lettre est abîmée, dégradée, c’est l’ensemble des locataires qui sont pénalisés. Alors, nous nous sommes saisis de ces questions, nous ne les exploitons pas politiquement, mais nous les traitons avec une volonté politique avec la police de proximité, avec les contrats locaux de sécurité, en augmentant les moyens de la police, de la gendarmerie et de la justice alors que nos prédécesseurs avaient manqué à leurs devoirs à cet égard, en recrutant plus de 16 000 adjoints de sécurité pour une police qui soit aussi à l’image de la population, en ouvrant, parce qu’il fallait faire face au problème de la délinquance chez les mineurs, les premiers centres d’éducation renforcée ou les premiers centres de placement immédiat. Oui, c’est vrai, nous le savons bien, que les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. Mais nul, s’il est honnête, ne peut nous reprocher d’avoir manqué de volonté politique. Je veux aller plus loin, je veux que cette France plus juste soit aussi une France plus sûre, je m’engage sur trois principes d’action : la responsabilité individuelle, il existe des causes sociales qui facilitent la violence, mais chacun est responsable de ses actes et doit en assumer la responsabilité. Mieux prévenir, mieux punir, mieux punir mais aussi mieux prévenir et faire en sorte que la sécurité, même si elle est l’obligation de l'État, soit aussi l’affaire de tous. C’est pourquoi je propose, dans un contrat national de sécurité, la création d’un grand ministère de la Sécurité publique, une loi de programme pour accroître les moyens de la police, de la gendarmerie et de la justice sur cinq ans, des moyens supplémentaires pour étendre les procédure de comparution immédiate, l’accueil des mineurs récidivistes dans des structures fermées mais qui doivent garder une vocation de réintégration, une vocation éducative et puis surtout, autant, une action aussi précoce que possible pour détecter les comportements violents, les comportements asociaux, les difficultés rencontrées par des jeunes, parfois même par des enfants dès le stade de l’école, d’où la proposition de ces cellules sociales de suivi de ces enfants de façon à ce que les enseignants, les éducateurs, les psychologues et les parents puissent se saisir de ces problèmes avant qu’ils ne deviennent plus graves, cette détection et cette prévention précoces sont tout à fait décisives. J’ai parlé tout à l’heure de la formation tout au long de la vie, je m’engage aussi pour le droit au logement, la Couverture logement universelle facilitera l’accès au logement pour des milliers, des dizaines de milliers de Françaises et de Français, notamment en les aidant à payer les cautions et les garanties. Je m’engage, et nous avons déjà amorcé ce travail avec Marie-Noëlle Lienemann, à rénover, reconstruire 300 000 HLM en dix ans pour que nos quartiers soient dignes d’être vécus. Je m’engage à lutter efficacement contre les inégalités et les injustices. Qui d’autre peut le faire dans ce pays aujourd’hui ? Pas la droite, elle ne le veut pas. Pour les libéraux, pour les conservateurs, les inégalités sont le prix à payer du capitalisme, inévitables dommages collatéraux. Et d’ailleurs il n’y a rien de sérieux dans la lutte contre les inégalités dans le programme du RPR. Sur le droit à la santé, rien, sur le droit au logement, pas une ligne, pour les familles en difficulté d’autorité, pas une ligne, pour les bas salaires, pas un mot, pour les travailleurs de plus de 50 ans sans emplois, c’est le silence. Seule la gauche réelle, je veux dire seule la gauche du réel qui accepte de s’affronter au réel, qui accepte la responsabilité du pouvoir avec ce que cela entraîne de critiques, de difficultés à avancer, seule cette gauche-là peut changer véritablement les conditions de vie dans notre pays et l’a déjà fait. On ne peut pas trouver de solution dans la seule dénonciation, même si la dénonciation, même si la critique sont nécessaires. Ou les réformes dont j’ai parlé tout à l’heure, ces grandes réformes sociales, n’ont rien amené aux salariés et aux travailleurs, et alors comment peut-on en même temps prétendre qu’elles sont aujourd’hui des acquis qu’il faudrait défendre ? Mais alors, des mouvements d’extrême-gauche comme par exemple Lutte ouvrière n’ont pas non plus été efficaces puisqu’il faudrait comprendre que le sort des salariés ne se serait pas amélioré historiquement dans ce pays, ce qui est absurde. Ou bien ces réformes ont apporté quelque chose, la durée du travail, la retraite, la Sécurité sociale, le droit du travail, et alors qui a fait ces réformes si ce n’est la gauche ? Et si ce n’est, au cœur de la gauche, les socialistes ? La France, plus juste que je veux, c’est aussi une France où chaque être humain peut s’accomplir. Léon Blum nous l’a appris : « Le but du socialisme, c’est la libération intégrale de la personne humaine. » C’est là l’ambition de la gauche et du camp du progrès. Nous avons toujours voulu, non pas seulement lutter pour la réforme sociale, mais former des citoyens qui s’ouvrent au monde, qui accèdent à la culture, qui puissent disposer de temps libre. N’est-ce pas Laffargue lui-même qui parlait du « droit à la paresse » ? C’est le projet de gauche depuis deux siècles, c’est toujours notre projet. Alors, pour cette émancipation, pour ces libertés conquises, il est clair que l’école de la République joue un rôle central. Je m’engage à ce que l’école reste une priorité nationale, cette priorité que fait vivre aujourd’hui Jack Lang dans mon gouvernement. Investir dans l’éducation restera prioritaire. 100 % des jeunes avec une qualification à l’issue du parcours scolaire, prise en charge des élèves en difficulté, 80 % des jeunes au niveau du bac, 50 % avec un diplôme d’enseignement supérieur, un ordinateur pour chaque jeune de l’école à l'université, voilà des grands objectifs qui sont les nôtres. L’égalité des chances, c’est aussi l’égalité entre les femmes et les hommes et, après avoir combattu la parité, la droite entend favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes avec un salaire maternel. Ce n’est pas mon approche de la femme que de vouloir la cantonner au foyer domestique. Je m’engage au contraire à favoriser, au-delà de la parité politique, l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes par la garde des enfants plus aisée, notamment grâce au chèque enfant. Et puis, la liberté, c’est aussi justement le temps libre. Du temps libre en plus, c’est la maîtrise sur les temps de sa vie. Et il est clair que dans ce mouvement historique les 35 heures ont joué un rôle essentiel. Non seulement parce qu’elles ont créé des emplois, 400 000 emplois créés dans l’économie, mais aussi parce qu’elles ont créé du temps libre dont bénéficient désormais des millions d’hommes et de femmes, et particulièrement de femmes à travers la France. Pour que chacun puisse profiter de ce temps libre, il faut faire tomber les barrières psychologiques, symboliques parfois qui éloignent trop de Français de la culture. Même si ici, dans cette région, beaucoup d’efforts ont été faits pour la culture populaire, pour que l’on accède au théâtre, à la musique, à la danse, il est vrai qu’il y a encore dans l’esprit de beaucoup d’hommes et des femmes des milieux populaires comme une hésitation, comme une crainte, comme si cela n’était pas fait pour soi. Pour moi, la culture et les connaissances ne sauraient être réservées à une élite ou à une classe sociale, la culture doit être pour tout le monde, les classes populaires, les immigrés, les habitants du monde rural. Et c’est à l'État et c’est aux collectivités locales de mener cette action. Si je suis élu président de la République, la culture sera une priorité de mon quinquennat, comme la recherche, comme l’éducation, parce que le savoir, la beauté, la connaissance, tout ce qui élève la personne humaine, la fait sortir de sa seule condition sociale, tout ce qui permet qu’elle s’émancipe elle-même par l’esprit, la sensibilité et le cœur doit être rendu accessible à tous. Aucun Français ne doit être éloigné d’une bibliothèque, d’un cinéma, d’un théâtre, d’une école de musique ou encore d’un accès public à l’Internet. Je m’engage donc à amplifier la politique culturelle à laquelle Jack Lang avait donné son élan en 1981, pour laquelle Catherine Trautmann, dans mon gouvernement, et puis maintenant Catherine Tasca s’engage et se mobilise, oui, je m’engage à ce que cette politique culturelle, que la droite a toujours sacrifié avec l’éducation et avec la recherche quand elle est revenue au pouvoir, que cette politique culturelle reste ambitieuse au-delà de l’effort déjà fait. D’ici l’élection, j’ai bien sûr besoin de vous. Je parle en votre nom, je suis votre candidat, j’aspire à être le candidat d’un rassemblement plus large et plus fort qu’il faudra obtenir pour obtenir la victoire. Mais dans ce premier tour pluraliste, où chacun se compte, où chacun s’appuie sur ses propres forces, j’ai besoin de votre force, de votre énergie, de votre mobilisation, de votre enthousiasme. Et d’ailleurs aujourd’hui, par votre accueil, aussi bien l’accueil dans la rue, que l’accueil au café, que l’accueil ici même et d’ailleurs les cafés, quel rôle n’ont-ils pas joué dans le mouvement ouvrier du Nord et du Pas-de-Calais ? Un peu plus de huit jours à peine, huit jours presque, nous séparent du premier tour et ce sera une étape importante vers le moment décisif que sera le second tour. Huit jours, c’est peu si l’on songe à l’enjeu que représente une élection présidentielle. Le prochain président de la République sera le premier président d’un quinquennat, qui devra travailler en harmonie avec le gouvernement et la majorité parlementaire. Ce sera aussi le premier président du début de ce XXIe siècle, d’un XXIe siècle riche de promesses, mais aussi lourde ment menacé, on l’a vu avec les attentats du 11 septembre, avec la montée du fanatisme, avec des conflits que l’on n’arrive pas à régler au Proche Orient par exemple, avec les dangers de la globalisation, avec les risques qui pèsent sur l’environnement, notamment les grands équilibres écologiques de la planète. Il faudra donc un candidat qui ait la conscience de ses responsabilités et qui s’appuie sur des forces larges dans le pays pour réussir à conduire les changements. Huit jours, c’est peu à l’égard ou au regard de l’enjeu de l’élection présidentielle, mais huit jours c’est beaucoup si l’on se donne chacun l’engagement, la volonté et les moyens de convaincre. Les élections ne sont jamais faites par les médias ou par les instituts de sondage, même si les médias sont indispensables à la démocratie, à l’échange des messages, au débat public, et si les sondages sont des instruments d’ailleurs imparfaits, on l’a constaté dans le passé. Il y a toujours la mobilisation des citoyens, pas simplement leur vote le jour du vote, le 21 avril puis le 5 mai, mais la mobilisation autour de soi, par des meetings sans doute, mais par des distributions de tracts, par des discussions à l’école, dans le milieu de travail, dans le club où l’on est, dans le mouvement associatif que l’on anime, dans la rue, dans le quartier. Il faut donc que cette mobilisation, nous la menions, car nous sommes la première force politique du pays, celle qui a le nombre des élus le plus important, celle qui a le nombre des militants le plus élevé, celle qui a autour d’elle de formidables cercles de sympathisants. Et donc cette mobilisation de notre force politique, elle est tout à fait indispensable. Certes, l’élection présidentielle est une rencontre entre un homme ou une femme et le peuple, mais cette rencontre, elle ne se fait pas simplement par les articles, les émissions de télévision, elle se fait aussi parce que des citoyens et des citoyennes s’engagent eux-mêmes, veulent de venir acteurs de cette décision, et font que cette décision penche ou ne penche pas dans un sens ou dans un autre. C’est donc à cette mobilisation complète autour de vous que je vous invite, que je vous engage. Et je dois vous dire qu’en vous voyant aujourd’hui si rassemblés, si déterminés et si nombreux, pour le 21 avril, puis ensuite pour le 5 mai, j’ai confiance. |
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